Question d'origine :
Bonjour,
Une classe de notre Lycée prépare un capsule temporelle avec avec des objets d'aujourd'hui et qui sera ouverte en 2046...
Nous nous posons la question de la conservation d'une coupure de presse ( un article d'un quotidien local sur le projet en question): le papier se conserve t-il 30 ans? et l'encre?
Merci par avance
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 18/03/2017 à 10h24
Bonjour,
Comme le relatent Thi-Phuong Nguyen et Philippe Vallas dans l’article La conservation des documents papier. Point sur l'évolution des techniques et des stratégies, « le problème de la conservation des documents en papier est au moins aussi ancien que les bibliothèques ; dès le XIXe siècle, nos prédécesseurs se plaignaient souvent dans leurs rapports du mauvais état de leurs fonds, et les premiers manuels de bibliothéconomie abordaient déjà la question de la conservation.
Celle-ci s’aggrava considérablement au cours des années 1870, avecl’introduction massive dans l’édition du papier de pâte de bois encollé à la colophane en milieu acide , notamment des pâtes mécaniques non raffinées, les moins coûteuses, qui permirent l’essor de la presse à grand tirage et du livre à bon marché.
On connaît le processus chimique d’acidification de ces papiers, décrit dès les années 1930 aux États-Unis : il entraîne, en quelques décennies, un jaunissement, puis une perte de souplesse et de résistance mécanique des feuillets , jusqu’à les rendre incommunicables aux lecteurs. Les conditions environnementales – température, humidité, lumière, pollution – jouent un rôle considérable dans ce processus . Or le papier est bien plus qu’un simple support de l’information, et l’on sait toutes les raisons – intellectuelles, patrimoniales, esthétiques, voire juridiques – qui militent pour la conservation des documents sous leur forme originale.
De nombreux spécialistes sur le terrain peuvent estimer à bon droit que la situation globale ne s’est pas améliorée de façon décisive, pour des motifs évidents.
L’importance du passif était telle qu’il n’a pu être entièrement rattrapé : aux fonds en papier acide des années 1870-1950, qui constituent en général la plus grosse part des collections patrimoniales2, s’ajoutent leurs aînés, en papier chiffon mais qui souffraient d’un retard considérable d’entretien voire de catalogage ;
Le « stock » de documents à traiter continue à s’alimenter de façon massive, pour de nombreuses raisons :
•qualité matérielle toujours médiocre de la production imprimée dans notre pays : malgré sa normalisation (cf. encadré), le papier permanent ne s’est pas imposé dans l’édition française , contrairement à celles de certains pays nordiques ou anglo-saxons ; pour des raisons économiques, la qualité générale du papier d’édition a progressé dans les années 1970-1980 (encollage en milieu neutre ou alcalin et non plus acide), mais ce phénomène a été contre-balancé ensuite par une utilisation croissante du papier recyclé . Dix à quinze ans après leur arrivée sur les rayons, beaucoup de livres récents se mettent à jaunir puis à s’abîmer. De plus, les volumes sortant des presses constituent des objets de plus en plus fragiles : amincissement du carton des couvertures, part croissante des volumes brochés, du coupé-collé, et des documents de type « auto-édition », sommairement assemblés et dont l’encre d’imprimante n’adhère qu’à la surface du papier ;
Par conséquent, pour que l’état de conservation de vos journaux soit convenable en 2046 (c'est à dire non jauni), il faudrait prévoir un bon conditionnement de ceux-ci et prévoir un espace climatisé adapté prévoyant un « système de contrôle climatique, de filtres efficaces contre les polluants, moisissures et insectes ».
Nous vous laissons également consulter notre réponse papier qui jaunit.
Bon voyage.
Comme le relatent Thi-Phuong Nguyen et Philippe Vallas dans l’article La conservation des documents papier. Point sur l'évolution des techniques et des stratégies, « l
Celle-ci s’aggrava considérablement au cours des années 1870, avec
On connaît le processus chimique d’acidification de ces papiers, décrit dès les années 1930 aux États-Unis : il entraîne, en quelques décennies,
De nombreux spécialistes sur le terrain peuvent estimer à bon droit que la situation globale ne s’est pas améliorée de façon décisive, pour des motifs évidents.
L’importance du passif était telle qu’il n’a pu être entièrement rattrapé : aux fonds en papier acide des années 1870-1950, qui constituent en général la plus grosse part des collections patrimoniales2, s’ajoutent leurs aînés, en papier chiffon mais qui souffraient d’un retard considérable d’entretien voire de catalogage ;
Le « stock » de documents à traiter continue à s’alimenter de façon massive, pour de nombreuses raisons :
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Par conséquent, pour que l’état de conservation de vos journaux soit convenable en 2046 (c'est à dire non jauni), il faudrait prévoir un bon conditionnement de ceux-ci et prévoir un espace climatisé adapté prévoyant un « système de contrôle climatique, de filtres efficaces contre les polluants, moisissures et insectes ».
Nous vous laissons également consulter notre réponse papier qui jaunit.
Bon voyage.
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