Question d'origine :
Bonjour,
Quelle est l'origine du mot santé dans l'expression "à votre santé", et l'origine même de cette expression.?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 22/08/2017 à 14h16
Bonjour,
D’après le dictionnaire en ligne Trésor de la langue française, le terme « santé » est présent « dans des expressions utilisées en levant son verre pour exprimer des vœux favorables à quelqu’un ou quelque chose : « Boire, trinquer à la santé de... Je bus à la santé de Mary-Ann, à la santé de sa mère, à la santé de mes bons parents et de la princesse Ypsoff » (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 187). « Il nous apportait toujours de la glace lui, volée évidemment par-ci, par-là, sur les bateaux à quai. Nous trinquâmes à sa santé sur le comptoir au milieu des clients noirs qui en bavaient d'envie » (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 172).
Par métonymie, vieilli : (Porter une) santé. Toast. Quand le dessert fut servi, Philippe dit: « Remplissez vos verres, mes amis! Je réclame la permission de porter la première santé » (BALZAC, Rabouill., 1842, p. 536). « Le dîner avait lieu à côté de la chute d'eau, dans l'herbe du pré, sous les saules. Ce furent des santés sans nombre » (ARÈNE, Veine argile, 1896, p. 69).
Dans une exclamation : « À la santé de...! À votre, à ta santé! » « Il remplit la chope à ras et la vide, puis la remplit de nouveau. Eh, à ta santé, n'casse pas le verre! » (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 158). « À la santé de la belle voisine! À la santé de la belle dame! dit Gordeenko, baisant la main d'Henriette. À la santé de vous, heureux mari de la belle dame... » Henriette dut boire un verre d'alcool et manger un biscuit (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 187). P. ell., fam. Santé! Ils burent un verre. Pour moi, disait Crittin, ça ne fait pas l'ombre d'un doute que la chose ne s'arrange (...). Santé!... Santé! (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 11). »
D’après le Dictionnaire des expressions et locutions / Alain Rey et Sophie Chantreau, « boire à la santé de quelqu’un » signifie « trinquer en son honneur » (occurrence de cette expression dès « 1595 »). « Porter une santé à quelqu’un » « a le même sens, mais est moins courant ». « Santé » par métonymie « désigne le toast qu’on porte, à la santé, en l’honneur de quelqu’un. Les formules elliptiques « à ta (votre) santé ! » sont attestées peu après (1622). « Santé ! » est plus récent ».
Concernant l’origine de l’expression « à votre santé », et de l’emploi du mot « santé » dans cette expression, nous trouvons des pistes dans l’Encyclopédie Yverdon. D’après sa notice dans le catalogue de la Bibliothèque municipale de Lyon, « l'encyclopédie ou dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines, publié à Yverdon dans les années 1770 est une refonte de la grande Encyclopédie in- folio parisienne sous la direction de Fortunato-Bartolomeo De Felice par une équipe d'encyclopédistes suisses et européens (le plus souvent protestants). Ses articles reprennent, corrigent, complètent ou remplacent les articles parisiens; la nomenclature encyclopédique est amplement augmentée, notamment par l'introduction de notices bibliographiques. » Elle est consultable en ligne à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Un article y est dédié à l’expression « à votre santé » :
« Se dit d'une marque d'amitié ou de civilité, ou de souvenir, qu'on se donne en buvant.Mais d'où vient cet usage qui regne chez toutes les nations d'Europe, de boire à table à la santé des uns des autres? Il paroîtroit bien plus raisonnable de boire à sa propre santé; car c'est pour sa propre santé que l'on est supposé boire, et non pour celle d'autrui. Cet usage est néanmoins très-ancien. On bûvoit autrefois en l'honneur des dieux et des demi-dieux, sur-tout en l'honneur de Jupiter Sospitator, et de la déesse Hygie, c'est à-dire, la déesse de la santé. Les coupes que l'on vuidoit en l'honneur de cette derniere, s'appelloient pocula salutaria, ou pocula bona valetudinis.
Les anciens ne bûvoient pas seulement en l'honneur des dieux, ils bûvoient encore en l'honneur des empereurs, de leurs propres amis et de leurs maîtresses. Les Grecs se saluoient avant de boire, et se disoient l'un à l'autre: portez vous bien, ou vivez, ou je vous salue, ô convives! ou je bois en l'honneur d'un tel, ou en l'honneur de la victoire remportée par tel capitaine. Les Romains disoient, propino tibi salutem, ou benè te, ou dii tibi dent quæ velis, ou benè amicam, ou benè me. Cette derniere formule paroîtra la plus raisonnable, puisqu'ils bûvoient ainsi à leur propre santé.
Les chrétiens bûvoient en l'honneur des anges, des apôtres, des martyrs. Un historien assure, qu'anciennement les peuples grossiers d'Ecosse n'élisoient leurs évêques, qu'après les avoir éprouvés sur cet article. On leur présentoit le grand verre de Saint Magnus. Lorsque ces prélats le bûvoient tout d'une halaine, le peuple transporté de joie battoit des mains, et ne doutoit pas que leur épiscopat ne fût heureux.
On prétendoit que S. Martin étoit apparu à Olaüs, pour lui faire savoir qu'il vouloit qu'on bût aussi en son honneur. On bût dans la suite à S. Nicolas, et à tant d'autres saints, que cette dévotion devenant une source d'yvrognerie, Charlemagne fut obligé de la défendre, par une loi qu'on lit dans ses Capitulaires. Du tems des Vaudois, les inquisiteurs, pour s'assurer de la foi d'un chrêtien suspect, lui disoient de boire au nom de S. Martin.
Les pocula charitatis étoient les bouteilles de vin que les écclésiastiques avoient coûtume de boire, le jour de l'anniversaire de leurs amis et bienfaiteurs. On appelloit cette cérémonie charitas vini, ou consolatio vini. Les Flammans fonderent un grand nombre de ces charités, qui ont servi à enrichir les abbayes. La superstition faisoit croire que les morts prenoient plaisir à voir boire ainsi les vivans; et on lit dans un acte de l'abbaie de Quedlinbourg en Allemagne, ces paroles à ce sujet: plenius indè recreantur mortui. On prétend aussi que des moines Espagnols, pratiquant un jour cette cérémonie en l'honneur d'un de leurs confreres qu'ils venoient d'enterrer, ils se mirent à chanter tous ensemble, après avoir bien bû: viva el muerto, vive le mort! »
Selon le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière (1690), consultable en ligne à la Bibliothèque municipale de Lyon, « santé se dit aussi d'une ceremonie de table, lorsqu'on s'adresse avant que de boire à quelqu'un, pour luy dire qu'on va boire à son honneur, ou à son intention, ou de quelque autre personne presente ou absente, et lors qu'on l'invite à en faire raison, c'est à dire, à en faire autant. Je bois à vous, à vostre santé. Je vous fais raison de la santé que vous m'avez portée, de la santé qui court. Dans les festins d'Allemagne on boit la santé des Puissances. »
Ainsi, cette expression passée dans le langage courant depuis longtemps provient d’une époque où boire de l’alcool était entre autres synonyme de santé. Cette explication est reprise sur certains sites recensant les expressions françaises, comme celui-ci.
Bonne journée.
D’après le dictionnaire en ligne Trésor de la langue française, le terme « santé » est présent « dans des expressions utilisées en levant son verre pour exprimer des vœux favorables à quelqu’un ou quelque chose : « Boire, trinquer à la santé de... Je bus à la santé de Mary-Ann, à la santé de sa mère, à la santé de mes bons parents et de la princesse Ypsoff » (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 187). « Il nous apportait toujours de la glace lui, volée évidemment par-ci, par-là, sur les bateaux à quai. Nous trinquâmes à sa santé sur le comptoir au milieu des clients noirs qui en bavaient d'envie » (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 172).
Par métonymie, vieilli : (Porter une) santé. Toast. Quand le dessert fut servi, Philippe dit: « Remplissez vos verres, mes amis! Je réclame la permission de porter la première santé » (BALZAC, Rabouill., 1842, p. 536). « Le dîner avait lieu à côté de la chute d'eau, dans l'herbe du pré, sous les saules. Ce furent des santés sans nombre » (ARÈNE, Veine argile, 1896, p. 69).
Dans une exclamation : « À la santé de...! À votre, à ta santé! » « Il remplit la chope à ras et la vide, puis la remplit de nouveau. Eh, à ta santé, n'casse pas le verre! » (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 158). « À la santé de la belle voisine! À la santé de la belle dame! dit Gordeenko, baisant la main d'Henriette. À la santé de vous, heureux mari de la belle dame... » Henriette dut boire un verre d'alcool et manger un biscuit (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 187). P. ell., fam. Santé! Ils burent un verre. Pour moi, disait Crittin, ça ne fait pas l'ombre d'un doute que la chose ne s'arrange (...). Santé!... Santé! (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 11). »
D’après le Dictionnaire des expressions et locutions / Alain Rey et Sophie Chantreau, « boire à la santé de quelqu’un » signifie « trinquer en son honneur » (occurrence de cette expression dès « 1595 »). « Porter une santé à quelqu’un » « a le même sens, mais est moins courant ». « Santé » par métonymie « désigne le toast qu’on porte, à la santé, en l’honneur de quelqu’un. Les formules elliptiques « à ta (votre) santé ! » sont attestées peu après (1622). « Santé ! » est plus récent ».
Concernant l’origine de l’expression « à votre santé », et de l’emploi du mot « santé » dans cette expression, nous trouvons des pistes dans l’Encyclopédie Yverdon. D’après sa notice dans le catalogue de la Bibliothèque municipale de Lyon, « l'encyclopédie ou dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines, publié à Yverdon dans les années 1770 est une refonte de la grande Encyclopédie in- folio parisienne sous la direction de Fortunato-Bartolomeo De Felice par une équipe d'encyclopédistes suisses et européens (le plus souvent protestants). Ses articles reprennent, corrigent, complètent ou remplacent les articles parisiens; la nomenclature encyclopédique est amplement augmentée, notamment par l'introduction de notices bibliographiques. » Elle est consultable en ligne à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Un article y est dédié à l’expression « à votre santé » :
« Se dit d'une marque d'amitié ou de civilité, ou de souvenir, qu'on se donne en buvant.
Les anciens ne bûvoient pas seulement en l'honneur des dieux, ils bûvoient encore en l'honneur des empereurs, de leurs propres amis et de leurs maîtresses. Les Grecs se saluoient avant de boire, et se disoient l'un à l'autre: portez vous bien, ou vivez, ou je vous salue, ô convives! ou je bois en l'honneur d'un tel, ou en l'honneur de la victoire remportée par tel capitaine. Les Romains disoient, propino tibi salutem, ou benè te, ou dii tibi dent quæ velis, ou benè amicam, ou benè me. Cette derniere formule paroîtra la plus raisonnable, puisqu'ils bûvoient ainsi à leur propre santé.
Les chrétiens bûvoient en l'honneur des anges, des apôtres, des martyrs. Un historien assure, qu'anciennement les peuples grossiers d'Ecosse n'élisoient leurs évêques, qu'après les avoir éprouvés sur cet article. On leur présentoit le grand verre de Saint Magnus. Lorsque ces prélats le bûvoient tout d'une halaine, le peuple transporté de joie battoit des mains, et ne doutoit pas que leur épiscopat ne fût heureux.
On prétendoit que S. Martin étoit apparu à Olaüs, pour lui faire savoir qu'il vouloit qu'on bût aussi en son honneur. On bût dans la suite à S. Nicolas, et à tant d'autres saints, que cette dévotion devenant une source d'yvrognerie, Charlemagne fut obligé de la défendre, par une loi qu'on lit dans ses Capitulaires. Du tems des Vaudois, les inquisiteurs, pour s'assurer de la foi d'un chrêtien suspect, lui disoient de boire au nom de S. Martin.
Les pocula charitatis étoient les bouteilles de vin que les écclésiastiques avoient coûtume de boire, le jour de l'anniversaire de leurs amis et bienfaiteurs. On appelloit cette cérémonie charitas vini, ou consolatio vini. Les Flammans fonderent un grand nombre de ces charités, qui ont servi à enrichir les abbayes. La superstition faisoit croire que les morts prenoient plaisir à voir boire ainsi les vivans; et on lit dans un acte de l'abbaie de Quedlinbourg en Allemagne, ces paroles à ce sujet: plenius indè recreantur mortui. On prétend aussi que des moines Espagnols, pratiquant un jour cette cérémonie en l'honneur d'un de leurs confreres qu'ils venoient d'enterrer, ils se mirent à chanter tous ensemble, après avoir bien bû: viva el muerto, vive le mort! »
Selon le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière (1690), consultable en ligne à la Bibliothèque municipale de Lyon, « santé se dit aussi d'une ceremonie de table, lorsqu'on s'adresse avant que de boire à quelqu'un, pour luy dire qu'on va boire à son honneur, ou à son intention, ou de quelque autre personne presente ou absente, et lors qu'on l'invite à en faire raison, c'est à dire, à en faire autant. Je bois à vous, à vostre santé. Je vous fais raison de la santé que vous m'avez portée, de la santé qui court. Dans les festins d'Allemagne on boit la santé des Puissances. »
Ainsi, cette expression passée dans le langage courant depuis longtemps provient d’une époque où boire de l’alcool était entre autres synonyme de santé. Cette explication est reprise sur certains sites recensant les expressions françaises, comme celui-ci.
Bonne journée.
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