Question d'origine :
Bonjour
Quelle est la plus vieille divinité connue ?
Merci
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/06/2017 à 14h42
Bonjour,
Les premières divinités ont probablement été représentées par les déesses-mères du paléolithique et du néolithique. C'est ce qu'indiquent ces divers extraits :
" Après le signe, l'image. Au Paléolithique supérieur, vers 20 000 av. J.-C., les hommes ne se contentent plus de représenter le féminin par quelques encoches sur la pierre et veulent caractériser ses formes naissantes. Ils sculptent des corps de femmes et prêtent forme à leur désir. Cette personnification du désir et de l'amour, le latin l'appelle "Vénus " et les archéologues de la fin du XIXe siècle nomment ainsi les statues qu'ils exhument. [...] Comme ces statuettes se retrouvent un peu partout dans l'espace européen et proche-oriental, de Suisse en Roumanie, d'Israël en Ukraine et de Turquie en Tchécoslovaquie, on a pu y voir aussi une divinité universelle, antérieure aux religions indo-européennes et à leurs dieux principalement masculins.
Cette thèse est brillamment défendue parMarija Gimbutas , une archéologue d'origine lituanienne travaillant à Los Angeles. "
source : Déesses ou servantes de Dieu ? : femmes et religions / Odon Vallet
" Une « déesse » hantait l'esprit des chasseurs de la préhistoire. Une déesse à la féminité marquée et dont la silhouette ou les traits caractéristiques - seins, fesses, pubis, grands yeux - se retrouvent partout en Europe, peints ou gravés sur les parois des cavernes, sculptés sur la pierre, l'os ou le bois. Des milliers d'années plus tard, elle subjuguait encore les paysans du néolithique. Partout en Europe, on la découvre peinte sur des céramiques ou gravée sur les objets quotidiens. Pendant près de 25 000 ans, les premiers Européens auraient ainsi voué un culte à cettedéesse, symbole de nature et source de vie, qui fait naître les enfants et pousser les plantes . Puis, vers le Ve millénaire av. J.-C., des peuples indo-européens, farouches guerriers, éleveurs de chevaux, auraient pris le pouvoir sur les sociétés agraires et imposé leur langue, leur pouvoir, leurs mythes : des dieux masculins, autoritaires et violents, auraient alors refoulé dans un lointain passé les charmantes déesses préhistoriques. Voilà, à grands traits, l'histoire ancienne de l'Europe, telle que l'a reconstruite Marija Gimbutas à partir de ses nombreuses recherches archéologiques. "
source : Au temps de la déesse / ACHILLE WEINBERG - Sciences humaines N° 169 - Mars 2006 - 01/03/2006
" A l'origine du divin, il y a sûrement l'angoisse et la terreur, autant peut-être que la révérence devant le mystère de la nature. De la Sibérie à l'Amérique, la première des religions, selon les ethnologues, serait le chamanisme, qui permet de communiquer avec les esprits, ces forces étranges dont l'homme veut s'attirer les bonnes grâces. Mais, vers 12 000 ans avant l'ère courante, alors que l'Europe vit encore sous les glaces, le réchauffement climatique libère la terre au Proche-Orient. L'homme transforme la bête sauvage en animal domestique et se met à cultiver des céréales; vers - 9000 apparaissent les premières agglomérations. Progressivement, les humains prennent conscience qu'ils peuvent contrôler la nature. Mieux, ils s'imaginent qu'ils en sont le centre et commencent à concevoir le divin... à leur image.
Ainsi vont naître les dieux. Masculins ? Non, féminins d'abord.
Les premières divinités ont un gros derrière et une poitrine taille 120. Dieu est d'abord nourricier. Sur des bas-reliefs retrouvés à Catal Huyuk, en Anatolie, la déesse y apparaît les jambes écartées donnant naissance à des taureaux, incarnation de la puissance mâle. Ces deux personnages, parfois associés à des serpents, symboles phalliques par excellence, se retrouveront vers le IIe millénaire avant notre ère à Cnossos, en Crète, dans le palais du roi Minos.
De là naîtra le mythe grec du Minotaure, ce monstre mi-homme mi-bête, fruit de la folle passion de Pasiphaé, femme de Minos, pour un taureau blanc. Selon Jacques Cauvin, dans « Naissance des divinités, naissance de l'agriculture » (Flammarion, 1997), ce duo « porte en germe toutes les constructions ultérieures de la pensée mythique d'Orient et de Méditerranée ».
Dieu mâle. Mais les dieux s'adaptent toujours à l'évolution de l'homme. Ce n'est pas un hasard si, vers le début du IVe millénaire, en Mésopotamie, exit la déesse-mère, bonjour le dieu mâle : dans les cités-Etats en train d'apparaître, les mâles qui commercent, cultivent et guerroient ont pris le pouvoir. Ils n'entendent pas réserver leurs hommages à une femme, semblable à celles qu'ils ont cantonnées au foyer. Chaque cité voulant ses dieux, ceux-ci éclosent alors comme fleurs au printemps. "
source : Quand dieu avait des fesses et des seins / Catherine Golliau - Le Point, no. 2049 - Société, jeudi 22 décembre 2011, p. 190 à 195
Pour aller plus loin :
- Le langage de la déesse / Marija Gimbutas
- Quelques ouvrages sur les déesses-mères.
- L'apparition des premières divinités / La Recherche n°194, 1987, pp. 1472-1480
Bonne journée.
Les premières divinités ont probablement été représentées par les déesses-mères du paléolithique et du néolithique. C'est ce qu'indiquent ces divers extraits :
" Après le signe, l'image. Au Paléolithique supérieur, vers 20 000 av. J.-C., les hommes ne se contentent plus de représenter le féminin par quelques encoches sur la pierre et veulent caractériser ses formes naissantes. Ils sculptent des corps de femmes et prêtent forme à leur désir. Cette personnification du désir et de l'amour, le latin l'appelle "
Cette thèse est brillamment défendue par
source : Déesses ou servantes de Dieu ? : femmes et religions / Odon Vallet
" Une « déesse » hantait l'esprit des chasseurs de la préhistoire. Une déesse à la féminité marquée et dont la silhouette ou les traits caractéristiques - seins, fesses, pubis, grands yeux - se retrouvent partout en Europe, peints ou gravés sur les parois des cavernes, sculptés sur la pierre, l'os ou le bois. Des milliers d'années plus tard, elle subjuguait encore les paysans du néolithique. Partout en Europe, on la découvre peinte sur des céramiques ou gravée sur les objets quotidiens. Pendant près de 25 000 ans, les premiers Européens auraient ainsi voué un culte à cette
source : Au temps de la déesse / ACHILLE WEINBERG - Sciences humaines N° 169 - Mars 2006 - 01/03/2006
" A l'origine du divin, il y a sûrement l'angoisse et la terreur, autant peut-être que la révérence devant le mystère de la nature. De la Sibérie à l'Amérique, la première des religions, selon les ethnologues, serait le chamanisme, qui permet de communiquer avec les esprits, ces forces étranges dont l'homme veut s'attirer les bonnes grâces. Mais, vers 12 000 ans avant l'ère courante, alors que l'Europe vit encore sous les glaces, le réchauffement climatique libère la terre au Proche-Orient. L'homme transforme la bête sauvage en animal domestique et se met à cultiver des céréales; vers - 9000 apparaissent les premières agglomérations. Progressivement, les humains prennent conscience qu'ils peuvent contrôler la nature. Mieux, ils s'imaginent qu'ils en sont le centre et commencent à concevoir le divin... à leur image.
Ainsi vont naître les dieux. Masculins ? Non, féminins d'abord.
De là naîtra le mythe grec du Minotaure, ce monstre mi-homme mi-bête, fruit de la folle passion de Pasiphaé, femme de Minos, pour un taureau blanc. Selon Jacques Cauvin, dans « Naissance des divinités, naissance de l'agriculture » (Flammarion, 1997), ce duo « porte en germe toutes les constructions ultérieures de la pensée mythique d'Orient et de Méditerranée ».
Dieu mâle. Mais les dieux s'adaptent toujours à l'évolution de l'homme. Ce n'est pas un hasard si, vers le début du IVe millénaire, en Mésopotamie, exit la déesse-mère, bonjour le dieu mâle : dans les cités-Etats en train d'apparaître, les mâles qui commercent, cultivent et guerroient ont pris le pouvoir. Ils n'entendent pas réserver leurs hommages à une femme, semblable à celles qu'ils ont cantonnées au foyer. Chaque cité voulant ses dieux, ceux-ci éclosent alors comme fleurs au printemps. "
source : Quand dieu avait des fesses et des seins / Catherine Golliau - Le Point, no. 2049 - Société, jeudi 22 décembre 2011, p. 190 à 195
Pour aller plus loin :
- Le langage de la déesse / Marija Gimbutas
- Quelques ouvrages sur les déesses-mères.
- L'apparition des premières divinités / La Recherche n°194, 1987, pp. 1472-1480
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter