nobles aux USA
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 26/07/2017 à 14h39
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Question d'origine :
Je vous sais dur au labeur de recherche et donc je me tourne vers vous car je peine à retrouver le nom de ce cercle rassemblant aux USA les descendants des véritables nobles venant d'Europe et qui ,dans les années 70 jugea avec mèpris l'affichage nobiliaire du président Valery Giscard d 'Estaing dont le tître avait simplement été racheté et relevé...D' ores et déjà,mes remerciements anticipés
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 28/07/2017 à 12h29
Bonjour,
Faites-vous référence à la Société des Cincinnati ?
Extrait du Nouvel Obs du 1er décembre 1980 :
« Les affaires patronymiques – et notamment la possibilité de « relever » un titre de noblesse si celui-ci n'a plus d'ayant droit – font partie des attributions du Conseil d'Etat.
René Giscard, conseiller d'Etat et oncle de l'actuel président de la République, était donc tout à fait à même de réaliser l'entreprise qui, à l'évidence, le hante : donner un nom prestigieux à sa lignée. Très tôt, il se mit en quête d'un patronyme à relever et son choix s'arrêta sur celui de La Tour Fondue, tombé en déshérence à la suite de la vente des terres de la famille. Le Conseil d'Etat ordonna une enquête qui conclut à l'existence d'une authentique héritière des La Tour Fondue vivant aux Etats-Unis, laquelle s'opposa vivement à l'utilisation de son patronyme. Mais René Giscard ne se laissa pas décourager par cette déconvenue et, bien vite, il découvrit que le Château de Murols, situé au-dessus du lac Chambon, avait appartenu à la famille de l'amiral Jean-Baptiste d'Estaing, dont l'histoire a vaguement retenu le profil car il s'illustra aux Amériques avec La Fayette.
L'amiral n'avait pas de descendants et René Giscard put recommencer la procédure de relèvement qu'il avait vainement engagée à propos de La Tour Fondue. Deux décrets du Conseil d'Etat – l'un du 17 juin 1922 et l'autre du 16 janvier 1923 – autorisèrent bientôt les Giscard à rallonger leur nom. La famille prit à cette occasion le départ de sa vocation pour les majorités serrées : le vote du Conseil d'Etat ne fut acquis qu'à une voix de majorité, celle de René Giscard. Les frères, désormais Giscard d'Estaing-, auraient pu profiter en toute quiétude de leur rallonge patronymique, soucieux seulement d'éviter les sourires des familles titrées des environs. Mais, déjà, René et Edmond voulurent se croire plus d'Estaing que Giscard.En 1928, les deux frères essayèrent de devenir membres du Club des Cincinnati, association très fermée et réservée aux seuls descendants des officiers ayant combattu avec La Fayette.
Le 19 août 1928, le journal « le Gaulois » publie une vigoureuse protestation du marquis de Boysseulh précisant que, s'il est exact que Jean-Baptiste d'Estaing fut décapité sans descendance, l'amiral avait en la personne de sa soeur Louise-Madeleine une héritière. Par son mariage, Louise-Madeleine d'Estaing était devenue comtesse de Boysseulh et le marquis protestataire est un de ses descendants. Il refuse aux Giscard le droit de se réclamer de son arrière-grand-oncle. On recourt à des avocats, René écoute leurs conseils judicieux puisqu'il écrit au marquis de Boysseulh :
« ... La famille dont nous avons été autorisés régulièrement à relever le nom est la même que celle dont l'amiral d'Estaing, votre arrière-grand-oncle, fut un descendant illustre dans une branche différente... Nous n'avons jamais confondu cette branche avec la nôtre. »
[…] En classe de cinquième, Valéry se voit reprocher son ignorance sur la guerre d’Indépendance américaine. Son professeur de français s’étonne qu’un descendant de l’amiral d’Estaing n’ait pas plus de curiosité pour les ancêtres de sa famille. Valéry réfute l’argument en expliquant qu’il descend d’une autre branche de la famille d’Estaing.Devenu ministre des Finances, il tentera sans succès, lors d’un voyage aux Etats-Unis, de se faire admettre par les « Cincinnati ». Il devra attendre son élection à la présidence de la République pour être admis, non à titre personnel mais ès qualités, comme représentant de la patrie de La Fayette. Valéry Giscard d’Estaing invitera à son tour les membres des « Cincinnati » à l’Elysée. La disposition des tables surprit ses hôtes : le président expliqua qu’il avait fait reconstituer la bataille navale des Saintes (des îlots situés au nord-est de la Guadeloupe) à laquelle participa son ancêtre l’amiral d’Estaing… »
VGE : une vie, Georges Valance :
« Pouvoir s’adjoindre le nom d’Estaing constitue pour la famille Giscard une formidable conquête, même si le Conseil d’Etat ne l’autorise pas à reprendre le titre de comte détenu par l’amiral d’Estaing. « Un beau nom d’emprunt », aurait aussi moqué De Gaulle, lorsque VGE, ministre des Finances, proposa de baptiser ainsi l’emprunt d’Etat qu’il s’apprêtait à lancer. Un beau nom de noblesse d’épée qui remonterait au XIe siècle. Ses armes « d’azur à trois fleurs de lys d’or et au chef d’or » auraient été données à un Dieudonné d’Estaing qui aurait sauvé Philippe Auguste à Bouvines en 1214. Historiquement plus assurée est la saga de l’amiral comte d’Estaing. D’abord colonel du régiment de Rouergue-infanterie, puis lieutenant de Lally-Tollendal aux Indes, il passe dans la magnifique marine que Louis XVI donne à la France. Et c’est comme chef d’escadre qu’il participe victorieusement à la guerre d’Indépendance d’Amérique avant de diriger la garde nationale en juillet 1789 et d’être guillotiné sous la Terreur.
C’est de cet amiral comte que prétendent descendre les Giscard, et jusqu’à Valéry qui, dans une lettre datée du 19 juin 1959, écrivait encore : « L’amiral est mon arrière-grand-oncle. Nous descendons de son cousin germain. » Aussi, à peine devenus d’Estaing, les deux frères René et Edmond se lancent-ils un nouveau défi : se faire accepter au sein de la branche française de la Société des Cincinnati. Fondée en 1793, cette société rassemble les descendants directs des généraux et amiraux, colonels et capitaines de vaisseau ayant combattu pendant la guerre d’Indépendance américaine. C’est, sans conteste, le club le plus chic et le plus fermé des Etats-Unis et de France. Y être admis permettrait aux deux frères de s’imposer définitivement dans la noblesse française, tout en faisant admettre leur filiation avec l’amiral comte que les rumeurs contestent.
René, le conseiller d’Etat, se livre à un véritable forcing. Il parvient même à participer, en juin 1928, au dîner annuel de la branche française de la Société. Mais c’est un coup de trop. Cette présence relance la polémique avec la famille Boysseulh qui n’avait jamais tout à fait lâché prise. Le 19 août 1928, Le Figaro et Le Gaulois publient tous deux dans leur carnet mondain la même « précision » émanant du marquis de Boysseulh : « La famille d’Estaing dont MM. Giscard ont obtenu de relever le nom en 1923 n’a aucun lien de parenté avec la famille de l’amiral comte d’Estaing, le combattant d’Amérique, son arrière-grand-oncle, celui-ci, mort sans postérité, n’ayant laissé qu’une sœur unique et unique héritière, Lucie-Madeleine d’Estaing, comtesse de Boysseulh. » Consultées à leur tour, les autorités de la Société des Cincinnati répondent que René Giscard d’Estaing ne remplit pas la condition d’admission de base, à savoir être « l’aîné de la postérité mâle ou, à défaut de celle-ci, des branches collatérales ». L’amiral étant mort sans postérité et les Giscard d’Estaing étant reliés aux d’Estaing par les femmes, le débat semble clos.
C’est compter sans l’acharnement des deux frères qui, chassés par la porte, reviennent par la fenêtre. Surtout René, très actif au comité France-Amérique et dont l’épouse trace son chemin au chapitre Rochambeau, qui réunit les dames de la Société des Cincinnati. En février 1938, René lit devant ces dames des lettres de l’amiral à George Washington. La Société ne fléchit pas.Valéry, devenu ministre des Finances, reprend à son compte la prétention de son oncle . En vain, une nouvelle fois. Antoine de Tarlé, membre de la branche française, raconte : « VGE a voulu entrer quand il était ministre. Il prétendait occuper le siège de l’amiral. La « commission des preuves » a étudié le dossier et a retoqué sa candidature. » Nouvelle offensive lorsque VGE est élu président de la République. Il invite alors à l’Elysée les membres des Cincinnati dans une mise en scène sans ambiguïté : la disposition des tables reproduit celle de la bataille navale des Saintes, gagnée par l’amiral. Giscard étant le président de la patrie de Lafayette, la situation est plus délicate pour les Cincinnati. « Nous avons cherché une solution élégante, poursuit Tarlé : la Société générale qui siège à Washington l’a choisi comme « membre honoraire de Cincinnati à vie ». » Honneur qui a été finalement octroyé en 2009 à son fils Louis, officiellement en tant que président du groupe parlementaire France-Etats-Unis. En réalité, la Société compte ainsi « bloquer toute revendication future sur le siège de l’amiral » .
Cette mise en question incessante contraindra les Giscard d’Estaing à préciser ou à reconnaître qu’ils ne descendent pas directement de l’amiral mais d’une autre branche. En fait, leur aïeule d’Estaing était au mieux (cette filiation est également contestée) une lointaine cousine au sixième degré de l’amiral. Valéry Giscard d’Estaing semble finalement s’être replié sur cette version modeste de la filiation d’Estaing, si l’on se fie à l’arbre généalogique qu’il a fait dessiner sur le mur d’une salle de son château aveyronnais. Dans ce même château, il n’en expose pas moins, non sans ambiguïté, un portrait de l’amiral trouvé aux Etats-Unis. »
Bonne journée.
Faites-vous référence à la Société des Cincinnati ?
Extrait du Nouvel Obs du 1er décembre 1980 :
« Les affaires patronymiques – et notamment la possibilité de « relever » un titre de noblesse si celui-ci n'a plus d'ayant droit – font partie des attributions du Conseil d'Etat.
René Giscard, conseiller d'Etat et oncle de l'actuel président de la République, était donc tout à fait à même de réaliser l'entreprise qui, à l'évidence, le hante : donner un nom prestigieux à sa lignée. Très tôt, il se mit en quête d'un patronyme à relever et son choix s'arrêta sur celui de La Tour Fondue, tombé en déshérence à la suite de la vente des terres de la famille. Le Conseil d'Etat ordonna une enquête qui conclut à l'existence d'une authentique héritière des La Tour Fondue vivant aux Etats-Unis, laquelle s'opposa vivement à l'utilisation de son patronyme. Mais René Giscard ne se laissa pas décourager par cette déconvenue et, bien vite, il découvrit que le Château de Murols, situé au-dessus du lac Chambon, avait appartenu à la famille de l'amiral Jean-Baptiste d'Estaing, dont l'histoire a vaguement retenu le profil car il s'illustra aux Amériques avec La Fayette.
L'amiral n'avait pas de descendants et René Giscard put recommencer la procédure de relèvement qu'il avait vainement engagée à propos de La Tour Fondue. Deux décrets du Conseil d'Etat – l'un du 17 juin 1922 et l'autre du 16 janvier 1923 – autorisèrent bientôt les Giscard à rallonger leur nom. La famille prit à cette occasion le départ de sa vocation pour les majorités serrées : le vote du Conseil d'Etat ne fut acquis qu'à une voix de majorité, celle de René Giscard. Les frères, désormais Giscard d'Estaing-, auraient pu profiter en toute quiétude de leur rallonge patronymique, soucieux seulement d'éviter les sourires des familles titrées des environs. Mais, déjà, René et Edmond voulurent se croire plus d'Estaing que Giscard.
Le 19 août 1928, le journal « le Gaulois » publie une vigoureuse protestation du marquis de Boysseulh précisant que, s'il est exact que Jean-Baptiste d'Estaing fut décapité sans descendance, l'amiral avait en la personne de sa soeur Louise-Madeleine une héritière. Par son mariage, Louise-Madeleine d'Estaing était devenue comtesse de Boysseulh et le marquis protestataire est un de ses descendants. Il refuse aux Giscard le droit de se réclamer de son arrière-grand-oncle. On recourt à des avocats, René écoute leurs conseils judicieux puisqu'il écrit au marquis de Boysseulh :
« ... La famille dont nous avons été autorisés régulièrement à relever le nom est la même que celle dont l'amiral d'Estaing, votre arrière-grand-oncle, fut un descendant illustre dans une branche différente... Nous n'avons jamais confondu cette branche avec la nôtre. »
[…] En classe de cinquième, Valéry se voit reprocher son ignorance sur la guerre d’Indépendance américaine. Son professeur de français s’étonne qu’un descendant de l’amiral d’Estaing n’ait pas plus de curiosité pour les ancêtres de sa famille. Valéry réfute l’argument en expliquant qu’il descend d’une autre branche de la famille d’Estaing.
VGE : une vie, Georges Valance :
« Pouvoir s’adjoindre le nom d’Estaing constitue pour la famille Giscard une formidable conquête, même si le Conseil d’Etat ne l’autorise pas à reprendre le titre de comte détenu par l’amiral d’Estaing. « Un beau nom d’emprunt », aurait aussi moqué De Gaulle, lorsque VGE, ministre des Finances, proposa de baptiser ainsi l’emprunt d’Etat qu’il s’apprêtait à lancer. Un beau nom de noblesse d’épée qui remonterait au XIe siècle. Ses armes « d’azur à trois fleurs de lys d’or et au chef d’or » auraient été données à un Dieudonné d’Estaing qui aurait sauvé Philippe Auguste à Bouvines en 1214. Historiquement plus assurée est la saga de l’amiral comte d’Estaing. D’abord colonel du régiment de Rouergue-infanterie, puis lieutenant de Lally-Tollendal aux Indes, il passe dans la magnifique marine que Louis XVI donne à la France. Et c’est comme chef d’escadre qu’il participe victorieusement à la guerre d’Indépendance d’Amérique avant de diriger la garde nationale en juillet 1789 et d’être guillotiné sous la Terreur.
C’est de cet amiral comte que prétendent descendre les Giscard, et jusqu’à Valéry qui, dans une lettre datée du 19 juin 1959, écrivait encore : « L’amiral est mon arrière-grand-oncle. Nous descendons de son cousin germain. » Aussi, à peine devenus d’Estaing, les deux frères René et Edmond se lancent-ils un nouveau défi : se faire accepter au sein de la branche française de la Société des Cincinnati. Fondée en 1793, cette société rassemble les descendants directs des généraux et amiraux, colonels et capitaines de vaisseau ayant combattu pendant la guerre d’Indépendance américaine. C’est, sans conteste, le club le plus chic et le plus fermé des Etats-Unis et de France. Y être admis permettrait aux deux frères de s’imposer définitivement dans la noblesse française, tout en faisant admettre leur filiation avec l’amiral comte que les rumeurs contestent.
René, le conseiller d’Etat, se livre à un véritable forcing. Il parvient même à participer, en juin 1928, au dîner annuel de la branche française de la Société. Mais c’est un coup de trop. Cette présence relance la polémique avec la famille Boysseulh qui n’avait jamais tout à fait lâché prise. Le 19 août 1928, Le Figaro et Le Gaulois publient tous deux dans leur carnet mondain la même « précision » émanant du marquis de Boysseulh : « La famille d’Estaing dont MM. Giscard ont obtenu de relever le nom en 1923 n’a aucun lien de parenté avec la famille de l’amiral comte d’Estaing, le combattant d’Amérique, son arrière-grand-oncle, celui-ci, mort sans postérité, n’ayant laissé qu’une sœur unique et unique héritière, Lucie-Madeleine d’Estaing, comtesse de Boysseulh. » Consultées à leur tour, les autorités de la Société des Cincinnati répondent que René Giscard d’Estaing ne remplit pas la condition d’admission de base, à savoir être « l’aîné de la postérité mâle ou, à défaut de celle-ci, des branches collatérales ». L’amiral étant mort sans postérité et les Giscard d’Estaing étant reliés aux d’Estaing par les femmes, le débat semble clos.
C’est compter sans l’acharnement des deux frères qui, chassés par la porte, reviennent par la fenêtre. Surtout René, très actif au comité France-Amérique et dont l’épouse trace son chemin au chapitre Rochambeau, qui réunit les dames de la Société des Cincinnati. En février 1938, René lit devant ces dames des lettres de l’amiral à George Washington. La Société ne fléchit pas.
Cette mise en question incessante contraindra les Giscard d’Estaing à préciser ou à reconnaître qu’ils ne descendent pas directement de l’amiral mais d’une autre branche. En fait, leur aïeule d’Estaing était au mieux (cette filiation est également contestée) une lointaine cousine au sixième degré de l’amiral. Valéry Giscard d’Estaing semble finalement s’être replié sur cette version modeste de la filiation d’Estaing, si l’on se fie à l’arbre généalogique qu’il a fait dessiner sur le mur d’une salle de son château aveyronnais. Dans ce même château, il n’en expose pas moins, non sans ambiguïté, un portrait de l’amiral trouvé aux Etats-Unis. »
Bonne journée.
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