Ex-libris, gaufrages et tampons
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 17/05/2017 à 14h34
891 vues
Question d'origine :
La bibliophilie ayant ses règles (que je ne connais guère), j’aimerais savoir sur quelle page doit être collé un ex-libris. Page de droite ou de gauche (recto ou verso) ? Deuxième page de couverture, premier plat de la reliure, page de garde (blanche), page de faux-titre, page de titre ?
Encore, quelle page gaufrer avec une presse à sec (ou pince à gaufrage) lorsqu’on en possède une indiquant “Bibliothèque de X.” (étant entendu qu’on ne peut gaufrer une deuxième page de couverture) ?
Merci d’avance, bien à vous.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/05/2017 à 12h10
Bonjour,
Concernant la place de l’ex-libris, voici les informations que nous trouvons dans l’ouvrage de Germaine Meyer-Noirel, L’ex-libris : histoire, art, techniques :
« Selon ses différents genres et époques, on verra l’ex-libris chercher en quelque sorte sa place et ses dimensions optimales.
Quand les copistes du Moyen Age enluminaient les manuscrits, ils peignaient les armoiries de celui pour lequel ils travaillaient à une place quelconque du livre. Ces armes étaient souvent incorporées dans la miniature de tête, au-dessus ou au-dessous du colophon, ou même à l’intérieur de certaines initiales. Succédant aux armoiries peintes, les ex-libris manuscrits ou gravés se fixeront à diverses places dans le corps des livres ; on en voit sous l’imprimatur […] ou au bas d’une page dont le numéro a été spécifiquement choisi. Mais c’est presque instinctivement que le ou les possesseurs écrivent leurs noms sur la page de titre des livres leur appartenant. Or, au début du XVIe siècle, ces pages devenant de véritables et belles compositions gravées, des amateurs de beaux livres évitèrent de les dégrader préférant n’utiliser que les pages de garde, généralement libres de toute impression.
Dans certains cas, de très riches bibliophiles firent imprimer leur ex-libris gravé au dos des pages de titre, ou mieux, sur une page blanche supplémentaire. Ces pages, confiées aux relieurs, furent pas eux incorporées aux volumes : ce sont les « ex-libris reliés » comme, par exemple, ceux du Cardinal de Granvelle […] ou de l’abbé de Dangeau.
Mais, comme ces marques de propriété, placées à l’intérieur des livres étaient peu visibles, certains bibliophiles eurent l’idée de les placer en évidence à l’extérieur des volumes, c’est-à-dire sur les plats, les dos, voire les tranches. Le plat, plus ou moins orné est un emplacement privilégié. M. Moeder, dans son étude sur les ex-libris alsaciens cite comme unique l’ex-libris gravé sur bois de Vogther (1539), collé sur le plat d’un livre. Par ailleurs, la Bibliothèque municipale de Nancy possède un incunable portant, cloué sur la partie haute du plat de ce livre, un morceau de parchemin calligraphié en lettres gothiques, encadré d’une languette de laiton dont il ne reste plus qu’un angle, sur lequel on lit : […] « C’est le livre du Songe du/Vergier appartenant à S S/Francoy de Gournaix ». Cette façon de faire était assez pratiquée au XVIe siècle, mais ce sont presque toujours les titres des livres qui sont ainsi explicités. La marque de propriété est rarement placée à cet endroit.
A l’époque où les bibliothèques contenaient peu de livres, ces derniers étaient posés à plat et, soit à cause de leurs fermoirs métalliques, soit par commodité de lecture, leurs tranches principales se présentaient en avant. Les titres des ouvrages y étaient souvent inscrits mais, exceptionnellement le nom du propriétaire. On peut voir, en particulier, les armes de France peintes sur un psautier de 1230 attribué à Blanche de Castille, ou l’inscription FIRMICVS CVM ALIIS sur un incunable de la Bibliothèque de Besançon. Dès le début du XVIe siècle, la plus grand tranche, et quelquefois aussi les deux autres tranches, ont été gravées à l’aide d’un burin et d’un petit marteau. Travail peu courant à cause de sa délicatesse, mais parfaitement indélébile.
Par ailleurs, la Bibliothèque Doucet possède un Esprit des Lois de Montesquieu ayant appartenu à Stendhal, sur la tranche duquel on peut lire, d’une grosse écriture à l’encre noire « H. Beyle ÊTRE SOI-MÊME ».
Ce mode de marquage paraît assez commode et inviolable puisque, actuellement, des bibliothèques comme la Bibliothèque nationale et la Bibliothèque Censier de Nanterre apposent un cachet à l’encre grasse sur les tranches de leurs livres. On a même remarqué, sur quelques livres allemands, le nom des possesseurs gravé sur les fermoirs métalliques des reliures.
Il n’empêche que, dans la plus grande majorité des cas la place principale de l’ex-libris reste à l’intérieur du livre et, mis à part les rares papiers de garde monogrammés de la fin du XIXe siècle,l’ex-libris est, surtout depuis le XVIIIe siècle, collé au verso du plat supérieur ou au recto de la page de garde . »
Vous trouverez d’autres informations ainsi que des références bibliographiques sur le site de l’enssib.
Si vous souhaitez marquer vos livres avec une pince à gaufrer, le recto de la page de garde paraît donc le choix le plus approprié.
Bonne journée.
Concernant la place de l’ex-libris, voici les informations que nous trouvons dans l’ouvrage de Germaine Meyer-Noirel, L’ex-libris : histoire, art, techniques :
« Selon ses différents genres et époques, on verra l’ex-libris chercher en quelque sorte sa place et ses dimensions optimales.
Quand les copistes du Moyen Age enluminaient les manuscrits, ils peignaient les armoiries de celui pour lequel ils travaillaient à une place quelconque du livre. Ces armes étaient souvent incorporées dans la miniature de tête, au-dessus ou au-dessous du colophon, ou même à l’intérieur de certaines initiales. Succédant aux armoiries peintes, les ex-libris manuscrits ou gravés se fixeront à diverses places dans le corps des livres ; on en voit sous l’imprimatur […] ou au bas d’une page dont le numéro a été spécifiquement choisi. Mais c’est presque instinctivement que le ou les possesseurs écrivent leurs noms sur la page de titre des livres leur appartenant. Or, au début du XVIe siècle, ces pages devenant de véritables et belles compositions gravées, des amateurs de beaux livres évitèrent de les dégrader préférant n’utiliser que les pages de garde, généralement libres de toute impression.
Dans certains cas, de très riches bibliophiles firent imprimer leur ex-libris gravé au dos des pages de titre, ou mieux, sur une page blanche supplémentaire. Ces pages, confiées aux relieurs, furent pas eux incorporées aux volumes : ce sont les « ex-libris reliés » comme, par exemple, ceux du Cardinal de Granvelle […] ou de l’abbé de Dangeau.
Mais, comme ces marques de propriété, placées à l’intérieur des livres étaient peu visibles, certains bibliophiles eurent l’idée de les placer en évidence à l’extérieur des volumes, c’est-à-dire sur les plats, les dos, voire les tranches. Le plat, plus ou moins orné est un emplacement privilégié. M. Moeder, dans son étude sur les ex-libris alsaciens cite comme unique l’ex-libris gravé sur bois de Vogther (1539), collé sur le plat d’un livre. Par ailleurs, la Bibliothèque municipale de Nancy possède un incunable portant, cloué sur la partie haute du plat de ce livre, un morceau de parchemin calligraphié en lettres gothiques, encadré d’une languette de laiton dont il ne reste plus qu’un angle, sur lequel on lit : […] « C’est le livre du Songe du/Vergier appartenant à S S/Francoy de Gournaix ». Cette façon de faire était assez pratiquée au XVIe siècle, mais ce sont presque toujours les titres des livres qui sont ainsi explicités. La marque de propriété est rarement placée à cet endroit.
A l’époque où les bibliothèques contenaient peu de livres, ces derniers étaient posés à plat et, soit à cause de leurs fermoirs métalliques, soit par commodité de lecture, leurs tranches principales se présentaient en avant. Les titres des ouvrages y étaient souvent inscrits mais, exceptionnellement le nom du propriétaire. On peut voir, en particulier, les armes de France peintes sur un psautier de 1230 attribué à Blanche de Castille, ou l’inscription FIRMICVS CVM ALIIS sur un incunable de la Bibliothèque de Besançon. Dès le début du XVIe siècle, la plus grand tranche, et quelquefois aussi les deux autres tranches, ont été gravées à l’aide d’un burin et d’un petit marteau. Travail peu courant à cause de sa délicatesse, mais parfaitement indélébile.
Par ailleurs, la Bibliothèque Doucet possède un Esprit des Lois de Montesquieu ayant appartenu à Stendhal, sur la tranche duquel on peut lire, d’une grosse écriture à l’encre noire « H. Beyle ÊTRE SOI-MÊME ».
Ce mode de marquage paraît assez commode et inviolable puisque, actuellement, des bibliothèques comme la Bibliothèque nationale et la Bibliothèque Censier de Nanterre apposent un cachet à l’encre grasse sur les tranches de leurs livres. On a même remarqué, sur quelques livres allemands, le nom des possesseurs gravé sur les fermoirs métalliques des reliures.
Il n’empêche que, dans la plus grande majorité des cas la place principale de l’ex-libris reste à l’intérieur du livre et, mis à part les rares papiers de garde monogrammés de la fin du XIXe siècle,
Vous trouverez d’autres informations ainsi que des références bibliographiques sur le site de l’enssib.
Si vous souhaitez marquer vos livres avec une pince à gaufrer, le recto de la page de garde paraît donc le choix le plus approprié.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter