Question d'origine :
bonjour, je souhaite faire une recherche sur les mécanismes qui pourraient expliquer que des personnes reproduisent toujours des situations d'échecs ? pas dans le cas de l'échec scolaire mais le fait que des individuels aient des parcours jalonnés d'échec et de rupture. ma demande s'effectue dans le cadre d'une recherche en tant qu'éducatrice spécialisée
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 02/03/2017 à 13h59
Bonjour,
« L’échec consiste dans la non-concordance, culpabilisante pour son auteur, d’un projet et de sa réalisation. L’échec se distingue de l’insuccès en ce que, le plus souvent, il implique un sentiment douloureux de responsabilité, voire de culpabilité de son auteur qui le vit non comme un évènement conséquent à d’autres évènements sur lesquels il ne peut avoir prise, mais comme une sanction liée plus ou moins à une faute personnelle. Il y a échec lorsque quelqu’un ne parvient pas à réaliser un projet qu’il a fait sien. Par contre, on ne peut parler que d’insuccès dans le cas où il ne parvient pas à réaliser u projet qui lui demeure extérieur, lorsqu’il ne se pas concerné par la mise en concordance du projet « d’un autre » avec sa propre action réalisatrice. Il n’est, à proprement parler, d’échec que de l’auteur réel du projet non réalisé. Définition de H. Hannoun pour l’Encyclopédie philosophique universelle, Volume 1 des Notions philosophiques, aux Presses Universitaires de France.
Voir aussi les articlesEchec et Névrose d'échec de Laforgue . (Article de l’Encyclopaedia Universalis accessible dans les locaux de la bibliothèque, ou en vous connectant avec vos identifiants d’abonné).
Et cette définition duVocabulaire de psychanalyse de Laplanche et Pontalis.
Freud ne parle pas de « névrose d’échec ». Il souligne que c’est une frustration interne qui empêche la réalisation de son désir, car ce désir serait en porte-à-faux avec certaines exigences de sa conscience ; « C’est plutôt le caractère (secrètement) insupportable et inadmissible du succès qui en transforme la jouissance en inappétence.» (PL Assoun, suite de l’articleEchec des Notions philosophiques déjà citées.
Le texte de référence de Freud, dans les Essais de psychanalyse appliquée, s’intitule « Quelques types de caractère dégagés par la psychanalyse » (1915-1916) comporte un chapitre intitulé "Ceux qui échouent devant le succès" .
Plus récemment, les psychologues anglo-saxons se sont intéressés à la psychologie de la motivation, des émotions et de la performance. En consultant le manuelPsychologie de la motivation et des émotions vous rencontrerez des développements concernant les thématiques principales de ce courant qui peuvent éclairer les conceptions de l’échec.
C’est le cas par exemple de la notion d’autonomie . « Le comportement est autonome (ou autodéterminé) lorsque nos intérêts, préférences et besoins guident notre prise de décision à s’engager ou non dans une activité particulière. Nous ne sommes pas autodéterminés (c’est-à-dire que nos comportements sont déterminés par d’autres) lorsqu’une force extérieure nous met la pression pour que nous pensions, sentions ou nous comportions d’une façon particulière. Formellement, l’autonomie (autodétermination) est le besoin de vivre l’expérience du choix dans l’initiation et la régulation du comportement, et elle reflète le désir d’avoir ses propres choix plutôt que d’être face à une détermination de ses actions par les évènements de l’environnement. (p. 132)(…) Les environnements soutenant l’autonomie encouragent les gens à fixer leurs propres buts, à diriger leur propre comportement, à choisir leurs propres méthodes pour résoudre les problèmes et, fondamentalement, à poursuivre leurs propres intérêts et valeurs. En agissant de la sorte, le soutien de l’autonomie catalyse la motivation intrinsèque de la personne, sa curiosité et son désir pour le défi. (p. 134). Lorsque les gens font face à des tâches de difficulté moyenne, ils sont aussi susceptibles de subir un échec et une frustration que de connaître le succès et le plaisir. En fait, une marque du défi optimal est que le succès et l’échec sont équiprobables. (…) Si elle est intense, la crainte de l’échec peut motiver des comportements d’évitement de façon à ce que les gens sortent de leur chemin afin d’échapper au défi. (…) La tolérance de l’erreur, la tolérance de l’échec et la prise de risque reposent sur la conviction que nous apprenons davantage de l’échec que nous le faisons de la réussite. Cela contribue à expliquer pourquoi les gens se sentent plus compétents dans des environnements propices à l’autonomie et tolérants à l’échec que dans des environnements de contrôle et intolérants à l’échec. » (p. 146).
Sur la question de l’autonomie (autodétermination) la lecture du manuelLa théorie de l'autodétermination pourrait aussi vous intéresser, notamment le chapitre 4, La théorie de l’autoconcordance : pourquoi le fait de choisir les bons objectifs peut faire toute la différence.
« Beaucoup expliquent leurs échecs par un manque de motivation. Cependant, le fait que nous ayons parfois échoué devant certains objectifs n’implique pas que nous soyons condamnés à tout rater. Après tout, bien que nous n’ayons pas atteint certains objectifs, nous réussissons pour beaucoup d’autres. (…) Nous sommes d’avis qu’un ingrédient important pour atteindre ces objectifs et en être satisfait est de nous fixer des objectifs qui correspondent à notre personnalité, ou en d’autres termes des objectifs qui sont « concordants avec le soi » (ou « autoconcordants »). (…) Une question importante qui en découle concerne cependant les raisons pour lesquelles il arrive que les gens choisissent des objectifs qui ne sont pas cohérents avec leur système de personnalité « profonde ». Des arguments plausibles peuvent être avancés pour mettre en évidence le rôle des pressions environnementales et sociales sui poussent des individus à poursuivre des objectifs indépendamment d’un intérêt personnel, les obligeant à ne pas tenir compte de ce qu’ils veulent réellement. De manière similaire, l’aveuglement motivé dans le but d’augmenter son estime de soi pourrait également jouer un rôle. Au-delà de ces facteurs, certaines recherches suggèrent une troisième possibilité : beaucoup d’humains n’ont pas les habiletés nécessaires à l’introspection précise des nombreuses facettes de leur système de personnalité et demeurent donc ignorants en ce qui concerne la manière dont ils devraient choisir les plus concordants avec le soi. » (…) Les études montrent que le fait de poursuivre des objectifs concordant avec le soi plutôt que non-concordants est associé à un effort maintenu, prédit l’atteint de l’objectif et est associé au bien-être lors de l’atteinte de l’objectif. »
Nous vous laissons le soin de poursuivre la lecture de ces études concernant les notions d’autodétermination, de motivation et de performance.
Parmi les besoins sociaux, les auteurs dePsychologie de la motivation et des émotions repèrent le besoin d’accomplissement qui est « le désir de bien faire par rapport à une norme d’excellence. Il motive les gens à rechercher « la réussite dans une compétition avec une norme d’excellence » ( …) Ce que tous les types de situations d’accomplissement ont en commun est que la personne rencontre une norme d’excellence et est dynamisée par cette norme, en grande partie parce qu’elle sait que la prochaine performance va produire une évaluation émotionnellement significative de la compétence personnelle ». (p. 201)
Une autre notion traitée dans cet ouvrage pourrait vous éclairer sur les conduites d’échec, c’est celle d’impuissance acquise . « Lorsque les gens se livrent à une tâche, plusieurs conséquences sont généralement en jeu. Au début ou au cours de leur engagement dans la tâche, les gens établissent une prévision subjective du point auquel les conséquences en jeu sont contrôlables versus incontrôlables. (…) L’impuissance acquise survient lorsque l’individu s’attend à ce que les conséquences de la vie soient incontrôlables. » (p. 282)
De la page 292 à la page 295, vous verrez l’influence de ce sentiment d’impuissance et de la dépression sur les performances des individus.
Vous pourriez d’orienter votre recherche du côté :
- dusentiment d’infériorité , analysé comme une tension entre le moi et un idéal, pour le dire brièvement. (Article de l’Encyclopaedia Universalis accessible dans les locaux de la bibliothèque ou en vous connectant avec vos identifiants d’abonné).
- del'anxiété de performance ,
- dusentiment d’incompétence ,
- del’estime de soi dans cet article de Christophe André,
- de la notion de « niveau d’aspiration » telle qu’elle est définie dans l’ouvrage d’Alex Mucchielli, Les motivations : « Le niveau d’aspiration s’exprime concrètement dans le but qu’un sujet ou groupe se propose d’atteindre dans une activité dans laquelle il se trouve engagé. Il est défini par la difficulté de l’atteinte de ces buts et par la valorisation que l’on peut retirer de ce succès. Quelqu’un ayant un niveau d’aspiration élevé désirera toujours soit faire quelque chose de difficile, soit occuper une situation supérieure à sa situation actuelle, soit faire mieux que les autres. » (p. 102-103)
- des ouvrages du philosophe Charles Pépin , comme Les vertus de l'échec
et son article dansle Nouvel économiste .
- de celui du psychiatre Jean Cottraux,La répétition des scénarios de vie .
Bon travail !... et bonne réussite !
« L’échec consiste dans la non-concordance, culpabilisante pour son auteur, d’un projet et de sa réalisation. L’échec se distingue de l’insuccès en ce que, le plus souvent, il implique un sentiment douloureux de responsabilité, voire de culpabilité de son auteur qui le vit non comme un évènement conséquent à d’autres évènements sur lesquels il ne peut avoir prise, mais comme une sanction liée plus ou moins à une faute personnelle. Il y a échec lorsque quelqu’un ne parvient pas à réaliser un projet qu’il a fait sien. Par contre, on ne peut parler que d’insuccès dans le cas où il ne parvient pas à réaliser u projet qui lui demeure extérieur, lorsqu’il ne se pas concerné par la mise en concordance du projet « d’un autre » avec sa propre action réalisatrice. Il n’est, à proprement parler, d’échec que de l’auteur réel du projet non réalisé. Définition de H. Hannoun pour l’Encyclopédie philosophique universelle, Volume 1 des Notions philosophiques, aux Presses Universitaires de France.
Voir aussi les articles
Et cette définition du
Freud ne parle pas de « névrose d’échec ». Il souligne que c’est une frustration interne qui empêche la réalisation de son désir, car ce désir serait en porte-à-faux avec certaines exigences de sa conscience ; « C’est plutôt le caractère (secrètement) insupportable et inadmissible du succès qui en transforme la jouissance en inappétence.» (PL Assoun, suite de l’article
Le texte de référence de Freud, dans les Essais de psychanalyse appliquée, s’intitule «
Plus récemment, les psychologues anglo-saxons se sont intéressés à la psychologie de la motivation, des émotions et de la performance. En consultant le manuel
C’est le cas par exemple de la notion d’
Sur la question de l’autonomie (autodétermination) la lecture du manuel
« Beaucoup expliquent leurs échecs par un manque de motivation. Cependant, le fait que nous ayons parfois échoué devant certains objectifs n’implique pas que nous soyons condamnés à tout rater. Après tout, bien que nous n’ayons pas atteint certains objectifs, nous réussissons pour beaucoup d’autres. (…) Nous sommes d’avis qu’un ingrédient important pour atteindre ces objectifs et en être satisfait est de nous fixer des objectifs qui correspondent à notre personnalité, ou en d’autres termes des objectifs qui sont « concordants avec le soi » (ou « autoconcordants »). (…) Une question importante qui en découle concerne cependant les raisons pour lesquelles il arrive que les gens choisissent des objectifs qui ne sont pas cohérents avec leur système de personnalité « profonde ». Des arguments plausibles peuvent être avancés pour mettre en évidence le rôle des pressions environnementales et sociales sui poussent des individus à poursuivre des objectifs indépendamment d’un intérêt personnel, les obligeant à ne pas tenir compte de ce qu’ils veulent réellement. De manière similaire, l’aveuglement motivé dans le but d’augmenter son estime de soi pourrait également jouer un rôle. Au-delà de ces facteurs, certaines recherches suggèrent une troisième possibilité : beaucoup d’humains n’ont pas les habiletés nécessaires à l’introspection précise des nombreuses facettes de leur système de personnalité et demeurent donc ignorants en ce qui concerne la manière dont ils devraient choisir les plus concordants avec le soi. » (…) Les études montrent que le fait de poursuivre des objectifs concordant avec le soi plutôt que non-concordants est associé à un effort maintenu, prédit l’atteint de l’objectif et est associé au bien-être lors de l’atteinte de l’objectif. »
Nous vous laissons le soin de poursuivre la lecture de ces études concernant les notions d’autodétermination, de motivation et de performance.
Parmi les besoins sociaux, les auteurs de
Une autre notion traitée dans cet ouvrage pourrait vous éclairer sur les conduites d’échec, c’est celle d’
De la page 292 à la page 295, vous verrez l’influence de ce sentiment d’impuissance et de la dépression sur les performances des individus.
Vous pourriez d’orienter votre recherche du côté :
- du
- de
- du
- de
- de la notion de «
- des ouvrages du philosophe
et son article dans
- de celui du psychiatre Jean Cottraux,
Bon travail !... et bonne réussite !
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