ombre des platanes
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 18/05/2017 à 21h06
4237 vues
Question d'origine :
bonjour,
une vieille rumeur dit que les platanes vieux de deux siècles environ que l'on voit parfois aux bord des routes nationales ont été plantées par napoléon à une époque où il cherchait à déplacer ses armées à l'abri du soleil.
est ce exact?
cdlt.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 22/05/2017 à 11h13
Bonjour,
Plusieurs sites web et des articles de presse généraliste reprennent cette idée (voir par exemple ces articles sur rtl.fr, cnewsmatin.fr ou encore lexpress.fr).
Un épisode de l’émission Karambolage d’Arte l’évoque également : le quotidien : les platanes.
Nous trouvons bien dans les Mémoires de Napoléon des écrits allant dans ce sens :
«L’ombre d’un arbre contre le soleil et la chaleur, le plus chétif abri contre la pluie , sont préférables à la tente. Le transport des tentes employerait cinq chevaux par bataillon, qui seraient mieux employés à porter des vivres. Les tentes sont un sujet d’observation pour les affidés et pour les officiers d’état-major de l’ennemi : elles leur donnent des renseignements sur votre nombre et la position que vous occupez ; cet inconvénient est de tous les jours, de tous les instants. Une armée rangée sur deux ou trois lignes de bivouac, ne laisse apercevoir, au loin, qu’une fumée que l’ennemi confond avec les brouillards de l’atmosphère. Il est impossible de compter le nombre des feux ; il est très facile de compter le nombre des tentes, et de dessiner les positions qu’elles occupent. »
Toutefois les diverses sources que nous avons trouvées sur l’histoire des plantations d’alignement ne mentionnent pas (ou de manière très anecdotique) l’influence de Napoléon sur la présence d’arbres au bord des routes :
«Un peu d'Histoire : pourquoi y a-t-il des arbres au bord des routes en France ?
C'est d'abordHenri II qui pour "les besoins de chacun et pour les affuts et remontage de l'artillerie", signa en 1552 les "lettres patentes royales qui enjoignent de planter des ormes le long des grands chemins et voirie". Puis Henri III , pour protéger l'emprise des chemins contre le grignotage par les cultures riveraines, signa en janvier 1583 un Édit ordonnant de planter des ormeaux, noyers et autres arbres en borure des chemins publics . Par arrêt du 3 mai 1720, Louis XV , pour préserver une largeur de soixante pieds, ordonna de creuser des fossés latéraux et obligea les propriétaires riverains à les entretenir et à planter, une toise plus loin, des ormes, hêtres, châtaigniers et arbres fruitiers . Notons que dans tous ces textes ne se trouve aucune raison liée à l'embellissement du paysage.
Au début du 19ème siècle, dans le but de réduire la poussière soulevée par les véhicules, l'État intensifia les plantations d'arbres en bord des routes . Cette nécessité disparut au début du 20ème siècle par l'apparition du goudronnage des chaussées.
Au milieu du siècle dernier, on planta des peupliers dans le but de fournir le bois nécessaire à la fabrication des allumettes . Une majorité de ces peupliers ne fut, en définitive, pas exploitée par la SEITA et ils restèrent au bord des routes avec les risques générés par leur vieillissement au-delà de 40 ans.
Actuellement, aucune raison spécifique ne justifie la plantation des arbres en bord de routes sauf la tradition, et parfois pour quelques alignements, leur beauté. »
Source : securite-routiere-plus.com
«Une histoire ancienne
Les alignements d'arbres au bord des voies constituent des éléments du patrimoine historique et culturel français.
La pénurie de bois qui suivit les défrichages du Moyen Age fut vraisemblablement à l'origine des premières plantations. Ainsi, pour des raisons économiques et militaires, Henri II ordonna par lettres patentes, en 1552 "à tous les seigneurs hauts justiciers et tous manants et habitants des villes, villages et paroisses, de planter et de faire planter le long des voiries et des grands chemins publics si bonne et si grande quantité desdits ormes que, avec le temps, notre royaume s'en puisse avoir bien et suffisamment peuplé.
La beauté comme principe
Parallèlement, faisant suite à la découverte de la perspective par les peintres italiens de la Renaissance, les alignements d'arbres, outils par excellence d'une structuration et d'une mise en scène de l'espace, se mirent à accompagner les allées des châteaux et demeures prestigieuses du 16ème siècle, puis s'en échappèrent pour conquérir la campagne. C'est ainsi qu'ils commencèrent leur véritable carrière dans le paysage français, en répondant à des préoccupations esthétiques devenues prédominantes il y avait une réelle volonté d'embellir, d'offrir des points de vue, bref, de créer un paysage.
Cette volonté d'embellir, ce souci du prestige, servaient aussi des préoccupations d'ordre politique : apposer sa marque sur l'ensemble d'un territoire permet d'affirmer son autorité et sa souveraineté, et donc l'unité du pays. Le beau utilisé pour asseoir le pouvoir : c'est ainsi que l'on peut comprendre lestextes divers établis en France sous Henri IV, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI ou, dans les Etats provinciaux, en Bourgogne, en Lorraine, en Languedoc, par exemple .
Un côté pragmatique
Pouvoir et confort des usagers ne doivent pas nécessairement être dissociés. C'est ainsi que l'entendent, aujourd'hui encore,nos voisins Allemands lorsqu'ils attribuent à Napoléon une certaine partie de leurs plantations : elles auraient procuré ombre, abri etrepères aux troupes en campagne. Elles retenaient aussi les chariots qui versent.
Au 19ème siècle, à partir de la loi du 25 mai 1825 mettant les plantations à la charge de l'Etat, la politique de plantation se renforça, indépendamment des changements de régime - Empire, Restauration, République.
On reconnaissait aux alignements un rôle technique de stabilisation et d'assainissement de la chaussée. Ils aussi avaient l'avantage de délimiter espace privé et espace public.
Fin 19ème siècle, un patrimoine important
Voilà comment les alignements d'arbres sont devenus un élément majeur de notre cadre de vie. Tous les départements possédaient des alignements. On estime à 3 millions le nombre d'arbres au bord des 35 000 km de routes nationales françaises en 1895. Sans doute faudrait-il y ajouter ceux bordant les routes départementales et les chemins vicinaux. »
Source : Collectif d’Associations pour la Défense de l’Environnement dans les Boucles de Seine / Saint-Germain-en-Laye
«Les alignements d'arbres des routes de campagne
En même temps que les allées d'arbres s'établissent dans les jardins, puis autour des propriétés des riches seigneurs, en même temps que les plantations se font aux abords, puis à l'intérieur des villes, d'autres plantations sont ordonnées le long des routes qui traversent les campagnes européennes.
La France fut sans doute le premier pays à disposer d'une ordonnance, celle du roi Henri II en 1522. Les autres pays ne furent pas en reste (Saxe en 1580, Hesse en 1625, Prusse en 1714, Autriche en 1763, Brandebourg en 1765, Danemark en 1793, Suède en 1734, pour ne citer qu'eux).
Ces ordonnances répondaient à des besoins précis, au premier rang desquels la pénurie de bois, sous l'effet des défrichages, des guerres, des hivers rigoureux, quelquefois conjugués. L'armée et la marine, mais aussi le charronnage civil et le chauffage, puis, au 19ème siècle et dans la première moitié du 20ème siècle, l'industrie, en seront les principales destinations. Les feuilles, pour nourrir le bétail et pour la sériciculture, seront également utilisés, de même que les fruits.
[…]
Une autre raison importante a présidé aux plantations des arbres au bord des routes : il s'agissait d'éviter que les propriétaires riverains n'empiètent sur le domaine public, ou l'inverse . L'ordonnance d'Henri III, en France, en 1579 le prévoit explicitement.
Les plantations avaient aussi un rôle technique : elles asséchaient et stabilisaient les voies et les accotements , ce qui était particulièrement important dans les régions marécageuses, comme en Prusse, par exemple. Elles abritaient les voyageurs du vent, comme les cyprès dans le sud de la France, ou leur procuraient de l'ombre dans les régions ensoleillées. Elles évitaient aussi l'érosion des terres par le vent , comme sur les côtes sud de la Suède.
Leurrôle de guidage - pour les voyageurs et pour les troupes -, par temps de neige, de brouillard ou d'inondation et la nuit, de même que leur rôle de garde-corps étaient également importants. Dans les années 1930, certains arbres d'alignement suédois sont d'ailleurs explicitement désignés comme "skyddsträd", c'est-à-dire contribuant à la sécurité. »
Source : Convention européenne du paysage
Certains ouvrages de botanique attribuent à Napoléon III la plantation de platanes :
« […] croissance rapide, feuillage abondant fournissant beaucoup d’ombre, facilité de reprise à la plantation et surtout résistance à la pollution. Supportant très bien la taille, le platane est tout désigné pour une utilisation en arbre d’alignement le long des routes, des avenues, dans les allées des parcs. Les platanes d’alignement commencèrent à être plantés sous Napoléon III. »
Source : Encyclopédie visuelle des arbres & arbustes, Maurice Dupérat,Jean-Marie Polese
Bonne journée.
Plusieurs sites web et des articles de presse généraliste reprennent cette idée (voir par exemple ces articles sur rtl.fr, cnewsmatin.fr ou encore lexpress.fr).
Un épisode de l’émission Karambolage d’Arte l’évoque également : le quotidien : les platanes.
Nous trouvons bien dans les Mémoires de Napoléon des écrits allant dans ce sens :
«
Toutefois les diverses sources que nous avons trouvées sur l’histoire des plantations d’alignement ne mentionnent pas (ou de manière très anecdotique) l’influence de Napoléon sur la présence d’arbres au bord des routes :
«
C'est d'abord
Actuellement, aucune raison spécifique ne justifie la plantation des arbres en bord de routes sauf la tradition, et parfois pour quelques alignements, leur beauté. »
Source : securite-routiere-plus.com
«
Les alignements d'arbres au bord des voies constituent des éléments du patrimoine historique et culturel français.
La pénurie de bois qui suivit les défrichages du Moyen Age fut vraisemblablement à l'origine des premières plantations. Ainsi, pour des raisons économiques et militaires, Henri II ordonna par lettres patentes, en 1552 "à tous les seigneurs hauts justiciers et tous manants et habitants des villes, villages et paroisses, de planter et de faire planter le long des voiries et des grands chemins publics si bonne et si grande quantité desdits ormes que, avec le temps, notre royaume s'en puisse avoir bien et suffisamment peuplé.
Parallèlement, faisant suite à la découverte de la perspective par les peintres italiens de la Renaissance, les alignements d'arbres, outils par excellence d'une structuration et d'une mise en scène de l'espace, se mirent à accompagner les allées des châteaux et demeures prestigieuses du 16ème siècle, puis s'en échappèrent pour conquérir la campagne. C'est ainsi qu'ils commencèrent leur véritable carrière dans le paysage français, en répondant à des préoccupations esthétiques devenues prédominantes il y avait une réelle volonté d'embellir, d'offrir des points de vue, bref, de créer un paysage.
Cette volonté d'embellir, ce souci du prestige, servaient aussi des préoccupations d'ordre politique : apposer sa marque sur l'ensemble d'un territoire permet d'affirmer son autorité et sa souveraineté, et donc l'unité du pays. Le beau utilisé pour asseoir le pouvoir : c'est ainsi que l'on peut comprendre les
Pouvoir et confort des usagers ne doivent pas nécessairement être dissociés. C'est ainsi que l'entendent, aujourd'hui encore,
Au 19ème siècle, à partir de la loi du 25 mai 1825 mettant les plantations à la charge de l'Etat, la politique de plantation se renforça, indépendamment des changements de régime - Empire, Restauration, République.
On reconnaissait aux alignements un rôle technique de stabilisation et d'assainissement de la chaussée. Ils aussi avaient l'avantage de délimiter espace privé et espace public.
Voilà comment les alignements d'arbres sont devenus un élément majeur de notre cadre de vie. Tous les départements possédaient des alignements. On estime à 3 millions le nombre d'arbres au bord des 35 000 km de routes nationales françaises en 1895. Sans doute faudrait-il y ajouter ceux bordant les routes départementales et les chemins vicinaux. »
Source : Collectif d’Associations pour la Défense de l’Environnement dans les Boucles de Seine / Saint-Germain-en-Laye
«
En même temps que les allées d'arbres s'établissent dans les jardins, puis autour des propriétés des riches seigneurs, en même temps que les plantations se font aux abords, puis à l'intérieur des villes, d'autres plantations sont ordonnées le long des routes qui traversent les campagnes européennes.
La France fut sans doute le premier pays à disposer d'une ordonnance, celle du roi Henri II en 1522. Les autres pays ne furent pas en reste (Saxe en 1580, Hesse en 1625, Prusse en 1714, Autriche en 1763, Brandebourg en 1765, Danemark en 1793, Suède en 1734, pour ne citer qu'eux).
[…]
Une autre raison importante a présidé aux plantations des arbres au bord des routes : il s'agissait d'
Leur
Source : Convention européenne du paysage
Certains ouvrages de botanique attribuent à Napoléon III la plantation de platanes :
« […] croissance rapide, feuillage abondant fournissant beaucoup d’ombre, facilité de reprise à la plantation et surtout résistance à la pollution. Supportant très bien la taille, le platane est tout désigné pour une utilisation en arbre d’alignement le long des routes, des avenues, dans les allées des parcs. Les platanes d’alignement commencèrent à être plantés sous Napoléon III. »
Source : Encyclopédie visuelle des arbres & arbustes, Maurice Dupérat,Jean-Marie Polese
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter