Les besoins humains
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 13/04/2017 à 10h04
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Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais savoir d'où viennent les besoins de l'Homme?
Qu'est ce qui fait que j'ai besoin de sécurité, d'estime, d'amour... ?
Par avance merci,
Morganne
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 15/04/2017 à 09h08
Bonjour,
Dans cette réponse nous vous proposons quelques éléments de définition qui pourront servir de point de départ à votre réflexion.
Philosophie :
Besoin
« 1. Ce sans la satisfaction de quoi la vie ou la survie de l’individu est menacée. Subjectivement, le besoin est éprouvé comme un état de mal-être (faim, fatigue etc.). Objectivement, il renvoie à un bien susceptible de mettre un terme à cet état – ce qui est proprement la satisfaction du besoin. La physiologie parle en ce sens de besoins subjectifs et de besoins objectifs. A la différence du désir, dont la dimension psychologique est essentielle, le besoin est d’abord lié aux nécessités organiques.
2. En un sens élargi, peut être appelé besoin tout ce qui est nécessaire à l’accomplissement de l’essence de l’être humain. Kant (1724-1804) parle de besoin de la raison (Bedürfnis der Vernunft).
• Besoin artificiel : par opposition au besoin naturel, besoin créé par la vie de l’homme en société, et donc à ce titre relatif aux conditions socio-historiques. La distinction est d’origine épicurienne.
• Besoin naturel : par opposition au besoin artificiel, besoin inné, constitutif de l’être humain et donc, à ce titre, universel et nécessaire.
• Besoins primaires : expression utilisée en économie politique et désignant par opposition aux besoins secondaires, les besoins de subsistance et de culture, ceux dont la satisfaction apparaît comme indispensable à l’intégrité et à la dignité de la vie d’homme.
• Besoins secondaires : expression utilisée en économie politique et désignant, par opposition aux besoins primaires, les besoins de confort, ceux dont la satisfaction n’apparaît pas comme indispensable à l’intégrité et à la dignité de la vie d’homme.
• Faux besoins : expression à valeur morale et servant à fustiger les besoins artificiels créés par la vie en société, par opposition aux besoins naturels, censés être les seuls vrais besoins.
• Vrais besoins : expression à valeur morale et servant à louer les besoins naturels, seuls nécessaires, aux dépens des besoins artificiels, faux parce que contingents. »
Source : Dictionnaire de philosophie, Christian Godin
Désir
« 1. Acton d’aspirer à la possession d’un bien dont on croit qu’il nous donnera une jouissance. Epicure (342-270 av. J.-C.) distingue les désirs naturels et les désirs vides : les désirs naturels sont soit nécessaires, soit non nécessaires. Les désirs vides ne sont ni naturels ni nécessaires.
2. Par métonymie, ce bien même.
3. Plus spécialement, l’appétit sensuel, et singulièrement sexuel. Tendance consciente de son objet ou appétit conscient (Spinoza), le désir, à cause de sa dimension psychologique prévalante, se distingue du besoin physiologique et de la volonté (parce que celle-ci inclut une dimension intellectuelle et rationnelle que le désir n’a pas). Chez Freud (1856-1939) le désir (Wunsch, mieux traduit par « souhait ») n’est pas la visée d’un objet réel externe mais d’une sorte d’hallucination interne, celle d’une satisfaction originaire ayant laissé dans le psychisme une trace mnésique. »
Source : Dictionnaire de philosophie, Christian Godin
Psychologie :
Besoin
« Etat de l’organisme résultant d’un déséquilibre entre, d’une part, des normes physiologiques ou culturelles et, d’autre part, des informations sur l’état du milieu intérieur ou extérieur, ou des représentations.
Les normes peuvent être innées (tels les paramètres normaux du fonctionnement des divers types de cellules ou l’organisation nerveuse propre à une espèce) ou acquises (c’est le cas de certaines normes physiologiques et de la totalité des normes culturelles). A ces normes sont comparées des informations sur les conditions du milieu ou sur l’état fonctionnel du système nerveux central lui-même. La discordance éventuellement constatée entre les deux termes de la comparaison constitue le besoin, qui éveillera, dans le système nerveux central, les populations neuroniques contrôlant les comportements compensateurs (->motivation). Chacun des termes de la comparaison est susceptible de varier, au cours du temps pour les conditions de milieu ou, pour les normes, en fonction de la structure, de la maturation et de l’expérience des organismes individuels. Il n’est donc pas possible de dénombrer les besoins ni de les caractériser de façon définitive. Tout au plus peut-on définir les grandes catégories.
Les besoins organiques fondamentaux, ou besoins primaires, concernant la survie de l’individu et de son espèce. Ils sont liés au maintien de l’homéostasie du milieu intérieur (besoin d’eau, d’oxygène, d’aliments, d’excrétion, etc.), à la préservation de l’intégrité corporelle (évitement des stimulus douloureux), à la perpétuation de l’espèce (reproduction, soins parentaux). Il convient sans doute de considérer aussi comme primaires certains besoins liés au développement et au fonctionnement physique ou mental de l’individu (besoin de contact, de stimulation, de sommeil).
Sur ces besoins primaires se greffent, par généralisation ou conditionnement, des besoins secondaires d’autant plus nombreux et variés que le système nerveux est plus complexe : tels sont la plupart des besoins sociaux, cognitifs et culturels. »
Source : Dictionnaire fondamental de la psychologie, sous la dir. de H. Bloch, E. Dépret, A. Gallo...
Désir / demande / besoin
« Psychanalyse : Groupe conceptuel dont les trois termes articulent la dynamique de l’intrication du désir, du langage et de l’inconscient.
J. Lacan a repris l’opposition que S. Freud avait établie entre désir et besoin ; il y a ajouté la notion de demande.
Du fait de sa prématurité radicale, l’enfant dépend pour la satisfaction de ses besoins vitaux d’un Autre (généralement la mère). Cette condition fait entrer le besoin dans l’univers des signifiants. Pris par la tension du besoin, l’enfant pleure, crie, s’agite. La mère décide du sens de ces manifestations. Cet Autre, qui nourrit l’enfant, l’enveloppe aussi de sa présence et des mots qu’il prononce. Cette situation conduit l’enfant à éprouver une jouissance en plus de la satisfaction du mieux-être organique. Elle l’amène à entrer dans le circuit du désir et de la demande. Ce que l’enfant désire, c’est retrouver la jouissance éprouvée sans qu’il ait eu à la demander. Mais pour cela il est désormais obligé de demander, à sa manière, le retour de sa mère auprès de lui et tenu d’utiliser les signifiants maternels, les comportements et les sons qui pour cet Autre « veulent dire » quelque chose.
L’enfant adresse à l’Autre une demande double : une demande de satisfaction certes, mais, au-delà, une demande d’amour, intransitive. Quant au désir, il est pris irrémédiablement dans un écart vis-à-vis de son objet : jamais plus l’enfant ne retrouvera cette jouissance venue par surprise. Le sujet ne pourra qu’exprimer son désir de façon métonymique par la parole, en (se) le déguisant sous des demandes successives. Mais son désir originel lui reste inconscient tout comme le fantasme qu’il s’est fabriqué autour de l’objet perdu.
Lacan a formalisé cette dialectique de la demande et du désir entre le sujet et l’Autre à l’aide d’un objet topologique, le tore, anneau organisé autour d’un trou central auquel il fait subir des transformations […]. Le tore fait apparaître la succession des tours de la demande et la manière dont cette succession soutient la recherche d’objets de désir pris pour l’objet véritable. Il figure également là où se situe le surgissement du désir chez le sujet, constitué dans le jeu croisé de sa demande et de la demande de l’Autre : la demande du sujet est adressée à l’Autre, mais celui-ci ne peut jamais la satisfaire car il ne veut rien en savoir, comme le père symbolique n’a rien voulu savoir du désir de l’enfant pour la mère. Et cet Autre de son côté fait une demande au sujet sous forme d’impératif : tu ne désireras pas celle que je désire. De ce croisement des demandes naît le désir du sujet, obligé d’inclure en lui ce vide de l’objet perdu du fait de la loi originelle qui l’interdit. »
Source : Dictionnaire fondamental de la psychologie, sous la dir. de H. Bloch, E. Dépret, A. Gallo...
En complément, voici quelques sources pour aller plus loin :
- Désir et besoin, philolog.fr
- Les êtres humains ne désirent-ils rien d’autre que ce dont ils ont besoin ? ac-grenoble.fr
- Désir et besoin, dialog.ac-reims.fr
- Le désir, maphilo.net
- Désir et besoin, Robert Misrahi
- La Liberté d'être humain : essai sur le désir et le besoin Michael Ignatieff
Bonnes lectures.
Dans cette réponse nous vous proposons quelques éléments de définition qui pourront servir de point de départ à votre réflexion.
« 1. Ce sans la satisfaction de quoi la vie ou la survie de l’individu est menacée. Subjectivement, le besoin est éprouvé comme un état de mal-être (faim, fatigue etc.). Objectivement, il renvoie à un bien susceptible de mettre un terme à cet état – ce qui est proprement la satisfaction du besoin. La physiologie parle en ce sens de besoins subjectifs et de besoins objectifs. A la différence du désir, dont la dimension psychologique est essentielle, le besoin est d’abord lié aux nécessités organiques.
2. En un sens élargi, peut être appelé besoin tout ce qui est nécessaire à l’accomplissement de l’essence de l’être humain. Kant (1724-1804) parle de besoin de la raison (Bedürfnis der Vernunft).
• Besoin artificiel : par opposition au besoin naturel, besoin créé par la vie de l’homme en société, et donc à ce titre relatif aux conditions socio-historiques. La distinction est d’origine épicurienne.
• Besoin naturel : par opposition au besoin artificiel, besoin inné, constitutif de l’être humain et donc, à ce titre, universel et nécessaire.
• Besoins primaires : expression utilisée en économie politique et désignant par opposition aux besoins secondaires, les besoins de subsistance et de culture, ceux dont la satisfaction apparaît comme indispensable à l’intégrité et à la dignité de la vie d’homme.
• Besoins secondaires : expression utilisée en économie politique et désignant, par opposition aux besoins primaires, les besoins de confort, ceux dont la satisfaction n’apparaît pas comme indispensable à l’intégrité et à la dignité de la vie d’homme.
• Faux besoins : expression à valeur morale et servant à fustiger les besoins artificiels créés par la vie en société, par opposition aux besoins naturels, censés être les seuls vrais besoins.
• Vrais besoins : expression à valeur morale et servant à louer les besoins naturels, seuls nécessaires, aux dépens des besoins artificiels, faux parce que contingents. »
Source : Dictionnaire de philosophie, Christian Godin
« 1. Acton d’aspirer à la possession d’un bien dont on croit qu’il nous donnera une jouissance. Epicure (342-270 av. J.-C.) distingue les désirs naturels et les désirs vides : les désirs naturels sont soit nécessaires, soit non nécessaires. Les désirs vides ne sont ni naturels ni nécessaires.
2. Par métonymie, ce bien même.
3. Plus spécialement, l’appétit sensuel, et singulièrement sexuel. Tendance consciente de son objet ou appétit conscient (Spinoza), le désir, à cause de sa dimension psychologique prévalante, se distingue du besoin physiologique et de la volonté (parce que celle-ci inclut une dimension intellectuelle et rationnelle que le désir n’a pas). Chez Freud (1856-1939) le désir (Wunsch, mieux traduit par « souhait ») n’est pas la visée d’un objet réel externe mais d’une sorte d’hallucination interne, celle d’une satisfaction originaire ayant laissé dans le psychisme une trace mnésique. »
Source : Dictionnaire de philosophie, Christian Godin
« Etat de l’organisme résultant d’un déséquilibre entre, d’une part, des normes physiologiques ou culturelles et, d’autre part, des informations sur l’état du milieu intérieur ou extérieur, ou des représentations.
Les normes peuvent être innées (tels les paramètres normaux du fonctionnement des divers types de cellules ou l’organisation nerveuse propre à une espèce) ou acquises (c’est le cas de certaines normes physiologiques et de la totalité des normes culturelles). A ces normes sont comparées des informations sur les conditions du milieu ou sur l’état fonctionnel du système nerveux central lui-même. La discordance éventuellement constatée entre les deux termes de la comparaison constitue le besoin, qui éveillera, dans le système nerveux central, les populations neuroniques contrôlant les comportements compensateurs (->motivation). Chacun des termes de la comparaison est susceptible de varier, au cours du temps pour les conditions de milieu ou, pour les normes, en fonction de la structure, de la maturation et de l’expérience des organismes individuels. Il n’est donc pas possible de dénombrer les besoins ni de les caractériser de façon définitive. Tout au plus peut-on définir les grandes catégories.
Les besoins organiques fondamentaux, ou besoins primaires, concernant la survie de l’individu et de son espèce. Ils sont liés au maintien de l’homéostasie du milieu intérieur (besoin d’eau, d’oxygène, d’aliments, d’excrétion, etc.), à la préservation de l’intégrité corporelle (évitement des stimulus douloureux), à la perpétuation de l’espèce (reproduction, soins parentaux). Il convient sans doute de considérer aussi comme primaires certains besoins liés au développement et au fonctionnement physique ou mental de l’individu (besoin de contact, de stimulation, de sommeil).
Sur ces besoins primaires se greffent, par généralisation ou conditionnement, des besoins secondaires d’autant plus nombreux et variés que le système nerveux est plus complexe : tels sont la plupart des besoins sociaux, cognitifs et culturels. »
Source : Dictionnaire fondamental de la psychologie, sous la dir. de H. Bloch, E. Dépret, A. Gallo...
« Psychanalyse : Groupe conceptuel dont les trois termes articulent la dynamique de l’intrication du désir, du langage et de l’inconscient.
J. Lacan a repris l’opposition que S. Freud avait établie entre désir et besoin ; il y a ajouté la notion de demande.
Du fait de sa prématurité radicale, l’enfant dépend pour la satisfaction de ses besoins vitaux d’un Autre (généralement la mère). Cette condition fait entrer le besoin dans l’univers des signifiants. Pris par la tension du besoin, l’enfant pleure, crie, s’agite. La mère décide du sens de ces manifestations. Cet Autre, qui nourrit l’enfant, l’enveloppe aussi de sa présence et des mots qu’il prononce. Cette situation conduit l’enfant à éprouver une jouissance en plus de la satisfaction du mieux-être organique. Elle l’amène à entrer dans le circuit du désir et de la demande. Ce que l’enfant désire, c’est retrouver la jouissance éprouvée sans qu’il ait eu à la demander. Mais pour cela il est désormais obligé de demander, à sa manière, le retour de sa mère auprès de lui et tenu d’utiliser les signifiants maternels, les comportements et les sons qui pour cet Autre « veulent dire » quelque chose.
L’enfant adresse à l’Autre une demande double : une demande de satisfaction certes, mais, au-delà, une demande d’amour, intransitive. Quant au désir, il est pris irrémédiablement dans un écart vis-à-vis de son objet : jamais plus l’enfant ne retrouvera cette jouissance venue par surprise. Le sujet ne pourra qu’exprimer son désir de façon métonymique par la parole, en (se) le déguisant sous des demandes successives. Mais son désir originel lui reste inconscient tout comme le fantasme qu’il s’est fabriqué autour de l’objet perdu.
Lacan a formalisé cette dialectique de la demande et du désir entre le sujet et l’Autre à l’aide d’un objet topologique, le tore, anneau organisé autour d’un trou central auquel il fait subir des transformations […]. Le tore fait apparaître la succession des tours de la demande et la manière dont cette succession soutient la recherche d’objets de désir pris pour l’objet véritable. Il figure également là où se situe le surgissement du désir chez le sujet, constitué dans le jeu croisé de sa demande et de la demande de l’Autre : la demande du sujet est adressée à l’Autre, mais celui-ci ne peut jamais la satisfaire car il ne veut rien en savoir, comme le père symbolique n’a rien voulu savoir du désir de l’enfant pour la mère. Et cet Autre de son côté fait une demande au sujet sous forme d’impératif : tu ne désireras pas celle que je désire. De ce croisement des demandes naît le désir du sujet, obligé d’inclure en lui ce vide de l’objet perdu du fait de la loi originelle qui l’interdit. »
Source : Dictionnaire fondamental de la psychologie, sous la dir. de H. Bloch, E. Dépret, A. Gallo...
- Désir et besoin, philolog.fr
- Les êtres humains ne désirent-ils rien d’autre que ce dont ils ont besoin ? ac-grenoble.fr
- Désir et besoin, dialog.ac-reims.fr
- Le désir, maphilo.net
- Désir et besoin, Robert Misrahi
- La Liberté d'être humain : essai sur le désir et le besoin Michael Ignatieff
Bonnes lectures.
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