Question d'origine :
Cela m'a toujours amusé et intrigué de voir les fans d'une personne qui fait de la politique se faire nommer:
exemple les " chircquiens" , " les sarkosistes", etc
Pour quelqu'un qui s'appelle Dupont, que doit'on dire dupontien, dupontiste ?
Pour Martin : martinniens, martintiste ?
Quelles sont les rêgles gramaticales à ce sujet ?
Merci pour votre réponse bonne journée
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/03/2017 à 17h21
Bonjour,
" Les dérivations politiques de noms propres existent depuis toujours. Mais comment "Sarkozy" devient "sarkozyste", voire "sarkozien" ? Qui a pu décider que les supporters de Hollande deviendraient des "hollandais" et pas des "hollandistes" ? Examen.
"-iste tu es, -ien tu deviendras...peut-être !" C'est en substance ce qu'explique Marc Arabyan, professeur de linguistique à l'université de Limoges, si on lui demande comment sont attribués ces suffixes attachés aux noms des dirigeants politiques.
La règle semble être simple : le -iste désigne le partisan au sens politique, idéologique et d'une certaine façon militant du terme. Il accompagne aussi l'ascension, la conquête. Vient ensuite le -ien, une fois le feu de l'action passé, le pouvoir - enfin - exercé et après maturation critique du système (désigné en -isme).
Ainsi, depuis le général de Gaulle, tous les présidents de la République, leurs mouvements et leurs militants sont passés du -iste au -ien : "Giscardien", "pompidolien", "gaullien", "mitterrandien" ou "chiraquien" sont ainsi plus usités que les dérivés en -iste."
Mais il précise aussi que des questions de "phonie" peuvent entrer en jeu.
source : Linguistique : pourquoi parle-t-on de "sarkozystes" et de "hollandais" ? / Hervé Pozzo
Le suffixe-iste serait plus partisan et militant, le suffixe -ien plus général et relatif à la personne.
Par exemple "les gaullistes sont attachés au parti de de Gaulle alors que les gaulliens lui préfèrent la pensée et l'action sans se montrer partisan.
Le régime gaulliste, les mouvements gaullistes sont la traduction d'un parti-pris ; les gestes gaulliens ou les paroles gaulliennes peuvent venir de rangs non gaullistes.
Cette antithèse ne se retrouve que fort partiellement dans mitterrandiste et mitterrandien, ou jospiniste et jospinien, chiraquiste et chiraquien, jauressiste et jauressien."
source : Les adjectifs tirés de patronymes / desiderio
Cette ambiguïté est relevée et analysée dans Les mots, leur sens, leur forme, leur création et leur reconnaissance :
" Au sein des dérivés d’anthroponymes, lorsque les deux dérivés existent, la répartition sémantique est nette :
- Le suffixe–ien construit des adjectifs relatifs à la personne dont le nom sert de base à l’adjectif : gaullien « relatif à la personne de de Gaulle »
- Le suffixe–iste construit des adjectifs à valeur de partisan de la personne dont le nom sert de base à l’adjectif ou du courant politique dont elle est le représentant emblématique : gaulliste « relatif à de Gaulle en tant que représentant d’une certaine politique ».
Mais lorsqu’il n’y a qu’un seul de ces dérivés, il est susceptible de couvrir l’ensemble des effets de dérivation » (M. Noailly), c’est-à-dire qu’il peut avoir des emplois relationnels et des emplois partisans . Le problème est donc de savoir comment se fait le choix de la forme suffixale puisque les deux suffixes semblent également disponibles."
D. Limame, après une étude portant sur les dérivés d’hommes politiques français, relève le caractère "phonique" de choix.
Il constate que "l’on peut dégager un certain nombre detendances indiquant les préférences des suffixes en fonction de la nature de la dernière attaque . Par exemple, on peut constater que le [t], le [r] et le [n] sont très mal représentés devant –ien alors que le suffixe –iste semble répugner à s’adjoindre à des sifflantes. Ces résultats ne sont pas surprenants, puisqu’on sait que ces finales sont respectivement problématiques pour chacun de ces suffixes."
Selon ce schéma, nous appellerons donc de préférence les partisans de M. Dupont, les dupontistes et les partisans de M. Martin, les martinistes.
Mais comme vous l'aurez compris, il n'y a pas de règle grammaticale qui s'applique ici, l'histoire nous dira comment ces "fans" choisiront de s'appeler !
Bonne journée.
" Les dérivations politiques de noms propres existent depuis toujours. Mais comment "Sarkozy" devient "sarkozyste", voire "sarkozien" ? Qui a pu décider que les supporters de Hollande deviendraient des "hollandais" et pas des "hollandistes" ? Examen.
"-iste tu es, -ien tu deviendras...peut-être !" C'est en substance ce qu'explique Marc Arabyan, professeur de linguistique à l'université de Limoges, si on lui demande comment sont attribués ces suffixes attachés aux noms des dirigeants politiques.
Ainsi, depuis le général de Gaulle, tous les présidents de la République, leurs mouvements et leurs militants sont passés du -iste au -ien : "Giscardien", "pompidolien", "gaullien", "mitterrandien" ou "chiraquien" sont ainsi plus usités que les dérivés en -iste."
Mais il précise aussi que des questions de "phonie" peuvent entrer en jeu.
source : Linguistique : pourquoi parle-t-on de "sarkozystes" et de "hollandais" ? / Hervé Pozzo
Le suffixe
Par exemple "les gaullistes sont attachés au parti de de Gaulle alors que les gaulliens lui préfèrent la pensée et l'action sans se montrer partisan.
Le régime gaulliste, les mouvements gaullistes sont la traduction d'un parti-pris ; les gestes gaulliens ou les paroles gaulliennes peuvent venir de rangs non gaullistes.
Cette antithèse ne se retrouve que fort partiellement dans mitterrandiste et mitterrandien, ou jospiniste et jospinien, chiraquiste et chiraquien, jauressiste et jauressien."
source : Les adjectifs tirés de patronymes / desiderio
Cette ambiguïté est relevée et analysée dans Les mots, leur sens, leur forme, leur création et leur reconnaissance :
" Au sein des dérivés d’anthroponymes, lorsque les deux dérivés existent, la répartition sémantique est nette :
- Le suffixe
- Le suffixe
Mais lorsqu’il n’y a qu’un seul de ces dérivés, il est susceptible de couvrir l’ensemble des effets de dérivation » (M. Noailly), c’est-à-dire qu’
D. Limame, après une étude portant sur les dérivés d’hommes politiques français, relève le caractère "phonique" de choix.
Il constate que "l’on peut dégager un certain nombre de
Selon ce schéma, nous appellerons donc de préférence les partisans de M. Dupont, les dupontistes et les partisans de M. Martin, les martinistes.
Mais comme vous l'aurez compris, il n'y a pas de règle grammaticale qui s'applique ici, l'histoire nous dira comment ces "fans" choisiront de s'appeler !
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter