Question d'origine :
en quoi consiste l'ubérisation exactement, exemples à l'appui ?
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 20/03/2017 à 14h57
Bonjour
L’uberisation de l’économie – du nom de la société de transport Uber – désigne une nouvelle tendance, essentiellement dans le domaine des services. Il s’agit d’entreprises qui s’appuient sur le numérique (et notamment les applications pour smartphones) pour développer un nouveau modèle : les personnes qui travaillent pour ces plateformes ne sont plus des employés mais des travailleurs indépendants. Ce phénomène s’inscrit dans l’idée plus générale d’économie collaborative :
« L’économie collaborative recouvre, à la fois, des plateformes d’échanges de biens et de services entre particuliers sans recherche de profit et des plateformes d’offres commerciales. En plein essor, l’économie collaborative tend à faire évoluer le modèle socio-économique et concurrence les activités traditionnelles. […]
L’économie collaborative est une économie de pair à pair. Elle repose sur le partage ou l’échange entre particuliers de biens (voiture, logement, parking, perceuse, etc.), de services (covoiturage, bricolage, etc.), ou de connaissances (cours d’informatique, communautés d’apprentissage, etc.), avec échange monétaire (vente, location, prestation de service) ou sans échange monétaire (dons, troc, volontariat), par l’intermédiaire d’une plateforme numérique de mise en relation.
L’économie collaborative se développe dans tous les secteurs d’activité :
• Logement : location entre particuliers, colocation, échange d’appartement, habitat participatif
• Transport : location de véhicules entre particuliers, échange ou revente de billets de transport, covoiturage, livraison collaborative, voiture de tourisme avec chauffeur (VTC)
• Alimentation : groupements de consommateurs, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), co-restauration
• Équipement divers : vente ou achat de matériel d’occasion, don, prêt, échange ou location de matériel ou appareil
• Habillement : location, don, troc, revente/achat de vêtements
• Services d’aide entre particuliers : courses, bricolage, gardiennage, soins aux animaux
• Culture, enseignement : cours en ligne, soutien scolaire, etc.
Les technologies numériques ont eu un impact déterminant dans l’essor de l’économie collaborative. La crise économique et financière de 2007-2008 a aussi contribué à son développement, les particuliers étant à la recherche d’économies et de revenus complémentaires. Ces mêmes particuliers, dans un contexte de chômage élevé, ont été de plus en plus nombreux à proposer leurs biens ou leurs services de manière régulière. Enfin, l’économie collaborative répond à des phénomènes de sous-utilisation de biens et d’infrastructures en favorisant l’usage des biens plutôt que leur possession.
L’économie collaborative se développe selon deux stratégies face à l’offre conventionnelle :
• en dupliquant les modèles de consommation classiques (prendre un taxi, louer un appartement) mais en utilisant les ressources des particuliers et en proposant des services absents de l’offre classique (applications mobiles, prix attractifs, retour critique sur la prestation, etc.).
• en créant un service nouveau ou complémentaire de l’offre classique. C’est l’exemple du covoiturage qui permet de se rendre à une destination donnée mais selon des modalités différentes des modes de transport traditionnels.
L’économie collaborative vient ainsi bousculer les modèles existants tant pour les consommateurs que pour les entreprises. […]
Le développement de l’économie collaborative, mais aussi plus largement du numérique, contribue à l’émergence de nouvelles formes d’emploi. Des formes hybrides d’emploi, à la frontière du salariat, apparaissent : portage salarial, franchise, contrat de travail temporaire, etc.
En France, le statut d’auto entrepreneur est largement utilisé. Pour les entreprises, ce système a l’avantage de faire diminuer ses coûts. De leur côté, les travailleurs bénéficient d’un contact direct avec leurs clients, sont libres de décider de leurs horaires et peuvent combiner plusieurs activités. Néanmoins, les travailleurs d’une plateforme sont bien juridiquement indépendants, ils échappent à un lien de subordination tel que le définit un contrat de travail, mais ils sont dépendants économiquement de la plateforme. »
Source : L’économie collaborative : un nouveau modèle socio-économique ? / Vie Publique
« Uberisation ? Ce néologisme à la mode cache un tsunami économique. Grâce à la démocratisation du haut débit, des smartphones et de la géolocalisation, des petits malins lancent partout de nouvelles plates-formes en ligne, le plus souvent des applications, qui mettent en relation des travailleurs free-lance et leurs clients sans passer par les intermédiaires classiques. Ces croqueurs de capitaines d'industrie se rémunèrent généralement à la commission.
Leurs modèles ? Airbnb, l'hôtelier sans hôtels devenu premier logeur mondial (1,5 million de chambres), et, bien sûr, Uber, l'application qui a bouleversé le secteur ultraréglementé des taxis sans salarier aucun chauffeur et que les investisseurs valorisent désormais autant que General Motors : 51 milliards de dollars. Nombreuses sont les start-up qui rêvent de faire aussi bien ! […]
Du point de vue du consommateur, l'uberisation est incontestablement une aubaine. D'abord parce que la technologie qu'elle met en branle permet d'améliorer les services. Grâce au système de notes et d'appréciations mis en place sur la plupart des plates-formes, par exemple, l'évaluation des services rendus est permanente, et ce système vertueux suffit à écarter sans délai les mauvais. […]
Certes, les tarifs des applis ne sont pas toujours plus compétitifs que ceux pratiqués par les acteurs classiques, mais ils ont le mérite d'être quasiment toujours fixés à l'avance, ce qui limite les mauvaises surprises. […]
Les consommateurs bénéficient aussi des avantages de la géolocalisation, présente sur une bonne partie des applications. […]
Ultime avantage pour les consommateurs : l'invasion des barbares sur leur territoire force les acteurs traditionnels à se bouger. «Pour conserver leurs parts de marché, ils doivent absolument se mettre au niveau des start-up qui les uberisent», explique Jean-Marc Liduena, associé stratégie et innovation chez Monitor Deloitte. Ainsi, les secteurs les plus touchés, comme l'hôtellerie, font des efforts sur les prix et certains chauffeurs de taxi commencent à offrir des bouteilles d'eau à leurs clients. Et l'Union nationale des taxis est en train de roder en ce moment dans les rues de Bordeaux une application sur le modèle de celle d'Uber.
Pour certains salariés en poste, par contre, l'uberisation est une bien mauvaise nouvelle. Elle nous précipite en effet vers un monde sans CDI, où le Code du travail risque de devenir très vite un chiffon de papier. «Historiquement, l'organisation de la production à vaste échelle avait toujours supposé la mise en place d'une entreprise, or ce n'est plus nécessaire», observe l'économiste Jean Pisani-Ferry. […]
N'y allons pas par quatre chemins : pour le moment, uberisation rime avec précarisation. Non seulement les nouveaux employés «indépendants» ne bénéficient d'aucune garantie, mais ils sont souvent payés au lance-pierre. Il faut dire qu'une bonne partie des tâches proposées par les applis sont très peu lucratives. »
Source : Jusqu’où l’uberisation de la société va-t-elle aller ? / François Miguet, avec Raphaël Goument (in Capital)
« L’uberification de l’économie
La crise financière de 2008 a sans doute aussi servi de catalyseur à ce phénomène. «L’effondrement planétaire de l’économie de la seconde révolution industrielle à l’été 2008 a réveillé la population, affirme Rifkin. En Amérique et ailleurs, des centaines de millions de familles se sont retrouvées encombrées par une foule d’objets qu’elles utilisaient à peine et endettées jusqu’au cou pour les payer. La réalité les a dégrisées.» Force est de constater que c’est effectivement depuis 2008 que la sharing economy explose. Le modèle créé cette année-là par Airbnb dans les nuitées parahôtelières n’a eu de cesse, depuis, de s’étendre à tous les domaines en commençant par le reste de la maison. […]
Après les biens, les services, à commencer par les services financiers, sont aussi touchés par le phénomène. Au lendemain de la débâcle bancaire, un nouveau type d’établissement de crédit est apparu sur internet. Les plateformes de peer-to-peer lending, des prêts directement entre particuliers, comme Zopa, Lending Club et Prosper se sont multipliées.
Elles facilitent des financements moins chers en taux d’intérêt pour les emprunteurs et plus rémunérateurs que ceux des livrets d’épargne pour les prêteurs en éliminant l’infrastructure bancaire. C’est aussi depuis la crise et l’assèchement des canaux classiques de financement en capital que le crowdfunding connaît un invraisemblable essor avec les succès de Kickstarter ou Indiegogo. »
Source : Economie de partage : une révolution se prépare / Fabrice Delaye et Mary Vakardis (in Bilan)
Ainsi, d’après le rapport The Sharing Economy du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC), ce nouveau modèle s’appuie sur plusieurs piliers :
[Nous traduisons] « Des plateformes digitales qui connectent l’offre et la demande
Le modèle de l’économie de partage est hébergé par des plateformes digitales qui sont capables de mesurer de façon précise et en temps réel l’offre et de connecter dynamiquement cette offre avec ceux qui en ont besoin.
- Airbnb associe les habitations libres avec les voyageurs en recherche d’un hébergement
- Zipear associe les voitures libres avec la demande locale. […]
Des transactions qui offrent un accès plutôt qu’une propriété
L’accès peut prendre de nombreuses formes, mais toutes sont ancrées dans la capacité de réaliser plus de choix tout en atténuant les coûts associés à la propriété :
• Location
• Prêt
• Abonnement
• Revente
• Troc
• Don
Des formes plus collaboratives de consommation
Les consommateurs qui utilisent les modèles de l’économie collaborative sont souvent plus ouverts avec les transactions qui impliquent des interactions sociales plus profondes que les modèles traditionnels d’échange. »
Le rapport Retour vers le futur remis au Bureau du Conseil privé du Canada vous présente quelques exemples d’entreprises participant à l’uberisation de l’économie :
- « Airbnb
Entreprise fondée en 2008 à San Francisco, Airbnb est un « marché commun » où les personnes peuvent diffuser, découvrir et réserver des modes d’hébergement partout dans le monde, à prix divers, dans plus de 34 000 villes de 190 pays. Depuis 2008, plus de 25 millions de personnes ont utilisé Airbnb pour accéder à plus d’un million d’inscriptions uniques. En date d’octobre 2014, la valeur d’Airbnb était estimée à 13 milliards de dollars, en hausse de trois milliards de dollars par rapport à juillet 2014.
- Uber
Fondée en 2009 à San Francisco, l’entreprise [url=Fondée en 2009 à San Francisco, l’entreprise Uber est un réseau de transport fondé sur une application dont la valeur actuelle est estimée à 40 milliards de dollars américains. Uber, qui se décrit comme une « société technologique » plutôt qu’une entreprise de taxi traditionnelle, détient des biens physiques minimes et voit les chauffeurs comme des « partenaires » qui agissent à titre de contractuels. Les clients utilisent l’application pour entrer directement en communication avec les chauffeurs. En décembre 2014, Uber était offert dans plus de 200 villes de 53 pays.]Uber[/url] est un réseau de transport fondé sur une application dont la valeur actuelle est estimée à 40 milliards de dollars américains. Uber, qui se décrit comme une « société technologique » plutôt qu’une entreprise de taxi traditionnelle, détient des biens physiques minimes et voit les chauffeurs comme des « partenaires » qui agissent à titre de contractuels. Les clients utilisent l’application pour entrer directement en communication avec les chauffeurs. En décembre 2014, Uber était offert dans plus de 200 villes de 53 pays.
- Yerdle
Yerdle est une application d’échange de biens usagés. Ayant pour mission de « réduire de 25 % le nombre de nouveaux biens achetés », Yerdle favorise le troc en récompensant les utilisateurs qui mettent en ligne des images des choses dont ils n’ont plus besoin. Tous les utilisateurs commencent avec 25 $ en crédits Yerdle (les crédits Yerdle servent à « acheter » des biens gratuits) et en accumulent davantage au fur et à mesure qu’ils échangent leurs biens. En avril 2014, Yerdle comptait 50 000 membres, 31 000 biens échangés et un financement de cinq millions de dollars dans les 18 mois suivant son lancement.
- Vandebron
Entreprise des Pays-Bas, Vandebron tire avantage de la déréglementation complète du marché de l’énergie néerlandais pour établir des liens entre les consommateurs et les producteurs d’électricité indépendants, comme les agriculteurs qui possèdent des éoliennes. Les consommateurs parcourent les profils des producteurs selon pour trouver le type de contrat souhaité et la quantité d’énergie dont ils ont besoin. Il y a environ 12 producteurs sur le site, qui fournissent suffisamment d’électricité pour environ 20 000 foyers; ils possèdent la capacité de générer suffisamment d’énergie pour un million de clients. »
Pour aller plus loin :
• Ubérisation : un ennemi qui vous veut du bien ? / Denis Jacquet et Gégoire Leclercq
• Uberisation : économie déchirée / Bruno Teboul et Thierry Picard
• Travailler au XXIe siècle : l’ubérisation de l’économie ? / Jacques Barthélémy et Gilbert Cette
• L’Uberisation, l’automatisation… Le travail, les emplois de la seconde vague du numérique / Bruno Teboul
• Economie de partage : une économie collaborative et solidaire ? / Nancy Neamtan (in Chantier de l’économie sociale)
• Michel Bauwens : « Uber et Airbnb n’ont rien à voir avec l’économie de partage » / Claire Legros (in Le Monde)
Bonne journée
L’uberisation de l’économie – du nom de la société de transport Uber – désigne une nouvelle tendance, essentiellement dans le domaine des services. Il s’agit d’entreprises qui s’appuient sur le numérique (et notamment les applications pour smartphones) pour développer un nouveau modèle : les personnes qui travaillent pour ces plateformes ne sont plus des employés mais des travailleurs indépendants. Ce phénomène s’inscrit dans l’idée plus générale d’économie collaborative :
« L’économie collaborative recouvre, à la fois, des plateformes d’échanges de biens et de services entre particuliers sans recherche de profit et des plateformes d’offres commerciales. En plein essor, l’économie collaborative tend à faire évoluer le modèle socio-économique et concurrence les activités traditionnelles. […]
L’économie collaborative est une économie de pair à pair. Elle repose sur le partage ou l’échange entre particuliers de biens (voiture, logement, parking, perceuse, etc.), de services (covoiturage, bricolage, etc.), ou de connaissances (cours d’informatique, communautés d’apprentissage, etc.), avec échange monétaire (vente, location, prestation de service) ou sans échange monétaire (dons, troc, volontariat), par l’intermédiaire d’une plateforme numérique de mise en relation.
L’économie collaborative se développe dans tous les secteurs d’activité :
• Logement : location entre particuliers, colocation, échange d’appartement, habitat participatif
• Transport : location de véhicules entre particuliers, échange ou revente de billets de transport, covoiturage, livraison collaborative, voiture de tourisme avec chauffeur (VTC)
• Alimentation : groupements de consommateurs, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), co-restauration
• Équipement divers : vente ou achat de matériel d’occasion, don, prêt, échange ou location de matériel ou appareil
• Habillement : location, don, troc, revente/achat de vêtements
• Services d’aide entre particuliers : courses, bricolage, gardiennage, soins aux animaux
• Culture, enseignement : cours en ligne, soutien scolaire, etc.
Les technologies numériques ont eu un impact déterminant dans l’essor de l’économie collaborative. La crise économique et financière de 2007-2008 a aussi contribué à son développement, les particuliers étant à la recherche d’économies et de revenus complémentaires. Ces mêmes particuliers, dans un contexte de chômage élevé, ont été de plus en plus nombreux à proposer leurs biens ou leurs services de manière régulière. Enfin, l’économie collaborative répond à des phénomènes de sous-utilisation de biens et d’infrastructures en favorisant l’usage des biens plutôt que leur possession.
L’économie collaborative se développe selon deux stratégies face à l’offre conventionnelle :
• en dupliquant les modèles de consommation classiques (prendre un taxi, louer un appartement) mais en utilisant les ressources des particuliers et en proposant des services absents de l’offre classique (applications mobiles, prix attractifs, retour critique sur la prestation, etc.).
• en créant un service nouveau ou complémentaire de l’offre classique. C’est l’exemple du covoiturage qui permet de se rendre à une destination donnée mais selon des modalités différentes des modes de transport traditionnels.
L’économie collaborative vient ainsi bousculer les modèles existants tant pour les consommateurs que pour les entreprises. […]
Le développement de l’économie collaborative, mais aussi plus largement du numérique, contribue à l’émergence de nouvelles formes d’emploi. Des formes hybrides d’emploi, à la frontière du salariat, apparaissent : portage salarial, franchise, contrat de travail temporaire, etc.
En France, le statut d’auto entrepreneur est largement utilisé. Pour les entreprises, ce système a l’avantage de faire diminuer ses coûts. De leur côté, les travailleurs bénéficient d’un contact direct avec leurs clients, sont libres de décider de leurs horaires et peuvent combiner plusieurs activités. Néanmoins, les travailleurs d’une plateforme sont bien juridiquement indépendants, ils échappent à un lien de subordination tel que le définit un contrat de travail, mais ils sont dépendants économiquement de la plateforme. »
Source : L’économie collaborative : un nouveau modèle socio-économique ? / Vie Publique
« Uberisation ? Ce néologisme à la mode cache un tsunami économique. Grâce à la démocratisation du haut débit, des smartphones et de la géolocalisation, des petits malins lancent partout de nouvelles plates-formes en ligne, le plus souvent des applications, qui mettent en relation des travailleurs free-lance et leurs clients sans passer par les intermédiaires classiques. Ces croqueurs de capitaines d'industrie se rémunèrent généralement à la commission.
Leurs modèles ? Airbnb, l'hôtelier sans hôtels devenu premier logeur mondial (1,5 million de chambres), et, bien sûr, Uber, l'application qui a bouleversé le secteur ultraréglementé des taxis sans salarier aucun chauffeur et que les investisseurs valorisent désormais autant que General Motors : 51 milliards de dollars. Nombreuses sont les start-up qui rêvent de faire aussi bien ! […]
Du point de vue du consommateur, l'uberisation est incontestablement une aubaine. D'abord parce que la technologie qu'elle met en branle permet d'améliorer les services. Grâce au système de notes et d'appréciations mis en place sur la plupart des plates-formes, par exemple, l'évaluation des services rendus est permanente, et ce système vertueux suffit à écarter sans délai les mauvais. […]
Certes, les tarifs des applis ne sont pas toujours plus compétitifs que ceux pratiqués par les acteurs classiques, mais ils ont le mérite d'être quasiment toujours fixés à l'avance, ce qui limite les mauvaises surprises. […]
Les consommateurs bénéficient aussi des avantages de la géolocalisation, présente sur une bonne partie des applications. […]
Ultime avantage pour les consommateurs : l'invasion des barbares sur leur territoire force les acteurs traditionnels à se bouger. «Pour conserver leurs parts de marché, ils doivent absolument se mettre au niveau des start-up qui les uberisent», explique Jean-Marc Liduena, associé stratégie et innovation chez Monitor Deloitte. Ainsi, les secteurs les plus touchés, comme l'hôtellerie, font des efforts sur les prix et certains chauffeurs de taxi commencent à offrir des bouteilles d'eau à leurs clients. Et l'Union nationale des taxis est en train de roder en ce moment dans les rues de Bordeaux une application sur le modèle de celle d'Uber.
Pour certains salariés en poste, par contre, l'uberisation est une bien mauvaise nouvelle. Elle nous précipite en effet vers un monde sans CDI, où le Code du travail risque de devenir très vite un chiffon de papier. «Historiquement, l'organisation de la production à vaste échelle avait toujours supposé la mise en place d'une entreprise, or ce n'est plus nécessaire», observe l'économiste Jean Pisani-Ferry. […]
N'y allons pas par quatre chemins : pour le moment, uberisation rime avec précarisation. Non seulement les nouveaux employés «indépendants» ne bénéficient d'aucune garantie, mais ils sont souvent payés au lance-pierre. Il faut dire qu'une bonne partie des tâches proposées par les applis sont très peu lucratives. »
Source : Jusqu’où l’uberisation de la société va-t-elle aller ? / François Miguet, avec Raphaël Goument (in Capital)
«
La crise financière de 2008 a sans doute aussi servi de catalyseur à ce phénomène. «L’effondrement planétaire de l’économie de la seconde révolution industrielle à l’été 2008 a réveillé la population, affirme Rifkin. En Amérique et ailleurs, des centaines de millions de familles se sont retrouvées encombrées par une foule d’objets qu’elles utilisaient à peine et endettées jusqu’au cou pour les payer. La réalité les a dégrisées.» Force est de constater que c’est effectivement depuis 2008 que la sharing economy explose. Le modèle créé cette année-là par Airbnb dans les nuitées parahôtelières n’a eu de cesse, depuis, de s’étendre à tous les domaines en commençant par le reste de la maison. […]
Après les biens, les services, à commencer par les services financiers, sont aussi touchés par le phénomène. Au lendemain de la débâcle bancaire, un nouveau type d’établissement de crédit est apparu sur internet. Les plateformes de peer-to-peer lending, des prêts directement entre particuliers, comme Zopa, Lending Club et Prosper se sont multipliées.
Elles facilitent des financements moins chers en taux d’intérêt pour les emprunteurs et plus rémunérateurs que ceux des livrets d’épargne pour les prêteurs en éliminant l’infrastructure bancaire. C’est aussi depuis la crise et l’assèchement des canaux classiques de financement en capital que le crowdfunding connaît un invraisemblable essor avec les succès de Kickstarter ou Indiegogo. »
Source : Economie de partage : une révolution se prépare / Fabrice Delaye et Mary Vakardis (in Bilan)
Ainsi, d’après le rapport The Sharing Economy du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC), ce nouveau modèle s’appuie sur plusieurs piliers :
[Nous traduisons] « Des plateformes digitales qui connectent l’offre et la demande
Le modèle de l’économie de partage est hébergé par des plateformes digitales qui sont capables de mesurer de façon précise et en temps réel l’offre et de connecter dynamiquement cette offre avec ceux qui en ont besoin.
- Airbnb associe les habitations libres avec les voyageurs en recherche d’un hébergement
- Zipear associe les voitures libres avec la demande locale. […]
Des transactions qui offrent un accès plutôt qu’une propriété
L’accès peut prendre de nombreuses formes, mais toutes sont ancrées dans la capacité de réaliser plus de choix tout en atténuant les coûts associés à la propriété :
• Location
• Prêt
• Abonnement
• Revente
• Troc
• Don
Des formes plus collaboratives de consommation
Les consommateurs qui utilisent les modèles de l’économie collaborative sont souvent plus ouverts avec les transactions qui impliquent des interactions sociales plus profondes que les modèles traditionnels d’échange. »
Le rapport Retour vers le futur remis au Bureau du Conseil privé du Canada vous présente quelques exemples d’entreprises participant à l’uberisation de l’économie :
- «
Entreprise fondée en 2008 à San Francisco, Airbnb est un « marché commun » où les personnes peuvent diffuser, découvrir et réserver des modes d’hébergement partout dans le monde, à prix divers, dans plus de 34 000 villes de 190 pays. Depuis 2008, plus de 25 millions de personnes ont utilisé Airbnb pour accéder à plus d’un million d’inscriptions uniques. En date d’octobre 2014, la valeur d’Airbnb était estimée à 13 milliards de dollars, en hausse de trois milliards de dollars par rapport à juillet 2014.
-
Fondée en 2009 à San Francisco, l’entreprise [url=Fondée en 2009 à San Francisco, l’entreprise Uber est un réseau de transport fondé sur une application dont la valeur actuelle est estimée à 40 milliards de dollars américains. Uber, qui se décrit comme une « société technologique » plutôt qu’une entreprise de taxi traditionnelle, détient des biens physiques minimes et voit les chauffeurs comme des « partenaires » qui agissent à titre de contractuels. Les clients utilisent l’application pour entrer directement en communication avec les chauffeurs. En décembre 2014, Uber était offert dans plus de 200 villes de 53 pays.]Uber[/url] est un réseau de transport fondé sur une application dont la valeur actuelle est estimée à 40 milliards de dollars américains. Uber, qui se décrit comme une « société technologique » plutôt qu’une entreprise de taxi traditionnelle, détient des biens physiques minimes et voit les chauffeurs comme des « partenaires » qui agissent à titre de contractuels. Les clients utilisent l’application pour entrer directement en communication avec les chauffeurs. En décembre 2014, Uber était offert dans plus de 200 villes de 53 pays.
-
Yerdle est une application d’échange de biens usagés. Ayant pour mission de « réduire de 25 % le nombre de nouveaux biens achetés », Yerdle favorise le troc en récompensant les utilisateurs qui mettent en ligne des images des choses dont ils n’ont plus besoin. Tous les utilisateurs commencent avec 25 $ en crédits Yerdle (les crédits Yerdle servent à « acheter » des biens gratuits) et en accumulent davantage au fur et à mesure qu’ils échangent leurs biens. En avril 2014, Yerdle comptait 50 000 membres, 31 000 biens échangés et un financement de cinq millions de dollars dans les 18 mois suivant son lancement.
-
Entreprise des Pays-Bas, Vandebron tire avantage de la déréglementation complète du marché de l’énergie néerlandais pour établir des liens entre les consommateurs et les producteurs d’électricité indépendants, comme les agriculteurs qui possèdent des éoliennes. Les consommateurs parcourent les profils des producteurs selon pour trouver le type de contrat souhaité et la quantité d’énergie dont ils ont besoin. Il y a environ 12 producteurs sur le site, qui fournissent suffisamment d’électricité pour environ 20 000 foyers; ils possèdent la capacité de générer suffisamment d’énergie pour un million de clients. »
Pour aller plus loin :
• Ubérisation : un ennemi qui vous veut du bien ? / Denis Jacquet et Gégoire Leclercq
• Uberisation : économie déchirée / Bruno Teboul et Thierry Picard
• Travailler au XXIe siècle : l’ubérisation de l’économie ? / Jacques Barthélémy et Gilbert Cette
• L’Uberisation, l’automatisation… Le travail, les emplois de la seconde vague du numérique / Bruno Teboul
• Economie de partage : une économie collaborative et solidaire ? / Nancy Neamtan (in Chantier de l’économie sociale)
• Michel Bauwens : « Uber et Airbnb n’ont rien à voir avec l’économie de partage » / Claire Legros (in Le Monde)
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