Question d'origine :
Bonjour, je cherche désespérément sur internet depuis plusieurs semaines un contact pour restaurer un daguerréotype. Pouvezvous m'aider Svp
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 22/06/2017 à 12h31
Deux livres fondamentaux sur la conservation et la restauration des photographies anciennes contiennent des recommandations sur le daguerréotype :
(Re)connaître et conserver les photographies anciennes / Bertrand Lavédrine.
«
Un daguerréotype est une photographie sur métal : il est constitué d'une plaque de cuivre recouverte d’une couche d’argent polie comme un miroir. L'image est composée de fines particules déposées en surface. D'aspect blanchâtre, elles forment les parties claires de l’image en diffusant la Lumière.
Selon l'angle d'observation, un daguerréotype peut apparaître soit négatif, soit positif…
Les altérations que l’on observe sur les daguerréotypes sont spécifiques de ce procédé. Elles sont dues à un environnement défavorable (pollution, humidité) ou à des manipulations malencontreuses.
Dans un daguerréotype, l’image est à la surface de la plaque : le moindre frottement, aussi léger soit-il, risque de l'effacer irrémédiablement, en particulier sur les premiers daguerréotypes qui n'étaient pas fixés à l'or.
À cela s'ajoutent des soulèvements du plaqué d'argent. Toutefois l'altération la plus commune est l'oxydation. Comme tous les objets en argent, les daguerréotypes se ternissent lorsqu'ils sont exposés à l'air ambiant qui contient des polluants. Cette altération est très fréquente et se traduit par l'apparition d'un voile coloré (jaune, magenta, bleu selon son épaisseur) de sulfure et d'oxyde d'argent qui masque l'image et se développe généralement de façon concentrique des bords de la plaque vers le centre, suivant ainsi la progression des polluants à l’intérieur du montage. De nombreux traitements de restauration pour éliminer les couches de ternissure ont été proposés par le passé, certains à base de cyanure, d'autres de thio-urée acidifiée. Malheureusement, ils ne sont pas sans danger… D'autres daguerréotypes, ainsi restaurés, présentent aujourd'hui les symptômes d'une altération dénommée « la rougeole des daguerréotypes » : des taches brunes, provoquées par des produits résiduels insolubles, se développent sur la surface argentée dans les années qui suivent le traitement. On note aussi l'apparition d’un halo blanchâtre, plus ou moins prononcé, qui marque l'endroit de la ternissure.
La recherche scientifique a offert une palette de possibilités pour l’élimination des couches de ternissure, comme le traitement au plasma d'hydrogène, le traitement électrolytique en solution ou à l’aide de gels, mais des risques subsistent car ces traitements sont irréversibles et les résultats parfois imprévisibles à court ou à long terme. On préfère donc garder les auréoles de ternissures tant qu'elles ne masquent pas complètement l’image et, par une conservation adaptée, éviter qu’elles ne se propagent. D’une façon plus générale, l'approche actuelle en matière de conservation n'est plus de revenir par des traitements hasardeux à des états antérieurs supposés, mais plutôt de stabiliser au mieux l'objet afin de ralentir les processus d'altération.
Tous les daguerréotypes étaient et doivent être protégés par un montage hermétique qui les isole de l'environnement et évite les abrasions car il est important de ne jamais toucher la surface de la plaque. Les verres de protection anciens présentent parfois des altérations spécifiques qui se traduisent par un léger voile et de petites concrétions blanchâtres à l'intérieur du montage. Le démontage et le remontage des daguerréotypes dans leurs écrins sont confiés à un spécialiste, restaurateur de photographie. On utilise des matériaux - papiers, cartons, etc. - qui ne risquent pas d'émettre des produits oxydant l'argent. Les daguerréotypes sont rangés dans des endroits secs et frais. Lors des expositions, il est préférable d'éviter des éclairages trop intenses. »
Vocabulaire technique de la photographie / sous la direction de Anne Cartier-Bresson.
Voici un extrait de l’article rédigé par Grant Romer :
« … Par ailleurs, les daguerréotypistes ont très tôt réalisé que la fragilité aux abrasions et aux attaques atmosphériques de la plaque obligeait à trouver des solutions pour sa préservation.
Afin de la protéger, des vernis ont été appliqués, mais ceux-ci se sont avérés inappropriés, car ils réduisaient la visibilité de l'image. La dernière étape de la fabrication consistait à placer un verre protecteur à l'aide d'un séparateur situé entre la plaque et le verre, puis à monter ces éléments ensemble avec des rubans de papier gommé…
On trouve une grande variété de styles de montage qui suivent habituellement le mode de présentation des portraits miniatures. En Angleterre et aux États-Unis, les plaques étaient le plus souvent enchâssées dans un écrin. En France, il était plus courant de les insérer dans des passe-partout et des cadres que l'on accrochait au mur.
La méthode de fabrication et l'étanchéité du montage ont une influence directe sur la dégradation de la plaque daguerrienne. On observe couramment des films de corrosion fortement colorés, ainsi que divers dépôts de surface, qui rendent l'image difficilement visible. Des altérations physiques comme l'exfoliation de la couche d'argent peuvent être provoquées par une corrosion extrême ou un choc thermique. De nombreux daguerréotypes ont été endommagés ou détruits lors de tentatives de nettoyage chimique non contrôlé. Une meilleure compréhension des mécanismes d'altération physique et chimique mène actuellement à une approche très prudente et minimaliste de la restauration des plaques daguerriennes. La recherche en conservation se concentre désormais sur la création de systèmes de montage adaptés, permettant de retarder la progression de la détérioration. »
L’ouvrage, Guide de la photographie ancienne / Thierry Dehan, Sandrine Sénéchal, alerte sur la fragilité du daguerréotype :
«
Daguerréotypes, ambrotypes et ferrotypes sont les objets privilégiés des collectionneurs. Rares, non reproductibles, ils sont les plus fragiles des matériaux photographiques traditionnels. Le daguerréotype, en raison d'une forte composition d'argent, est particulièrement sensible aux agressions de l'air, de la lumière, ainsi qu'aux manipulations répétées. Sa surface est dite aussi fragile qu'une aile de papillon. Ainsi, on peut remarquer sur ces supports de fréquentes corrosions de l'argent le long des écrins, parfois mal scellés. C'est la pénétration de l'air dans le cadre qui les provoque : les gaz de l'atmosphère déposent des sulfures d'argent corrosifs. Ce phénomène bleuté, appelé « miroir d'argent », peut nuire à la lisibilité de l'image (figure 2-1O). Si la corrosion que vous observez est jaune, orange, violette ou bleu clair, l'attaque est peu importante. En revanche, si la corrosion est brune ou noire, cela signifie qu'une couche épaisse de sulfure d'argent ternit votre daguerréotype. Des taches vertes vous indiqueront des points de corrosion du cuivre souvent localisés au dos des plaques (figure 2-11) ; des taches rousses cristallines ou des anneaux colorés sont le signe d'une fabrication défectueuse ; les moisissures, proviennent, elles, d'éléments organiques comme les liants ou les vernis et peuvent favoriser la croissance de micro-organismes.
Ne cherchez pas à démonter un daguerréotype pour le nettoyer et surtout ne posez jamais vos doigts directement sur la surface sensible : par frottement, vous risquez d'effacer l'image ! »
Ce document comporte un carnet d’adresses avec les coordonnées d’un atelier de restauration :
Annie Thomasset, 23, rue Jean Leclaire, 75017 Paris.
Les dégradations possibles d’un daguerréotype ont également été listées sur le site du PIAF, Portail International Archivistique Francophone :
« Les dégradations du daguerréotype sont très spécifiques à ce procédé et sont de deux types :
• Les attaques chimiques liées aux facteurs externes : pollution, humidité
• Les dégradations inhérentes à la structure de la plaque ou à de mauvaises manipulations
Les dégradations peuvent se traduire par les effets suivants :
• Rayures sur l’image et même effacement, liés au moindre frottement
• Détachement de la couche d’argent
• Oxydation du support en cuivre : tâches vertes
• Attaque de l’image par des gouttelettes alcalines provenant de la décomposition de certains verres de protection sous l’effet de l’humidité
• Développement de micro-organismes en cas de perte d’hermétisme du montage et de condensation
• Ternissure de l’argent, sous l’effet notamment des gaz polluants : un voile coloré apparaît et se développe des bords de l’image vers le centre. »
Pour assurer soi-même la conservation d’un daguerréotype par changement de l’emboîtage, le site Le Vieil Album propose un pas à pas qui semble conduit avec beaucoup de précaution.
Nous ne pouvons pas vous recommander tel restaurateur au détriment de tel autre, mais nous avons repéré, sur le site de l’INP, Institut National du Patrimoine, l’annuaire des anciens diplômés au fil des années dans le domaine de la photographie, vous permettant de les contacter en fonction de vos attentes.
Autre établissement national formant à la restauration des photographies :
l’ARCP, l’Atelier de Restauration et de Conservation des Photographies de la ville de Paris.
Hôtel Hénault de Cantobre, 5 rue de Fourcy 75004 PARIS
Tél. : +33 1 44 61 81 20 - Fax : +33 1 44 61 81 21
E-mail : arcp@paris.fr
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