Question d'origine :
Bonjour,
Je suis en train de lire l'essai d'Hubert Vedrine appelé "Le Monde au défi" mais il y a un terme assez répétitif que je ne comprends pas, et que je n'arrive pas à trouver en faisant des recherches sur internet. On parle donc à plusieurs moment de "l'affaire ukrainienne". En sachant que celle-ci est une des causes qui fait que "La Russie inquiète toujours les Européens de l'Est" comme on le dit dans le livre.
Merci d'avance, en espérant que vous puissiez m'aider.
Et félicitation pour a qualité et la rapidité de votre site, vous faites un travail formidable.
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 01/06/2017 à 08h46
Bonjour,
Vous nous interrogez sur la signification de l’expression « L’affaire Ukrainienne » utilisée par Hubert Védrine dans son essai.
N’ayant malheureusement pas l’ouvrage à disposition pour étudier en détail les passages concernés, voici les éléments de réponse que nous pouvons vous proposer.
Compte tenu du sujet de l’ouvrage, les relations internationales et les différentes crises et conflits à l’œuvre entre les nations, faisons un rapide rappel des évènements qui pourrait correspondre à une affaire Ukrainienne.
Un passage de l'ouvrage Le monde au défi trouvé sur Google Books concernant la Russie nous dit :
« Pour les Russes, autre monde, la défaite finale de l’URSS en décembre 1991, sa désintégration, a constitué un énorme traumatisme, une humiliation profonde, toujours vivace. L’Ukraine – forte de 50 millions d’habitants – était russe depuis plus longtemps que la Bretagne n’est Française ! »
Il semble donc, d’après Hubert Védrine, que la Russie ait particulièrement mal vécu l’indépendance de l’Ukraine, qu’elle considère faisant partie intégrante de la nation Russe.
En effet, les liens historiques entre l’Ukraine et la Russie sont multiples et complexes. La page Wikipédia consacrée à l’Ukraine propose un historique de la construction de la nation Ukrainienne, et revient entre autre sur son intégration à l’empire Russe et plus tard à l’Union Soviétique.
L’indépendance de l’Ukraine est proclamée le 24 août 1991 et confirmée par le référendum du 1er décembre 1991. Une semaine plus tard, le 8 décembre, la signature de l’accord de Minsk acte la dislocation de l’URSS.
Au début des années 1990, l'Union européenne cherche à étendre ses relations avec l'Ukraine vers une intégration économique et un approfondissement des liens politiques. En 1998 un accord de partenariat et de coopération est conclu entre l'Union européenne et l’Ukraine. Cet accord avait pour objectif de consolider les régimes démocratiques et de développer l’économie et le dialogue politique.
En 2007, l’Union Européenne commence à négocier avec l’Ukraine la ratification d’un nouveau traité qui doit remplacer l’accord de partenariat et de coopération signé en 1998, ce qui déclenche la crise Ukrainienne de 2013 puis l’annexion de la Crimée par la Russie.
Comme l’explique cet article paru dans le journal Le monde :
« Négocié entre 2007 à 2012, l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine doit remplacer l'accord de partenariat et de coopération (APC), qui régit leurs relations depuis 1985.[…]
L'accord d'association aurait dû être signé à Vilnius, les 28 et 29 décembre 2013, lors d'un sommet où étaient aussi conviés l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie et la Biélorussie. Mais, une semaine avant ce sommet, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch avait annoncé son refus de signer. C'est suite à cette volte-face que les manifestants investirent la place de l'Indépendance, à Kiev. »
Un article paru sur le site du Huffington post précise également :
« Rappelons que c'est la question de l'accord d'association qui a joué un rôle déclencheur dans la crise ukrainienne. D'abord, la suspension de l'accord d'association avec l'Union européenne par l'ex président ukrainien, Viktor Yanoukovitch, préférant un rapprochement avec la Russie, a provoqué à la fin de l'année 2013 un mouvement de protestation pro-européen à Kiev, connu aujourd'hui sous le nom de « Révolution de la Dignité ».
Plus de cent manifestants y avaient été tués par les forces de l'ordre lors des affrontements sur la place Maïdan. Le désir de la nation ukrainienne de se tourner vers l'Europe, au lieu de constituer l'Union eurasienne avec son voisin tout-puissant, la Russie, a déclenché une réaction immédiate de Moscou.
En mars 2014, la Russie, en organisant un pseudo-référendum et violant tous les traités existants, a annexé la péninsule de la Crimée appartenant à l'Ukraine, qui, suite à l'effondrement de l'Union soviétique, hébergeait une partie importante de la flotte russe. La Russie a ensuite entamé une guerre à l'Est de l'Ukraine, violant encore une fois la souveraineté et l'intégralité territoriale de son voisin ukrainien. »
On peut ainsi supposer que "l’affaire Ukrainienne" citée par Hubert Védrine correspond aux évènements liés à la signature de l’accord d’association avec l’Union européenne, qui ont conduit à l'annexion de la Crimée par la Russie, puis à une guerre civile, la Guerre du Donbass qui à lieu actuellement dans l’est de l’Ukraine.
Enfin, un article du Monde consacré à la création de l'Union Eurasienne par Vladimir Poutine vient appuyer l'idée que les inquiétudes des Européens de l’Est vis-à-vis de la Russie sont liées à la crise Ukrainienne.
L’auteur, Bayram Balci, chercheur au CERI-Sciences Po à Paris nous apprend que :
« Le projet d'intégration régionale de Vladimir Poutine a pour ambition de rassembler la plupart des pays de l'ex-URSS et au-delà autour d'intérêts économiques partagés.
Librement inspirée de l'exemple européen, l'UEE dissimule mal en réalité les intentions néo-impérialistes de la Russie, héritière humiliée et nostalgique de la grandeur soviétique ruinée. […]
Même s'ils se gardent de condamner les agissements de Moscou en Crimée et dans l'est ukrainien, et évitent de parler de l'annexion pure et simple d'un territoire étranger par la Russie, les pouvoirs et élites caucasiens et centrasiatiques sont confortés dans leur méfiance du « partenaire » russe, qui demeure, comme il vient de le prouver, un pouvoir néocolonial.
La méfiance est d'autant plus forte que les régimes savent que Moscou n'hésiterait pas à invoquer les mêmes arguments et user des mêmes instruments qu'en Ukraine pour les contraindre à s'embarquer dans son projet d'UEE et se plier à sa volonté. »
Pour aller plus loin, voici une sélection d‘ouvrages disponible à la Bibliothèque municipale de Lyon:
- Géopolitique de l'Ukraine, d'Emmanuelle Armandon
- Génération Maïdan. Vivre la crise ukrainienne de Ioulia Shukan
- Goodbye, Poutine, ouvrage collectif sous la direction éditoriale d'Hélène Blanc
- Ukraine. Le réveil d'une nation d'Alain Guillemoles
Vous nous interrogez sur la signification de l’expression « L’affaire Ukrainienne » utilisée par Hubert Védrine dans son essai.
N’ayant malheureusement pas l’ouvrage à disposition pour étudier en détail les passages concernés, voici les éléments de réponse que nous pouvons vous proposer.
Compte tenu du sujet de l’ouvrage, les relations internationales et les différentes crises et conflits à l’œuvre entre les nations, faisons un rapide rappel des évènements qui pourrait correspondre à une affaire Ukrainienne.
Un passage de l'ouvrage Le monde au défi trouvé sur Google Books concernant la Russie nous dit :
« Pour les Russes, autre monde, la défaite finale de l’URSS en décembre 1991, sa désintégration, a constitué un énorme traumatisme, une humiliation profonde, toujours vivace. L’Ukraine – forte de 50 millions d’habitants – était russe depuis plus longtemps que la Bretagne n’est Française ! »
Il semble donc, d’après Hubert Védrine, que la Russie ait particulièrement mal vécu l’indépendance de l’Ukraine, qu’elle considère faisant partie intégrante de la nation Russe.
En effet, les liens historiques entre l’Ukraine et la Russie sont multiples et complexes. La page Wikipédia consacrée à l’Ukraine propose un historique de la construction de la nation Ukrainienne, et revient entre autre sur son intégration à l’empire Russe et plus tard à l’Union Soviétique.
L’indépendance de l’Ukraine est proclamée le 24 août 1991 et confirmée par le référendum du 1er décembre 1991. Une semaine plus tard, le 8 décembre, la signature de l’accord de Minsk acte la dislocation de l’URSS.
Au début des années 1990, l'Union européenne cherche à étendre ses relations avec l'Ukraine vers une intégration économique et un approfondissement des liens politiques. En 1998 un accord de partenariat et de coopération est conclu entre l'Union européenne et l’Ukraine. Cet accord avait pour objectif de consolider les régimes démocratiques et de développer l’économie et le dialogue politique.
En 2007, l’Union Européenne commence à négocier avec l’Ukraine la ratification d’un nouveau traité qui doit remplacer l’accord de partenariat et de coopération signé en 1998, ce qui déclenche la crise Ukrainienne de 2013 puis l’annexion de la Crimée par la Russie.
Comme l’explique cet article paru dans le journal Le monde :
« Négocié entre 2007 à 2012, l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine doit remplacer l'accord de partenariat et de coopération (APC), qui régit leurs relations depuis 1985.[…]
L'accord d'association aurait dû être signé à Vilnius, les 28 et 29 décembre 2013, lors d'un sommet où étaient aussi conviés l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie et la Biélorussie. Mais, une semaine avant ce sommet, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch avait annoncé son refus de signer. C'est suite à cette volte-face que les manifestants investirent la place de l'Indépendance, à Kiev. »
Un article paru sur le site du Huffington post précise également :
« Rappelons que c'est la question de l'accord d'association qui a joué un rôle déclencheur dans la crise ukrainienne. D'abord, la suspension de l'accord d'association avec l'Union européenne par l'ex président ukrainien, Viktor Yanoukovitch, préférant un rapprochement avec la Russie, a provoqué à la fin de l'année 2013 un mouvement de protestation pro-européen à Kiev, connu aujourd'hui sous le nom de « Révolution de la Dignité ».
Plus de cent manifestants y avaient été tués par les forces de l'ordre lors des affrontements sur la place Maïdan. Le désir de la nation ukrainienne de se tourner vers l'Europe, au lieu de constituer l'Union eurasienne avec son voisin tout-puissant, la Russie, a déclenché une réaction immédiate de Moscou.
En mars 2014, la Russie, en organisant un pseudo-référendum et violant tous les traités existants, a annexé la péninsule de la Crimée appartenant à l'Ukraine, qui, suite à l'effondrement de l'Union soviétique, hébergeait une partie importante de la flotte russe. La Russie a ensuite entamé une guerre à l'Est de l'Ukraine, violant encore une fois la souveraineté et l'intégralité territoriale de son voisin ukrainien. »
On peut ainsi supposer que "l’affaire Ukrainienne" citée par Hubert Védrine correspond aux évènements liés à la signature de l’accord d’association avec l’Union européenne, qui ont conduit à l'annexion de la Crimée par la Russie, puis à une guerre civile, la Guerre du Donbass qui à lieu actuellement dans l’est de l’Ukraine.
Enfin, un article du Monde consacré à la création de l'Union Eurasienne par Vladimir Poutine vient appuyer l'idée que les inquiétudes des Européens de l’Est vis-à-vis de la Russie sont liées à la crise Ukrainienne.
L’auteur, Bayram Balci, chercheur au CERI-Sciences Po à Paris nous apprend que :
« Le projet d'intégration régionale de Vladimir Poutine a pour ambition de rassembler la plupart des pays de l'ex-URSS et au-delà autour d'intérêts économiques partagés.
Librement inspirée de l'exemple européen, l'UEE dissimule mal en réalité les intentions néo-impérialistes de la Russie, héritière humiliée et nostalgique de la grandeur soviétique ruinée. […]
Même s'ils se gardent de condamner les agissements de Moscou en Crimée et dans l'est ukrainien, et évitent de parler de l'annexion pure et simple d'un territoire étranger par la Russie, les pouvoirs et élites caucasiens et centrasiatiques sont confortés dans leur méfiance du « partenaire » russe, qui demeure, comme il vient de le prouver, un pouvoir néocolonial.
La méfiance est d'autant plus forte que les régimes savent que Moscou n'hésiterait pas à invoquer les mêmes arguments et user des mêmes instruments qu'en Ukraine pour les contraindre à s'embarquer dans son projet d'UEE et se plier à sa volonté.
Pour aller plus loin, voici une sélection d‘ouvrages disponible à la Bibliothèque municipale de Lyon:
- Géopolitique de l'Ukraine, d'Emmanuelle Armandon
- Génération Maïdan. Vivre la crise ukrainienne de Ioulia Shukan
- Goodbye, Poutine, ouvrage collectif sous la direction éditoriale d'Hélène Blanc
- Ukraine. Le réveil d'une nation d'Alain Guillemoles
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Je cherche des ouvrages sur la neurosciences et l'apprentissage...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter