Question d'origine :
Bonjour,
Quels sont les endroits successifs où a été conservé le Coeur de Louis XVII avant qu'il ne soit transféré à la Basilique St Denis en 2004 ?
Je vous remercie.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 28/03/2017 à 10h29
Bonjour,
Le cœur de Louis XVII a effectivement beaucoup voyagé depuis son prélèvement par le docteur Philippe-Jean Pelletan le jour de son autopsie, le 9 juin 1795.
" De retour chez lui, Pelletan dépose le cœur dans un vase rempli d'esprit de vin - de l'alcool éthylique -, qu'il planque derrière les livres de sa bibliothèque. Une dizaine d'années plus tard, le voleur retrouve le vase, dont l'alcool s'est totalement évaporé. Le cœur est devenu un petit morceau de cuir qu'il jette dans un tiroir avec d'autres "souvenirs". Un de ses élèves, à qui il avait raconté son larcin, dérobe à son tour le cœur en 1810.
Cela ne lui porte pas chance, car il meurt de la tuberculose peu après. Juste avant d'expirer, il demande à sa future veuve de rendre le cœur à Pelletan. En le récupérant, ce dernier décide alors de le retourner à la famille royale. Mais il a beau avoir le cœur sur la main, celle-ci doute de l'origine de l'organe. Pelletan fournit des preuves écrites, fait appel à des témoignages, en vain. Le cœur lui reste sur les bras. Faute de mieux, le 23 mai 1828, il remet la relique à monseigneur de Quélen, archevêque de Paris, qui la reçoit "comme un dépôt sacré" et promet de faire son possible pour la remettre au dernier tonton du gamin encore en vie, Charles X. Pelletan peut alors s'éteindre, le cœur léger.
Mais l'archevêque n'a pas le temps d'honorer sa promesse, car, durant les Trois Glorieuses de juillet 1830 qui marquent l'insurrection parisienne contre Charles X, l'archevêché est pillé. Un ouvrier imprimeur s'empare de l'urne de cristal contenant le cœur avec l'intention de le rapporter au fils de Pelletan, mais le brave homme se fait disputer son butin par un autre insurgé. Dans la bagarre, l'urne se brise sur le sol.
Deux siècles d'errance
Lescroart, c'est le nom de l'ouvrier, doit s'enfuir les mains vides. Quelques jours plus tard, quand Paris retrouve son calme, il revient avec le fils Pelletan pour fouiller l'archevêché. Miracle, ils trouvent le cœur dans un tas de sable. Philippe-Gabriel Pelletan le conserve jusqu'à sa mort en 1879, puis le lègue à l'architecte Prosper Deschamps. Lequel le lègue à un proche. La relique est devenue la patate chaude qu'on se refile. De fil en aiguille, elle échoue entre les mains d'un certain Édouard Dumont, qui la remet en 1895 à un représentant du duc de Madrid, prétendant légitimiste au trône de France. Après un crochet par Venise, le cœur prend enfin un repos bien mérité dans la chapelle du château de Frohsdorf, près de Vienne.
Mais voilà que la mortelle randonnée reprend ! Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la princesse Massimo, fille du duc, emporte le cœur en Italie. En 1975, les filles de la princesse l'offrent au Mémorial de France à Saint-Denis pour qu'il soit déposé dans la nécropole des rois de France. Là où il aurait toujours dû se trouver. Enfin, en 2000, une analyse ADN confirme que le cœur appartient à un parent très proche de Marie-Antoinette. Forcément à son fils. Aujourd'hui, l'urne funéraire contenant le cœur de Louis XVII est dans la chapelle des Bourbons. Enfin ! "
source : 9 juin 1795. Le coeur du jeune Louis XVII est volé par le docteur Pelletan durant son autopsie. / Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos - Le point - 9 juin 2015
Lire aussi :
- 9 juin 1795 : Le docteur Pelletan dérobe le cœur de Louis XVII
- Médecin des morts: Récits de paléopathologie / Philippe Charlier
- L'incroyable odyssée du coeur de Louis XVII / Stéphane BERN - Le Figaro, no. 17105 - mercredi 11 août 1999, p. 22
Pour aller plus loin :
- Les princes du malheur : le tragique destin des enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette / Philippe Delorme
- Louis XVII : un enfant de France / Pierre Janin
Bonne journée.
Le cœur de Louis XVII a effectivement beaucoup voyagé depuis son prélèvement par le docteur Philippe-Jean Pelletan le jour de son autopsie, le 9 juin 1795.
" De retour chez lui, Pelletan dépose le cœur dans un vase rempli d'esprit de vin - de l'alcool éthylique -, qu'il planque derrière les livres de sa bibliothèque. Une dizaine d'années plus tard, le voleur retrouve le vase, dont l'alcool s'est totalement évaporé. Le cœur est devenu un petit morceau de cuir qu'il jette dans un tiroir avec d'autres "souvenirs". Un de ses élèves, à qui il avait raconté son larcin, dérobe à son tour le cœur en 1810.
Cela ne lui porte pas chance, car il meurt de la tuberculose peu après. Juste avant d'expirer, il demande à sa future veuve de rendre le cœur à Pelletan. En le récupérant, ce dernier décide alors de le retourner à la famille royale. Mais il a beau avoir le cœur sur la main, celle-ci doute de l'origine de l'organe. Pelletan fournit des preuves écrites, fait appel à des témoignages, en vain. Le cœur lui reste sur les bras. Faute de mieux, le 23 mai 1828, il remet la relique à monseigneur de Quélen, archevêque de Paris, qui la reçoit "comme un dépôt sacré" et promet de faire son possible pour la remettre au dernier tonton du gamin encore en vie, Charles X. Pelletan peut alors s'éteindre, le cœur léger.
Mais l'archevêque n'a pas le temps d'honorer sa promesse, car, durant les Trois Glorieuses de juillet 1830 qui marquent l'insurrection parisienne contre Charles X, l'archevêché est pillé. Un ouvrier imprimeur s'empare de l'urne de cristal contenant le cœur avec l'intention de le rapporter au fils de Pelletan, mais le brave homme se fait disputer son butin par un autre insurgé. Dans la bagarre, l'urne se brise sur le sol.
Lescroart, c'est le nom de l'ouvrier, doit s'enfuir les mains vides. Quelques jours plus tard, quand Paris retrouve son calme, il revient avec le fils Pelletan pour fouiller l'archevêché. Miracle, ils trouvent le cœur dans un tas de sable. Philippe-Gabriel Pelletan le conserve jusqu'à sa mort en 1879, puis le lègue à l'architecte Prosper Deschamps. Lequel le lègue à un proche. La relique est devenue la patate chaude qu'on se refile. De fil en aiguille, elle échoue entre les mains d'un certain Édouard Dumont, qui la remet en 1895 à un représentant du duc de Madrid, prétendant légitimiste au trône de France. Après un crochet par Venise, le cœur prend enfin un repos bien mérité dans la chapelle du château de Frohsdorf, près de Vienne.
Mais voilà que la mortelle randonnée reprend ! Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la princesse Massimo, fille du duc, emporte le cœur en Italie. En 1975, les filles de la princesse l'offrent au Mémorial de France à Saint-Denis pour qu'il soit déposé dans la nécropole des rois de France. Là où il aurait toujours dû se trouver. Enfin, en 2000, une analyse ADN confirme que le cœur appartient à un parent très proche de Marie-Antoinette. Forcément à son fils. Aujourd'hui, l'urne funéraire contenant le cœur de Louis XVII est dans la chapelle des Bourbons. Enfin ! "
source : 9 juin 1795. Le coeur du jeune Louis XVII est volé par le docteur Pelletan durant son autopsie. / Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos - Le point - 9 juin 2015
Lire aussi :
- 9 juin 1795 : Le docteur Pelletan dérobe le cœur de Louis XVII
- Médecin des morts: Récits de paléopathologie / Philippe Charlier
- L'incroyable odyssée du coeur de Louis XVII / Stéphane BERN - Le Figaro, no. 17105 - mercredi 11 août 1999, p. 22
Pour aller plus loin :
- Les princes du malheur : le tragique destin des enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette / Philippe Delorme
- Louis XVII : un enfant de France / Pierre Janin
Bonne journée.
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