Question d'origine :
Bonjour,
Une histoire familiale veut que Louis Abrial, Adjudant Chef à au 136ème batterie en charge de la défense aérienne de Lyon aurait piloté le tir ayant abattu un avion bombardier Allemand le 10 Mai 1940. Je viens de retrouver dans les archives familiales un courrier de Monsieur G Bouillat datant de 1963 , ayant servi sous le commandement de L Abrial, qui évoquer et revendique aussi ce fait d'arme. Existe-t-il d'autres sources pouvant éclairer cet évènement? Savez-vous si le positionnement de la 136ème batterie est cohérent avec l'endroit où le bombardier aurait été abattu? Existe-t-il par ailleurs des documents qui pourraient identifier d'autres serveurs de cette batterie?
Bien Cordialement.
V Cervantès (petit fils de L Abrial).
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 15/03/2017 à 11h13
Nous avons consulté le Salut public qui est numérisé et consultable sur le site Mémoire et actualité en Rhône-Alpes
Dans l’article du 10 mai 1940 Lyon-soir/ Le Salut public, titre : Des avions allemands bombardent l’aérodrome de Bron : un avion allemand est abattu, Il n’y a pas de précisions concernant l’identité du tireur, on peut lire seulement :
« (…) Un avion allemand a été abattu dans les environs par la D.C.A.Nous nous excusons de ne pouvoir préciser certains détails ou certains lieux, mais nous sommes tenus à une réserve que nos lecteurs comprendront. »
Nous avons consulté également l’ouvrage intitulé : Le terrain d’aviation de Bron au cours de la seconde guerre mondiale : faits et témoignages. Voici ce que l’on peut lire à propos de cet avion allemand abattu, page 90 :
(...) Il était exactement 4 heures 30, alors qu’un bruit sourd et continu venu du Nord s’amplifiait de minute en minute, les Brondillants se trouvaient brusquement tirés de leur sommeil par le hurlement des sirènes d’alerte. C’était un groupe de neuf bombardiers allemands Heinkel 111 qui venait de larguer une partie de son chargement de bombes sur le terrain d’aviation d’Ambérieu et se dirigeait vers celui de Bron, afin de terminer sa mission. Il s’approchait à basse altitude en trois vagues de trois avions, espacés d’un kilomètre environ les unes des autres.
Aussitôt l’alerte donnée, les pilotes du Groupe de Chasse III/9 basé à Bron recevaient l’ordre de décoller et dès l’apparition des bombardiers ennemis sur l’aérodrome de nombreuses batteries de D.C.A.
(…) Un Heinkel 111 ennemi, touché par le tir intense d’une batterie de D.C.A. mise en place sur un point haut de Parilly, allait se poser en flammes sur la commune de Charvieu-Chavagnieu à moins d’un kilomètre au sud-ouest du cimetière. Ayant sauté en parachute, tous les membres de l’équipage étaient faits prisonniers, quatre aviateurs arrêtés à 8heures 45 et un cinquième retrouvé trente heures après errant dans la campagne à 10 km à l’ouest d Crémieu.
En note de renvoi on peut lire :
-121ème batterie : Bron-Parilly
-122ème batterie : Décines
-123ème batterie : Fort de Saint-Priest
-124ème batterie : Vénissieux
-batterie de Vaulx-en-Velin
Il n’est donc pas question dans cet article de la 136ème batterie.
Dans cette précédente réponse, nous citions un article de Lyon républicain. Il est également précisé que « l’avion a été abattu par un obus tiré d’une batterie de DCA postée dans la banlieue est."
Nous avons également consulté l’article du Progrès du 11 mai 1940. Il est dit :
« (…) La DCA ou nos avions de chasse qui avaient pris l’air, ou tous les deux, peuvent enregistrer un succès positif. Un avion de reconnaissance Heinkel 111, monté par cinq hommes d’équipages a été descendu en feu, quelque part dans l’Isère, à l’Est de Lyon. (…) »
Il n’y a pas dans cet article du Progrès davantage de précisions sur les auteurs du tir.
Nous avons contacté le Musée de l’histoire militaire de Lyon et de sa région ainsi que le CHRD de Lyon, si nous obtenons donc d’autres renseignements nous vous les communiquerons bien sûr ultérieurement.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 22/03/2017 à 09h48
Pour plus de précisions, voici la réponse que nous a très aimablement envoyée le CHRD que nous remercions :
" Un contact du Musée, Paul Mathevet, qui connaît bien toutes ces histoires « aériennes » explique, qu’en effet, toutes les batteries de l'est lyonnais revendiquaient cette victoire. Ci-dessous vous trouverez son compte-rendu concernant la défense anti-aérienne de Lyon et sa région en 39/40 et cet épisode du 10 mai. C’est un tirage au sort qui a attribué la victoire à une batterie particulière…
A l'automne 1939, les autorités militaires souhaitent se prémunir contre les bombardements allemands.
Dans la Région Rhône-Alpes, les zones sensibles aux bombardements sont la région lyonnaise, les sites industriels de Givors et de Saint Etienne.
Les moyens de défense mis en place sont:
• création dans le nord du Dauphiné et du Bugey d'un réseau de deux ou trois détecteurs acoustiques (les grandes oreilles avant l'heure) susceptibles d'entendre le bruit des moteurs des bombardiers ennemis, en liaison avec les unités de défenses antiaériennes. On ignore si ces détecteurs ont entendu quelque chose !
• positionnement d'escadrilles d'aviation de chasse à Bron: GC III/9 et escadrilles polonaises équipées de Dewoitine 501, Bloch 151 et Morane 406, du Groupe de Chasse de nuit V/13 à Loyettes équipé de Potez 63/11.
• une quinzaine de batteries de défenses antiaériennes positionnées autour de Lyon, dont cinq dans l'est lyonnais (121ème batterie à Bron-Parilly équipée de canons de 75, 122ème batterie à Décines équipée de canons de 75 long pour le tir antiaérien, 123ème batterie au fort de Saint Priest équipée d'un canon de 75, 124ème batterie à Vénissieux, batterie de Vaulx en Velin équipée d'un canon anglais de 94 mm, section de mitrailleuses lourdes de 13,2 mm ceinturant le terrain d'aviation de Bron). Toutes ces batteries dépendent du 41ème Groupe de DAT (Défense aérienne du territoire) dont l'Etat-Major est installé au Fort de Bron. Cet Etat-Major, qui a un rôle administratif et de transmission de l'alerte aux batteries, est lui-même relié aux postes de guet et d'écoute situés dans le nord et l'est de la région lyonnaise. Il est placé sous les ordres du commandant BLONDEL assisté des lieutenants HOURS et CATTON. Dans la périphérie de Saint Etienne, on peut citer la batterie de la Ronze (voir encart).
• positionnement d'unités de défense antiaériennes et d'aérostiers aux environs de Givors. Le Capitaine MINOCCHIO, Commandant la 214è Compagnie d'Aérostation de Protection, en assure le Commandement depuis Givors.
Communay : Deux siècles d'Histoire par Paul BERTRAND
A l'automne 1939, pour défendre les gares de triage de Chasse et de Badan ainsi que les usines de Chasse et de Givors, une batterie de DCA (défense contre avion) est installée à Cornavan. Quatre canons de 75 mm long tractés sont installés sous le couvert de grands cerisiers en plein vent. Tout le matériel annexe était entreposé sous les grands peupliers de Monsieur Reymond dont le hangar et les bâtiments adjacents ont été réquisitionnés pour loger les 225 hommes de troupe. Des officiers eux logeaient à l'auberge des Pins.
Un poste d'observation dépendant de cette batterie était posté sur le coteau de Gilabert. Six hommes se relayaient 24 heures sur 24 afin d'observer et de prévenir les artilleurs de l'arrivée des avions ennemis. Ils étaient équipés de grandes paraboles, tournant sans cesse,l'ancêtre du radar.
Pour compléter cette défense antiaérienne, un détachement d'aérostiers était basé à Chasse. De temps en temps, o, voyait monter dans le ciel «les saucisses», sortes de ballons captifs allongés d'ou leur surnom, retenu par des câbles, censés gêner l'aviation ennemie.
Trois batteries de projecteurs furent installées sur la commune de Chaponnay : près de l'église, au mas d'Avesne, au Col de Bel Air (route de Marennes).
C'était la drôle de guerre où pratiquement rien ne se passait. Cette période a été ponctuée de communiqués officiels RAS (rien à signaler) jusqu'à l'attaque éclair des armées allemandes en mai et juin. Elle fut suivie de la débâcle, de l'armistice et de l'occupation de la France.
La batterie est restée jusqu'en juin 1940, au moment de la déroute de l'armée française. Les hommes en prenant la fuite ont fait sauter les munitions, ce qui provoqua un énorme feu d'artifice. Ils abandonnèrent tout sur place, le matériel, les armes,munitions et beaucoup d'affaires personnelles (l'aumônier avait même laissé son autel portatif).
Vendredi 10 mai
A 4h 12, les messages des postes de guet avancés signalent des avions douteux se dirigeant vers la région lyonnaise.
Au Groupe de Chasse III/9 stationné à Bron, l'ordre de décollage est donné par le Capitaine TOURNUS. La première patrouille d'alerte, sur Bloch 151, composée de l'adjudant-chef CHAPOUR et du sergent SAUZE prend l'air. Elle est suivie d'une deuxième patrouille, sur Bloch 151, composée du sous-lieutenant COMBEBIAS et de l'adjudant BARITEL. Le capitaine BILLON décolle à son tour à bord d'un Dewoitine 501.
Neuf avions allemands, probablement des Heinkel 111, volant par groupes trois arrivent à basse altitude sur le terrain d'aviation de Bron. La DCA de la région lyonnaise entrent en action. Un de ces avions volant à une trentaine de mètres d'altitude largue deux bombes, à l'ouest de la base aérienne, détruisant une baraque et incomplètement une autre. Une trentaine de bombes de 50 à 100 kg sont larguées, d'autres appareils mitraillent les hangars d'aviation, le bâtiment du parc aéronautique et l'aéroport. Les dégâts matériels ne sont pas très importants sur la base, mais il y a des dégâts matériels; à Bron, des maisons et des fermes sont incendiées; à Vaulx en Velin. au quartier de la Côte, de nombreuses bombes à retardement tombent dans la citée ouvrière de l'usine de la Soie artificielle du sud-est. Toutefois, les pertes humaines sont sensibles: 16 tués : 8 aviateurs polonais, 8 aviateurs français et 5 parmi la population civile du voisinage; ainsi que 35 blessés français.
Lors de ce bombardement, toutes les batteries de l'est lyonnais sont intervenues. Par tirage au sort, c'est la batterie de Bron-Parilly, qui se voit attribuer une victoire. Lors du bombardement, le 10 mai 1940, la batterie de Parilly abat un bombardier bimoteur, Heinkel 111, ce qui vaut la Croix de Guerre à son chef, le lieutenant de réserve Goudard. En effet, vers 4h 30, le Heinkel 111 H 6, codé 9K-DS, de la 8è escadrille du 3è Groupe de la 51è escadre de bombardement, touché par les tirs antiaériens s'écrase en brûlant en bordure de la commune de Colombier-Saugnieu et de Chavagneux. Les cinq membres d'équipage ont sauté en parachute: Adjudants ELLGAS, WAGNER et BAUERLE, sergent HEISER et caporal NEUMAYER; quatre sont capturés, le cinquième qui a disparu dans les bois sera fait prisonnier dans les heures qui suivent.
A 4h 30, l'alerte par sirène sur la ville de Lyon ne fut donnée qu' environ quinze minutes après l'attaque et le début des tirs de la DCA.
Dans l'après-midi, vers16 heures, une nouvelle alerte a lieu, mais de moindre importance que celle du matin. Deux personnes sont tuées sur la base aérienne de Bron.
En cours de journée, les unités aériennes qui sont présentes sur le terrain d'aviation de Bron rejoignent leur terrain de dégagement prévu à l'avance:
• à Satolas, pour le Groupe de Chasse III/9.
• à Corbas, pour les escadrilles polonaises à l'instruction et pour le Groupe de Chasse polonais 1/145.
• dans l'est lyonnais pour les unités spécialisées. "
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