Question d'origine :
y a t il un fond a la bm part dieu qui se nomme l enfer ? i
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 29/03/2017 à 10h50
Les « enfers » en bibliothèque désignent des lieux dans lesquels étaient placés des ouvrages d’accès restreint, nécessitant des autorisations particulières. Constitués au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, les collections des « enfers » ont été réintégrées pour la plupart dans les collections générales des bibliothèques concernées.
L’enfer de la bibliothèque nationale de France est le plus connu. D’après Pascal Pia, il a été constituée dans les dernières années du Second Empire, vers 1867. Comme le montre Annie Stora-Lamarre, c’est surtout sous la troisième république que s’épanouissent les Enfers. Le catalogue de l’exposition de la Bibliothèque nationale de France " L'enfer de la bibliothèque. Eros au secret" vous renseignera sur l’histoire particulière de l’Enfer de la bibliothèque nationale.
Toutefois, il faut bien noter que l’Enfer des bibliothèques est à la fois dans la continuité et en rupture avec l’histoire de la censure de livres. La mise en place des Enfers ne s’entend en effet pas comme une interdiction de la lecture de livres licencieux, pornographiques ou philosophiquement dangereux. En effet, constituer un enfer, c'est aussi s'assurer de et surveiller la conservation des documents. C'est d'une certaine manière, placer l'accent sur une collection. Si l'idée était simplement d'interdire l'accès à ces documents : censure et éliminations seraient privilégiées. Il s'agit plutôt d'une mise à l’écart que d'une interdiction, nécessitant tout à la fois une conservation à long terme et une consultation aux personnes averties, dans des objectifs précis, notamment de recherches.
Notons à ce propos que ces enfers sont totalement distincts de l’Index librorum prohibitorum ou index des livres interdits, mis en place à la fin du Concile de Trente au XVIe siècle par l’église catholique, et définitivement arrêté en 1966. M. Bujanda en trace l’histoire de 1600 à 1966 dans un livre consultable dans la salle du fonds ancien. De même, les Enfers ne sont pas liés à la censure royale ou républicaine : absence de privilège de publication, surveillance policière, saisies, ainsi que poursuites d’éditeurs et d’auteurs pour atteinte aux bonnes mœurs, sont des pratiques de censures plus courantes. Vous trouverez 23 ouvrages sur l’histoire de la censure en faisant une recherche avancée sujet « Censure – histoire ».
La bibliothèque municipale de Lyon a eu aussi un enfer, dont l’histoire demeure floue. On pense que l’enfer a été constitué à la bibliothèque Saint-Jean, après la seconde guerre mondiale et avant le déménagement de toutes les collections à la bibliothèque de la Part-Dieu en 1972. En 1992, les ouvrages conservés dans l’Enfer ont tous été réintégrés au fonds général. En 1987, un catalogue de l'enfer de la BML a été réalisé par Michel Chomarat et est disponible à la consultation dans la salle du fonds ancien. De plus, en 2005, un travail rétrospectif a été réalisé permettant d’indexer les documents de l’ancien enfer de la bibliothèque. En faisant une recherche avancée « sujet » : « bibliothèque municipale de Lyon enfer », vous trouverez les 109 documents ayant appartenu à l’enfer avant 1992, principalement de la littérature érotique et pornographique. Ils portent tous en note dans la notice la mention suivante : « Ouvrage ayant appartenu à l'Enfer de la bibliothèque municipale de Lyon, sans doute constitué après la seconde guerre mondiale et réintégré dans le fonds général en 1992. ».
De plus, la bibliothèque municipale de Lyon conserve en dépôt la collection jésuite des Fontaines, appartenant à la société de Jésus. Cette collection, issue de la bibliothèque de Chantilly, elle-même constituée de la réunion de plusieurs bibliothèques jésuites de la Province de France. Certaines de ces bibliothèques avaient constitués, semble-t-il, des Enfers. En 2005, la bibliothèque municipale de Lyon a ainsi repéré 160 documents, indexés, et retrouvables en faisant une recherche avancée « sujet » : « collection jésuite des Fontaines enfer ». Cette indexation a été réalisée le plus souvent sur la base d’ex-libris et de mention manuscrite portée sur les documents, mention transcrite en note. Par exemple : « En première page mention de la cote Enfer 9 » dans le Jeanne d'Arc de Joseph Delteil. Là encore, l’Enfer ne constitue plus du tout un fonds particulier à la bibliothèque municipale de Lyon aujourd’hui, et il faut distinguer ces ouvrages qui n’était pas interdit à la consultation, mais simplement d’accès plus restreint.
Notons enfin que si l'Enfer n'existe plus, certains documents portent encore aujourd’hui la mention « consultation sous réserve », qui indique au personnel de la bibliothèque d’exercer une vigilance particulière, soit lié à l’état matériel du document, à son statut dans les collections (dépôt légal par exemple), ou à l’âge du lecteur.
Bien cordialement,
L’enfer de la bibliothèque nationale de France est le plus connu. D’après Pascal Pia, il a été constituée dans les dernières années du Second Empire, vers 1867. Comme le montre Annie Stora-Lamarre, c’est surtout sous la troisième république que s’épanouissent les Enfers. Le catalogue de l’exposition de la Bibliothèque nationale de France " L'enfer de la bibliothèque. Eros au secret" vous renseignera sur l’histoire particulière de l’Enfer de la bibliothèque nationale.
Toutefois, il faut bien noter que l’Enfer des bibliothèques est à la fois dans la continuité et en rupture avec l’histoire de la censure de livres. La mise en place des Enfers ne s’entend en effet pas comme une interdiction de la lecture de livres licencieux, pornographiques ou philosophiquement dangereux. En effet, constituer un enfer, c'est aussi s'assurer de et surveiller la conservation des documents. C'est d'une certaine manière, placer l'accent sur une collection. Si l'idée était simplement d'interdire l'accès à ces documents : censure et éliminations seraient privilégiées. Il s'agit plutôt d'une mise à l’écart que d'une interdiction, nécessitant tout à la fois une conservation à long terme et une consultation aux personnes averties, dans des objectifs précis, notamment de recherches.
Notons à ce propos que ces enfers sont totalement distincts de l’Index librorum prohibitorum ou index des livres interdits, mis en place à la fin du Concile de Trente au XVIe siècle par l’église catholique, et définitivement arrêté en 1966. M. Bujanda en trace l’histoire de 1600 à 1966 dans un livre consultable dans la salle du fonds ancien. De même, les Enfers ne sont pas liés à la censure royale ou républicaine : absence de privilège de publication, surveillance policière, saisies, ainsi que poursuites d’éditeurs et d’auteurs pour atteinte aux bonnes mœurs, sont des pratiques de censures plus courantes. Vous trouverez 23 ouvrages sur l’histoire de la censure en faisant une recherche avancée sujet « Censure – histoire ».
La bibliothèque municipale de Lyon a eu aussi un enfer, dont l’histoire demeure floue. On pense que l’enfer a été constitué à la bibliothèque Saint-Jean, après la seconde guerre mondiale et avant le déménagement de toutes les collections à la bibliothèque de la Part-Dieu en 1972. En 1992, les ouvrages conservés dans l’Enfer ont tous été réintégrés au fonds général. En 1987, un catalogue de l'enfer de la BML a été réalisé par Michel Chomarat et est disponible à la consultation dans la salle du fonds ancien. De plus, en 2005, un travail rétrospectif a été réalisé permettant d’indexer les documents de l’ancien enfer de la bibliothèque. En faisant une recherche avancée « sujet » : « bibliothèque municipale de Lyon enfer », vous trouverez les 109 documents ayant appartenu à l’enfer avant 1992, principalement de la littérature érotique et pornographique. Ils portent tous en note dans la notice la mention suivante : « Ouvrage ayant appartenu à l'Enfer de la bibliothèque municipale de Lyon, sans doute constitué après la seconde guerre mondiale et réintégré dans le fonds général en 1992. ».
De plus, la bibliothèque municipale de Lyon conserve en dépôt la collection jésuite des Fontaines, appartenant à la société de Jésus. Cette collection, issue de la bibliothèque de Chantilly, elle-même constituée de la réunion de plusieurs bibliothèques jésuites de la Province de France. Certaines de ces bibliothèques avaient constitués, semble-t-il, des Enfers. En 2005, la bibliothèque municipale de Lyon a ainsi repéré 160 documents, indexés, et retrouvables en faisant une recherche avancée « sujet » : « collection jésuite des Fontaines enfer ». Cette indexation a été réalisée le plus souvent sur la base d’ex-libris et de mention manuscrite portée sur les documents, mention transcrite en note. Par exemple : « En première page mention de la cote Enfer 9 » dans le Jeanne d'Arc de Joseph Delteil. Là encore, l’Enfer ne constitue plus du tout un fonds particulier à la bibliothèque municipale de Lyon aujourd’hui, et il faut distinguer ces ouvrages qui n’était pas interdit à la consultation, mais simplement d’accès plus restreint.
Notons enfin que si l'Enfer n'existe plus, certains documents portent encore aujourd’hui la mention « consultation sous réserve », qui indique au personnel de la bibliothèque d’exercer une vigilance particulière, soit lié à l’état matériel du document, à son statut dans les collections (dépôt légal par exemple), ou à l’âge du lecteur.
Bien cordialement,
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