Question d'origine :
Vaut-il mieux chercher des questions plutôt que des réponses ?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 11/07/2017 à 14h30
Bonjour,
Tout dépend de quel point de vue vous vous situez. Quelles que soient les périodes, les approches, de nombreux philosophes répondront que les questions importent plus que les réponses. De Confucius, « « Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à comprendre les questions », en passant Par le cogito de Descartes ou encore Karl Jaspers « Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question », tous privilégient le questionnement et ce même si celui-ci conduit à une impasse. Il en est, par exemple, ainsi de Socrate qui discute avec Théète de la connaissance sans pour autant obtenir de réponse claire. Notons aussi que la question philosophique n’attend bien souvent pas une réponse et soulève, au contraire, une multiplicité de réponse.
Mais allons plus loin dans cette démarche et revenons sur les thèses de Michel Meyer :
« Au lieu de nous intéresser aux réponses, prêtons attention à l'existence même de l'interrogation, car elle constitue le fondement ultime de la pensée. Toute réponse y renvoie. Or, depuis toujours, l'attention s'est focalisée sur les réponses, les jugements, les propositions - vraies ou fausses - énoncées par les penseurs, par les scientifiques ou par les gens de la rue. Au lieu de considérer l'interrogation comme la base de l'activité intellectuelle, on cherchait systématiquement des certitudes, c'est-à-dire des réponses définitives capables de faire disparaître les questions.
Michel Meyer précise : "Le questionnement constitue le socle indépassable de l'activité intellectuelle. Evidemment, les hommes préfèrent les certitudes et les réponses à ce qui est problématique, même s'ils ne peuvent échapper à cette problématique. Comme l'Histoire, en s'accélérant, rend désormais problématiques même les réponses les mieux établies, il nous faut aujourd'hui théoriser cette problématicité, et donc "questionner le questionnement". Car philosopher n'est pas seulement questionner, c'est réfléchir à l'articulation des questions et des réponses."
N'est-ce pas, pour les philosophes, leur tâche de toujours ? Qu'y a-t-il donc à faire de nouveau ? "Socrate questionnait les thèses de ses adversaires, mais sans offrir lui-même de réponse. Platon, au contraire, avec sa théorie des idées et du monde suprasensible, répondait, mais en finissant par renoncer à questionner. En fait, les philosophes n'ont pas vraiment réfléchi au questionnement en tant que tel. C'est pourquoi nous devons trouver un nouveau langage, propre à capturer ce qui est problématique."
Source : « Michel Meyer : "Il nous faut questionner le questionnement" », le Monde des livres, 2008.
Pour approfondir la question, nous vous invitons à consulter :
Qu'est-ce que le questionnement ? / Michel Meyer, 2017 : " Le questionnement est le propre de toute démarche animée par une quête de savoir. Mais seule la philosophie pratique un questionnement radical avec, pour questions ultimes, Soi, le Monde et Autrui. Le questionnement devient ainsi pour elle son propre objet, son fondement, son point de départ, laissant de cote Dieu, l'Etre ou le Sujet, des fondements traditionnels au cours de l'Histoire, mais qui sont déjà des réponses, et qui présupposent a ce titre le questionnement, qu'elles nient, ce qui a permis a ces "réponses" de s'imposer, tour a tour, de l'Antiquité a l'époque moderne. Pourtant, seul le questionnement peut être le réel point de départ de la pensée, car quoi de plus premier dans la question de ce qui est premier que le questionnement, lui-même, toute autre réponse le présupposerait d'ailleurs en tant que réponse. Pourquoi ne l'a-t-on pas vu jusqu'ici? Qu'est-ce qui a présidé à son refoulement? Sans doute l'obsession positiviste de trouver des réponses, et aujourd'hui, le sentiment nihiliste qu'on est arrive au bout du parcours et des possibilités offertes par un propositionnalisme, qui avale les questions et les réponses dans une indifférenciation qui ne permet plus de progresser. Michel Meyer entreprend d'exposer ici comment il parvient a dépasser les impasses de la philosophie traditionnelle, grâce a cette réflexion du questionnement sur lui-même qui est la sienne ici. Il en découle une nouvelle approche de la philosophie, appelée problématologie. en adoptant cette nouvelle manière de penser, le questionnement du monde, de l'homme, des hommes dans leurs rapports mutuels, parfois conflictuels, reçoit un nouvel éclairage, auquel le propositionnalisme, par son indifférence au questionnement, ne pouvait accéder. Michel Meyer nous emmène ce faisant sur les chemins des grandes philosophies du passe, d'Aristote a Heidegger en passant par Descartes et Kant, qu'il réinterprète en montrant comment ils ont effectué un questionnement radical, même s'ils n'ont pu le penser comme tel et il nous explique pourquoi. Au travers de ce petit livre passionnant et novateur, Michel Meyer nous offre ainsi une nouvelle manière de concevoir la philosophie".
• Jean-Paul Resweber, « Discours universitaire et questionnement philosophique », Le Portique, 6 | 2000
Pour conclure, la réponse est oui, mais quelle était la question ?
Tout dépend de quel point de vue vous vous situez. Quelles que soient les périodes, les approches, de nombreux philosophes répondront que les questions importent plus que les réponses. De Confucius, « « Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à comprendre les questions », en passant Par le cogito de Descartes ou encore Karl Jaspers « Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question », tous privilégient le questionnement et ce même si celui-ci conduit à une impasse. Il en est, par exemple, ainsi de Socrate qui discute avec Théète de la connaissance sans pour autant obtenir de réponse claire. Notons aussi que la question philosophique n’attend bien souvent pas une réponse et soulève, au contraire, une multiplicité de réponse.
Mais allons plus loin dans cette démarche et revenons sur les thèses de Michel Meyer :
« Au lieu de nous intéresser aux réponses, prêtons attention à l'existence même de l'interrogation, car elle constitue le fondement ultime de la pensée. Toute réponse y renvoie. Or, depuis toujours, l'attention s'est focalisée sur les réponses, les jugements, les propositions - vraies ou fausses - énoncées par les penseurs, par les scientifiques ou par les gens de la rue. Au lieu de considérer l'interrogation comme la base de l'activité intellectuelle, on cherchait systématiquement des certitudes, c'est-à-dire des réponses définitives capables de faire disparaître les questions.
Michel Meyer précise : "Le questionnement constitue le socle indépassable de l'activité intellectuelle. Evidemment, les hommes préfèrent les certitudes et les réponses à ce qui est problématique, même s'ils ne peuvent échapper à cette problématique. Comme l'Histoire, en s'accélérant, rend désormais problématiques même les réponses les mieux établies, il nous faut aujourd'hui théoriser cette problématicité, et donc "questionner le questionnement". Car philosopher n'est pas seulement questionner, c'est réfléchir à l'articulation des questions et des réponses."
N'est-ce pas, pour les philosophes, leur tâche de toujours ? Qu'y a-t-il donc à faire de nouveau ? "Socrate questionnait les thèses de ses adversaires, mais sans offrir lui-même de réponse. Platon, au contraire, avec sa théorie des idées et du monde suprasensible, répondait, mais en finissant par renoncer à questionner. En fait, les philosophes n'ont pas vraiment réfléchi au questionnement en tant que tel. C'est pourquoi nous devons trouver un nouveau langage, propre à capturer ce qui est problématique."
Source : « Michel Meyer : "Il nous faut questionner le questionnement" », le Monde des livres, 2008.
Pour approfondir la question, nous vous invitons à consulter :
Qu'est-ce que le questionnement ? / Michel Meyer, 2017 : " Le questionnement est le propre de toute démarche animée par une quête de savoir. Mais seule la philosophie pratique un questionnement radical avec, pour questions ultimes, Soi, le Monde et Autrui. Le questionnement devient ainsi pour elle son propre objet, son fondement, son point de départ, laissant de cote Dieu, l'Etre ou le Sujet, des fondements traditionnels au cours de l'Histoire, mais qui sont déjà des réponses, et qui présupposent a ce titre le questionnement, qu'elles nient, ce qui a permis a ces "réponses" de s'imposer, tour a tour, de l'Antiquité a l'époque moderne. Pourtant, seul le questionnement peut être le réel point de départ de la pensée, car quoi de plus premier dans la question de ce qui est premier que le questionnement, lui-même, toute autre réponse le présupposerait d'ailleurs en tant que réponse. Pourquoi ne l'a-t-on pas vu jusqu'ici? Qu'est-ce qui a présidé à son refoulement? Sans doute l'obsession positiviste de trouver des réponses, et aujourd'hui, le sentiment nihiliste qu'on est arrive au bout du parcours et des possibilités offertes par un propositionnalisme, qui avale les questions et les réponses dans une indifférenciation qui ne permet plus de progresser. Michel Meyer entreprend d'exposer ici comment il parvient a dépasser les impasses de la philosophie traditionnelle, grâce a cette réflexion du questionnement sur lui-même qui est la sienne ici. Il en découle une nouvelle approche de la philosophie, appelée problématologie. en adoptant cette nouvelle manière de penser, le questionnement du monde, de l'homme, des hommes dans leurs rapports mutuels, parfois conflictuels, reçoit un nouvel éclairage, auquel le propositionnalisme, par son indifférence au questionnement, ne pouvait accéder. Michel Meyer nous emmène ce faisant sur les chemins des grandes philosophies du passe, d'Aristote a Heidegger en passant par Descartes et Kant, qu'il réinterprète en montrant comment ils ont effectué un questionnement radical, même s'ils n'ont pu le penser comme tel et il nous explique pourquoi. Au travers de ce petit livre passionnant et novateur, Michel Meyer nous offre ainsi une nouvelle manière de concevoir la philosophie".
• Jean-Paul Resweber, « Discours universitaire et questionnement philosophique », Le Portique, 6 | 2000
Pour conclure, la réponse est oui, mais quelle était la question ?
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