Question d'origine :
Le national socialisme allemand etait-il vraiment socialiste ?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 23/03/2017 à 10h50
Bonjour,
Notre réponse apportée sur Hitler était-il de droite répond à votre interrogation, à savoir s’il était de gauche.
Nous expliquions ainsi que n’étant pas dans un débat d’opinion, contrairement à ce que pourrait laisser penser les différents forums qui discutent de cette question sur le net, nous nous référions aux études publiées par des historiens. Nous proposions ainsi une bibliographie et mentionnions notamment le numéro de laDocumentation photographique de janvier /février 2012 intitulé :
Le nazisme, une idéologie en actes , écrit pas un historien spécialiste de l’Allemagne et de cette période notamment : Johan Chapoutot.
Nous retenons d’abordla définition que ce document propose :
"Le national-socialisme se veut une philosophie politique alternative au communisme, au socialisme, au libéralisme, au catholicisme politique. Il défend une conception holistique du groupe humain, où l’individu est soumis à la totalité. A l’extérieur il est ouvertement impérialiste. Enfin, son racisme est déterminant à l’intérieur (la « nation » est une communauté biologique homogène) comme à l’extérieur ( la race nordique doit combattre et détruire ces ennemis biologiques – les juifs- et conquérir son espace vital.) »
Ces « principes » sont inscrits dans la « bible » du national- socialisme, Mein Kempf , écrit par Hitler en prison dans les années 20.
Plus loin dans ce numéro , on peut lire :
« Le nazisme est-il de droite ou de gauche ?
A ceux qui dans les années 1960 et 1970 conspuaient la droite en l’affublant des épithètes infamantes de « fascistes » et de « nazie » , celle-ci répondait que « nazi » signifiait aussi bien « national » que « socialiste » - argument spécieux , car un socialisme national n’est , par définition, plus un socialisme , attendu que le mouvement ouvrier s’est défini depuis le XIX° siècle comme internationaliste par essence. Ce qui était une dispute politique a également été un débat historiographique : le nazisme a-t-il été un projet révolutionnaire ou réactionnaire ?
Force est de constater que le discours est à l’origine révolutionnaire : le programme de février 1920 demande la fin des rentiers, la nationalisation des industries, la confiscation des profits de guerre. Le discours nazi redevient fortement antibourgeois à partir de 1943 quand, dans un contexte militaire désespéré, Joseph Goebbels, en charge de la propagande nazie, retrouve ses accents révolutionnaires des débuts pour fustiger une aristocratie anémique et une bourgeoisie lâche et égoïste. Cela dit, le « socialisme » des débuts est d’un genre bien particulier : si projet révolutionnaire il y a, c’est un projet national-révolutionnaire et non internationaliste. A l’oppose du mouvement ouvrier socialiste et communiste, les nazis ne connaissent que la nation comme cadre indépassable de l’existence et de l’épanouissement d’une communauté raciale fermée sur elle-même. La rhétorique socialiste (et nationaliste) du parti a aussi une visée tactique : elle doit aimanter les ouvriers et soldats démobilisés, frappés par le chômage et tentés, comme partout en Europe, par la séduction communiste. La bourgeoisie conservatrice munichoise ne s’y trompe pas , qui accueille Hitler dans ses salons et finance le NSADP, lui permettant de fonder son propre journal , le Völksiher Beobachter, d’organiser ses meetings et d’équiper ses SA
[…]
De fait, les douze ans de régime nazi change rien à la structure sociale de l’Allemagne : si quelques établissements scolaires d’élite sont créés pour faciliter la sélection et la formation des futurs cadres du régime, les anciennes élites systématiquement dépouillées, voire décimées en URSS par exemple, sont choyées par le pouvoir nazi, qui en adopte les usages et les codes, comme l’a bien montré l’historien français Fabrice d’Almeida (la vie mondaine sous le nazisme 2006). »
Nous vous laissons consulter notre réponse dans son intégralité. Bonne lecture
Notre réponse apportée sur Hitler était-il de droite répond à votre interrogation, à savoir s’il était de gauche.
Nous expliquions ainsi que n’étant pas dans un débat d’opinion, contrairement à ce que pourrait laisser penser les différents forums qui discutent de cette question sur le net, nous nous référions aux études publiées par des historiens. Nous proposions ainsi une bibliographie et mentionnions notamment le numéro de la
Le nazisme, une idéologie en actes , écrit pas un historien spécialiste de l’Allemagne et de cette période notamment : Johan Chapoutot.
Nous retenons d’abord
"Le national-socialisme se veut une philosophie politique alternative au communisme, au socialisme, au libéralisme, au catholicisme politique. Il défend une conception holistique du groupe humain, où l’individu est soumis à la totalité. A l’extérieur il est ouvertement impérialiste. Enfin, son racisme est déterminant à l’intérieur (la « nation » est une communauté biologique homogène) comme à l’extérieur ( la race nordique doit combattre et détruire ces ennemis biologiques – les juifs- et conquérir son espace vital.) »
Ces « principes » sont inscrits dans la « bible » du national- socialisme, Mein Kempf , écrit par Hitler en prison dans les années 20.
Plus loin dans ce numéro , on peut lire :
« Le nazisme est-il de droite ou de gauche ?
A ceux qui dans les années 1960 et 1970 conspuaient la droite en l’affublant des épithètes infamantes de « fascistes » et de « nazie » , celle-ci répondait que « nazi » signifiait aussi bien « national » que « socialiste » - argument spécieux , car un socialisme national n’est , par définition, plus un socialisme , attendu que le mouvement ouvrier s’est défini depuis le XIX° siècle comme internationaliste par essence. Ce qui était une dispute politique a également été un débat historiographique : le nazisme a-t-il été un projet révolutionnaire ou réactionnaire ?
Force est de constater que le discours est à l’origine révolutionnaire : le programme de février 1920 demande la fin des rentiers, la nationalisation des industries, la confiscation des profits de guerre. Le discours nazi redevient fortement antibourgeois à partir de 1943 quand, dans un contexte militaire désespéré, Joseph Goebbels, en charge de la propagande nazie, retrouve ses accents révolutionnaires des débuts pour fustiger une aristocratie anémique et une bourgeoisie lâche et égoïste. Cela dit, le « socialisme » des débuts est d’un genre bien particulier : si projet révolutionnaire il y a, c’est un projet national-révolutionnaire et non internationaliste. A l’oppose du mouvement ouvrier socialiste et communiste, les nazis ne connaissent que la nation comme cadre indépassable de l’existence et de l’épanouissement d’une communauté raciale fermée sur elle-même. La rhétorique socialiste (et nationaliste) du parti a aussi une visée tactique : elle doit aimanter les ouvriers et soldats démobilisés, frappés par le chômage et tentés, comme partout en Europe, par la séduction communiste. La bourgeoisie conservatrice munichoise ne s’y trompe pas , qui accueille Hitler dans ses salons et finance le NSADP, lui permettant de fonder son propre journal , le Völksiher Beobachter, d’organiser ses meetings et d’équiper ses SA
[…]
De fait, les douze ans de régime nazi change rien à la structure sociale de l’Allemagne : si quelques établissements scolaires d’élite sont créés pour faciliter la sélection et la formation des futurs cadres du régime, les anciennes élites systématiquement dépouillées, voire décimées en URSS par exemple, sont choyées par le pouvoir nazi, qui en adopte les usages et les codes, comme l’a bien montré l’historien français Fabrice d’Almeida (la vie mondaine sous le nazisme 2006). »
Nous vous laissons consulter notre réponse dans son intégralité. Bonne lecture
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