Question d'origine :
bonjour j'aimerais savoir qu'elles sont les origine du negationisme viis a vis de la shoa etc.........
et pour quels raisons cette these a connu un essor certain ces dernieres années ?
merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 24/05/2005 à 13h34
Le
Ce terme a d'abord été spécifiquement élaboré et utilisé pour désigner des personnes niant la réalité de la Shoah. Elles nient l’existence de chambres à gaz et l’extermination des Juifs, des Tziganes, des handicapés, des patients des asiles et de toutes les autres minorités et « asociaux ». Ces personnes prétendent que le génocide pratiqué par l’Allemagne nazie n’a pas eu lieu, et relève d’un mythe. En France ces propos sont sanctionnés par la loi Gayssot. La plupart des pays européens sont dotés de législations analogues.
Le néologisme « négationnisme » a été créé par l’historien Henry Rousso en 1987. Son utilité est de désigner correctement la démarche de falsification historique comme celle de Robert Faurisson ou d'Henri Roques, qui se qualifient eux-mêmes indûment de révisionnistes. Il entend ainsi marquer la différence entre ce qu'il estime relever avant tout d’une idéologie servie par la négation malhonnête de la réalité des faits, et le révisionnisme, aspect normal de l'activité scientifique exercée par les historiens lorsqu'ils réexaminent une interprétation antérieure de faits. Il s'agit donc principalement de dénoncer les méthodes employées par les négationnistes: contre-vérités, falsifications, discrédit jeté sur les témoins, etc.
(cf. Encyclopédie Wikipedia.)
Référons nous essentiellement à L’Histoire du négationnisme de Valérie Igounet. Cet ouvrage dont l’origine est la soutenance d’une thèse par l’auteur, retrace la génèse d’une idéologie et ses variations dans le temps et l’espace.
Il nous est difficile de faire une synthèse des travaux de Valérie Igournet qui met en évidence quatre générations de négationnistes caractérisées chacune par une tête pensante. Nous ne pouvons que vous conseiller la lecture approfondie de son livre.
Pour tenter de répondre à la deuxième partie de votre question, nous vous proposons un extrait d’une intervention d’Alain Bihr dans cet ouvrage collectif :
Ainsi l’audience du négationnisme dépasse-t-elle de très loin le seul noyau dur de la secte qui en assure activement la diffusion. Et cette audience n’a pas cessé de croître depuis son apparition publique, à la fin des années soixante-dix…Comment expliquer cette troublante perméabilité de nos contemporains à de telles falsifications ? comment expliquer en particulier, alors que ces m¨mes thèses, defendues dans les années cinquante et soixante, par un Rassinier, n’avaient recueilli qu’une audience extrêmement restreinte, elles sont visiblement parvenues à sortir de leur confidentialité depuis la fin des années soixante-dix ?
On peut commencer par évoquer « l’esprit du temps », le contexte culturel général marqué par une crise du sens. Entendons par là ce défaut d’ordre symbolique si caractéristique des sociétés occidentales actuelles, leur incapacité grandissante à proposer un ensemble un tant peu stable et cohérent de normes, de référentiels et de valeurs qui leur permettait de donner sens à leur existence : de se doter d’une identité individuelle et collective, de communiquer de manière satisfaisante avec autrui, d’hériter du passé comme de se projeter dans l’avenir. Les effets d’un pareil défaut d’ordre symbolique sont multiples ; il n’est pas question de les détailler tous. Signalons simplement :
*Une décroyance singularisée qui fait que tous les idéaux transcendants, les valeurs supérieures, les tabous même, qu’ils soient d’ordre moral, politique ou même religieux, sont progressivement désinvestis, perdent de leur crédit, de leur consistance et de leur force de structuration psychologique, sont réduits au rang d’éléments folkloriques, d’éléments d’un décorum auquel on ne pr^te plus grande importance ni attention. Or les idées et valeurs au nom desquelles la lutte contre le fascisme avait été menée el la condamnation de ses crimes prononcée, qu’elles aient nom humanisme, démocratie, République, socialisme, etc… Autant de références précisément frappées de discrédit dans l’actuel contexte de dépression.
*Une sorte de relativisme généralisé, sur le plan moral, politique mais aussi logique et gnoséologique : dans un monde dépourvu d’ordre symbolique, tous les points de vue se valent, il n’y a plus de critère permettant de distinguer clairement le vrai du faux, le réel de l’illusoire, le bien du mal…On devine immédiatement comment cette situation produit des individus peu aptes à se défendre face à des discours qui subvertissent précisément les valeurs d’objectivité et de vérité.
*Enfin, particulièrement chez les individus déstabilisés dans leur situation socio-économique, en proie au processus de marginalisation qui n’a cessé de s’étendre ou menacés par lui, ce défaut d’ordre symbolique peut contribuer à un repli réactif, à la formation d’une attitude de ressentiment, base psychologique de toute adhésion à des idées et des mouvements d’extrême droite. En cela aussi, la crise symbolique que traverse notre société fait le lit du négationnisme.
Signalons encore:
Les assassins de la mémoire de Pierre Vidal-Naquet, ou l’auteur démonte les mécanismes intellectuels pervers de l’entreprise révisionniste, du mensonge pur et simple à la manipulation des textes et à la fausse rigueur historiographique.
L’avenir d’une négation d’Alain Finkielkraut.
Le négationnisme 1948-2000, un coffret d’entretiens diffusés sur France Culture, comportant un livret préfacé par Simone Weil.
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