Question d'origine :
Bonjour.
En France et en Occident de manière générale, la technologie et les progrès scientifiques sont partout. Mais il existe pourtant des pays où les peuples sont restés à des stades de civilisations tribales, et où la science n'existe pas, ou uniquement parce qu'elle a été amené par l'Occident. Comme est-ce qu'on peut expliquer que certains peuples aient avancés technologiquement et scientifiquement tandis que d'autres n'ont pas cherchés à le faire?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 28/04/2017 à 09h47
Bonjour,
Rappelons tout d’abord ce que l’on entend par civilisation :
«Dans l'acception actuelle, la civilisation est l'ensemble des traits qui caractérisent l'état d'une société donnée, du point de vue technique, intellectuel, politique et moral, sans porter de jugement de valeur. On peut alors parler de civilisations au pluriel et même de « civilisations primitives », au sens chronologique, sans connotation péjorative » (Wikipédia).
Les civilisations tribales désignent les sociétés primitives, elles-mêmes comprises dans la définition des sociétés traditionnelles.
Un premier élément de réponse concernant l’absence de sciences et de technologie dans les sociétés primitives se trouve dans leur structure économique. Dans un tableau synthétique et comparatif entre la société traditionnelle et la société moderne, nous pouvons lire que la première repose sur une économie de subsistance. L’anthropologie économique classique assimile cette économie de subsistance à une économie de misère. Pierre Clastres et Marshall Sahlins considèrent cette analyse restrictive. Selon eux, la société primitive est une société d’abondance qui refuse de produire au-delà de ses besoins : « Pour l’homme des sociétés primitives, l’activité de production est exactement mesurée, délimitée par les besoins à satisfaire, étant entendu qu’il s’agit essentiellement des besoins énergétiques : la production est rabattue sur la reconstitution du stock d’énergie dépensée. En d’autres termes, c’est la vie comme nature qui – à la production près des biens consommés socialement à l’occasion des fêtes – fonde et détermine la quantité de temps consacré à la reproduire. C’est dire qu’une fois assurée la satisfaction globale des besoins énergétiques, rien ne saurait inciter la société primitive à désirer produire plus, c’est-à-dire à aliéner son temps en un travail sans destination, alors que ce temps est disponible pour l’oisiveté, le jeu, la guerre ou la fête. » Les hommes primitifs ne cherchent donc pas un quelconque progrès de productivité tant que les techniques qu’ils emploient suffisent à couvrir leur besoins.
Le respect de la nature est un autre élément de réponse. « Lévi-Strauss en fait l’une des trois caractéristiques majeures qui amènent les sociétés dites primitives à résister au développement économique tel que la civilisation industrielle le conçoit et l’impose. Ce respect se manifeste d’abord dans la pratique : même après la « révolution néolithique » – l’invention de l’agriculture, de la poterie, de la domestication des animaux – les êtres humains n’altèrent que très superficiellement le milieu naturel qu’ils occupent. Ils n’utilisent qu’une faible quantité d’énergie – force musculaire, énergie animale, puissance du feu et parfois de l’eau – et, pour travailler la terre, ils recourent aux méthodes de l’agriculture itinérante sur brûlis. » (La vision du monde de Claude Lévi-Stauss).
Votre question appelle des réponses nuancées car les sociétés se définissent par rapport au milieu dans lequel elles évoluent, leur économie, leur organisation politique et sociale. Le sujet que vous soulevez est à la croisée de plusieurs disciplines : l’écologie, l’anthropologie, l’ethnologie, la sociologie, l’histoire des civilisations…
Pour aller plus loin dans la compréhension des sociétés traditionnelles et modernes et leurs relations, nous vous invitons à consulter les ouvrages suivants :
-Eléments de classification des sociétés
-Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes
-Pour ne pas disparaître
-De l’inégalité parmi les sociétés
-Le monde jusqu’à hier
Rappelons tout d’abord ce que l’on entend par civilisation :
«Dans l'acception actuelle, la civilisation est l'ensemble des traits qui caractérisent l'état d'une société donnée, du point de vue technique, intellectuel, politique et moral, sans porter de jugement de valeur. On peut alors parler de civilisations au pluriel et même de « civilisations primitives », au sens chronologique, sans connotation péjorative » (Wikipédia).
Les civilisations tribales désignent les sociétés primitives, elles-mêmes comprises dans la définition des sociétés traditionnelles.
Un premier élément de réponse concernant l’absence de sciences et de technologie dans les sociétés primitives se trouve dans leur structure économique. Dans un tableau synthétique et comparatif entre la société traditionnelle et la société moderne, nous pouvons lire que la première repose sur une économie de subsistance. L’anthropologie économique classique assimile cette économie de subsistance à une économie de misère. Pierre Clastres et Marshall Sahlins considèrent cette analyse restrictive. Selon eux, la société primitive est une société d’abondance qui refuse de produire au-delà de ses besoins : « Pour l’homme des sociétés primitives, l’activité de production est exactement mesurée, délimitée par les besoins à satisfaire, étant entendu qu’il s’agit essentiellement des besoins énergétiques : la production est rabattue sur la reconstitution du stock d’énergie dépensée. En d’autres termes, c’est la vie comme nature qui – à la production près des biens consommés socialement à l’occasion des fêtes – fonde et détermine la quantité de temps consacré à la reproduire. C’est dire qu’une fois assurée la satisfaction globale des besoins énergétiques, rien ne saurait inciter la société primitive à désirer produire plus, c’est-à-dire à aliéner son temps en un travail sans destination, alors que ce temps est disponible pour l’oisiveté, le jeu, la guerre ou la fête. » Les hommes primitifs ne cherchent donc pas un quelconque progrès de productivité tant que les techniques qu’ils emploient suffisent à couvrir leur besoins.
Le respect de la nature est un autre élément de réponse. « Lévi-Strauss en fait l’une des trois caractéristiques majeures qui amènent les sociétés dites primitives à résister au développement économique tel que la civilisation industrielle le conçoit et l’impose. Ce respect se manifeste d’abord dans la pratique : même après la « révolution néolithique » – l’invention de l’agriculture, de la poterie, de la domestication des animaux – les êtres humains n’altèrent que très superficiellement le milieu naturel qu’ils occupent. Ils n’utilisent qu’une faible quantité d’énergie – force musculaire, énergie animale, puissance du feu et parfois de l’eau – et, pour travailler la terre, ils recourent aux méthodes de l’agriculture itinérante sur brûlis. » (La vision du monde de Claude Lévi-Stauss).
Votre question appelle des réponses nuancées car les sociétés se définissent par rapport au milieu dans lequel elles évoluent, leur économie, leur organisation politique et sociale. Le sujet que vous soulevez est à la croisée de plusieurs disciplines : l’écologie, l’anthropologie, l’ethnologie, la sociologie, l’histoire des civilisations…
Pour aller plus loin dans la compréhension des sociétés traditionnelles et modernes et leurs relations, nous vous invitons à consulter les ouvrages suivants :
-Eléments de classification des sociétés
-Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes
-Pour ne pas disparaître
-De l’inégalité parmi les sociétés
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