Question d'origine :
Bonjour,
Que faut il faire, et comment arriver à ne "penser à rien"?
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 31/03/2017 à 10h46
Bonjour
Il est très difficile pour ne pas dire impossible de ne penser à rien :
« “En neurosciences, toutes les activités cérébrales sont des pensées. Qu’on soit en phase de sommeil, dans le coma ou éveillé, le cerveau est en activité, donc produit des pensées. Il peut moduler son activité, mais ne s’arrête jamais. En fait, le seul moment où on ne pense pas, c’est quand on est mort”, explique Bernard Mazoyer, spécialiste de neuro-imagerie cognitive à l’université de Caen. Je suis, donc je pense, en somme !
Cela dit, tout dépend de ce que vous aviez en tête en utilisant le terme “penser”. Les neuroscientifiques, eux, parlent plus souvent de processus d’imagerie mentale (visuelle, auditive, langagière, motrice…) et différencient les images conscientes des images spontanées.
Penser à rien sollicite un “réseau par défaut”
S’il s’agit pour vous aussi de savoir si, en état d’éveil, certaines images mentales peuvent ne pas atteindre le champ de la conscience, il est indéniable que c’est le cas. Il suffit que notre cerveau ne soit pas accaparé par un objectif précis pour que des pensées spontanées s’y produisent, mais sans nécessairement toutes accéder à la conscience. Sans compter que l’accès à la conscience peut être modulé, par exemple par l’hypnose ou la méditation. Mais même cette dernière ne permet pas, contrairement aux idées reçues, de se vider la tête : “La méditation est la forme de pensée la plus contrôlée qui soit, celle qui consiste à se focaliser sur un type unique de pensée”, affirme Bernard Mazoyer.
Il semblerait donc que même quand on a l’impression de ne “penser à rien”, on pense quand même. Sauf que nos rêveries ne sollicitent pas la même zone du cerveau que la réflexion consciente. On le sait depuis l’avancée des techniques de neuro-imagerie des années 1990, grâce notamment à l’IRM fonctionnelle qui permet de visualiser les aires cérébrales qui s’activent ou se désactivent dans une situation mentale donnée, explique Jean-Philippe Lachaux, chercheur à l’Inserm : “Quand on ne fait rien de précis, c’est un ensemble de zones réparties dans les lobes frontal et pariétal qui est le plus actif, on l’appelle le réseau par défaut.”
Plutôt que penser, vagabonder
Ce réseau qui gère nos pensées spontanées est encore mal connu, mais plusieurs études scientifiques récentes ont montré que le vagabondage mental (daydreaming), qui peut occuper jusqu’au tiers de notre temps d’éveil, stimule la créativité car le réseau par défaut aurait tendance à provoquer des associations inédites entre les neurones. »
Source : Peut-on être éveillé et ne pas penser ? / Roman Ikonicoff (in Sciences & Vie)
Ainsi, notre cerveau aurait un mode de fonctionnement « par défaut », qui laisserait nos pensées en « roue libre » :
« Ainsi, de façon paradoxale, le repos semblait entraîner une consommation d’énergie, de glucose et d’oxygène supérieure à celle que requiert la réalisation d’une tâche précise. Ce qui expliquerait pourquoi nous cherchons toujours à nous occuper, car jouer avec des cartes, des jeux vidéos simples ou bavarder, consommerait parfois moins d’énergie que de ne rien faire. […]
Devant ce résultat inattendu, M. Raichle a réanalysé les données d’expériences plus ancienne et s’est aperçu que cette activité de repos était observé chez tout un chacun. Cet état du cerveau au repos sera nommé « mode par défaut ». M. Raichle a lui-même décrit cet état cérébral comme « un mode de pensée en roue libre organisé, qui passe en revue des comportements bien particuliers, orientés vers un but ». D’après lui, il s’agit d’une fonction de base du cerveau, enclenchée lorsqu’un sujet laisse ses pensées vagabonder, sans que rien ne focalise son attention. »
Source : Ne penser à rien ? / Josephina Maier in Cerveau & Psycho n°46
Toutefois, certaines techniques de méditation permettent de canaliser le flux des pensées et de « faire le vide » :
« Toutes les techniques de méditation ont le même but : permettre à l’esprit de se « clarifier » et de s’apaiser en contrôlant le flux incessant de nos pensées. On peut les classer en trois catégories : celles qui « font le vide », celles qui « canalisent » les pensées par des techniques répétitives, celles qui utilisent les mouvements du corps. Toutefois, certaines formes de méditation peuvent appartenir à plusieurs de ces catégories.
Les méditations de concentration
Leur particularité : amener le pratiquant à regarder le flux des pensées, comme s’il regardait un film, et à laisser se vider l’esprit pour parvenir à la « conscience claire », ou « conscience éveillée », en se focalisant, les yeux mi-clos, sur un point fictif ou un objet (bougie, fleur, mandala). Zen: Appelée « zazen » (de za, « assis », et zen, «méditation »), elle remonte au Bouddha. Assis jambes croisées sur un coussin (un zafu), colonne vertébrale et tête droites, les yeux mi-clos, on pose son regard à un mètre de soi, et son attention sur le laisser passer des pensées, sans les freiner ni les entretenir. On se concentre sur la respiration profonde, en expiration, et la posture du corps.
Cette technique est considérée comme la plus difficile pour les débutants. Tibétaine : La technique de base (samten) est la même que le zazen. Cependant, certaines écoles préconisent l’utilisation des visualisations sur les déités du panthéon tibétain pour centrer l’esprit. Vipassana : Dite « méditation de la vision intérieure », elle est un apprentissage à l’Attention, une forme d’éducation du mental fondée sur l’observation de celui-ci et sur la respiration. Plus « douce » que le zazen, elle est aussi plus longue à assimiler. Yogique : La forme la plus haute de méditation yogique est le raja-yoga, dans la position bien connue du lotus. C’est la concentration qui prime, ainsi que le pranayama, travail de la respiration.
Les méditations répétitives
Elles focalisent les pensées sur un élément répétitif, un « mantra » : une phrase d’un texte sacré ou un mot-clé (tel que le son dit « primordial » OM) qu’il faut réciter intérieurement ou à voix haute. Ainsi, le flux des pensées est canalisé. Transcendantale : Assis confortablement, les yeux fermés, on récite un mantra proposé par l’initiateur. C’est, le plus souvent, une phrase hindoue sélectionnée à l’origine par Maharishi Mahesh Yogi, le fondateur de la méditation transcendantale (MT), qui a adapté la méditation hindoue traditionnelle védique (la- quelle remonte à 4 000 ans) pour les Occidentaux. L’objectif est de pouvoir réciter le mantra d’une façon aussi naturelle qu’une pensée ordinaire. Chrétienne : Appelée autrefois « contemplation », cette technique ne propose pas de posture spécifique (on peut être assis ou à genoux), ni d’exercices particuliers (certains nouveaux groupes utilisent toutefois les techniques orientales).
La méditation chrétienne est une période prolongée de pensée consciente, concentrée sur un sujet spécifique, comme un passage des Ecritures, une prière, ou encore une récitation. Juive : L’accent est mis ici sur la récitation chantée de textes sacrés et de psaumes, ou la récitation intérieure de prières. Soufie : Cette méditation (le Dikr) est une observation intérieure et un détachement des émotions qui a pour but de purifier le mental. Cette technique emploie des exercices puissants de respiration saccadée, ainsi que des chants répétitifs. La méditation soufie s’inscrit cependant exclusivement dans un parcours spirituel très spécifique et particulièrement exigeant.
Les méditations du mouvement
La position droite, assis en tailleur, n’est pas préconisée, ce qui permet une plus grande liberté physique, l’esprit étant canalisé par les différents moyens des deux catégories précédentes. Taoïste : La plus connue des méditations chinoises en Occident reste le taï-chi qui, au moyen de gestes coulés en une danse lente, permet de repérer les flux de l’énergie en soi. C’est le prototype d’une méditation en mouvement. On peut aussi citer le chi-kong, ou le shintaïdo, d’origine japonaise. Yogique : Dans cette technique très à la mode en Occident, les postures sont très variées. Une large part est aussi faite aux exercices de respiration.
Développement personnel : Certaines écoles adoptent des techniques plus douces. On s’allonge par terre, et on commence par une technique simple de relaxation en se concentrant successivement sur les différentes parties de son corps. Il faut ensuite contrôler sa respiration et garder les yeux ouverts (pour ne pas s’endormir !). Pour le contrôle de la pensée, tout est possible : « focusing » (concentration sur une partie du corps), visualisation (sur une image), mantra (récitation de voyelles), ainsi que certains exercices du « training autogène », etc. Méditation de la marche : Cette forme de méditation tibétaine consiste à déambuler centré sur chacun de ses pas et sur une respiration qui rythme la marche. Le kin-hin japonais en est une variante pratiquée dans les dojos zen. »
Source : Conseil antistress : méditez cinq minutes par jour / Psychologies
Vous trouverez dans les collections de la Bibliothèque municipale de Lyon, de nombreux ouvrages sur la méditation !
Bonne journée
Il est très difficile pour ne pas dire impossible de ne penser à rien :
« “En neurosciences, toutes les activités cérébrales sont des pensées. Qu’on soit en phase de sommeil, dans le coma ou éveillé, le cerveau est en activité, donc produit des pensées. Il peut moduler son activité, mais ne s’arrête jamais. En fait, le seul moment où on ne pense pas, c’est quand on est mort”, explique Bernard Mazoyer, spécialiste de neuro-imagerie cognitive à l’université de Caen. Je suis, donc je pense, en somme !
Cela dit, tout dépend de ce que vous aviez en tête en utilisant le terme “penser”. Les neuroscientifiques, eux, parlent plus souvent de processus d’imagerie mentale (visuelle, auditive, langagière, motrice…) et différencient les images conscientes des images spontanées.
S’il s’agit pour vous aussi de savoir si, en état d’éveil, certaines images mentales peuvent ne pas atteindre le champ de la conscience, il est indéniable que c’est le cas. Il suffit que notre cerveau ne soit pas accaparé par un objectif précis pour que des pensées spontanées s’y produisent, mais sans nécessairement toutes accéder à la conscience. Sans compter que l’accès à la conscience peut être modulé, par exemple par l’hypnose ou la méditation. Mais même cette dernière ne permet pas, contrairement aux idées reçues, de se vider la tête : “La méditation est la forme de pensée la plus contrôlée qui soit, celle qui consiste à se focaliser sur un type unique de pensée”, affirme Bernard Mazoyer.
Il semblerait donc que même quand on a l’impression de ne “penser à rien”, on pense quand même. Sauf que nos rêveries ne sollicitent pas la même zone du cerveau que la réflexion consciente. On le sait depuis l’avancée des techniques de neuro-imagerie des années 1990, grâce notamment à l’IRM fonctionnelle qui permet de visualiser les aires cérébrales qui s’activent ou se désactivent dans une situation mentale donnée, explique Jean-Philippe Lachaux, chercheur à l’Inserm : “Quand on ne fait rien de précis, c’est un ensemble de zones réparties dans les lobes frontal et pariétal qui est le plus actif, on l’appelle le réseau par défaut.”
Ce réseau qui gère nos pensées spontanées est encore mal connu, mais plusieurs études scientifiques récentes ont montré que le vagabondage mental (daydreaming), qui peut occuper jusqu’au tiers de notre temps d’éveil, stimule la créativité car le réseau par défaut aurait tendance à provoquer des associations inédites entre les neurones. »
Source : Peut-on être éveillé et ne pas penser ? / Roman Ikonicoff (in Sciences & Vie)
Ainsi, notre cerveau aurait un mode de fonctionnement « par défaut », qui laisserait nos pensées en « roue libre » :
« Ainsi, de façon paradoxale, le repos semblait entraîner une consommation d’énergie, de glucose et d’oxygène supérieure à celle que requiert la réalisation d’une tâche précise. Ce qui expliquerait pourquoi nous cherchons toujours à nous occuper, car jouer avec des cartes, des jeux vidéos simples ou bavarder, consommerait parfois moins d’énergie que de ne rien faire. […]
Devant ce résultat inattendu, M. Raichle a réanalysé les données d’expériences plus ancienne et s’est aperçu que cette activité de repos était observé chez tout un chacun. Cet état du cerveau au repos sera nommé « mode par défaut ». M. Raichle a lui-même décrit cet état cérébral comme « un mode de pensée en roue libre organisé, qui passe en revue des comportements bien particuliers, orientés vers un but ». D’après lui, il s’agit d’une fonction de base du cerveau, enclenchée lorsqu’un sujet laisse ses pensées vagabonder, sans que rien ne focalise son attention. »
Source : Ne penser à rien ? / Josephina Maier in Cerveau & Psycho n°46
Toutefois, certaines techniques de méditation permettent de canaliser le flux des pensées et de « faire le vide » :
« Toutes les techniques de méditation ont le même but : permettre à l’esprit de se « clarifier » et de s’apaiser en contrôlant le flux incessant de nos pensées. On peut les classer en trois catégories : celles qui « font le vide », celles qui « canalisent » les pensées par des techniques répétitives, celles qui utilisent les mouvements du corps. Toutefois, certaines formes de méditation peuvent appartenir à plusieurs de ces catégories.
Leur particularité : amener le pratiquant à regarder le flux des pensées, comme s’il regardait un film, et à laisser se vider l’esprit pour parvenir à la « conscience claire », ou « conscience éveillée », en se focalisant, les yeux mi-clos, sur un point fictif ou un objet (bougie, fleur, mandala). Zen: Appelée « zazen » (de za, « assis », et zen, «méditation »), elle remonte au Bouddha. Assis jambes croisées sur un coussin (un zafu), colonne vertébrale et tête droites, les yeux mi-clos, on pose son regard à un mètre de soi, et son attention sur le laisser passer des pensées, sans les freiner ni les entretenir. On se concentre sur la respiration profonde, en expiration, et la posture du corps.
Cette technique est considérée comme la plus difficile pour les débutants. Tibétaine : La technique de base (samten) est la même que le zazen. Cependant, certaines écoles préconisent l’utilisation des visualisations sur les déités du panthéon tibétain pour centrer l’esprit. Vipassana : Dite « méditation de la vision intérieure », elle est un apprentissage à l’Attention, une forme d’éducation du mental fondée sur l’observation de celui-ci et sur la respiration. Plus « douce » que le zazen, elle est aussi plus longue à assimiler. Yogique : La forme la plus haute de méditation yogique est le raja-yoga, dans la position bien connue du lotus. C’est la concentration qui prime, ainsi que le pranayama, travail de la respiration.
Elles focalisent les pensées sur un élément répétitif, un « mantra » : une phrase d’un texte sacré ou un mot-clé (tel que le son dit « primordial » OM) qu’il faut réciter intérieurement ou à voix haute. Ainsi, le flux des pensées est canalisé. Transcendantale : Assis confortablement, les yeux fermés, on récite un mantra proposé par l’initiateur. C’est, le plus souvent, une phrase hindoue sélectionnée à l’origine par Maharishi Mahesh Yogi, le fondateur de la méditation transcendantale (MT), qui a adapté la méditation hindoue traditionnelle védique (la- quelle remonte à 4 000 ans) pour les Occidentaux. L’objectif est de pouvoir réciter le mantra d’une façon aussi naturelle qu’une pensée ordinaire. Chrétienne : Appelée autrefois « contemplation », cette technique ne propose pas de posture spécifique (on peut être assis ou à genoux), ni d’exercices particuliers (certains nouveaux groupes utilisent toutefois les techniques orientales).
La méditation chrétienne est une période prolongée de pensée consciente, concentrée sur un sujet spécifique, comme un passage des Ecritures, une prière, ou encore une récitation. Juive : L’accent est mis ici sur la récitation chantée de textes sacrés et de psaumes, ou la récitation intérieure de prières. Soufie : Cette méditation (le Dikr) est une observation intérieure et un détachement des émotions qui a pour but de purifier le mental. Cette technique emploie des exercices puissants de respiration saccadée, ainsi que des chants répétitifs. La méditation soufie s’inscrit cependant exclusivement dans un parcours spirituel très spécifique et particulièrement exigeant.
La position droite, assis en tailleur, n’est pas préconisée, ce qui permet une plus grande liberté physique, l’esprit étant canalisé par les différents moyens des deux catégories précédentes. Taoïste : La plus connue des méditations chinoises en Occident reste le taï-chi qui, au moyen de gestes coulés en une danse lente, permet de repérer les flux de l’énergie en soi. C’est le prototype d’une méditation en mouvement. On peut aussi citer le chi-kong, ou le shintaïdo, d’origine japonaise. Yogique : Dans cette technique très à la mode en Occident, les postures sont très variées. Une large part est aussi faite aux exercices de respiration.
Développement personnel : Certaines écoles adoptent des techniques plus douces. On s’allonge par terre, et on commence par une technique simple de relaxation en se concentrant successivement sur les différentes parties de son corps. Il faut ensuite contrôler sa respiration et garder les yeux ouverts (pour ne pas s’endormir !). Pour le contrôle de la pensée, tout est possible : « focusing » (concentration sur une partie du corps), visualisation (sur une image), mantra (récitation de voyelles), ainsi que certains exercices du « training autogène », etc. Méditation de la marche : Cette forme de méditation tibétaine consiste à déambuler centré sur chacun de ses pas et sur une respiration qui rythme la marche. Le kin-hin japonais en est une variante pratiquée dans les dojos zen. »
Source : Conseil antistress : méditez cinq minutes par jour / Psychologies
Vous trouverez dans les collections de la Bibliothèque municipale de Lyon, de nombreux ouvrages sur la méditation !
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