Question d'origine :
S.V.P.
Quelle était la nature exacte, des sacrifices humains, pratiqués par les INCAS ?
€n quelles circonstances, et comment étaient pratiqués ces rites barbares, dans une civilisation, par ailleurs si riche ?
Enfin, comment cela nous à été transmis, peut être par les conquistadors ? merci.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 11/07/2017 à 10h26
Bonjour,
Vous trouverez des précisions concernant sacrifices humains dans la réponse du Guichet à une question concernant les sacrifices maya.
Cependant, vous vous interrogez sur les sacrifices humains pratiqués spécifiquement par les Incas, et sur la voie par laquelle la mémoire de ces rites nous a été transmise.
Les sources
L’Encyclopédie Universalis, consultable en ligne par les abonnés à la Bibliothèque municipale de Lyon, explique comment les informations sur le peuple Inca nous sont parvenues dans un article consacré aux Incas :
« Peuple sans écriture, les Incas, leur histoire, leurs rites et leurs origines sont surtout connus grâce à des légendes, des odes et autres traditions orales, compilées sur des tablettes de bois ou codifiées sur des cordelettes à nœuds, appelées khipus, recueillies par les chroniqueurs peu après la conquête et aujourd'hui perdues. […]
L'étude comparative des documents administratifs du xvie siècle, des témoignages historiques et des données archéologiques permet d'avoir une vision plus précise de l'organisation économique et sociale de la société inca. Ainsi se dessine l'image d'une mosaïque de peuples qui se différencient les uns des autres par leur langue et leur culture, d'une société hétérogène à l'unité politique précaire, au lieu de celle, qui prévalut longtemps, d'un empire monolithique et unifié. »
Selo Carmen Bernand dans son ouvrage Les Incas, peuple du Soleil, disponible à la Bibliothèque municipale de Lyon, « les chroniqueurs de la première époque décrivent avant tout la conquête du Pérou et les guerres civiles qui opposèrent les différentes factions de conquistadores. Mais ils racontent également, à partir de de leurs observations ou des témoignages des Indiens, la grandeur de l’Empire inca et les us et coutumes de leurs habitants. Ce sont incontestablement les ethnologues des temps modernes ».
La question des sacrifices humains
D’après l’Encyclopédie Larousse, dans un article consacré à l’Empire Inca, « dans le déroulement de la vie quotidienne inca, une grande place était réservée aux fêtes religieuses. Les plus importantes célébraient le retour d'un événement capital : solstice, moisson, récolte, etc. Quelques-unes, dont celle qui accompagnait l'intronisation d'un nouvel inca, impliquaient des sacrifices humains. S'ils ne revêtaient pas l'ampleur atroce des sacrifices aztèques, ils n'en consistaient pas moins à immoler des enfants en bas âge et des jeunes filles. On prélevait un certain nombre d'entre elles parmi les aclla-cuna (femmes choisies), autrement dit les « Vierges du soleil », qui, enlevées dès l'enfance à leur famille, vivaient enfermées dans des couvents ; le plus célèbre, celui de Cuzco, abritait près de quinze cents femmes. Là, sous l'autorité des plus anciennes (les mama-aclla), celles qui ne devenaient pas les concubines de l'inca étaient occupées au tissage des vêtements de cérémonie ou au brassage d'une sorte de bière à base de maïs, la chicha. »
Pourtant, l’existence même de sacrifices humains dans cette société est parfois remise en cause. Ainsi, Carmen Bernand dans son ouvrage Les Incas, peuple du Soleil cite le texte « Relacion de las costumbres antiguas de los naturales del Piru », « écrit vers 1568 » « attribué par certains à un métis, Blas Valera », qui, selon elle, « nie l’existence de sacrifices humains, attestés pourtant par de nombreux chroniqueurs » : « Ce qu’ils sacrifiaient d’ordinaire c’était le bétail qu’ils avaient domestiqué. […] Mais la plus grande souillure […] ou faux témoignage fait par Polo sur les péruviens fut qu’ils avaient usage du sacrifice d’hommes adultes et d’enfants pour diverses nécessités ».
Carmen Bernand apporte des précisions sur les sacrifices humains, dans un entretien avec Jacques Kaufman concernant « Les sacrifices humains chez les Incas » :
« Les sacrifices d’enfants étaient des offrandes faites aux entités ancestrales matérialisées dans des montagnes et des lieux sacrés, afin de conjurer les calamités et éloigner les cataclysmes. A l’époque des Incas, ces offrandes humaines visaient également à préserver la santé du souverain et lui assurer des triomphes militaires. La chute de l’empire impliqua la disparition des cérémonies liées à l’État et au pouvoir central. Mais les croyances liées aux ancêtres et au terroir, subsistèrent, mélangées en partie à des rituels chrétiens. Interdits par la loi, les sacrifices humains furent pratiqués par les communautés, exceptionnellement, et de façon clandestine, jusqu’au XXe siècle.
Dans les grandes occasions, les Incas sacrifiaient des enfants ou des jeunes gens. On sélectionnait les plus beaux d'entre eux, on les nourrissait bien, on les anesthésiait avec de grandes quantités de cocaïne,ou de la chicha, de l'alcool à base de mais puis on les étranglait ou on les frappait jusqu'à la mort. Ces sacrifices avaient lieu quand l'empereur Inca était malade ou quand l'Empire entrait en guerre contre une nation puissante. A Pachacamac, un site archéologique à une trentaine de kilomètres de Lima, qui contient les restes d'une important centre religieux, commercial et administratif inca, les chercheurs ont ainsi retrouvé des cadavres de jeunes filles qui n'avaient pas été éxécutées en punition, car leurs corps étaient entourés d'objets familiers, comme s'il était agi de personnes honorables. Il s'agissait vraisemblablement, selon les chercheurs, de Vierges du soleil, des jeunes femmes choisies pour leur beauté pour être des servantes de l'Inca. Elles vivaient toujours cloitrées et dans une perpétuelle virginité. C'est pour cette raison que l'on choisissait des enfants de moins de huit ans, écrit le chroniqueur espagnol, Garcilaso de la Vega qui a enjolivé les coutumes des Incas. Le principal exercice des femmes du soleil, écrit -il, était de filer, de tisser et de faire des vêtements pour le souverain Inca et sa femme légitime. Garcilaso évite soigneusement de s'étendre sur une autre "destination" des servantes du dieu Soleil : servir de bétail pour les sacrifices humains, ou d'esclave sexuel pour l'empereur.
Les "vierges du soleil", "femmes choisies" dont la vie était vouée au service de Dieu Soleil, l'empereur Inca et ses prêtres étaient, elles, regroupées dans des sanctuaires."
Source.
Des précisions sur le sacrifice des enfants sont apportées dans l’article « Les enfants incas étaient drogués avant leur sacrifice ».
Selon Henri Favre dans son ouvrage Les Incas (2011), disponible à la Bibliothèque municipale de Lyon, « la plus importante des fêtes était celle qu’on célébrait en l’honneur du soleil. […] Des lamas choisis avec soin étaient offerts en sacrifice. »
Pour en savoir plus sur les Incas , plusieurs ouvrages sont disponibles à la Bibliothèque municipale de Lyon :
- Au royaume des Incas / Siegfried Huber (1975)
- L'Inca & le conquistador (2015)
Bonne journée.
Vous trouverez des précisions concernant sacrifices humains dans la réponse du Guichet à une question concernant les sacrifices maya.
Cependant, vous vous interrogez sur les sacrifices humains pratiqués spécifiquement par les Incas, et sur la voie par laquelle la mémoire de ces rites nous a été transmise.
L’Encyclopédie Universalis, consultable en ligne par les abonnés à la Bibliothèque municipale de Lyon, explique comment les informations sur le peuple Inca nous sont parvenues dans un article consacré aux Incas :
« Peuple sans écriture, les Incas, leur histoire, leurs rites et leurs origines sont surtout connus grâce à des légendes, des odes et autres traditions orales, compilées sur des tablettes de bois ou codifiées sur des cordelettes à nœuds, appelées khipus, recueillies par les chroniqueurs peu après la conquête et aujourd'hui perdues. […]
L'étude comparative des documents administratifs du xvie siècle, des témoignages historiques et des données archéologiques permet d'avoir une vision plus précise de l'organisation économique et sociale de la société inca. Ainsi se dessine l'image d'une mosaïque de peuples qui se différencient les uns des autres par leur langue et leur culture, d'une société hétérogène à l'unité politique précaire, au lieu de celle, qui prévalut longtemps, d'un empire monolithique et unifié. »
Selo Carmen Bernand dans son ouvrage Les Incas, peuple du Soleil, disponible à la Bibliothèque municipale de Lyon, « les chroniqueurs de la première époque décrivent avant tout la conquête du Pérou et les guerres civiles qui opposèrent les différentes factions de conquistadores. Mais ils racontent également, à partir de de leurs observations ou des témoignages des Indiens, la grandeur de l’Empire inca et les us et coutumes de leurs habitants. Ce sont incontestablement les ethnologues des temps modernes ».
D’après l’Encyclopédie Larousse, dans un article consacré à l’Empire Inca, « dans le déroulement de la vie quotidienne inca, une grande place était réservée aux fêtes religieuses. Les plus importantes célébraient le retour d'un événement capital : solstice, moisson, récolte, etc. Quelques-unes, dont celle qui accompagnait l'intronisation d'un nouvel inca, impliquaient des sacrifices humains. S'ils ne revêtaient pas l'ampleur atroce des sacrifices aztèques, ils n'en consistaient pas moins à immoler des enfants en bas âge et des jeunes filles. On prélevait un certain nombre d'entre elles parmi les aclla-cuna (femmes choisies), autrement dit les « Vierges du soleil », qui, enlevées dès l'enfance à leur famille, vivaient enfermées dans des couvents ; le plus célèbre, celui de Cuzco, abritait près de quinze cents femmes. Là, sous l'autorité des plus anciennes (les mama-aclla), celles qui ne devenaient pas les concubines de l'inca étaient occupées au tissage des vêtements de cérémonie ou au brassage d'une sorte de bière à base de maïs, la chicha. »
Pourtant, l’existence même de sacrifices humains dans cette société est parfois remise en cause. Ainsi, Carmen Bernand dans son ouvrage Les Incas, peuple du Soleil cite le texte « Relacion de las costumbres antiguas de los naturales del Piru », « écrit vers 1568 » « attribué par certains à un métis, Blas Valera », qui, selon elle, « nie l’existence de sacrifices humains, attestés pourtant par de nombreux chroniqueurs » : « Ce qu’ils sacrifiaient d’ordinaire c’était le bétail qu’ils avaient domestiqué. […] Mais la plus grande souillure […] ou faux témoignage fait par Polo sur les péruviens fut qu’ils avaient usage du sacrifice d’hommes adultes et d’enfants pour diverses nécessités ».
Carmen Bernand apporte des précisions sur les sacrifices humains, dans un entretien avec Jacques Kaufman concernant « Les sacrifices humains chez les Incas » :
« Les sacrifices d’enfants étaient des offrandes faites aux entités ancestrales matérialisées dans des montagnes et des lieux sacrés, afin de conjurer les calamités et éloigner les cataclysmes. A l’époque des Incas, ces offrandes humaines visaient également à préserver la santé du souverain et lui assurer des triomphes militaires. La chute de l’empire impliqua la disparition des cérémonies liées à l’État et au pouvoir central. Mais les croyances liées aux ancêtres et au terroir, subsistèrent, mélangées en partie à des rituels chrétiens. Interdits par la loi, les sacrifices humains furent pratiqués par les communautés, exceptionnellement, et de façon clandestine, jusqu’au XXe siècle.
Dans les grandes occasions, les Incas sacrifiaient des enfants ou des jeunes gens. On sélectionnait les plus beaux d'entre eux, on les nourrissait bien, on les anesthésiait avec de grandes quantités de cocaïne,ou de la chicha, de l'alcool à base de mais puis on les étranglait ou on les frappait jusqu'à la mort. Ces sacrifices avaient lieu quand l'empereur Inca était malade ou quand l'Empire entrait en guerre contre une nation puissante. A Pachacamac, un site archéologique à une trentaine de kilomètres de Lima, qui contient les restes d'une important centre religieux, commercial et administratif inca, les chercheurs ont ainsi retrouvé des cadavres de jeunes filles qui n'avaient pas été éxécutées en punition, car leurs corps étaient entourés d'objets familiers, comme s'il était agi de personnes honorables. Il s'agissait vraisemblablement, selon les chercheurs, de Vierges du soleil, des jeunes femmes choisies pour leur beauté pour être des servantes de l'Inca. Elles vivaient toujours cloitrées et dans une perpétuelle virginité. C'est pour cette raison que l'on choisissait des enfants de moins de huit ans, écrit le chroniqueur espagnol, Garcilaso de la Vega qui a enjolivé les coutumes des Incas. Le principal exercice des femmes du soleil, écrit -il, était de filer, de tisser et de faire des vêtements pour le souverain Inca et sa femme légitime. Garcilaso évite soigneusement de s'étendre sur une autre "destination" des servantes du dieu Soleil : servir de bétail pour les sacrifices humains, ou d'esclave sexuel pour l'empereur.
Les "vierges du soleil", "femmes choisies" dont la vie était vouée au service de Dieu Soleil, l'empereur Inca et ses prêtres étaient, elles, regroupées dans des sanctuaires."
Source.
Des précisions sur le sacrifice des enfants sont apportées dans l’article « Les enfants incas étaient drogués avant leur sacrifice ».
Selon Henri Favre dans son ouvrage Les Incas (2011), disponible à la Bibliothèque municipale de Lyon, « la plus importante des fêtes était celle qu’on célébrait en l’honneur du soleil. […] Des lamas choisis avec soin étaient offerts en sacrifice. »
- Au royaume des Incas / Siegfried Huber (1975)
- L'Inca & le conquistador (2015)
Bonne journée.
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