Question d'origine :
bonjour..malgré des recherches répétées et variées,je reste sans réponse à une question qui parait simple tellement elle est déconcertante mais qui ,je le crois,n'a jamais été traitée à ce jour .J'espère être démenti par votre entremise et trouver enfin une réponse à cette question lancinante la formation d'une salade obéit elle à un plan qui d'une graine donnerait une feuille ,puis deux puis quatre et ce jusqu' à quel quantum ou l'élaboration lente d'une salade serait une pure anarchie ..,? Que sait-on de sûr ,de véritablement établi pour éviter de raconter à ce sujet des "salades" merci de tenter de résoudre cette énigme
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 25/08/2017 à 12h00
Bonjour,
Petite précision préliminaire, le terme salade est un terme générique désignant un mets de feuilles d’herbes potagères crues assaisonnées d’huile de vinaigre et de sel.
Mais nous comprenons que vous voulez parler de salade type chicorée, romaine, laitue, batavia plus que de cresson ou d’endives.
Effectivement, nous n’avons pas trouvé d’ouvrages expliquant précisément la croissance de ce type de salade. Mais nous savons par ailleurs que la salade est une plante angiosperme et que des processus génériques propres aux angiospermes se mettent en œuvre lors de la croissance de cette plante.
Les angiospermes sont des plantes à graines encloses dans un fruit avec d’autres caractéristiques que nous ne développerons pas ici. Nous vous renvoyons pour les détails au Dictionnaire de biologie de Jacques Berthet. Ces plantes angiospermes sont très diversifiées et très bien représentées dans le règne végétal : plantes herbacées, arbres, arbustes … et donc aussi salades, même si l’on voit rarement les salades en fleurs ! Cependant, tout jardinier amateur a eu l’occasion de semer des graines de salades.
Aussi nous nous bornerons à expliquer de manière générique la croissance et le développement des angiospermes et le processus permettant de jouer sur la phyllotaxie de ce type de plante, à savoir la disposition des feuilles le long de la tige (définition extraite du Dico de Bio de Romaric Forêt au patronyme prédestiné)
Au départ donc se trouve la graine, et surtout les informations sur le développement futur de la plante contenues dans le sac embryonnaire contenant la cellule œuf ou oosphère à l’origine, après fécondation de l’embryon zygotique. Nous passons rapidement sur tous les processus de ce que l’on appelle embryogénèse pour nous arrêter sur celui essentiel de la mise en place d’une structure polarisée appelée embryon octant dont la moitié supérieure sera à l’origine de la partie aérienne de la plantule alors que la partie inférieure produira l’hypocotyle et la racine. (cf. Biologie végétale, Dunod, 2017.)
Bref, vous avez donc vos semis de graines salade que vous répandez et vous arrosez. La racine se développe pour amener la nourriture à la partie aérienne de la plante.
C’est désormais dans cette partie aérienne que va se passer le principal, du moins du point de vue de ce que vous demandez, à savoir le développement et l’ordonnancement des feuilles. Plus précisément dans le MAC ou méristème apical caulinaire, comme le résume bien l’ouvrage Biologie végétale : Initialement formé dans l’embryon, le méristème apical caulinaire (MAC) va produire une partie des structures de la plante adulte et permettre la croissance de cette plante. En effet le MAC maintient une réserve de cellules souches tout au long du développement de la plante en assurant une croissance indéfinie. De plus, il produit de nouveaux organes selon une disposition stéréotypée, la phyllotaxie
Le MAC est une structure généralement plate ou en forme de dôme, composée de quelques centaines à un millier de cellules et ayant un diamètre à la base de 50 à 3 000 uni selon les espèces.
Chez les Angiospermes et certaines Gymnospermes, sur une coupe longitudinale de méristème, on observe en superficie des couches cellulaires régulières dont les cloisonnements sont perpendiculaires à la surface ; ces couches sont générées par les divisions anticlines des cellules (plan de division perpendiculaire à la surface de l'organe) et forment la tunica. On parle alors de méristème stratifié.
On retiendra de ce long résumé un peu « savant » que le MAC est conçu dès l’état embryonnaire et qu’il produit des organes selon une disposition stéréotypée. Dans le cas des salades comme pour toute autre plante angiosperme, l’apparition et la disposition des feuilles et leur disposition n’est pas du tout le fruit du hasard.
Tout comme nous-mêmes ne « poussons » pas avec un nombre de bras et de jambes qui serait déterminé par le pur hasard ! Tout est codé à l’avance dans nos gènes (sauf bien sûr dans quelques rares cas d’anomalies dans ce codage, hélas).
Bien sûr concernant les plantes, cette disposition stéréotypée des futurs organes n’est valable que hors intervention externe du milieu … ou de l’Homme.
Ainsi en laboratoire, de simples incisions très localisées du MAC ont permis de contrôler la phyllotaxie (pour rappel, la disposition stéréotypée des futurs organes de la plante). Pour faire simple, l’hypothèse suivante a été émise par le biologiste Wardlaw : en incisant le plus jeune primordium du MAC (primordium : groupe de cellules dont la destinée est déterminée), on lui fait produire un signal inhibant l’initiation des organes. On influence donc la phyllotaxie de la plante.
Des analyses génétiques et biochimiques ont mis en évidence l’importances de certaines hormones dans le fonctionnement du MAC : les cytokinines, gibbérellines et l’auxine.
Quand on coupe une salade feuille de chêne pour son repas de midi, on n’imagine pas tous les processus qui ont permis sa croissance et la disposition (prédéterminée) de ses nombreuses feuilles si goûtues.
Bon appétit
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