Question d'origine :
Bonjour,
Pourriez-vous me renseigner sur Esclarmonde de Foix?
En vous remerciant,
Professeur Hum!
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 02/06/2017 à 13h09
Bonjour,
Disons dès l’abord qu’Esclarmonde de Foix est devenue un personnage mythique et fantasmé, qui n’a sans doute que peu à voir avec la personne historique, dont on sait peu de choses.
« Esclarmonde de Foix, en occitan Esclarmonda de Fois, née après 1151 et morte en 1215, surnommée La grande Esclarmonde, est une figure du catharisme. Fille de Roger Bernard Ier, comte de Foix et de Cécile de Foix. Sœur du comte Raymond-Roger de Foix, elle est donnée en mariage à Jourdain de l'Isle-Jourdain seigneur de l'Isle-Jourdain. De l'union naquirent plusieurs enfants dont Bernard, l'héritier de la seigneurie, Guillaumette, Olive, Othon de Terride et Bertrand, baron de Launac. Elle devient veuve en octobre 1200. À partir de ce moment, elle se tourne vers l'Église cathare. Elle reçoit le consolament en vue de devenir parfaite des mains de l'évêque Guilhabert de Castres en 1204 à Fanjeaux, avec trois autres grandes dames (Aude de Fanjeaux, Fays de Durfort, Raymonde de Saint-Germain) et en présence de son frère. Dès lors, elle n'a de cesse de mener une fervente propagande en faveur du catharisme. Elle s'installe à Pamiers. C'est vraisemblablement à elle que l'on doit l'initiative de faire rebâtir la forteresse de Montségur. Elle participe au colloque de Pamiers, appelé aussi « colloque de Montréal » de 1207 qui est le dernier débat contradictoire entre les cathares et l'Église catholique romaine (représentée par Dominique de Guzmán, futur fondateur de l’ordre dominicain, et Diego évêque d'Osma).Son rôle est assez controversé puisque pour certains, elle répandit l’hérésie en Ariège et contraignit les habitants à respecter les règles de vie cathare, alors que pour d'autres son impulsion permit d'ouvrir de nombreux hôpitaux, écoles et foyers où furent dispensés l'enseignement cathare (ce qui lui valut son surnom de grande Esclarmonde). »
Source : Esclarmonde de Foix (dame de l’Isle-Jourdain), Wikipedia
A noter qu’elle est la plus célèbre, mais qu’il existe d’autres Esclarmonde de Foix, qui ont pu influer sur la légende :
« Le nom d'Esclarmonde signifie à lui seul pureté, perfection et clarté. Peyrat en suivit cinq de ce nom, qui symbolisaient pour lui l'aventure des héroïnes cathares. Trois ont été finalement retenues : la fille et soeur d'un comte de Foix, épouse du seigneur de L'isle-Jourdain, éblouissante découverte de Peyrat ; elle reçut le consolament en 1204, mais sa biographie authentique est si pauvre qu’elle laissa courir l'imagination au mépris de toute vraisemblance ; ses émules ont été Esclarmonde de Péreille, fille du seigneur de Montségur, et Esclarmonde d'Alion, épouse du seigneur du pays de Sault. Lorsqu'en 1910-1911 le projet d'élever une statue en plein centre de Foix à la grande Esclarmonde fut lancé, une polémique picrocholine s'engagea, à l'issue de laquelle ne resta qu'une maquette de la statue reproduite en hors-texte. La littérature et la musique achevèrent d'idéaliser celle qui est glorifiée comme la Dame cathare par excellence. Suit une série de variations sur un thème d'autant plus riche qu'il repose sur moins de réalité. »
Source : recension par Bernard Guillemain de Les Esclarmonde: la femme et la féminité dans l'imaginaire du catharisme, Maurin (Krystel)], Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 109, N°217, 1997. pp. 116-117.
L’ouvrage de Krystel Maurin explique parfaitement comment Napoléon Peyrat construit le mythe d’Esclarmande, alors que « la dame historique, a, en fait, peu d’épaisseur et les sources à son sujet font cruellement défaut : il y eut juste assez d’histoire pour créer l’illusion et juste assez d’absence pour permettre la mythification. » (p. 118 et suivantes).
Voir 1911. Souscription publique pour l'érection d'un monument à la grande Esclarmonde de Foix, Yves Maris, site Chemins cathares, et Un patrimoine avorté : la statue d’ Esclarmonde pour cette « polémique picrocholine » et d'autres détails biographiques.
Peut-être trouve-t-on d’autres renseignements dans Femmes en Languedoc, Gwendoline Hancke, que nous n’avons pu consulté (il était en prêt).
Une spécialiste des Cathares Anne Brénon dans Les femmes cathares, conteste, comme le fait aussi Krystel Maurin, la « légende de Montségur» p.242 :
« La première dame de Montségur, ce ne fut aucune Esclarmonde, ni de Foix, ni de Péreille, Malgré les belles imaginations de Napoléon Peyrat, ni le comte de Foix ni sa sœur n’eurent jamais rien à voir avec la seigneurie de Montségur, […]. Il est plus probable du reste qu’Escarmonde de Foix, qui vivait en maison de Parfaites à Pamiers, ne mit jamais les pieds à Montségur. Mais sans doute l’intuition du fantasque pasteur, auteur passionné d’une Histoire des Albigeois en cinq volumes, se révèle-t-elle, en ce cas précis comme parfois ailleurs, exacte et fine : Montségur fut très certainement le fruit d’un vouloir de femme, et de femme cathare. Mais non celui d’Esclarmonde ; celui de Fornèira de Péreille. »
Sur le site de France Bleu, page de l’émission Françaises, français. Portraits, on peut lire Moi, Escarmonde de Foix, qui résume à peu près tout ce que l’on sait d’elle.
Bibliographie complémentaire :
Références à la BML
Références à la BNF
Bonnes lectures !
Disons dès l’abord qu’Esclarmonde de Foix est devenue un personnage mythique et fantasmé, qui n’a sans doute que peu à voir avec la personne historique, dont on sait peu de choses.
« Esclarmonde de Foix, en occitan Esclarmonda de Fois, née après 1151 et morte en 1215, surnommée La grande Esclarmonde, est une figure du catharisme. Fille de Roger Bernard Ier, comte de Foix et de Cécile de Foix. Sœur du comte Raymond-Roger de Foix, elle est donnée en mariage à Jourdain de l'Isle-Jourdain seigneur de l'Isle-Jourdain. De l'union naquirent plusieurs enfants dont Bernard, l'héritier de la seigneurie, Guillaumette, Olive, Othon de Terride et Bertrand, baron de Launac. Elle devient veuve en octobre 1200. À partir de ce moment, elle se tourne vers l'Église cathare. Elle reçoit le consolament en vue de devenir parfaite des mains de l'évêque Guilhabert de Castres en 1204 à Fanjeaux, avec trois autres grandes dames (Aude de Fanjeaux, Fays de Durfort, Raymonde de Saint-Germain) et en présence de son frère. Dès lors, elle n'a de cesse de mener une fervente propagande en faveur du catharisme. Elle s'installe à Pamiers. C'est vraisemblablement à elle que l'on doit l'initiative de faire rebâtir la forteresse de Montségur. Elle participe au colloque de Pamiers, appelé aussi « colloque de Montréal » de 1207 qui est le dernier débat contradictoire entre les cathares et l'Église catholique romaine (représentée par Dominique de Guzmán, futur fondateur de l’ordre dominicain, et Diego évêque d'Osma).Son rôle est assez controversé puisque pour certains, elle répandit l’hérésie en Ariège et contraignit les habitants à respecter les règles de vie cathare, alors que pour d'autres son impulsion permit d'ouvrir de nombreux hôpitaux, écoles et foyers où furent dispensés l'enseignement cathare (ce qui lui valut son surnom de grande Esclarmonde). »
Source : Esclarmonde de Foix (dame de l’Isle-Jourdain), Wikipedia
A noter qu’elle est la plus célèbre, mais qu’il existe d’autres Esclarmonde de Foix, qui ont pu influer sur la légende :
« Le nom d'Esclarmonde signifie à lui seul pureté, perfection et clarté. Peyrat en suivit cinq de ce nom, qui symbolisaient pour lui l'aventure des héroïnes cathares. Trois ont été finalement retenues : la fille et soeur d'un comte de Foix, épouse du seigneur de L'isle-Jourdain, éblouissante découverte de Peyrat ; elle reçut le consolament en 1204, mais sa biographie authentique est si pauvre qu’elle laissa courir l'imagination au mépris de toute vraisemblance ; ses émules ont été Esclarmonde de Péreille, fille du seigneur de Montségur, et Esclarmonde d'Alion, épouse du seigneur du pays de Sault. Lorsqu'en 1910-1911 le projet d'élever une statue en plein centre de Foix à la grande Esclarmonde fut lancé, une polémique picrocholine s'engagea, à l'issue de laquelle ne resta qu'une maquette de la statue reproduite en hors-texte. La littérature et la musique achevèrent d'idéaliser celle qui est glorifiée comme la Dame cathare par excellence. Suit une série de variations sur un thème d'autant plus riche qu'il repose sur moins de réalité. »
Source : recension par Bernard Guillemain de Les Esclarmonde: la femme et la féminité dans l'imaginaire du catharisme, Maurin (Krystel)], Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 109, N°217, 1997. pp. 116-117.
L’ouvrage de Krystel Maurin explique parfaitement comment Napoléon Peyrat construit le mythe d’Esclarmande, alors que « la dame historique, a, en fait, peu d’épaisseur et les sources à son sujet font cruellement défaut : il y eut juste assez d’histoire pour créer l’illusion et juste assez d’absence pour permettre la mythification. » (p. 118 et suivantes).
Voir 1911. Souscription publique pour l'érection d'un monument à la grande Esclarmonde de Foix, Yves Maris, site Chemins cathares, et Un patrimoine avorté : la statue d’ Esclarmonde pour cette « polémique picrocholine » et d'autres détails biographiques.
Peut-être trouve-t-on d’autres renseignements dans Femmes en Languedoc, Gwendoline Hancke, que nous n’avons pu consulté (il était en prêt).
Une spécialiste des Cathares Anne Brénon dans Les femmes cathares, conteste, comme le fait aussi Krystel Maurin, la « légende de Montségur» p.242 :
« La première dame de Montségur, ce ne fut aucune Esclarmonde, ni de Foix, ni de Péreille, Malgré les belles imaginations de Napoléon Peyrat, ni le comte de Foix ni sa sœur n’eurent jamais rien à voir avec la seigneurie de Montségur, […]. Il est plus probable du reste qu’Escarmonde de Foix, qui vivait en maison de Parfaites à Pamiers, ne mit jamais les pieds à Montségur. Mais sans doute l’intuition du fantasque pasteur, auteur passionné d’une Histoire des Albigeois en cinq volumes, se révèle-t-elle, en ce cas précis comme parfois ailleurs, exacte et fine : Montségur fut très certainement le fruit d’un vouloir de femme, et de femme cathare. Mais non celui d’Esclarmonde ; celui de Fornèira de Péreille. »
Sur le site de France Bleu, page de l’émission Françaises, français. Portraits, on peut lire Moi, Escarmonde de Foix, qui résume à peu près tout ce que l’on sait d’elle.
Bibliographie complémentaire :
Références à la BML
Références à la BNF
Bonnes lectures !
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter