Question d'origine :
Bonjour
J'aimerais relire le roman d'Emily Brontë "Les Hauts de Hurlevent", mais je découvre qu'il existe une multitude de traductions différentes.
Pourriez-vous me conseiller la plus complète, la mieux traduite? Merci à vous
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 21/06/2017 à 14h53
Bonjour,
Les Hauts de Hurle-vents, paru en 1847, a sidéré ses lecteurs par son histoire d’amour qui sort des convenances sociales de l’époque et par ses personnages puissants et fantasmatiques. Si le roman d'Emily Brontë n'est traduit en France que quelques décennies plus tard, il en existe aujourd'hui de nombreuses traductions. Vous indiquer la meilleure d'entre elles serait un choix indéniablement subjectif. Néanmoins nous pouvons vous proposer trois traductions intégrales, toutes de qualité.
Petite précision, la première traduction complète en 1925 est l’œuvre de Frédéric Delebecque, colonel d’artillerie, qui lui attribua son titre canonique, Les Hauts de Hurle-Vent encore utilisé lorsque nous parlons de ce roman aujourd’hui. En effet, l’oeuvre a d’abord été intitulée Un amant à la fin du XIXe siècle et a connu par la suite bien d’autres titres. Plus d’une vingtaine de versions ont suivi allant de Hurlevents des monts à Hurlemont en passant par des titres aussi improbables que Les hauteurs battues des vents. Selon les époques et les éditions ce sont Les Hauts de Hurle-Vent, Les Hauts des Quatre-Vents, Haute-Plainte, La Maison des vents maudits, Heurtebise, La Maison maudite, Les Hauteurs tourmentées, Les Orages du cœur (si, si), Le Château des tempêtes, Hurlevent... De quoi démarrer une jolie collection !
Pourquoi autant de traductions différentes ? Frédéric Delebecque ayant inventé le titre passé à la postérité, les héritiers du traducteur veillent à ce qu’il ne soit pas repris et n’hésitent pas à traîner en justice ceux qui contreviendraient à cette règle.
Au final, il est plus simple de garder le titre d’origine, Wuthering Heights comme l’a judicieusement fait Jean Dominique dans sa traduction du roman, parue dans la collection de la Pléiade.
Concernant le corps du texte, nous pouvons retenir la traduction de Sylvère Monod en 1963 Hurlemont, ainsi que celle de Pierre Leyris en 1972 (revue en 1984) Hurlevent des monts et bien sûr celle de Jean Dominique pour la parution du roman en Pléiade en 2002.
Ces trois dernières traductions, tout comme celle de Frédéric Delebecque, sont toutes fiables. La traduction de ce dernier suit le déroulement du texte sans le manipuler inutilement, alors que celle de Monod parait peut-être un peu plus longue là ou celle de Leyris file à bonne allure en alliant concision et précision. Enfin celle de Dominique est appréciée pour sa limpidité et son rythme.
Quoiqu’il en soit l’exercice reste complexe et condamne le traducteur à ne jamais traduire exactement, mais à perpétuellement choisir entre sur-traduire et sous-traduire.
Si vous souhaitez aller un peu plus loin et approfondir cette question, cet article de la revue de traductions Palimpsestes vous apportera un éclairage supplémentaire.
De plus, nous vous conseillons l’écoute de cette émission diffusée ce printemps sur France Culture.
Enfin, si vous appréciez la bande-dessinée, sachez que ce roman a été adapté en deux volumes.
Bonne journée à vous et bonne(s) lecture(s).
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