Question d'origine :
Bonjour,
Pour quelle raison l'Homme est-il le seul mammifère ne pouvant s'abreuver n'importe où et devant boire de l'eau exempte de microorganismes ? Ainsi chiens, chats, vaches, chevaux boivent sans mettre leur vie en danger dans une flaque d'eau, une mare ou encore un marais. Comment expliquer cette différence entre l'Homme et les autres espèces ? Merci...
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 23/08/2017 à 15h07
Bonjour,
Le Guichet du savoir a répondu à plusieurs questions abordant l’inégalité entre l’être humain et certains animaux face à l’eau :
- Les mammifères marins ne boivent que de l'eau salée. Ce régime serait mortel pour un mammifère terrestre. En quoi leur système métabolique diffère il pour qu'il en soit ainsi ?
- Les chats seraient-ils les seuls animaux capables de boire de l'eau de mer pour se réhydrater
Le Guichet a également traité des questions plus générales sur :
- les causes de l’inégalité d’accès à l’eau dans le monde
- l’hypothèse où l’eau s’arrêterait de couler
- l’assimilation des minéraux contenus dans l’eau de boisson
- l’intérêt de boire de l’ « eau pure ».
Pourquoi l’être humain doit-il prendre soin de boire uniquement de l’eau potable, alors que les animaux, et en particulier les autres mammifères, peuvent apparemment s’abreuver dans tout type d’eau sans mettre leur santé en danger ?
Rappelons que l’eau est essentielle à tout être vivant, humain comme animal, comme le souligne Jean-Paul DELÉAGE dans son article « EAU (notions de base) », paru dans l’Encyclopædia Universalis disponible en ligne pour les abonnés à la Bibliothèque municipale de Lyon :
« De toutes les planètes du système solaire, la Terre est la seule à être pourvue d'une hydrosphère. Celle-ci recouvre plus des deux tiers de sa surface. Les propriétés de l'eau sont tout à fait exceptionnelles : condition de la vie, solvant quasi universel, vecteur de chaleur, puissant régulateur thermique, etc. La disponibilité en eau est l'une des clés de la distribution des êtres vivants à la surface de la Terre. […]
L'eau de pluie est essentielle pour toute la chaîne du vivant, dont les végétaux constituent le premier maillon. Ces derniers sont responsables des processus d'évapotranspiration en rejetant des masses considérables d'eau par leur système foliaire. Leurs racines, qui peuvent aller chercher l'eau à plusieurs mètres de profondeur dans le sol, accélèrent les mouvements ascendants sol-atmosphère. Le transit de l'eau dans les végétaux est un phénomène d'une ampleur considérable. […]
Élément fondamental de la croissance des végétaux, l'eau est plus généralement le constituant majeur de toute matière vivante, le milieu où s'effectuent de multiples réactions métaboliques, chez les êtres vivants terrestres aussi bien que chez les êtres vivants aquatiques. Si ces derniers ont toujours de l'eau à leur disposition, il n'en va pas de même en milieu terrestre, où plantes et animaux doivent s'adapter à diverses conditions hydriques pour assurer leur autorégulation.
À l'état liquide, l'eau solubilise les molécules motrices de la physiologie du vivant, et son mouvement permet de structurer ce dernier. L'osmose de l'eau et la diffusion des sels assurent les échanges internes et, ainsi, la vie elle-même. La vie est donc impossible sans la présence d'une certaine quantité d'eau dans les organismes. Ces derniers mettent en œuvre diverses stratégies adaptatives, particulièrement sollicitées dans les régions froides, où le gel peut provoquer la mort en entraînant l'immobilité du « milieu intérieur », ainsi que dans les régions arides, où l'économie de l'eau est la règle pour tous les êtres vivants. L'homme ne saurait échapper à ces contraintes. […]"
Pour comprendre l’importance de l’eau, il faut revenir sur le phénomène d’osmose qui concerne tous les êtres vivants. Dans une réponse à une question sur l’eau pure, le Guichet du savoir l’a expliqué simplement, sur la base de l’article Pourquoi se déshydrate-t-on en buvant de l’eau de mer ? :
"l’égalisation des concentrations en sel dans et à l’extérieur des cellules. L’eau de mer étant très riche en sels, ce phénomène a pour conséquence la déshydratation des cellules de l’organisme. En effet, si on consomme trop de minéraux, les cellules vont dissoudre le sel en leur envoyant de l’eau : l’eau va quitter les cellules pour aller diluer le sel à l’extérieur. »
Concernant l’égale importance de l’eau pour les êtres humains et les animaux, vous trouverez des précisions dans l’article de Claire König : « L’importance de l’eau pour l’Homme et les autres êtres vivants : Pourquoi l'eau nous est-elle nécessaire, à nous autres, humains ? Pourquoi peut-elle être si dangereuse lorsqu'elle est infectée ? […]L'une des principales exigences de la vie terrestre est l'économie d'eau. Les mammifères ont résolu ce problème grâce à la prodigieuse adaptation de leur rein et à une régulation hormonale. […]
Au cours de l'évolution, la vie hors du milieu aquatique a été rendue possible par l'acquisition de mécanismes puissants permettant une économie d'eau, en effet, les poissons ou les algues qui vivent dans l'eau n'ont pas besoin d'en réguler la quantité, pour eux le problème c'est le sel s'ils vivent dans une eau plus salée ou moins salée que leur corps (7 g/l env.).
L'hormone antidiurétique (ADH), appelée aussi vasopressine ou AVP, joue un rôle essentiel dans ces mécanismes en permettant au rein de concentrer les déchets à excréter dans l'urine (volume d'eau faible).
L'ADH, donc, permet de concentrer l'urine en récupérant l'eau. Elle augmente la perméabilité des canaux du rein et permet ainsi la réabsorption osmotique d'eau lorsque ces canaux traversent les régions médullaires rénales dans lesquelles sont accumulés des solutés (principalement sodium et urée) en concentration très supérieure à celles du plasma. […]
L'ADH, hormone antidiurétique, ou vasopressine, a pour rôles essentiels :
• économie d'eau en concentrant l'urine au niveau des canaux collecteurs du rein,
• stimulation de la réabsorption de sodium,
• augmentation de la réabsorption d'eau,
• diminution du débit de fluide médullaire rénal,
• augmentation de la perméabilité à l'urée,
• augmentation de l'osmolalité médullaire,
• capacité de soustraire de l'eau au canal collecteur. »
Cette hormone antidiurétique serait-elle plus puissante chez les animaux, en particulier chez les mammifères, qui semblent ne pas avoir besoin de vérifier la qualité de l’eau ?
Il semble que certains animaux puissent souffrir d’une déficience dans le fonctionnement de cette hormone permettant de filtrer l’eau. Il s’agit alors de diabète insipide : « Chez un individu sain, les reins filtrent une très grande quantité de liquide issu du sang, éliminent les déchets de l’organisme dans les urines et réabsorbent l’eau dans les vaisseaux sanguins de sorte à maintenir une hydratation du corps normale.
Chez les animaux souffrant de diabète insipide, les reins ne savent plus réabsorber l’eau qu’ils filtrent et l’évacuent de façon massive dans les urines. Le corps réagit face à ce risque de déshydratation en augmentant la soif et donc la prise de boisson. »
Nous avons contacté les Agences de l’eau pour nous aider à répondre plus précisément à votre question. Nous avons obtenu la réponse suivante : « Une eau potable a subi des analyses physico-chimiques et microbiologiques afin de vérifier qu’elle n’a pas de substances dangereuses pour l’humain (comme des polluants) ou encore de micro-organisme (comme des parasites ou des virus). Une eau impropre à la consommation humaine ne veut pas dire qu’elle est saine pour la consommation des animaux. Il faut faire attention à la qualité de l’eau donnée aux animaux. Une mauvaise qualité de l’eau peut entraîner des maladies dans un troupeau de bovins par exemple. Pour le sujet, [...] il faut aller du côté des spécialistes des animaux et non de l’eau. »
Nous allons poursuivre nos recherches dans cette direction.
Sélection bibliographique :
- Les 100 mots de l'eau / Jean-Louis Chaussade, Maryvonne Pellay (2012)
- Pour en finir avec les histoires d'eau : l'imposture hydrologique / Jean de Kervasdoué, Henri Voron (2012)
- L'irrigation avec des eaux usées et la santé : évaluer et atténuer les risques dans les pays à faible revenu (2011)
- Eau, environnement et santé publique : introduction à l'hydrologie / Roland Vilaginès (2010)
Bonne journée.
Le Guichet du savoir a répondu à plusieurs questions abordant l’inégalité entre l’être humain et certains animaux face à l’eau :
- Les mammifères marins ne boivent que de l'eau salée. Ce régime serait mortel pour un mammifère terrestre. En quoi leur système métabolique diffère il pour qu'il en soit ainsi ?
- Les chats seraient-ils les seuls animaux capables de boire de l'eau de mer pour se réhydrater
Le Guichet a également traité des questions plus générales sur :
- les causes de l’inégalité d’accès à l’eau dans le monde
- l’hypothèse où l’eau s’arrêterait de couler
- l’assimilation des minéraux contenus dans l’eau de boisson
- l’intérêt de boire de l’ « eau pure ».
Pourquoi l’être humain doit-il prendre soin de boire uniquement de l’eau potable, alors que les animaux, et en particulier les autres mammifères, peuvent apparemment s’abreuver dans tout type d’eau sans mettre leur santé en danger ?
Rappelons que l’eau est essentielle à tout être vivant, humain comme animal, comme le souligne Jean-Paul DELÉAGE dans son article « EAU (notions de base) », paru dans l’Encyclopædia Universalis disponible en ligne pour les abonnés à la Bibliothèque municipale de Lyon :
« De toutes les planètes du système solaire, la Terre est la seule à être pourvue d'une hydrosphère. Celle-ci recouvre plus des deux tiers de sa surface. Les propriétés de l'eau sont tout à fait exceptionnelles : condition de la vie, solvant quasi universel, vecteur de chaleur, puissant régulateur thermique, etc. La disponibilité en eau est l'une des clés de la distribution des êtres vivants à la surface de la Terre. […]
L'eau de pluie est essentielle pour toute la chaîne du vivant, dont les végétaux constituent le premier maillon. Ces derniers sont responsables des processus d'évapotranspiration en rejetant des masses considérables d'eau par leur système foliaire. Leurs racines, qui peuvent aller chercher l'eau à plusieurs mètres de profondeur dans le sol, accélèrent les mouvements ascendants sol-atmosphère. Le transit de l'eau dans les végétaux est un phénomène d'une ampleur considérable. […]
Pour comprendre l’importance de l’eau, il faut revenir sur le phénomène d’osmose qui concerne tous les êtres vivants. Dans une réponse à une question sur l’eau pure, le Guichet du savoir l’a expliqué simplement, sur la base de l’article Pourquoi se déshydrate-t-on en buvant de l’eau de mer ? :
"l’égalisation des concentrations en sel dans et à l’extérieur des cellules. L’eau de mer étant très riche en sels, ce phénomène a pour conséquence la déshydratation des cellules de l’organisme. En effet, si on consomme trop de minéraux, les cellules vont dissoudre le sel en leur envoyant de l’eau : l’eau va quitter les cellules pour aller diluer le sel à l’extérieur. »
Concernant l’égale importance de l’eau pour les êtres humains et les animaux, vous trouverez des précisions dans l’article de Claire König : « L’importance de l’eau pour l’Homme et les autres êtres vivants : Pourquoi l'eau nous est-elle nécessaire, à nous autres, humains ? Pourquoi peut-elle être si dangereuse lorsqu'elle est infectée ? […]
Au cours de l'évolution, la vie hors du milieu aquatique a été rendue possible par l'acquisition de mécanismes puissants permettant une économie d'eau, en effet, les poissons ou les algues qui vivent dans l'eau n'ont pas besoin d'en réguler la quantité, pour eux le problème c'est le sel s'ils vivent dans une eau plus salée ou moins salée que leur corps (7 g/l env.).
L'ADH, donc, permet de concentrer l'urine en récupérant l'eau. Elle augmente la perméabilité des canaux du rein et permet ainsi la réabsorption osmotique d'eau lorsque ces canaux traversent les régions médullaires rénales dans lesquelles sont accumulés des solutés (principalement sodium et urée) en concentration très supérieure à celles du plasma. […]
L'ADH, hormone antidiurétique, ou vasopressine, a pour rôles essentiels :
• économie d'eau en concentrant l'urine au niveau des canaux collecteurs du rein,
• stimulation de la réabsorption de sodium,
• augmentation de la réabsorption d'eau,
• diminution du débit de fluide médullaire rénal,
• augmentation de la perméabilité à l'urée,
• augmentation de l'osmolalité médullaire,
• capacité de soustraire de l'eau au canal collecteur. »
Cette hormone antidiurétique serait-elle plus puissante chez les animaux, en particulier chez les mammifères, qui semblent ne pas avoir besoin de vérifier la qualité de l’eau ?
Il semble que certains animaux puissent souffrir d’une déficience dans le fonctionnement de cette hormone permettant de filtrer l’eau. Il s’agit alors de diabète insipide : « Chez un individu sain, les reins filtrent une très grande quantité de liquide issu du sang, éliminent les déchets de l’organisme dans les urines et réabsorbent l’eau dans les vaisseaux sanguins de sorte à maintenir une hydratation du corps normale.
Chez les animaux souffrant de diabète insipide, les reins ne savent plus réabsorber l’eau qu’ils filtrent et l’évacuent de façon massive dans les urines. Le corps réagit face à ce risque de déshydratation en augmentant la soif et donc la prise de boisson. »
Nous avons contacté les Agences de l’eau pour nous aider à répondre plus précisément à votre question. Nous avons obtenu la réponse suivante : « Une eau potable a subi des analyses physico-chimiques et microbiologiques afin de vérifier qu’elle n’a pas de substances dangereuses pour l’humain (comme des polluants) ou encore de micro-organisme (comme des parasites ou des virus). Une eau impropre à la consommation humaine ne veut pas dire qu’elle est saine pour la consommation des animaux. Il faut faire attention à la qualité de l’eau donnée aux animaux. Une mauvaise qualité de l’eau peut entraîner des maladies dans un troupeau de bovins par exemple. Pour le sujet, [...] il faut aller du côté des spécialistes des animaux et non de l’eau. »
Nous allons poursuivre nos recherches dans cette direction.
Sélection bibliographique :
- Les 100 mots de l'eau / Jean-Louis Chaussade, Maryvonne Pellay (2012)
- Pour en finir avec les histoires d'eau : l'imposture hydrologique / Jean de Kervasdoué, Henri Voron (2012)
- L'irrigation avec des eaux usées et la santé : évaluer et atténuer les risques dans les pays à faible revenu (2011)
- Eau, environnement et santé publique : introduction à l'hydrologie / Roland Vilaginès (2010)
Bonne journée.
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