Question d'origine :
Bonjour !
J'ai ouï dire que vous pouviez m'aider… Je cherche désespérément (au moins) depuis un petit bout de temps un texte philosophique traitant de la caresse ; une réflexion dans mon souvenir sur le rapport à l'autre, sa découverte, la rencontre entre deux infinis, via ce geste. Il me semble que c'était signé Spinoza, mais je ne saurais l'affirmer.
Merci merci…
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 20/04/2017 à 12h57
Bonjour,
Les propos philosophiques sur le thème de la caresse que vous cherchez sont très certainement tirés de l’œuvre de Emmanuel Lévinas Totalité et Infini, paru en 1961. Dans ce livre théorique, Lévinas « consacre à la caresse des pages inattendues. C'est en fait l'étrangeté même de la caresse qui retient d'abord son attention. Ce penseur - qui a mis au premier plan la question de l'autre, sa priorité sur moi, l'exigence éthique découlant de sa seule présence et de son visage - découvre qu'avec le toucher s'ouvre un espace-temps singulier » (Le toucher de Lévinas, ou l’énigme de la caresse, article de Roger Pol Droit dans le Monde des Livres). Chez Lévinas, la caresse « est comme un jeu avec quelque chose qui se dérobe […] Ce n’est pas ce velouté ou la tiédeur de cette main donnée dans le contact que cherche la caresse, mais la caresse cherche autre chose, toujours autre, toujours inaccessible, toujours à venir » (Le visage, Raphaël Enthoven, pp 49-51).
Par ailleurs, dans son essai L’Etre et le Néant, Sartre propose une phénoménologie de la caresse. Pour lui, la caresse amoureuse « n’est aucunement distincte du désir », la caresse est l’expression du désir comme le langage est l’expression de la pensée. Sophie Astier-Vezon commente : « Par la caresse, nous tentons en effet de troubler l’autre, de provoquer un empâtement de sa conscience, en l’objectivant à travers son incarnation. Il ne s’agit pas d’un simple contact entre deux objets ou deux être sensibles, mais d’un geste significatif, une forme de communication sans langage qui implique une situation à deux, c’est-à-dire la conscience de l’existence de l’autre comme sujet de ses propres pensées ».
Claude Obadia a publié sur son blog un article sur le thème de la caresse. L’auteur questionne le sujet : « Premièrement, et loin d’une opinion hâtive, est-il tellement certain que le plaisir de la caresse soit simplement physique ? Deuxièmement, si la caresse est bien l’opération d’un dessin des formes du corps, n’est-elle pas la recomposition sans fin de l’idée même du corps ? Là encore, le plaisir de la caresse ne prend-il pas un nouveau sens, celui de l’opération d’une création ? ».
Enfin pour aller plus loin, dans l’ouvrage La philosophie Alain Renaut consacre un large chapitre au désir.
Bonnes lectures.
Les propos philosophiques sur le thème de la caresse que vous cherchez sont très certainement tirés de l’œuvre de Emmanuel Lévinas Totalité et Infini, paru en 1961. Dans ce livre théorique, Lévinas « consacre à la caresse des pages inattendues. C'est en fait l'étrangeté même de la caresse qui retient d'abord son attention. Ce penseur - qui a mis au premier plan la question de l'autre, sa priorité sur moi, l'exigence éthique découlant de sa seule présence et de son visage - découvre qu'avec le toucher s'ouvre un espace-temps singulier » (Le toucher de Lévinas, ou l’énigme de la caresse, article de Roger Pol Droit dans le Monde des Livres). Chez Lévinas, la caresse « est comme un jeu avec quelque chose qui se dérobe […] Ce n’est pas ce velouté ou la tiédeur de cette main donnée dans le contact que cherche la caresse, mais la caresse cherche autre chose, toujours autre, toujours inaccessible, toujours à venir » (Le visage, Raphaël Enthoven, pp 49-51).
Par ailleurs, dans son essai L’Etre et le Néant, Sartre propose une phénoménologie de la caresse. Pour lui, la caresse amoureuse « n’est aucunement distincte du désir », la caresse est l’expression du désir comme le langage est l’expression de la pensée. Sophie Astier-Vezon commente : « Par la caresse, nous tentons en effet de troubler l’autre, de provoquer un empâtement de sa conscience, en l’objectivant à travers son incarnation. Il ne s’agit pas d’un simple contact entre deux objets ou deux être sensibles, mais d’un geste significatif, une forme de communication sans langage qui implique une situation à deux, c’est-à-dire la conscience de l’existence de l’autre comme sujet de ses propres pensées ».
Claude Obadia a publié sur son blog un article sur le thème de la caresse. L’auteur questionne le sujet : « Premièrement, et loin d’une opinion hâtive, est-il tellement certain que le plaisir de la caresse soit simplement physique ? Deuxièmement, si la caresse est bien l’opération d’un dessin des formes du corps, n’est-elle pas la recomposition sans fin de l’idée même du corps ? Là encore, le plaisir de la caresse ne prend-il pas un nouveau sens, celui de l’opération d’une création ? ».
Enfin pour aller plus loin, dans l’ouvrage La philosophie Alain Renaut consacre un large chapitre au désir.
Bonnes lectures.
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