Question d'origine :
Bonjour, nous avons visité le week end dernier le magnifique château de Chambord et je souhaiterais connaitre la symbolique de la construction. En effet, il est construit par rapport à une croix au centre de laquelle se trouve l'escalier puis dans chaque quart de la croix se mêlent un carré et un rond (la tour).
D'autre part, quelles ont été les raisons du choix de cet emplacement mis à part une région giboyeuse.
merci par avance pour vos explications.
cordialement
Patricia
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 07/06/2017 à 08h40
En préambule, soulignons la dimension énigmatique de l’architecture de Chambord, comme nous pouvons le lire sur son site officiel :
« Malgré l’extraordinaire renommée du château de Chambord et l’intérêt qu’il a suscité au cours des siècles parmi les historiens, l’énigme de l’identité de son architecte n’est pas encore levée. Un mystère qui s’explique par l’absence presque totale d’archives concernant le chantier royal, celles-ci ayant été dispersées ou détruites à la fin du XVIIIe siècle. Aucun plan, aucun texte contemporain de la construction ne cite précisément le nom de celui qui imagina puis « traça les traits » de l’un des édifices les plus remarquables de la Renaissance. »
Toujours sur son site, nous trouvons le nom du plan général du château : c’est un plan centré en croix grecque. Cette forme de construction n’est pas novatrice pour l’époque puisqu’elle puise directement son modèle dans les châteaux du Moyen Age. Cette identité médiévale assumée serait la marque d’une forme de nostalgie pour les temps chevaleresques de son commanditaire François 1er. On peut en effet lire :
« Pourtant, à l’époque de la construction du château de Chambord, ces formes traditionnelles de l’architecture médiévale sont depuis longtemps caduques. En effet, dès le milieu du XVe siècle, les progrès réalisés dans le domaine de l’artillerie avaient rapidement rendu les châteaux forts obsolètes. La persistance d’éléments architecturaux médiévaux du château de Chambord n’est pourtant pas à considérer comme le résultat d’une lente évolution des habitudes des constructeurs. Au contraire, le donjon du château de Chambord, ses tours d’angle, son enceinte et ses douves en eau évoquent une puissance militaire toute allégorique, à défaut d’être réelle. Plus de trente ans après la fin de la construction des derniers châteaux forts, ces éléments constituent de véritables citations architecturales d’un autre temps. Ils évoquent alors, aux yeux des contemporains de François Ier, le monde périclitant de la chevalerie, dont le jeune souverain, dernier roi-chevalier, garde une profonde nostalgie. »
Dans cet article intitulé Qu'est-ce que Chambord ? étude du décor sculpté et nouvelles interprétations de 2010 sur le décor sculpté du château et ses nouvelles interprétations on peut lire :
« De nombreuses études ont été consacrées à son architecture et les plus récentes ont ouvert de nouvelles perspectives. La place de Léonard de Vinci dans la conception du projet puis son influence posthume dans son édification semblent aujourd’hui établies*. Les aptitudes techniques et conceptuelles de Léonard, entre autres sa capacité à comprendre et intégrer les traditions architecturales française et ligérienne, ont sans doute été mises au service du projet royal*. »
*source : Jean-Sylvain Caillou et Dominic Hofbauer, Chambord, le projet perdu de 1519, Archéa, 2007. Patrick Ponsot,« Les terrasses du donjon de Chambord : un projet de Léonard de Vinci ? », Bulletin Monumental, Société Française d’Archéologie, 2007. Monique Chatenet, Chambord, Centre des Monuments Nationaux, 2001.
Concernant l’emplacement, le château se trouve sur le site d’un château de chasse royal. Il y eut donc un premier Chambord. Dans l’ouvrage Chambord de Monique Chatenet, on peut lire :
« Que sait-on du premier Chambord ? Bien peu de chose, à vrai dire, en dehors de sa situation. Il était implanté au sud-ouest du château actuel, à l’est de l’église du village. »
« Chambord, qui dut exister dès l’époque gauloise, est donc à sa naissance un habitat établi près d’un gué. »
« En 1218, un acte fait mention de la chapelle d’un prieuré dépendant de l’abbaye de Notre-Dame-de Bourgmoyen de Blois et le présence d’un four banal, également attesté à cette époque, témoigne aussi de l’importance relative du lieu. (…) En dehors du prieuré de Chambord, seul subsista finalement, au milieu des bois, un modeste prieuré grand-montain fondé en 1163. »
« Les comtes de Blois avaient aussi le goût de la chasse. (…) La chasse des « bêtes rousses et noires » est également à l’origine de la construction par les comtes de Blois de nombreuses résidences forestières, telles Chambord et Monfraut en forêt de Boulogne (…) Chambord est la résidence de chasse la plus ancienne. Ce fut sans nul doute une demeure importante aux XII et XIIIe siècles. »
« Comme l’ensemble des possessions des comtes de Blois, le château de Chambord passa en 1397 de la maison de Chatillon qui le détenait depuis 1230 à celles des Duc d’Orléans, avant d’être rattaché en 1498 au domaine de la Couronne lorsque Louis d’Orléans devint Louis XII. »
Concernant le choix de François 1er de construire à cet emplacement le nouveau château, certains s’en étonnent, tant l’endroit est désertique. C’est justement le caractère isolé du site qui détermine, en partie, le choix de François 1er, dont la vie itinérante se traduisait par un changement de résidences à l’improviste :
« On dit que le roi François avait choisi ce lieu pour faire ce si grand palais pour deux raisons : la première parce qu’il était situé en un lieu où personne ne doit habiter, ce dont il était très content parce qu’il n’aimait pas que beaucoup de monde le suive mais qu’il voulait aller seul pour rester au calme sans être importuné, et pour consacrer beaucoup de temps aux dames, puis pour la grande commodité de la chasse dont il se délectait beaucoup. »
« Aussi le rendez-vous de chasse allait-il se transformer en immense résidence. »
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