Question d'origine :
pourquoi des feuilles d'acanthe étaient -elles sculptées sur des chapiteaux d'ordre corinthien?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 12/07/2017 à 12h24
Bonjour,
Dans le Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier et Alain Gheerbrant rappellent les diverses origines et significations de la feuille d’acanthe :
« Le symbolisme de la feuille d'acanthe, très utilisée dans les décorations antiques et médiévales, dérive essentiellement des piquants de cette plante.
Selon une légende rapportée par Vitruve, le sculpteur Callimaque , à la fin du Ve siècle avant J.C., se serait inspiré, pour orner un chapiteau, d'un bouquet de feuilles d'acanthe surplombant le tombeau d'une jeune fille . On peut retenir de cette légende, qu'à l'origine, tout au moins, l'acanthe était surtout utilisée dans l'architecture funéraire pour indiquer que les épreuves de la vie et de la mort symbolisées par les piquants de la plante , étaient victorieusement surmontées.
Elle orne les chapiteaux corinthiens, les chars funéraires, les vêtements des grands hommes, parce que les architectes, les défunts, les héros ont triomphé des difficultés de leur tâche. Comme de toute épine, on en a fait aussi le symbole de la terre vierge, de la virginité ; ce qui signifie aussi une autre sorte de triomphe.
Celui qui est orné de cette feuille a vaincu la malédiction biblique : Le sol produira pour toi épines et chardons (Genèse, 3, 18), en ce sens que l'épreuve surmontée s'est transformée en gloire »
Jean Prieur mentionne dans les symboles universels :
«En symbolique chrétienne les épines de l’acanthe signifient péché, peine au double sens de chagrin et de punition. Mais, dans l’Antiquité méditerranéenne, l’acanthe était un heureux présage d’immortalité .
(…)
Il y a vingt-six siècles, une jeune fille grecque mourut la veille de ses noces …
« La femme qui l’avait élevée déposa sur son tombeau une corbeille, où elle avait rassemblé ses bibelots favoris, pour qu’elle s’en servît dans l’autre monde. Tradition qui remonte à l’homme de Néanderthal, qui déjà enterrait ses morts avec leurs objets personnels.
Afin de protéger cette corbeille contre les intempéries, la nourrice la couvrit d’une tuile plate. Au printemps suivant, une racine d’acanthe, qui se trouvait là, poussa des tiges et des feuilles qui enlacèrent et décorèrent cet ex-voto de l’affection. Les extrémités des feuilles d’acanthe, se heurtant aux bords de la tuile plate, furent contraintes de se recourber en forme de volutes. L’architecte et statuaire Callimaque, passant devant ce tombeau, fut émerveillé par l’originalité et la beauté du motif : le chapiteau corinthien était né ».
Dans La pierre et son décor, Marc Chevalier-Lacombe s’intéresse aussi à l’origine de la feuille d’acanthe :
« Vitruve, célèbre architecte romain, dans son quatrième livre issu des dix livres d’architecture, rapporte la naissance de l’acanthe ornementale. Le sculpteur grec Callimachus aurait remarqué sur la tombe d’une jeune fille de Corinthe, une corbeille contenant des objets aimés de cette jeune fille, une tuile la couvrant pour éviter une dégradation trop rapide. Au printemps une acanthe se développe dont les feuilles longent le panier, plus haut, contrainte par la tuile, elles se recourbent en volutes harmonieuses, l’organisation des feuilles d’acanthe autour de la corbeille a ainsi crée le chapiteau corinthien ».
Cette symbolique est néanmoins contestée par le théoricien d’art Alois Riegl :
« La référence à la nature vient se greffer dans un second temps sur le jeu des motifs géométriques. A l’origine de l’ornementation florale, la référence à la nature était selon Riegl tout à fait secondaire. L’exemple de la « feuille d’acanthe » dans l’ornement antique illustre parfaitement bien ce constat. On a toujours pensé jusque-là que ce motif s’inspirait directement de la feuille de la plante, fidèlement reproduite. Riegl ironise alors : « personne en semble avoir jamais heurté par l’invraisemblance d’une telle genèse, qui aurait promu d’un coup la première mauvais herbe venue au rang de motif artistique » (questions de style). En réalité, les premières fleurs d’acanthe ornementales étaient pratiquement « neutres » du point de vue du référent organique ; ces représentations omettaient presque systématiquement les caractéristiques les plus typiques de cette plante (celles qui auraient permis de l’identifier sans se tromper). Autrement dit, pour généraliser la proposition : le symbole est ici secondaire par rapport au jeu créatif déployé à partir des éléments de base (lignes et formes géométriques). Le symbole naît d’abord plastiquement… »
Source : Les théoriciens de l'art par Carole Talon-Hugon.
Dans le Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier et Alain Gheerbrant rappellent les diverses origines et significations de la feuille d’acanthe :
« Le symbolisme de la feuille d'acanthe, très utilisée dans les décorations antiques et médiévales, dérive essentiellement des piquants de cette plante.
Selon une légende rapportée par Vitruve, le
Elle orne les chapiteaux corinthiens, les chars funéraires, les vêtements des grands hommes, parce que les architectes, les défunts, les héros ont triomphé des difficultés de leur tâche. Comme de toute épine, on en a fait aussi le symbole de la terre vierge, de la virginité ; ce qui signifie aussi une autre sorte de triomphe.
Celui qui est orné de cette feuille a vaincu la malédiction biblique : Le sol produira pour toi épines et chardons (Genèse, 3, 18), en ce sens que l'épreuve surmontée s'est transformée en gloire »
Jean Prieur mentionne dans les symboles universels :
«
(…)
Il y a vingt-six siècles, une jeune fille grecque mourut la veille de ses noces …
« La femme qui l’avait élevée déposa sur son tombeau une corbeille, où elle avait rassemblé ses bibelots favoris, pour qu’elle s’en servît dans l’autre monde. Tradition qui remonte à l’homme de Néanderthal, qui déjà enterrait ses morts avec leurs objets personnels.
Afin de protéger cette corbeille contre les intempéries, la nourrice la couvrit d’une tuile plate. Au printemps suivant, une racine d’acanthe, qui se trouvait là, poussa des tiges et des feuilles qui enlacèrent et décorèrent cet ex-voto de l’affection. Les extrémités des feuilles d’acanthe, se heurtant aux bords de la tuile plate, furent contraintes de se recourber en forme de volutes. L’architecte et statuaire Callimaque, passant devant ce tombeau, fut émerveillé par l’originalité et la beauté du motif : le chapiteau corinthien était né ».
Dans La pierre et son décor, Marc Chevalier-Lacombe s’intéresse aussi à l’origine de la feuille d’acanthe :
« Vitruve, célèbre architecte romain, dans son quatrième livre issu des dix livres d’architecture, rapporte la naissance de l’acanthe ornementale. Le sculpteur grec Callimachus aurait remarqué sur la tombe d’une jeune fille de Corinthe, une corbeille contenant des objets aimés de cette jeune fille, une tuile la couvrant pour éviter une dégradation trop rapide. Au printemps une acanthe se développe dont les feuilles longent le panier, plus haut, contrainte par la tuile, elles se recourbent en volutes harmonieuses, l’organisation des feuilles d’acanthe autour de la corbeille a ainsi crée le chapiteau corinthien ».
Cette symbolique est néanmoins contestée par le théoricien d’art Alois Riegl :
« La référence à la nature vient se greffer dans un second temps sur le jeu des motifs géométriques. A l’origine de l’ornementation florale, la référence à la nature était selon Riegl tout à fait secondaire. L’exemple de la « feuille d’acanthe » dans l’ornement antique illustre parfaitement bien ce constat. On a toujours pensé jusque-là que ce motif s’inspirait directement de la feuille de la plante, fidèlement reproduite. Riegl ironise alors : « personne en semble avoir jamais heurté par l’invraisemblance d’une telle genèse, qui aurait promu d’un coup la première mauvais herbe venue au rang de motif artistique » (questions de style). En réalité, les premières fleurs d’acanthe ornementales étaient pratiquement « neutres » du point de vue du référent organique ; ces représentations omettaient presque systématiquement les caractéristiques les plus typiques de cette plante (celles qui auraient permis de l’identifier sans se tromper). Autrement dit, pour généraliser la proposition : le symbole est ici secondaire par rapport au jeu créatif déployé à partir des éléments de base (lignes et formes géométriques). Le symbole naît d’abord plastiquement… »
Source : Les théoriciens de l'art par Carole Talon-Hugon.
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