Pourquoi les lettres c et g changent de son ?

Réponse du département Langues et Littératures

Bonjour CPCotonne,

La langue française est issue du latin. On distingue habituellement le latin classique (utilisé dans la Rome antique et utilisé à l’écrit) et le latin vulgaire. Le latin vulgaire était une langue orale qui va subir des transformations au cours des siècles pour devenir le français.
Ces transformations vont toucher la prononciation (c’est ce que l’on nomme l’évolution phonétique). Ainsi le son [k] des mots latins CERA, CARRU, CORPUS va évoluer par étapes successives jusqu’aux mots CIRE, CHAR, CORPS en français moderne.

Les consonnes K (car, kilo) et G (gare) sont des consonnes vélaires. Les consonnes vélaires (le lieu d’articulation se situe au niveau de l’arrière du palais, dit palais mou ou voile du palais) ont l’articulation la moins fixe, en raison de la mobilité relativement faible de la partie postérieure de la langue. Elles sont donc les moins résistantes à la palatalisation (la langue se situe sur une autre partie du palais par rapport à la prononciation d’origine). En latin vulgaire k et g se palatalisent non seulement devant y mais aussi devant e et i.

c + e, i > [k’] > [ts]: caelu [kelu] (latin classique) > ciel [tsiel] (latin vulgaire)

g + e, i > [d’] > [dz, dj]: gente [jente] (latin classique) > gente [djentə] (latin vulgaire)

Voici les explications trouvées dans Histoire de la langue française des origines à nos jours de Ferdinand Brunot :
Devant les voyelles d’avant e et i, le c (prononcé k) s’articulait dans une région moins voisine du palais mou que lorsqu’il était suivi de o, u. Suivant certains philologues, il aurait commencé dès le IIè siècle à subir un déplacement qui l’aurait avancé vers la partie antérieure de la bouche. On prononce (devant e et i) : ts
G, à une époque qu’il est difficile de fixer mais qui est antérieure à celle de l’évolution de c, a également avancé vers les dents devant les voyelles d’avant, de sorte que gente > djente

Puis autour de 1200, l’affaiblissement articulatoire entraîne la disparition de l’élément occlusif : le t dans ts, le d dans dj
Ainsi en français moderne, devant e, i, y la lettre C se prononce [s] devant e, i, y et la lettre G se prononce [ʒ]

Sources : Phonétique du français / Jean-Marie Pierret
Initiation à la phonétique historique de l'ancien français / La Chaussée, François de

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