Question d'origine :
Bonsoir,
Les gens au 17ème siècle, à la Cour de Louis XIV se lavaient tous les combien de temps en moyenne ?
Je vous remercie.
Très cordialement.
Commentaire de
dlyon :
Publié le 01/05/2017 à 17:32
poudrait-on les perruques à l'époque de Louis XIV an l'aide d'une pompe ?
Je vous remercie.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 04/05/2017 à 14h46
Bonjour,
Si les bains furent fort prisés dans l’Antiquité, les grandes épidémies ultérieures inaugurèrent une période de suspicion à l’égard de l’eau et des lieux où la promiscuité pouvait favoriser la diffusion des maladies. La peau et ses multiples orifices ne semblent plus devoir protéger l’individu des agressions multiples auxquelles il peut être soumis.
Au XVIe siècle cette pratique s’efface et disparaît en quelques décennies. Très rares sont les inventaires après décès qui mentionnent la présence d’une « cuve à baigner » chez le défunt, tandis que les « bassins à laver les mains » y sont fort représentés.
L’ouvrage de Georges Vigarello Le propre et le sale est une mine de renseignements et fait référence sur la question. Vous y lirez, page 26 et suivantes : « Le liquide devient, à partir du XVIIe siècle surtout d’autant plus inquiétant que le visage est « fragile ». Plusieurs dispositions sont prises dans les « civilités » du XVIIe siècle pour qu’il y ait essuiement et non lavage : « Les enfants nettoieront leur face et leurs yeux avec un linge blanc, cela décrasse et laisse le teint et la couleur dans la constitution naturelle. Se laver avec de l’eau nuit à la vue, engendre des maux de dents et des catarrhes, appâlit le visage et le rend plus susceptible de froid en hiver et de hasle en été ». Les mêmes craintes que pour les bains interviennent. Elles modifient les actions et leur contexte. Il ne s’agit plus vraiment de « laver », même si persiste (et en un sens se précise) un nettoiement. Un geste cède la place à un autre : non plus asperger, mais essuyer. L’influence de l’image du corps serait ici banalement repérable : les peaux infiltrées sont susceptibles de tous les maux.
Au début du XVIIe siècle déjà, Jean du Chesne, décrivant en hygiéniste scrupuleux chacun des actes qui suivent le lever, insiste sur les essuiements et les frottements. Aucune eau jusque-là. Le nettoiement tient au geste qui essuie. La toilette est à la fois « sèche » et active : « Après avoir lâché son dit ventre, il faut pour premier exercice qu’il se peigne et frotte la tête, et toujours de devant en arrière, voire le col, avec des linges ou des éponges accommodées et ce longuement et tant que sa tête soit bien nettoyée de toute ordure ; pendant ce frottement de tête, il se pourra même promener afin que les jambes et les bras s’exercent peu à peu. » Suit le nettoiement des oreilles et des dents, l’eau n’intervenant que pour le lavage des mains et de la bouche. Enfin le geste cent fois décrit de Louis XIV lavant ses mains, le matin, dans une eau mêlée d’esprit de vin et versée d’une aiguière luxueuse sur une soucoupe d’argent, n’implique pas le lavage du visage.
En dehors de la cour, la pratique de l’essuiement est préconisée dans les règlements scolaires : les élèves sont tenus de laver leurs mains et leur bouche dès le lever, mais d’essuyer leur visage et de prendre soin de leurs cheveux, en les peignant quotidiennement. L’usage de l’eau reste encore restreint.
Jean Liébault , cité par Catherine Lanoë dans son ouvrage La poudre et le fard : une histoire des cosmétiques de la Renaissance aux Lumières recommandait de laver son visage d’une « eau » faite de glaires d’œufs de pigeons, de fromages, d’orange et de céruse distillés. Il est évident ici que le terme laver n’a pas le même sens qu’aujourd’hui, et que s’il y a bien « soins du corps » ceux-ci consistent plus en application de lotions cosmétiques qu’en véritables soins de propreté.
Tant que le linge et les vêtements sont considérés comme une seconde peau, c’est vers eux que se portent prioritairement les soins d’hygiène. Le linge doit être blanc, on le change jusqu’à plusieurs fois par jour. C’est à lui que l’on consacre l’usage de l’eau plus qu’au corps lui-même.
L’accent est mis sur la propreté de ce qui se voit. On prend soin de soi quotidiennement, mais pas dans le sens où on l’entend de nos jours.
Plus loin dans son ouvrage déjà cité,Vigarello mentionne l’évolution des soins apportés aux cheveux (p. 95) : « Les cheveux donc ne doivent plus être peignés mais poudrés. Le geste ne manque pas d’antécédents. La poudre c’est, depuis longtemps ce qui dessèche. Elle permet d’éviter le lavage des cheveux en entretenant leur souplesse. Elle se substitue à la pratique de l’eau, nettement redoutée.»
Catherine Lanoë , également déjà citée, consacre un chapitre aux « Poudres et pommades pour cheveux » (p. 62 et suivantes). Elle signale que la mode d’appliquer une poudre blanche sur la chevelure, qu’elle soit naturelle ou postiche (perruque) est surtout avérée au XVIIIe siècle.
D’ailleurs,Le parfumeur françois de Simon Barbe, ouvrage de référence de l’époque, ne mentionne pas d’instrument spécifique pour la diffusion de la poudre, mais indique les modes de fabrication de toiles, sachets, coussins, boîtes où conserver ces poudres qui, appliquées sur les cheveux et les perruques, les nettoient, dégraissent, parfument.
Vous en apprendrez davantage sur l’art d’accommoder les perruques en consultantL'Encyclopédie méthodique: Arts et métiers mécaniques ... .
Il semble en tout cas qu’au XVIIe siècleune houppe soit l’outil indispensable pour appliquer la poudre : « Assemblage de nombre de gros brins de soie qui terminent les étoffes de soie : on les lie ensemble en grand ; on enfonce cette houppe dans la poudre dont elle se remplit, puis on la sème au-dessus des cheveux enduits d’essence ou de pommade : la poudre qui s’en détache les blanchit. »
Au XVIIIe siècle apparaîtront les «poudroirs à soufflet ». (figure 38 de l'illustration ci-dessous)
Vous pouvez aussi consulter cette page du site L’histoire pour tous au contenu très accessible, ainsi que Le livre du bain , très illustré.
Bonnes lectures !
Si les bains furent fort prisés dans l’Antiquité, les grandes épidémies ultérieures inaugurèrent une période de suspicion à l’égard de l’eau et des lieux où la promiscuité pouvait favoriser la diffusion des maladies. La peau et ses multiples orifices ne semblent plus devoir protéger l’individu des agressions multiples auxquelles il peut être soumis.
Au XVIe siècle cette pratique s’efface et disparaît en quelques décennies. Très rares sont les inventaires après décès qui mentionnent la présence d’une « cuve à baigner » chez le défunt, tandis que les « bassins à laver les mains » y sont fort représentés.
L’ouvrage de Georges Vigarello Le propre et le sale est une mine de renseignements et fait référence sur la question. Vous y lirez, page 26 et suivantes : « Le liquide devient, à partir du XVIIe siècle surtout d’autant plus inquiétant que le visage est « fragile ». Plusieurs dispositions sont prises dans les « civilités » du XVIIe siècle pour qu’il y ait essuiement et non lavage : « Les enfants nettoieront leur face et leurs yeux avec un linge blanc, cela décrasse et laisse le teint et la couleur dans la constitution naturelle. Se laver avec de l’eau nuit à la vue, engendre des maux de dents et des catarrhes, appâlit le visage et le rend plus susceptible de froid en hiver et de hasle en été ». Les mêmes craintes que pour les bains interviennent. Elles modifient les actions et leur contexte. Il ne s’agit plus vraiment de « laver », même si persiste (et en un sens se précise) un nettoiement. Un geste cède la place à un autre : non plus asperger, mais essuyer. L’influence de l’image du corps serait ici banalement repérable : les peaux infiltrées sont susceptibles de tous les maux.
Au début du XVIIe siècle déjà, Jean du Chesne, décrivant en hygiéniste scrupuleux chacun des actes qui suivent le lever, insiste sur les essuiements et les frottements. Aucune eau jusque-là. Le nettoiement tient au geste qui essuie. La toilette est à la fois « sèche » et active : « Après avoir lâché son dit ventre, il faut pour premier exercice qu’il se peigne et frotte la tête, et toujours de devant en arrière, voire le col, avec des linges ou des éponges accommodées et ce longuement et tant que sa tête soit bien nettoyée de toute ordure ; pendant ce frottement de tête, il se pourra même promener afin que les jambes et les bras s’exercent peu à peu. » Suit le nettoiement des oreilles et des dents, l’eau n’intervenant que pour le lavage des mains et de la bouche. Enfin le geste cent fois décrit de Louis XIV lavant ses mains, le matin, dans une eau mêlée d’esprit de vin et versée d’une aiguière luxueuse sur une soucoupe d’argent, n’implique pas le lavage du visage.
En dehors de la cour, la pratique de l’essuiement est préconisée dans les règlements scolaires : les élèves sont tenus de laver leurs mains et leur bouche dès le lever, mais d’essuyer leur visage et de prendre soin de leurs cheveux, en les peignant quotidiennement. L’usage de l’eau reste encore restreint.
Tant que le linge et les vêtements sont considérés comme une seconde peau, c’est vers eux que se portent prioritairement les soins d’hygiène. Le linge doit être blanc, on le change jusqu’à plusieurs fois par jour. C’est à lui que l’on consacre l’usage de l’eau plus qu’au corps lui-même.
L’accent est mis sur la propreté de ce qui se voit. On prend soin de soi quotidiennement, mais pas dans le sens où on l’entend de nos jours.
Plus loin dans son ouvrage déjà cité,
D’ailleurs,
Vous en apprendrez davantage sur l’art d’accommoder les perruques en consultant
Il semble en tout cas qu’au XVIIe siècle
Au XVIIIe siècle apparaîtront les «
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Bonnes lectures !
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