Discours de reception de Borges a l Academie Francaise
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 13/06/2017 à 17h12
286 vues
Question d'origine :
Bonjour a vous...
dans le passé, vous m avez deja trouvé des reponses a couper le souffle.
la difficulte augmente avec cette nouvelle question
je cherche le discours en audio (mais bon, en texte ca serait deja super), le discours de reception a l academie francaise de Luis Borges....
j en ai entendu un tout petit bout une nuit a la radio entre 2 songes...
et depuis, je le cherche, cherche cherche...
merci les bibliothecaires
bien a vous
Thierry.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 14/06/2017 à 11h07
Bonjour,
Nos recherches ne nous ont pas permis de retrouver d’enregistrement sonore de ce discours, en revanche en voici la retranscription publiée par Jean Pierre Bernès dans les Oeuvres complètes de Jorge Luis Borges :
« Allocution de M. Jorge Luis Borges à l’académie Française (1983)
Monsieur le Président,
Chers Confrères,
Mesdames,
Messieurs,
Je dirai quelques mots d’abord sur la destinée de l’écrivain. Elle est assez curieuse. D’un côté l’écrivain, les rayons et les ombres de la vie, les émotions communes à tous les hommes. Mais en même temps il sent la très curieuse nécessité, le besoin de transformer toutes ces choses qui tissent sa vie en fables, en métaphores, ou plutôt en cadences.
Je crois que la littérature est non moins mystérieuse que la musique. J’ai dédié ma vie à la littérature, J'ai dédié ma vie à la littérature, surtout à la lecture. Mais aussi j'écris des livres, sans doute trop de livres, et j'ignore tout à fait l'esthétique. Je crois que paque sujet dicte sa propre esthétique. Il n'y a pas une esthétique absolue. Je suis un homme plutôt passif, j'attends que l'inspiration vienne: elle vient parfois, alors j’écris. Je ne l'encourage pas, mais il y a un moment où un « veut » que je le traite, alors je le fais. Je fais de nombreux brouillons, je les relis, je les détruis, j'essaie d'écrire à nouveau. Et puis, éventuellement, je publie. Mais dès l’instant qu'un de mes livres a paru, alors je l'oublie ; je ne lis pas les critiques qu'on en fait. Ce livre, je ne le relis pas, je ne saurais répondre à des questions qu'on me pose éventuellement sur lui ; je tâche de l'oublier et de penser à des livres futurs.
Un écrivain a donc cet étrange projet de transformer les sentiments, les idées, en mythes, en fables, en cadences. Et si les astres sont propices, il arrive qu'à la fin de la journée il se voie entouré d'amis, visibles ou invisibles, et des choses étranges arrivent. Par exemple, ce rêve aujourd'hui que nous partageons.
Je viens de recevoir un très grand honneur. Je suis plein de gratitude d'être reçu parmi vous. Je n'avais jamais songé à être célèbre, ni même connu. Il paraît que l'on me connait comme un homme qui représente quelque chose. Des textes ont été enrichis par la méditation de mes lecteurs.
Je viens de recevoir un grand don aujourd'hui. Mais la France a l'habitude de dons infinis. Depuis La Chanson de Roland n'a cessé de monter cette limpide littérature du Grand Siècle, puis cette félicité, cette rare félicité qu'était Voltaire, et puis la voix de Hugo, la musique de Verlaine et pourquoi ne pas nommer André Gide, André Malraux ?
Et, en ce moment, il y a une autre joie pour moi : le fait de me trouver en France, de sentir la France autour de moi. Je voudrais parler des heures, des saisons, de ce que signifie le mot France. Mais je crois qu'à travers mes mots, ou en dépit de mes mots, vous sentez ma profonde gratitude. »
Voici en complément d’autres enregistrements audios ou vidéos de discours ou d’entretiens que nous avons croisés lors de nos recherches :
Jorge Luis Borges au Collège de France, 12 janv. 1983
« L'écrivain Argentin Jorge Luis BORGES a donné aujourd'hui une conférence au Collège de France. Invité par le ministre de la Culture, Jack Lang, il doit recevoir dans quelques jours la Légion d'honneur. »
Entretiens avec Georges Charbonnier diffusés sur France Culture
Jorge Luis Borges au Collège de France, réal. Alain Jaubert, François Luxereau
Jorge Luis Borges : entretien - Janvier 1972 - Buenos Aires, réalisé par Suzanne Bujot
Bonne journée.
Nos recherches ne nous ont pas permis de retrouver d’enregistrement sonore de ce discours, en revanche en voici la retranscription publiée par Jean Pierre Bernès dans les Oeuvres complètes de Jorge Luis Borges :
« Allocution de M. Jorge Luis Borges à l’académie Française (1983)
Monsieur le Président,
Chers Confrères,
Mesdames,
Messieurs,
Je dirai quelques mots d’abord sur la destinée de l’écrivain. Elle est assez curieuse. D’un côté l’écrivain, les rayons et les ombres de la vie, les émotions communes à tous les hommes. Mais en même temps il sent la très curieuse nécessité, le besoin de transformer toutes ces choses qui tissent sa vie en fables, en métaphores, ou plutôt en cadences.
Je crois que la littérature est non moins mystérieuse que la musique. J’ai dédié ma vie à la littérature, J'ai dédié ma vie à la littérature, surtout à la lecture. Mais aussi j'écris des livres, sans doute trop de livres, et j'ignore tout à fait l'esthétique. Je crois que paque sujet dicte sa propre esthétique. Il n'y a pas une esthétique absolue. Je suis un homme plutôt passif, j'attends que l'inspiration vienne: elle vient parfois, alors j’écris. Je ne l'encourage pas, mais il y a un moment où un « veut » que je le traite, alors je le fais. Je fais de nombreux brouillons, je les relis, je les détruis, j'essaie d'écrire à nouveau. Et puis, éventuellement, je publie. Mais dès l’instant qu'un de mes livres a paru, alors je l'oublie ; je ne lis pas les critiques qu'on en fait. Ce livre, je ne le relis pas, je ne saurais répondre à des questions qu'on me pose éventuellement sur lui ; je tâche de l'oublier et de penser à des livres futurs.
Un écrivain a donc cet étrange projet de transformer les sentiments, les idées, en mythes, en fables, en cadences. Et si les astres sont propices, il arrive qu'à la fin de la journée il se voie entouré d'amis, visibles ou invisibles, et des choses étranges arrivent. Par exemple, ce rêve aujourd'hui que nous partageons.
Je viens de recevoir un très grand honneur. Je suis plein de gratitude d'être reçu parmi vous. Je n'avais jamais songé à être célèbre, ni même connu. Il paraît que l'on me connait comme un homme qui représente quelque chose. Des textes ont été enrichis par la méditation de mes lecteurs.
Je viens de recevoir un grand don aujourd'hui. Mais la France a l'habitude de dons infinis. Depuis La Chanson de Roland n'a cessé de monter cette limpide littérature du Grand Siècle, puis cette félicité, cette rare félicité qu'était Voltaire, et puis la voix de Hugo, la musique de Verlaine et pourquoi ne pas nommer André Gide, André Malraux ?
Et, en ce moment, il y a une autre joie pour moi : le fait de me trouver en France, de sentir la France autour de moi. Je voudrais parler des heures, des saisons, de ce que signifie le mot France. Mais je crois qu'à travers mes mots, ou en dépit de mes mots, vous sentez ma profonde gratitude. »
Voici en complément d’autres enregistrements audios ou vidéos de discours ou d’entretiens que nous avons croisés lors de nos recherches :
Jorge Luis Borges au Collège de France, 12 janv. 1983
« L'écrivain Argentin Jorge Luis BORGES a donné aujourd'hui une conférence au Collège de France. Invité par le ministre de la Culture, Jack Lang, il doit recevoir dans quelques jours la Légion d'honneur. »
Entretiens avec Georges Charbonnier diffusés sur France Culture
Jorge Luis Borges au Collège de France, réal. Alain Jaubert, François Luxereau
Jorge Luis Borges : entretien - Janvier 1972 - Buenos Aires, réalisé par Suzanne Bujot
Bonne journée.
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