Être honoré de son vivant
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 15/08/2017 à 19h31
2248 vues
Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
En écoutant récemment sur France -Culture une personnalité, dont le nom a été donné de son vivant à une école, se demander s'il serait vraiment à la hauteur de l'honneur qui lui a été fait par sa conduite future je me demandais :
S'il est sain de ne pas attendre le décès avant de donner le nom d'une personne à une rue ou à un établissement public tel par exemple qu'une école;
Au delà si des études ont été conduites pour évaluer l'effet produit sur l'individu par une distinction qui le place hors de son existence habituelle en étant susceptible? d'interférer sur l'estime qu'il a de lui-même...
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/08/2017 à 12h57
Bonjour,
Il est vrai que l’on ne peut pas prévoir avec certitude, du vivant d’une personnalité, si ses actions futures vont confirmer une conduite édifiante ou au contraire entacher son nom au regard de l’Histoire et « annuler » ses mérites passés. Ainsi tout récemment, en réaction aux événements de Charlottesville, le maire de New-York s’est engagé à retirer une plaque honorant le Maréchal Pétain, dont l’héroïsme à Verdun fait pâle figure face à Vichy et la collaboration avec le régime nazi :
À New York, le maire démocrate Bill de Blasio a annoncé vouloir supprimer «tous les symboles de haine au sein de la ville». Parmi eux, une plaque commémorative du maréchal Pétain, dont l'histoire actuelle oublie qu'il fut le héros de Verdun, pour retenir qu'il devint ensuite chef d'État français sous le régime de Vichy (1940-1944), collaborant avec les nazis.
«La plaque de commémoration du collaborateur nazi Philippe Pétain sur la promenade du "Canyon of Heroes", serait une des premières que nous retirerons», a déclaré Bill de Blasio sur Twitter. […]
«Ceci n'a rien à voir avec la liberté de parole. Des symboles douloureux et évidents de haine, comme les statues et plaques commémorant les collaborateurs nazis ou les partisans de l'esclavage, sont à l'opposé de tout ce que la ville de New York défend. Les statues et plaques de ces criminels n'ont pas leur place dans l'espace public de New York», avait-il tranché.
Cependant, comme le rappelle le journal israélien Jerusalem Post, la plaque du maréchal Pétain a été inaugurée avant la Seconde Guerre mondiale. En 1931 précisément, lors d'une parade militaire à New York célébrant le rôle qu'eut le maréchal durant la bataille de Verdun, en 1916. Voilà 86 ans que la plaque de granite n'a pas bougé de sa place. Depuis 1886, la promenade du "Canyon of Heroes" accueille sur son trottoir le nom de figures historiques, considérées comme ayant accompli des actes héroïques. On peut y trouver le nom du Général de Gaulle, Winston Churchill ou encore, de John F. Kennedy. »
Source : Après Charlottesville, le maire de New York veut retirer une plaque commémorative de Pétain, lefigaro.fr
Les hommages rendus à des personnalités de leur vivant restent une rareté (qu’il s’agisse de noms d’écoles, de noms de rues…) et sont à l’initiative de la collectivité. Il s’agit d’un acte politique, qui marque à la fois une volonté de mettre en avant des valeurs symbolisées par la personnalité choisie, et d’exprimer à cette dernière une reconnaissance publique. Ainsi en 2013 Christian Le Fustec, maire de Plouaret, a décidé dans le cadre de la journée « Souvenir des déportés » d’honorer de son vivant le résistant et déporté Yves Léon :
« En présence du résistant déporté très ému, le maire a retracé le calvaire d'un jeune homme dénoncé en mars 1943 par un gendarme pour avoir manifesté contre le service du travail obligatoire (STO). Ce n'est qu'une ombre pesant 35 kg qui reviendra à Plouaret au printemps 1945. À son retour en France, on ne lui donnait que dix jours à vivre. Yves Léon a aujourd'hui 92 ans. Durant toute cette période, il a vu nombre de ses camarades disparaître. Autant de voix qui s'éteignent une à une.
Pour lui, avant qu'il ne soit trop tard, la municipalité a voulu l'honorer de son vivant. L'endroit choisi, le parking de la gare est symbolique. Durant la guerre, le groupe « La Marseillaise », des résistants amis d'Yves Léon, a multiplié les actions contre les trains allemands. »
Source : Le déporté Yves Léon, honoré de son vivant, ouest-france.fr
Parmi les personnalités qui se sont vues de leur vivant attribuer leur nom à une école, les choix semblent être plutôt consensuels (chanteurs, sportifs) ou refléter les préoccupations de notre époque (écologie…) :
« Fait rarissime : certaines personnalités voient de leur vivant leur nom offert à un établissement : c'est le cas des auteurs-compositeurs Pierre Perret (19), Henri Dès (15) et Yves Duteil (12), ou encore de l'explorateur cathodique Yann Arthus-Bertrand (6). »
Quant à savoir comment ces personnalités sont affectées par cette distinction, la réponse serait peut-être à chercher dans des entretiens ?... Nous ne trouvons en tout cas pas d’étude s’intéressant à l’effet psychologique des prix et distinctions honorifiques sur ceux qui les reçoivent…
En considérant qu’il s’agit de personnalités publiques déjà reconnues dans leur domaine, il nous semble que, même si elles sont touchées et honorées de voir une école nommée d’après elles, l’impact sur leur estime de soi est peut-être à relativiser...
Bonne journée.
Il est vrai que l’on ne peut pas prévoir avec certitude, du vivant d’une personnalité, si ses actions futures vont confirmer une conduite édifiante ou au contraire entacher son nom au regard de l’Histoire et « annuler » ses mérites passés. Ainsi tout récemment, en réaction aux événements de Charlottesville, le maire de New-York s’est engagé à retirer une plaque honorant le Maréchal Pétain, dont l’héroïsme à Verdun fait pâle figure face à Vichy et la collaboration avec le régime nazi :
À New York, le maire démocrate Bill de Blasio a annoncé vouloir supprimer «tous les symboles de haine au sein de la ville». Parmi eux, une plaque commémorative du maréchal Pétain, dont l'histoire actuelle oublie qu'il fut le héros de Verdun, pour retenir qu'il devint ensuite chef d'État français sous le régime de Vichy (1940-1944), collaborant avec les nazis.
«La plaque de commémoration du collaborateur nazi Philippe Pétain sur la promenade du "Canyon of Heroes", serait une des premières que nous retirerons», a déclaré Bill de Blasio sur Twitter. […]
«Ceci n'a rien à voir avec la liberté de parole. Des symboles douloureux et évidents de haine, comme les statues et plaques commémorant les collaborateurs nazis ou les partisans de l'esclavage, sont à l'opposé de tout ce que la ville de New York défend. Les statues et plaques de ces criminels n'ont pas leur place dans l'espace public de New York», avait-il tranché.
Cependant, comme le rappelle le journal israélien Jerusalem Post, la plaque du maréchal Pétain a été inaugurée avant la Seconde Guerre mondiale. En 1931 précisément, lors d'une parade militaire à New York célébrant le rôle qu'eut le maréchal durant la bataille de Verdun, en 1916. Voilà 86 ans que la plaque de granite n'a pas bougé de sa place. Depuis 1886, la promenade du "Canyon of Heroes" accueille sur son trottoir le nom de figures historiques, considérées comme ayant accompli des actes héroïques. On peut y trouver le nom du Général de Gaulle, Winston Churchill ou encore, de John F. Kennedy. »
Source : Après Charlottesville, le maire de New York veut retirer une plaque commémorative de Pétain, lefigaro.fr
Les hommages rendus à des personnalités de leur vivant restent une rareté (qu’il s’agisse de noms d’écoles, de noms de rues…) et sont à l’initiative de la collectivité. Il s’agit d’un acte politique, qui marque à la fois une volonté de mettre en avant des valeurs symbolisées par la personnalité choisie, et d’exprimer à cette dernière une reconnaissance publique. Ainsi en 2013 Christian Le Fustec, maire de Plouaret, a décidé dans le cadre de la journée « Souvenir des déportés » d’honorer de son vivant le résistant et déporté Yves Léon :
« En présence du résistant déporté très ému, le maire a retracé le calvaire d'un jeune homme dénoncé en mars 1943 par un gendarme pour avoir manifesté contre le service du travail obligatoire (STO). Ce n'est qu'une ombre pesant 35 kg qui reviendra à Plouaret au printemps 1945. À son retour en France, on ne lui donnait que dix jours à vivre. Yves Léon a aujourd'hui 92 ans. Durant toute cette période, il a vu nombre de ses camarades disparaître. Autant de voix qui s'éteignent une à une.
Pour lui, avant qu'il ne soit trop tard, la municipalité a voulu l'honorer de son vivant. L'endroit choisi, le parking de la gare est symbolique. Durant la guerre, le groupe « La Marseillaise », des résistants amis d'Yves Léon, a multiplié les actions contre les trains allemands. »
Source : Le déporté Yves Léon, honoré de son vivant, ouest-france.fr
Parmi les personnalités qui se sont vues de leur vivant attribuer leur nom à une école, les choix semblent être plutôt consensuels (chanteurs, sportifs) ou refléter les préoccupations de notre époque (écologie…) :
« Fait rarissime : certaines personnalités voient de leur vivant leur nom offert à un établissement : c'est le cas des auteurs-compositeurs Pierre Perret (19), Henri Dès (15) et Yves Duteil (12), ou encore de l'explorateur cathodique Yann Arthus-Bertrand (6). »
Quant à savoir comment ces personnalités sont affectées par cette distinction, la réponse serait peut-être à chercher dans des entretiens ?... Nous ne trouvons en tout cas pas d’étude s’intéressant à l’effet psychologique des prix et distinctions honorifiques sur ceux qui les reçoivent…
En considérant qu’il s’agit de personnalités publiques déjà reconnues dans leur domaine, il nous semble que, même si elles sont touchées et honorées de voir une école nommée d’après elles, l’impact sur leur estime de soi est peut-être à relativiser...
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter