Réponse du Département CivilisationBonjour,
"La civilisation inca est une civilisation précolombienne du groupe andin. Elle prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cusco dans l'actuel Pérou. Elle est à l'origine de l'empire inca, l'un des grands royaumes de l'Amérique précolombienne. L'empire inca fut conquis par les conquistadors espagnols sous les ordres de Francisco Pizarro à partir de 1532 "(1). Le pouvoir inca pris fin en 1572.
Deux classes constituent fondamentalement la société andine à l’époque inca : les gens du commun, qui accomplissaient la corvée ou paient le tribut, et la noblesse, qui en bénéficient. Dans le Pérou ancien, l’individu se définissait avant tout par son appartenance à un lignage, l’ayllu (2).
Chaque cellule domestique ou ayllu se reconnaissait un chef ou
kuraka et une divinité tutélaire ou
waka. L
’ayllu possédait des pâturages et des terres de culture. Les activités agricoles donnaient lieu à un échange de travail entre les membres de l’ayllu. Les ayllu entretenaient des rapports de dépendance, les organisant en chefferies. La population des
ayllu était liée au
kuraka de la chefferie par des obligations qui marquaient leur sujétion : culture des terres que le kuraka détenait sur son territoire, mise à disposition d’un certain nombre de travailleurs pour effectuer la mita (service rendu au
kuraka consistant à garder ses troupeaux, filer et tisser la laine de ses animaux, entretenir sa maisonnée). Bénéficiaire de prestations en travail (corvées), le kuraka ne pouvait exiger de la population assujettie des prestations en nature (tributs). La tributation n’apparut qu’au lendemain de la conquête espagnole. En contrepartie, les prestations de travail reçues obligeaient le
kuraka à l’entretien de tous ceux qui le servaient (nourriture, vêtements, logement) et à la sécurité matérielle des membres de la chefferie, aux besoins des pauvres, des orphelins, des veuves et des familles menacées de disette. Diverses chefferies pouvaient être unies dans la dépendance de l’une d’entre elles pour constituer une chefferie plus importante. A chacun de ces niveaux et entre eux fonctionnait le même système de redistribution (3).
L’empire inca a reproduit la structure et le fonctionnement de la chefferie. L'empereur était le chef du groupe de chefferies constitutif de l'empire et le
kuraka de chaque chefferie devait allégeance à l’Inca et au culte solaire qu’il représentait. Les populations n’étaient pas tributaires mais prestataires de travail. Tous les hommes adultes, c’est-à-dire mariés étaient astreints à la corvée. La population reconnue corvéable était engagée par l’Etat dans des tâches agropastorales, mais aussi dans l’aménagement agraire, la construction et la guerre (3).
Les Incas réorganisèrent les coutumes anciennes et
"divisèrent les terres dont disposaient chaque ayllu en trois parties de taille inégale : la plus grande fut donnée à la communauté en usufruit, les deux autres au culte du Soleil et de l’Etat. Les communautés versaient un tribut textile, dont les pièces étaient emmagasinées dans les dépôts de l’Etat, et effectuaient périodiquement un service obligatoire, la mita, pour tous travaux d’intérêt collectif. Du point de vue administratif, les différentes provinces qui formaient l’empire des quatre quartiers étaient divisées en groupe de 10, 50, 100 ou 1000 tributaires, s’emboitant comme des poupées russes et composées de tous les hommes de 18 à 50 ans et valides" (4).
"Les terres de chaque communauté et certains de leurs animaux étaient également répartis en trois parts : une pour l'ayllu, exploitées selon le système traditionnel, une pour l'État et l'Inca qui le représentait – les derniers Incas possédaient d'immenses domaines, tels Machu Picchu ou Choqek'iraw – et une pour le culte du Soleil. Les revenus de ces terres étaient alloués à la célébration des fêtes. Versés à l'État sous forme de tributs, les excédents agricoles ou pastoraux servaient à l'entretien des fonctionnaires ou des armées, mais pouvaient aussi être redistribués à la population en cas de famine, ou de toute autre calamité, dans le cadre de la réciprocité liant l'Inca aux individus de chaque communauté. En échange, les individus étaient requis par l'État pour la réalisation de travaux d'intérêt collectif, comme l'entretien des routes, des ponts, des canaux d'irrigation et le travail des mines "(5).
"Ainsi, d’un point de vue économique ce qui caractérise au premier chef l’Etat incas par rapport aux autres empires de l’Ancien Monde ou à l’empire aztèque, est qu'il percevait de la plupart de ses sujets non pas un tribut mais des journées de travail : les populations conquises avaient l’obligation de cultiver les terre de l’Inca, de s’occuper de ses troupeaux, de construire des routes, des édifices, des infrastructures agricoles, d’entretenir les caravansérails et de tisser des vêtements avec de la laine ou du coton fournis par l’Etat. Cette corvée s’appelait la mit’a « tour, roulement » […] Souvent consacrées à la culture du maïs, ces terres sont travaillées sous le régime de la mit’a par les paysans, produisant des revenus pour l’Etat et les temples. Chacun des membres d’un lignage, dès lors qu’il a fondé un foyer, doit périodiquement rejoindre le contingent des corvéables que l’ayllu met chaque année, pour un mois ou deux, à disposition du souverain. L’individu qui effectue sa mit’a reçoit nourriture et boisson de l’Etat et réalise son labeur dans un contexte festif qui contribue à rendre supportable le surcroit de travail que l’évènement de l’empire implique pour les populations conquises […] L’administration inca consistait donc essentiellement en un système de mobilisation de la main d’œuvre. Mais ce tableau doit être nuancé : les habitants des côtes […] payaient un tribut qui était en grande partie centralisé dans la cité de Pachacamac. On ignore dans quelle mesure ce tribut coexistait avec une forme de mit’a" (2).Pour des informations plus détaillés, vous pouvez consulter ces ouvrages d’où sont tirés les éléments de notre réponse :
- 1.
Civilisation inca, Wikipédia
- 2.
Les Incas, César Itier.
- 3.
Les Incas, Henri Favre.
- 4.
Les Incas. Peuple du soleil, Carmen Bernand.
- 5.
Incas, Patrice Lecocq (in Encyclopaedia Universalis)