Scepticisme nonchalant
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/05/2017 à 17h21
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Question d'origine :
Bonjour,
Qu'appelle-t-on "scepticisme nonchalant" ? Si il y a lieu pouvez-vous compléter par des pistes de lectures ?
Merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/05/2017 à 15h35
Bonjour,
L’adjectif « nonchalant.e » qualifie une personne, un tempérament, qui manque d’activité, d’ardeur, de zèle, par insouciance, indifférence.
Source : Dictionnaire culturel en langue française
Le Grand Robert de la langue française propose les synonymes suivants :
Indolent, insouciant, mou, fainéant, paresseux, léthargique, apathique.
Selon ces éléments de définition, un « scepticisme nonchalant » serait donc un scepticisme sans ardeur, « mou », « indifférent », donc plutôt passif et tranquille.
Plusieurs extraits d’ouvrages nous permettent de retrouver cette expression en contexte :
« « Manque d’énergie », non : ce n’était pas le manque d’énergie et ce n’était pas non plus la peur de déplaire qui lui faisaient servir une politique opposée à la sienne, mais, en faisant la part de sonscepticisme nonchalant , un intérêt puissant : le besoin de garder « sa place », beaucoup moins par ambition que par cet amour et je dirais cette passion de l’argent qui sera toujours l’un des soucis et ressorts primordiaux de sa vie. »
Talleyrand, Louis Madelin
« Dans un poème des Méditations, « La Retraite », Lamartine nous présente une figure de gentilhomme campagnard, M. de Châtillon, qui a choisi de se retirer dans son manoir, au bord du lac du Bourget, pour s’adonner au loisir cultivé. Le modèle sous-jacent est celui du sage horatien, d’une limitation des désirs, d’un hédonisme distingué auxquels le culte de la Raison et la thématique du bonheur donnent une coloration XVIIIe. Certes cet idéal de resserrement continue d’avoir des attraits pour Lamartine bien après la date de composition du poème (1819). La même veine inspire, par exemple, en 1821, la 23e Méditation, intitulée « Philosophie » et dédiée à un autre gentilhomme, le marquis de la Maisonfort, ministre de France à Florence, dont Lamartine vante lescepticisme nonchalant et le goût des lettres. Mais à côté de ces éléments traditionnels, on voit poindre dans ces mêmes poèmes une conception plus personnelle, plus « romantique », qui traduit une appropriation du topos.
L'invention du solitaire, Dominique Rabaté
« Mais j’ai bien peur que la leçon passe inaperçue : il vient trop peu de visiteurs à la galerie des Beaux-Arts. Est-ce parce que les esprits sont tournés ailleurs, ou que tous les curieux sont déjà partis ? C’est plutôt parce qu’Ensor, qui eut tant de mal à se faire reconnaître au pays de Bosch et de Breughel comme le plus digne de leurs descendants, n’a pas encore trouvé grâce devant lescepticisme nonchalant des Français. D’abord, il y a dans son œuvre trop de têtes de mort ; celles de Georges de la Tour et de Cézanne ont eu tant de mal à passer ! Mais ce qui rebute le plus les français, grands amateurs d’étiquettes et de comparaisons, c’est la diversité de la production ensorienne et l’impossibilité où ils se trouvent, pour y accéder, de s’accrocher à une image déjà digérée. »
La peinture libérée, André Lhote
« Ces vagues successives de théories qui courent désespérément après les modes théâtrales, ne doivent cependant pas nous entraîner dans unscepticisme nonchalant ou dans une dérive relativiste postmoderne. A la dérive, on opposera et on préférera le blocage apparent d’une réponse paradoxale, d’un oxymore théorique sur le modèle de celui de la sémiotisation du désir, dont on a pu juger ici la puissance opératoire. »
L'analyse des spectacles, Patrice Pavis
« Bien moins encore faut-il subtiliser pour faire comprendre pourquoi l’écrivain qui n’est occupé que de soi manque de variété. Comme il voit toutes les choses en lui-même, il les fait pour ainsi dire à son image et leur imprime uniformément son air. On est presque toujours dans la raillerie avec Voltaire, dans le romanesque avec Rousseau, dans lescepticisme nonchalant avec Montaigne. »
Histoire de la littérature française, Désiré Nisard
Bonne journée.
L’adjectif « nonchalant.e » qualifie une personne, un tempérament, qui manque d’activité, d’ardeur, de zèle, par insouciance, indifférence.
Source : Dictionnaire culturel en langue française
Le Grand Robert de la langue française propose les synonymes suivants :
Indolent, insouciant, mou, fainéant, paresseux, léthargique, apathique.
Selon ces éléments de définition, un « scepticisme nonchalant » serait donc un scepticisme sans ardeur, « mou », « indifférent », donc plutôt passif et tranquille.
Plusieurs extraits d’ouvrages nous permettent de retrouver cette expression en contexte :
« « Manque d’énergie », non : ce n’était pas le manque d’énergie et ce n’était pas non plus la peur de déplaire qui lui faisaient servir une politique opposée à la sienne, mais, en faisant la part de son
Talleyrand, Louis Madelin
« Dans un poème des Méditations, « La Retraite », Lamartine nous présente une figure de gentilhomme campagnard, M. de Châtillon, qui a choisi de se retirer dans son manoir, au bord du lac du Bourget, pour s’adonner au loisir cultivé. Le modèle sous-jacent est celui du sage horatien, d’une limitation des désirs, d’un hédonisme distingué auxquels le culte de la Raison et la thématique du bonheur donnent une coloration XVIIIe. Certes cet idéal de resserrement continue d’avoir des attraits pour Lamartine bien après la date de composition du poème (1819). La même veine inspire, par exemple, en 1821, la 23e Méditation, intitulée « Philosophie » et dédiée à un autre gentilhomme, le marquis de la Maisonfort, ministre de France à Florence, dont Lamartine vante le
L'invention du solitaire, Dominique Rabaté
« Mais j’ai bien peur que la leçon passe inaperçue : il vient trop peu de visiteurs à la galerie des Beaux-Arts. Est-ce parce que les esprits sont tournés ailleurs, ou que tous les curieux sont déjà partis ? C’est plutôt parce qu’Ensor, qui eut tant de mal à se faire reconnaître au pays de Bosch et de Breughel comme le plus digne de leurs descendants, n’a pas encore trouvé grâce devant le
La peinture libérée, André Lhote
« Ces vagues successives de théories qui courent désespérément après les modes théâtrales, ne doivent cependant pas nous entraîner dans un
L'analyse des spectacles, Patrice Pavis
« Bien moins encore faut-il subtiliser pour faire comprendre pourquoi l’écrivain qui n’est occupé que de soi manque de variété. Comme il voit toutes les choses en lui-même, il les fait pour ainsi dire à son image et leur imprime uniformément son air. On est presque toujours dans la raillerie avec Voltaire, dans le romanesque avec Rousseau, dans le
Histoire de la littérature française, Désiré Nisard
Bonne journée.
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