Constitution civile du clergé dans larchidiocèse de Lyon
PATRIMOINE
+ DE 2 ANS
Le 03/04/2017 à 10h48
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Question d'origine :
Cher guichet,
1) Dans l'archidiocèse de Lyon,quelle a été la proportion du clergé qui accepte la constitution civile du clergé votée le 12/07/1790 avant t et après la vigoureuse condamnation de cette constitution par le pape Pie VI le 13 avril 1791?
2) Où sont allés les prêtres réfractaires du diocèse.
Merci pour votre travail.
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 05/04/2017 à 15h40
Bonjour,
Les éléments que nous sommes en mesure de vous communiquer concernent avant tout la ville de Lyon et sont issus de l'ouvrage de Paul Chopelin : Ville patriote et ville martyre : Lyon, l'Eglise et la Révolution (1788-1805). Paris : Letouzey et Ané, 2010 (disponible à la Bibliothèque municipale de Lyon).
La constitution civile du clergé adoptée le 12 juillet 1790 ne prévoyait pas l'obligation du serment à la constitution. C'est un décret du 24 juillet 1790 qui l'exigea. Le 27 novembre 1790, un nouveau décret imposa le serment à la constitution aux évêques, prêtres de paroisse et professeurs de séminaire.
Les curés des 14 paroisses de Lyon prêtèrent tous serment à la fin de l'année 1790 (avant le 19 décembre 1790). Deux d'entre eux virent leur serment invalidé début 1791 car il n'était pas conforme au texte imposé par le décret. Ces deux curés contestèrent donc la constitution civile du clergé avant même la condamnation pontificale. Cinq curés se rétractèrent ensuite, principalement en avril 1791, soit après le bref du pape du 10 mars 1791 qui condamnait la constitution civile.
Au total, sur l'année 1791, la moitié des 14 curés des paroisses de Lyon prêtèrent le serment requis. Cette proportion est plus forte que dans les autres villes de province. Les vicaires suivirent, le plus souvent, la décision du curé dont ils dépendaient. Au total, le clergé constitutionnel fut majoritaire dans la ville et dans le diocèse de Lyon.
Le décret du 7 mai 1791 (dénommé "loi de tolérance") autorisait les prêtres réfractaires à célébrer la messe dans les locaux de leur choix à condition de s'abstenir de toute critique envers les lois. La très grande majorité du clergé insermenté resta donc à Lyon dans les premiers temps. Il faut toutefois signaler une exception notable : Mgr Marbeuf, le dernier évêque lyonnais de l'Ancien Régime, émigra, en février 1791, à Resves dans la province de Brabant. Fin 1792, il gagna les Provinces Unies puis s'installa à Lübeck où il s'éteignit en 1799.
C'est durant les mois d'août et septembre 1792 que la plus grande partie du clergé réfractaire lyonnais choisit l'exil volontaire (notamment à la suite du décret du 26 août qui ordonnait la déportation des prêtres qui n'auraient pas prêté le serment de liberté-égalité). Leurs principales destinations furent la Suisse, le Piémont et l'Etat pontifical. A partir de 1792, Lyon constitua une plaque tournante de l'émigration du clergé réfractaire.
Nous espérons que ces renseignements pourront vous aider.
Cordialement,
Les éléments que nous sommes en mesure de vous communiquer concernent avant tout la ville de Lyon et sont issus de l'ouvrage de Paul Chopelin : Ville patriote et ville martyre : Lyon, l'Eglise et la Révolution (1788-1805). Paris : Letouzey et Ané, 2010 (disponible à la Bibliothèque municipale de Lyon).
La constitution civile du clergé adoptée le 12 juillet 1790 ne prévoyait pas l'obligation du serment à la constitution. C'est un décret du 24 juillet 1790 qui l'exigea. Le 27 novembre 1790, un nouveau décret imposa le serment à la constitution aux évêques, prêtres de paroisse et professeurs de séminaire.
Les curés des 14 paroisses de Lyon prêtèrent tous serment à la fin de l'année 1790 (avant le 19 décembre 1790). Deux d'entre eux virent leur serment invalidé début 1791 car il n'était pas conforme au texte imposé par le décret. Ces deux curés contestèrent donc la constitution civile du clergé avant même la condamnation pontificale. Cinq curés se rétractèrent ensuite, principalement en avril 1791, soit après le bref du pape du 10 mars 1791 qui condamnait la constitution civile.
Au total, sur l'année 1791, la moitié des 14 curés des paroisses de Lyon prêtèrent le serment requis. Cette proportion est plus forte que dans les autres villes de province. Les vicaires suivirent, le plus souvent, la décision du curé dont ils dépendaient. Au total, le clergé constitutionnel fut majoritaire dans la ville et dans le diocèse de Lyon.
Le décret du 7 mai 1791 (dénommé "loi de tolérance") autorisait les prêtres réfractaires à célébrer la messe dans les locaux de leur choix à condition de s'abstenir de toute critique envers les lois. La très grande majorité du clergé insermenté resta donc à Lyon dans les premiers temps. Il faut toutefois signaler une exception notable : Mgr Marbeuf, le dernier évêque lyonnais de l'Ancien Régime, émigra, en février 1791, à Resves dans la province de Brabant. Fin 1792, il gagna les Provinces Unies puis s'installa à Lübeck où il s'éteignit en 1799.
C'est durant les mois d'août et septembre 1792 que la plus grande partie du clergé réfractaire lyonnais choisit l'exil volontaire (notamment à la suite du décret du 26 août qui ordonnait la déportation des prêtres qui n'auraient pas prêté le serment de liberté-égalité). Leurs principales destinations furent la Suisse, le Piémont et l'Etat pontifical. A partir de 1792, Lyon constitua une plaque tournante de l'émigration du clergé réfractaire.
Nous espérons que ces renseignements pourront vous aider.
Cordialement,
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