Question d'origine :
Bonjour,
pouvez-vous nous dire d'où vient l'expression "donner sa langue au chat"?
Merci,
Gladys et Kaïs
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/06/2017 à 08h26
Bonjour,
L’origine exacte de l’expression n’est pas connue mais les hypothèses énoncées se rejoignent toutes.
Dans Le Bouquet des expressions imagées: encyclopédie thématique des locutions figurées de la langue française, Claude Duneton (en collab. avec Sylvie Claval) apporte l’explication suivante:
« "renoncer à deviner, à trouver la solution". Onne trouve cette expression qu’au XIXe s . mais : jeter sa langue aux chiens est dans Mme de sévigné. Cette expression est à rapprocher de n’être pas bon à jeter aux chiens , " ne rien valoir ", qu’emploie aussi Mme de Sévigné.
Pourquoi jeter est-il devenu donner alors que au chat se substituait à aux chiens ? L’expression régionale abandonner sa part aux chats peut servir d’exemple pour un transfert analogue. Surtout, le chat est évoqué à propos de « confidences ». Mettre qqch. Dans l’oreille du chat (Georges Sand, dans la Petite fadette) c’est "oublier". Mais ce chat qui garde les secrets est aussi considéré comme un bavard : Ai manjat lango de cat (j’ai mangé la langue du chat) se dit dans le Gard pour " je ne peux tenir ma langue " (Rolland). Donner sa langue au chat pourrait donc être à la fois " jeter l’organe de la parole, devenu inutile"» et « le confier au chat, animal plein de connaissance ».
En complément, Jean-Pierre Colignon dans Donner sa langue au chat et autres expressions félines,
« Renoncer à trouver ou à deviner une solution.
En faisant cela, on renonce à trouver la réponse à une question, on renonce à deviner la solution d’un problème ou d’un jeu. On jette au chat, comme si c’était un morceau de mou ou autre viande, une langue qui est inutile, puisqu’elle ne peut rien exprimer !
Pourquoi « donner » sa langue au chat, expressionapparue au XIXe siècle , alors qu’auparavant on a dit « jeter la langue au(x) chiens(s) » (cf. Dictionnaire de l’Académie française) ? Il ne semble guère possible d’y voir la méfiance portée à un organe qui, si l’on en croit Esope, est « la meilleure et la pire des choses », au service de personnes venimeuses à la parole aigre et exécrable comme au service d’écrivains, de poètes de génie, ou de personnes toujours bienveillantes. Non, il faut plutôt y voir, sans doute, le mépris pour un morceau de viande très quelconque, dont le moins raffiné des convives ne voudrait pas … elle fait partie des restes qu’on ne mettrait peut-être même pas dans ce que l’on appelait les « arlequins », ces reliefs des restaurants vendus à bas prix aux ouvriers, aux employés modestes, aux pauvres…
Faut-il y voir, encore, le symbole du mépris à l’égard d’un organe ne servant à rien, puisque se révélant incapable d’exprimer une idée, d’avancer une réponse, de formuler un argument ?
Tout bon juste à jeter, ou à donner à un animal. Toutefois, pas à n’importe quel animal : au chat, petit sphinx très observateur, détenteur de secrets, mais qui ne saurait parler ».
Dans Sauter du coq à l’âne. Petite anthologie des expressions animalières, Georges-François Rey indique :
« Autrefois on disait jeter sa langue au chien. Une formule un peu brutale qui illustrait les mœurs barbares de jadis – encore en vigueur malheureusement dans certaines contrées – où les mutilations, oreilles, nez, mains, langue …) pratiquées sur les vaincus n’étaient pas le pire sort réservé aux perdants. Dans la bouche des enfants, l’expression s’est adoucie et transformée pour devenir donne sa langue au chat au XIXe siècle. Cet animal auquel on prêtait des pouvoirs magiques et un savoir considérable était tout indiqué pour donner la réponse aux devinettes, mais il était muet. Il fallait donc lui donner sa langue …. Une autre locution d’origine bourguignonne, donner sa part au chat qui signifiait renoncer à quelque chose, a pu également influencer ce transfert du chien vers le chat.
Si vous souhaitez approfondir la question, nous vous laissons consulter notre question portant sur les références bibliographiques concernant les expressions animalières.
L’origine exacte de l’expression n’est pas connue mais les hypothèses énoncées se rejoignent toutes.
Dans Le Bouquet des expressions imagées: encyclopédie thématique des locutions figurées de la langue française, Claude Duneton (en collab. avec Sylvie Claval) apporte l’explication suivante:
« "renoncer à deviner, à trouver la solution". On
Pourquoi jeter est-il devenu donner alors que au chat se substituait à aux chiens ? L’expression régionale abandonner sa part aux chats peut servir d’exemple pour un transfert analogue. Surtout, le chat est évoqué à propos de « confidences ». Mettre qqch. Dans l’oreille du chat (Georges Sand, dans la Petite fadette) c’est "oublier". Mais ce chat qui garde les secrets est aussi considéré comme un bavard : Ai manjat lango de cat (j’ai mangé la langue du chat) se dit dans le Gard pour " je ne peux tenir ma langue " (Rolland). Donner sa langue au chat pourrait donc être à la fois " jeter l’organe de la parole, devenu inutile"» et « le confier au chat, animal plein de connaissance ».
En complément, Jean-Pierre Colignon dans Donner sa langue au chat et autres expressions félines,
« Renoncer à trouver ou à deviner une solution.
En faisant cela, on renonce à trouver la réponse à une question, on renonce à deviner la solution d’un problème ou d’un jeu. On jette au chat, comme si c’était un morceau de mou ou autre viande, une langue qui est inutile, puisqu’elle ne peut rien exprimer !
Pourquoi « donner » sa langue au chat, expression
Faut-il y voir, encore, le symbole du mépris à l’égard d’un organe ne servant à rien, puisque se révélant incapable d’exprimer une idée, d’avancer une réponse, de formuler un argument ?
Tout bon juste à jeter, ou à donner à un animal. Toutefois, pas à n’importe quel animal : au chat, petit sphinx très observateur, détenteur de secrets, mais qui ne saurait parler ».
Dans Sauter du coq à l’âne. Petite anthologie des expressions animalières, Georges-François Rey indique :
« Autrefois on disait jeter sa langue au chien. Une formule un peu brutale qui illustrait les mœurs barbares de jadis – encore en vigueur malheureusement dans certaines contrées – où les mutilations, oreilles, nez, mains, langue …) pratiquées sur les vaincus n’étaient pas le pire sort réservé aux perdants. Dans la bouche des enfants, l’expression s’est adoucie et transformée pour devenir donne sa langue au chat au XIXe siècle. Cet animal auquel on prêtait des pouvoirs magiques et un savoir considérable était tout indiqué pour donner la réponse aux devinettes, mais il était muet. Il fallait donc lui donner sa langue …. Une autre locution d’origine bourguignonne, donner sa part au chat qui signifiait renoncer à quelque chose, a pu également influencer ce transfert du chien vers le chat.
Si vous souhaitez approfondir la question, nous vous laissons consulter notre question portant sur les références bibliographiques concernant les expressions animalières.
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