Question d'origine :
Bonjour, je souhaiterai savoir quels sont les liens entre le réchauffement climatique et le terrorisme comme le sous-entend le président de la république lors du G20 ?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/07/2017 à 12h30
Bonjour,
La phrase à laquelle vous faites référence, « On ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si l'on n'a pas une action résolue entre le réchauffement climatique : tout est lié » prête à sarcasme et de nombreuses revues et sites relaient ces dires avec ironie.
Benoit Rayski dans l’article « Terrorisme et réchauffement climatique : la pensée complexe du président Macron est en Marche » publié dans Atlantico ce lundi 10 juillet : revient ainsi là-dessus : “ Ce qu'a dit M. Macron est clair. Limpide, limpide comme l'eau de vaisselle. Evident, comme il est évident que la Terre est plate. Prouvé et validé comme il est prouvé et validé que le Soleil tourne autour de la Terre » et de poursuivre « Pour autant, mauvaise mouture ou pas, les propos de M. Macron sont d'une clarté absolue. En effet le terrorisme s'explique, à l'évidence, par l'augmentation de quelques degrés de la température moyenne d'un certains coins du Proche-Orient. Oui ce sont bien les gaz à effet de serre qui sont à l'origine de tant d'égorgements et d'assassinats. Il fait chaud, très chaud là-bas. C'est pourquoi des milliers d'hommes abimés par la chaleur aspirent à gagner le paradis d'Allah où selon le météorologue Al-Baghdadi il fait frais, très frais ». valeurs actuelles dans l’article « Pour combattre le terrorisme, Macron veut "une action résolue contre le réchauffement climatique » n’est pas en reste tout comme Le Figaro, « Macron, le climat et le terrorisme : la pensée complexe en marche... »
.
Et si, pourtant Emmanuel macron avait raison ? Qu’entend-il par cette association ?
Dans un article datant de 2015, le huffingtonpost expliquait alors queplusieurs études font le lien entre le réchauffement climatique et les causes du terrorisme :
« Depuis les attentats du 13 novembre, ces dirigeants se voient offrir une chance de traiter de front deux menaces sécuritaires majeures, car un plan fort contre le changement climatique contribuerait également à neutraliser certaines des causes profondes du terrorisme.
Ces dernières années,plusieurs études ont découvert que la hausse des températures dans le monde était un facteur d’instabilité politique, créant ainsi les conditions favorables à l’émergence de groupes comme Daech .
Un article publié en mars par l’Académie américaine des sciences a conclu que leréchauffement climatique avait contribué au conflit syrien en aggravant la sécheresse qui sévissait dans le pays depuis 2006 . Le manque de pluie a empiré la situation déjà critique des ressources hydriques et agricoles du pays, contraignant 1,5 million d’habitants des campagnes à se rapprocher des zones urbaines.
"Un multiplicateur de menace"
"Au départ, on avait une société agraire assez stable et qui fonctionnait bien. Et puis tout le monde est parti s’installer dans des banlieues où il n’y avait rien pour les accueillir, et le gouvernement n’a rien fait", a déclaré Mark Cane, coauteur de l’étude et professeur à l’université de Columbia, au Huffington Post au moment de la parution du rapport.
Cette étude a également révélé que la sécheresse avait fait monter le prix des aliments et aggravé les maladies infantiles liées à la malnutrition, contribuant encore à l’instabilité qui a fini par mener la Syrie à la guerre civile. Une étude de 2012 du Centre pour le climat et la sécurité et un article publié en 2014 par la revue Weather, Climate and Society ont également fait le lien entre la hausse des températures et l’instabilité en Syrie.
Un rapport du Pentagone datant de l’année dernière a qualifié le réchauffement climatique de “multiplicateur de menace”, car il aggrave des facteurs de terrorisme, de famine et de maladies infectieuses existants.
“Les conséquences du réchauffement climatique risquent de déstabiliser d’autres pays. Elles compliqueront l’accès à l’eau et à la nourriture, endommageront les infrastructures, contribueront à la propagation des maladies, déracineront les populations, entraîneront des migrations de masse, interrompront l’activité commerciale et réduiront l’accès à l’électricité”, expliquait-il…..
Cette même idée est reprise dans Liberation par Dounia Hadni, « non, le lien établi par Macron entre climat et terrorisme n'est pas inepte ». Elle revient elle aussi sur cette déclaration et donne raisons à Emmanuel Macron :
« Plusieurs personnalités politiques, notamment, se sont contentées de s’indigner devant la petite phrase quand d’autres ont abdiqué, non sans ironie, devant ladite complexité de la pensée macrroniste. En réalité, établir une corrélation entre ces deux luttes n’est pas absurde : plusieurs études scientifiques abondent dans ce sens depuis plusieurs années.
(…)
Des scientifiques américains ont déjà fait le lien entre la sécheresse en Syrie et l’émergence de l’EI.
Si le Pentagone a dès 2003 établi un lien entre changement climatique et sécurité dans un rapport rendu public, c’est en 2007 que la Défense américaine a considéré officiellement le changement climatique comme un «multiplicateur de menaces ». Cela dit, cette requalification est plus nuancée que le parallèle fait par Macron, comme le souligne le chercheur spécialisé dans les impacts géopolitiques du dérèglement climatique Bastien Alex, dans une interview qu’il nous a accordée en octobre 2015 : «Le lien entre changement climatique et conflits n’est ni à surévaluer ni à négliger ».
De son côté, en 2015, l’Académie des sciences américaine a clairement corrélé la sécheresse syrienne, qui a eu lieu de 2006 à 2009, à la naissance du conflit syrien en mars 2011 contre le régime de Bachar al-Assad, et par ricochet à l’émergence du groupe Etat islamique. Par ailleurs, des experts américains ont conclu, en analysant la carte des territoires victimes de sécheresse et celle des territoires dominés par l’EI, qu’elles étaient quasi identiques.
Selon les chercheurs de cette Académie, en provoquant le déplacement de près d’1,5 million de Syriens vers des zones urbaines, la sécheresse a conduit à la hausse des prix des denrées alimentaires et donc à des tensions importantes fragilisant la stabilité de la société et du système politique. Scientifique spécialisé dans le climat, Richard Seager précise : «Nous ne disons pas que lasécheresse a causé la guerre […], mais que cela a fait partie des facteurs de stress qui ont conduit à la naissance du conflit …»
Pour poursuivre sur cette question, nous vous laissons aussi consulter :
Je suis Charlie, je suis Paris 2015 : des antidotes au chaos du monde ? par Frédérick Deguizan, 2015 : Au slogan "Je suis Charlie", l'auteur propose de substituer "Je suis Paris 2015" afin de mobiliser et soutenir la conférence sur le changement climatique de décembre 2015. Il fait le lien entre les deux événements en soulignant que les problématiques environnementales interviennent dans un cadre général de chaos et d'effondrement des Etats, dont le terrorisme est la face la plus visible.
La phrase à laquelle vous faites référence, « On ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si l'on n'a pas une action résolue entre le réchauffement climatique : tout est lié » prête à sarcasme et de nombreuses revues et sites relaient ces dires avec ironie.
Benoit Rayski dans l’article « Terrorisme et réchauffement climatique : la pensée complexe du président Macron est en Marche » publié dans Atlantico ce lundi 10 juillet : revient ainsi là-dessus : “ Ce qu'a dit M. Macron est clair. Limpide, limpide comme l'eau de vaisselle. Evident, comme il est évident que la Terre est plate. Prouvé et validé comme il est prouvé et validé que le Soleil tourne autour de la Terre » et de poursuivre « Pour autant, mauvaise mouture ou pas, les propos de M. Macron sont d'une clarté absolue. En effet le terrorisme s'explique, à l'évidence, par l'augmentation de quelques degrés de la température moyenne d'un certains coins du Proche-Orient. Oui ce sont bien les gaz à effet de serre qui sont à l'origine de tant d'égorgements et d'assassinats. Il fait chaud, très chaud là-bas. C'est pourquoi des milliers d'hommes abimés par la chaleur aspirent à gagner le paradis d'Allah où selon le météorologue Al-Baghdadi il fait frais, très frais ». valeurs actuelles dans l’article « Pour combattre le terrorisme, Macron veut "une action résolue contre le réchauffement climatique » n’est pas en reste tout comme Le Figaro, « Macron, le climat et le terrorisme : la pensée complexe en marche... »
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Et si, pourtant Emmanuel macron avait raison ? Qu’entend-il par cette association ?
Dans un article datant de 2015, le huffingtonpost expliquait alors que
« Depuis les attentats du 13 novembre, ces dirigeants se voient offrir une chance de traiter de front deux menaces sécuritaires majeures, car un plan fort contre le changement climatique contribuerait également à neutraliser certaines des causes profondes du terrorisme.
Ces dernières années,
Un article publié en mars par l’Académie américaine des sciences a conclu que le
"Un multiplicateur de menace"
"Au départ, on avait une société agraire assez stable et qui fonctionnait bien. Et puis tout le monde est parti s’installer dans des banlieues où il n’y avait rien pour les accueillir, et le gouvernement n’a rien fait", a déclaré Mark Cane, coauteur de l’étude et professeur à l’université de Columbia, au Huffington Post au moment de la parution du rapport.
Cette étude a également révélé que la sécheresse avait fait monter le prix des aliments et aggravé les maladies infantiles liées à la malnutrition, contribuant encore à l’instabilité qui a fini par mener la Syrie à la guerre civile. Une étude de 2012 du Centre pour le climat et la sécurité et un article publié en 2014 par la revue Weather, Climate and Society ont également fait le lien entre la hausse des températures et l’instabilité en Syrie.
Un rapport du Pentagone datant de l’année dernière a qualifié le réchauffement climatique de “multiplicateur de menace”, car il aggrave des facteurs de terrorisme, de famine et de maladies infectieuses existants.
“Les conséquences du réchauffement climatique risquent de déstabiliser d’autres pays. Elles compliqueront l’accès à l’eau et à la nourriture, endommageront les infrastructures, contribueront à la propagation des maladies, déracineront les populations, entraîneront des migrations de masse, interrompront l’activité commerciale et réduiront l’accès à l’électricité”, expliquait-il…..
Cette même idée est reprise dans Liberation par Dounia Hadni, « non, le lien établi par Macron entre climat et terrorisme n'est pas inepte ». Elle revient elle aussi sur cette déclaration et donne raisons à Emmanuel Macron :
« Plusieurs personnalités politiques, notamment, se sont contentées de s’indigner devant la petite phrase quand d’autres ont abdiqué, non sans ironie, devant ladite complexité de la pensée macrroniste. En réalité, établir une corrélation entre ces deux luttes n’est pas absurde : plusieurs études scientifiques abondent dans ce sens depuis plusieurs années.
(…)
Des scientifiques américains ont déjà fait le lien entre la sécheresse en Syrie et l’émergence de l’EI.
Si le
De son côté, en 2015, l’Académie des sciences américaine a clairement corrélé la sécheresse syrienne, qui a eu lieu de 2006 à 2009, à la naissance du conflit syrien en mars 2011 contre le régime de Bachar al-Assad, et par ricochet à l’émergence du groupe Etat islamique. Par ailleurs, des experts américains ont conclu, en analysant la carte des territoires victimes de sécheresse et celle des territoires dominés par l’EI, qu’elles étaient quasi identiques.
Selon les chercheurs de cette Académie, en provoquant le déplacement de près d’1,5 million de Syriens vers des zones urbaines, la sécheresse a conduit à la hausse des prix des denrées alimentaires et donc à des tensions importantes fragilisant la stabilité de la société et du système politique. Scientifique spécialisé dans le climat, Richard Seager précise : «Nous ne disons pas que la
Pour poursuivre sur cette question, nous vous laissons aussi consulter :
Je suis Charlie, je suis Paris 2015 : des antidotes au chaos du monde ? par Frédérick Deguizan, 2015 : Au slogan "Je suis Charlie", l'auteur propose de substituer "Je suis Paris 2015" afin de mobiliser et soutenir la conférence sur le changement climatique de décembre 2015. Il fait le lien entre les deux événements en soulignant que les problématiques environnementales interviennent dans un cadre général de chaos et d'effondrement des Etats, dont le terrorisme est la face la plus visible.
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