recherche sur les librairies
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 31/03/2017 à 10h20
263 vues
Question d'origine :
Bonjour,
j'aimerai savoir si vous avez des renseignements sur les origines des librairies s'il vous plait?
cordialement
jeanne
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 03/04/2017 à 15h15
Bonjour,
A l’origine, le métier de libraire se confondait avec celui d’éditeur. L’ouvrage de référence de Patricia Sorel et Frédérique Leblanc : Histoire de la librairie française, dont nous vous recommandons la lecture, débute son analyse à 1810 (décret du 5 février 1810).
Le début du XIXe siècle correspond en effet au « moment où intervient la séparation des métiers entre l’éditeur, le libraire et l’imprimeur, et où la profession de libraire se spécialise dans la vente du livre au consommateur. Il y aura encore des éditeurs-libraires et des libraires-éditeurs pendant tout le XIXe siècle et les éditeurs continueront longtemps à s’appeler Librairie Hachette ou Librairie Gallimard, mais le métier de libraire tel qu’on le connaît aujourd’hui est véritablement né à cette époque. »
(Avant-propos de l’éditeur, Pascal Fouché)
« D’abord commerce de livres manuscrits, la librairie prend une nouvelle ampleur avec l’invention de l’imprimerie à la fin du XVe siècle, les « maîtres-libraires » assurant alors les fonctions des éditeurs d’aujourd’hui. La circulation de certains écrits est aussi assurée par les colporteurs qui introduisent très vite des imprimés dans leur balle. Après que la Révolution a fait voler en éclats le système rigide des corporations et des maîtrises, qui corsetait l’exercice des métiers de libraire et d’imprimeur sous l’Ancien Régime, commence le processus de spération des fonctions de librairie et d’édition qui conduit, peu à peu, à l’organisation des métiers du livre telle que nous la connaissons aujourd’hui. […]
C’est au cours du XIXe sècle que se séparent la librairie et l’édition, avec l’émergence de toutes les fonctions qui deviendront des métiers spécifiques au XXe siècle. Il s’agit bien là tout autant d’un changement d’échelle économique que d’une métamorphose des techniques de travail et des mentalités. Après la chute de l’Ancien Régime, le commerce de la librairie connaît deux décennies de liberté, auxquelles le décret du 5 février 1810 met un terme en instaurant le système des brevets. Ce carcan étatique pèse sur le commerce de la librairie jusqu’au début de la IIIe République et conduit à un développement du commerce des livres très inégal sur l’ensemble du territoire. Par ailleurs, les contours de la librairie sont toujours flous : librairies d’assortiment et librairies de fonds – parfois aussi imprimeurs, relieurs ou papetiers -, colporteurs, étalagistes, bouquinistes, ou encore commerçants en tout genre qui s’occupent de vendre quelques imprimés en plus de leur marchandise… Si les libraires eux-mêmes n’hésitent pas à mêler à leurs livres mercerie, épicerie ou objets religieux, les magasins se spécialisent dans les villes importantes, tandis que de nouveaux réseaux de diffusion apparaissent – cabinets de lecture, bibliothèques de gare, grands magasins. Le regard porté sur le commerce des livres à l’étranger permet alors de mieux cerner les spécificités de la librairie française. A la fin du XIXe siècle, les « vrais » libraires aspirent plus que jamais à la reconnaissance de leur identité, mais ils se caractérisent aussi par leur conservatisme : la plupart d’entre eux sont hostiles à la liberté de la presse et à la suppression du régime du brevet. Ainsi à l’âge de l’autonomisation de l’édition, la syndicalisation fait ses premiers pas : créée en 1892, la Chambre syndicale des librairies de France porte des revendications qui resteront inchangées pendant plusieurs décennies. Dans la première partie du XXe siècle, alors qu’elle se trouve de plus en plus dépendante des éditeurs et des diffuseurs, qu’elle se sent menacée par diverses concurrences et qu’elle souffre d’un déclassement social, la librairie glisse lentement vers la modernité et entreprend de se professionnaliser. »
(Introduction par Frédérique Leblanc et Patricia Sorel)
Vous trouverez un résumé de l’ouvrage dans cet article du BBF de mars 2009 : Histoire de la librairie française, par Thierry Ermakoff, dont voici un extrait :
« L’histoire de la librairie et celle de l’édition ont donc partie liée : le statut de libraire et celui d’éditeur se confondaient (on parlait de libraire d’assortiment pour le détaillant et de libraire de fonds pour l’éditeur) et les deux derniers siècles ont été ceux de l’autonomisation, pas complète, puisque, de nos jours, certains éditeurs possèdent encore des librairies. […]
1810-1945
La première partie renvoie au difficile arrachement, à la dure émancipation de la librairie face à l’édition : le décret fondateur et répressif du 5 février 1810, dont Odile Krakovitch retrace l’accouchement et Jean-Yves Mollier la mise en œuvre, est comme une mise à feu de la fusée. La librairie sédentaire prend son essor, la librairie parisienne et celles de province s’installent, et finissent par prospérer, surtout à la fin du XIXe siècle. « Les prémices d’une nouvelle organisation des métiers du livre » (Jean-Yves Mollier) amènent tout naturellement, mais douloureusement, à la création du Cercle de la librairie qui donnera naissance, en 1892, à la Chambre syndicale des libraires de France et au Syndicat des éditeurs, qui clarifie le paysage et met en position les forces en présence. »
Si vous souhaitez remonter plus loin dans l’histoire de la librairie c’est donc l’histoire de l’édition et de l’imprimerie qu’il faudra explorer, par exemple à l’aide de ces ouvrages :
- Une autre histoire de l'édition française, Jean-Yves Mollier
- La grande aventure du livre : de la tablette d'argile à la tablette numérique, sous la direction d'Anne Zali
Bonne journée.
A l’origine, le métier de libraire se confondait avec celui d’éditeur. L’ouvrage de référence de Patricia Sorel et Frédérique Leblanc : Histoire de la librairie française, dont nous vous recommandons la lecture, débute son analyse à 1810 (décret du 5 février 1810).
Le début du XIXe siècle correspond en effet au « moment où intervient la séparation des métiers entre l’éditeur, le libraire et l’imprimeur, et où la profession de libraire se spécialise dans la vente du livre au consommateur. Il y aura encore des éditeurs-libraires et des libraires-éditeurs pendant tout le XIXe siècle et les éditeurs continueront longtemps à s’appeler Librairie Hachette ou Librairie Gallimard, mais le métier de libraire tel qu’on le connaît aujourd’hui est véritablement né à cette époque. »
(Avant-propos de l’éditeur, Pascal Fouché)
« D’abord commerce de livres manuscrits, la librairie prend une nouvelle ampleur avec l’invention de l’imprimerie à la fin du XVe siècle, les « maîtres-libraires » assurant alors les fonctions des éditeurs d’aujourd’hui. La circulation de certains écrits est aussi assurée par les colporteurs qui introduisent très vite des imprimés dans leur balle. Après que la Révolution a fait voler en éclats le système rigide des corporations et des maîtrises, qui corsetait l’exercice des métiers de libraire et d’imprimeur sous l’Ancien Régime, commence le processus de spération des fonctions de librairie et d’édition qui conduit, peu à peu, à l’organisation des métiers du livre telle que nous la connaissons aujourd’hui. […]
C’est au cours du XIXe sècle que se séparent la librairie et l’édition, avec l’émergence de toutes les fonctions qui deviendront des métiers spécifiques au XXe siècle. Il s’agit bien là tout autant d’un changement d’échelle économique que d’une métamorphose des techniques de travail et des mentalités. Après la chute de l’Ancien Régime, le commerce de la librairie connaît deux décennies de liberté, auxquelles le décret du 5 février 1810 met un terme en instaurant le système des brevets. Ce carcan étatique pèse sur le commerce de la librairie jusqu’au début de la IIIe République et conduit à un développement du commerce des livres très inégal sur l’ensemble du territoire. Par ailleurs, les contours de la librairie sont toujours flous : librairies d’assortiment et librairies de fonds – parfois aussi imprimeurs, relieurs ou papetiers -, colporteurs, étalagistes, bouquinistes, ou encore commerçants en tout genre qui s’occupent de vendre quelques imprimés en plus de leur marchandise… Si les libraires eux-mêmes n’hésitent pas à mêler à leurs livres mercerie, épicerie ou objets religieux, les magasins se spécialisent dans les villes importantes, tandis que de nouveaux réseaux de diffusion apparaissent – cabinets de lecture, bibliothèques de gare, grands magasins. Le regard porté sur le commerce des livres à l’étranger permet alors de mieux cerner les spécificités de la librairie française. A la fin du XIXe siècle, les « vrais » libraires aspirent plus que jamais à la reconnaissance de leur identité, mais ils se caractérisent aussi par leur conservatisme : la plupart d’entre eux sont hostiles à la liberté de la presse et à la suppression du régime du brevet. Ainsi à l’âge de l’autonomisation de l’édition, la syndicalisation fait ses premiers pas : créée en 1892, la Chambre syndicale des librairies de France porte des revendications qui resteront inchangées pendant plusieurs décennies. Dans la première partie du XXe siècle, alors qu’elle se trouve de plus en plus dépendante des éditeurs et des diffuseurs, qu’elle se sent menacée par diverses concurrences et qu’elle souffre d’un déclassement social, la librairie glisse lentement vers la modernité et entreprend de se professionnaliser. »
(Introduction par Frédérique Leblanc et Patricia Sorel)
Vous trouverez un résumé de l’ouvrage dans cet article du BBF de mars 2009 : Histoire de la librairie française, par Thierry Ermakoff, dont voici un extrait :
« L’histoire de la librairie et celle de l’édition ont donc partie liée : le statut de libraire et celui d’éditeur se confondaient (on parlait de libraire d’assortiment pour le détaillant et de libraire de fonds pour l’éditeur) et les deux derniers siècles ont été ceux de l’autonomisation, pas complète, puisque, de nos jours, certains éditeurs possèdent encore des librairies. […]
1810-1945
La première partie renvoie au difficile arrachement, à la dure émancipation de la librairie face à l’édition : le décret fondateur et répressif du 5 février 1810, dont Odile Krakovitch retrace l’accouchement et Jean-Yves Mollier la mise en œuvre, est comme une mise à feu de la fusée. La librairie sédentaire prend son essor, la librairie parisienne et celles de province s’installent, et finissent par prospérer, surtout à la fin du XIXe siècle. « Les prémices d’une nouvelle organisation des métiers du livre » (Jean-Yves Mollier) amènent tout naturellement, mais douloureusement, à la création du Cercle de la librairie qui donnera naissance, en 1892, à la Chambre syndicale des libraires de France et au Syndicat des éditeurs, qui clarifie le paysage et met en position les forces en présence. »
Si vous souhaitez remonter plus loin dans l’histoire de la librairie c’est donc l’histoire de l’édition et de l’imprimerie qu’il faudra explorer, par exemple à l’aide de ces ouvrages :
- Une autre histoire de l'édition française, Jean-Yves Mollier
- La grande aventure du livre : de la tablette d'argile à la tablette numérique, sous la direction d'Anne Zali
Bonne journée.
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