Question d'origine :
Bonjour,
Je voudrais avoir des renseignements sur l'origine et l'histoire du jeu qui consiste à effeuiller les pétales d'une marguerite pour mesurer l'affection.
merci beaucoup
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 25/02/2017 à 10h52
Bonjour
Ce jeu se nomme « effeuiller la marguerite » :
« Effeuiller la marguerite : en disant « il/elle m'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout » ; le mot correspondant au dernier pétale effeuillé étant censé correspondre à la manière dont on est aimé »
Source : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
On trouve également l'expression "à la franche marguerite" :
« À la franche marguerite, se dit d'un amant qui effeuille une marguerite pour savoir s'il est aimé. »
Source : Littré
« XIXème l’âme sœur – à la franche marguerite : « l’amant est curieux et inquiet. Il veut pénétrer l’avenir pour lui arracher le secret de sa destinée. […] Lorsqu’il va rêvant dans la prairie, il cueille une marguerite, il en arrache les feuilles l’une après l’autre, en disant tour à tour : « Elle m’aime, pas du tout, un peu, beaucoup, passionnément. » si la dernière feuille amène « pas du tout », il gémit, il se désespère ; si elle amène « passionnément », il s’enivre de joie, il se croit destiné à la félicité ; car la marguerite est trop franche pour le tromper » »
Source : Le bouquet des expressions imagées / Claude Duneton
La Simplicité / Jean-Baptiste Greuze
La ritournelle « Il m’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout » connait quelques variations régionales :
« En Basse-Normandie, on commence l’effeuillage par une invocation : « Marguerite, fleur petite, rouge au bord, verte autour, Ah ! Dis-moi le secret de mes amours » ; en Charente, on fait enlever quelques pétales, dite « part du diable », à une personne, avant de commencer. Si l’un des pétales se brise par le milieu pendant l’opération, la jeune fille coiffera Sainte-Catherine (Nord, Côte-d’Or, Cher)
Lorsque la réponse n’est pas celle qu’ils attendant, les amoureux savoyards ont encore le recours de « la main du diable », c’est-à-dire de mettre trois plantes fleuries sous l’oreiller de la personne qu’ils aiment pour inverser le sort.
Les formules varient d’un endroit à l’autre : « Elle m’aime, un peu, beaucoup, par fantaisie, par jalousie, pas du tout » (Deux-Sèvres) ou encore « Il m’aime, un peu, beaucoup, mais guère, patiemment, constamment, de tout son cœur, en mariage, pas du tout » (Meuse). »
Source : Dictionnaire de la France mystérieuse / Marie-Charlotte Delmas
En Angleterre, et dans la majorité des pays, la comptine ne compte que deux choix : il m’aime, il ne m’aime pas.
Source : He loves me … he loves me not / Wikipédia
He loves me, he loves me not / Giacomo Di Chirico
L’expression « effeuiller la marguerite » serait apparue au XIXème siècle :
« Origine : Cette expression française a vu le jour au milieu du XIXème siècle mais le jeu fondé sur la croyance aux propriétés divinatoires de cette fleur semble d'origine normande et plus ancien consistant à détacher une à une les pétales d'une marguerite en chantant par jeu ou par superstition "il m'aime: un peu (1ère pétale), beaucoup (2ème pétale et ainsi de suite) ; passionnément, à la folie, pas du tout et recommencer jusqu'à ce que chaque pétale ait été arraché, le dernier indiquant les sentiments de celui auquel on pensait.
Cette expression française va s'étendre aux propos galants tenus pour séduire. Ensuite et de manière plus poussée, ce jeu amoureux va s'entendre dans un sens plus physique quand l'effeuillage s'attaquera aux vêtements d'une femme. En argot la marguerite prendra un sens plus osé à savoir celui de sexe féminin. »
Source : Effeuiller la marguerite / Expressions Françaises
On retrouve en effet cette expression chez plusieurs auteurs du XIXème :
-Alfred de Musset
« Vous vous souvenez, madame, de ces marguerites que les enfants effeuillent brin à brin ? Beaucoup, disent-ils à la première feuille ; passablement, à la seconde, et, à la troisième, pas du tout. »
Source : Les deux maîtresse in Nouvelles / Alfred de Musset
-Goethe
« Marguerite : Laissez-moi un instant. ( Elle cueille une marguerite et en tire les feuilles l’une après l’autre. )
Faust : Que veux-tu donc faire ? Un bouquet ?
Marguerite : Non, c’est seulement un jeu.
Faust : Comment cela ?
Marguerite : Allez-vous en, vous vous moqueriez de moi. ( Elle continue à effeuiller la marguerite en prononçant quelques paroles ).
Faust : Que murmures-tu donc
Marguerite ( à demi-voix ) : Il m’aime … il ne m’aime pas.
Faust : Douce figure céleste !
Marguerite ( continue ) : Il m’aime… non… il m’aime … non
( Arrachant la dernière feuille, avec un cri de joie : )
Il m’aime !
Faust : Oui, mon enfant accepte la réponse de cette fleur comme un oracle de Dieu. Il t’aime. Comprends-tu bien ce mot ? Il t’aime ! ( Il lui prend la main ) »
Source : Faust / Johann Wolfgang von Goethe
-Anna Marie
« Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ! Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ! Je t’aime un peu …
C’est une marguerite, c’est ma fleur qui dit cela, Hubert ; faut-il la croire ? Un peu, ce n’est guère !
-Vous avez ôté deux pétales au lieu d’un, prenez-y garde ; ils disaient, je vous assure, que vous m’aimeriez autrement. Il faut recommencer, s’il vous plait, et c’est moi qui effeuillerai pour vous et pour moi.
- Non, je veux effeuiller moi-même.
- Alors, au moins, faites bien attention. Voyons, je commence. Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ! Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ! Je t’aime un, beaucoup, passionnément ! … Entendez-vous, petite cousine, passionnément ?
- Hubert, à qui pensiez-vous en effeuillant cette marguerite ?
- Mais toujours à ma chère petite Marguerite, ma sœur et ma cousine bien-aimée tout ensemble.
- Tant mieux.
Et tous deux se regardèrent avec une innocente tendresse.
Les deux enfants qui, tout en parcourant une belle pelouse devant le château de Silly, jouaient à cet éternel jeu des enfants et des amoureux, toujours frais et toujours nouveau comme la jeunesse et l’amour, c’étaient Hubert d’Amboise et Marguerite de l’Escale, sa cousine »
Source : Marguerite ou la science funeste / Anna Marie
Le Grand livre des pourquoi ? d’Anne Pouget nous donne une autre explication à l’origine de ce jeu :
« Au Moyen Age, l’ile aux Vaches (l’actuelle ile Saint-Louis) était un pâturage bordé de saules et de peupliers : les ruminants qui venaient y paître y accédaient soit transportés en bac, soit par la passerelle de la Tournelle.
Afin d’échapper à la marée humaine de la Cité, les amoureux cherchaient un endroit isolé pour se conter fleurette. Ils allaient folâtrer sur l’ile aux Vaches, disant qu’ils partaient « cueillir la marguerite ». Les tourtereaux s’y allongeaient sur l’herbe et, marguerite en main, l’effeuillaient amoureusement en récitant : « Je t’aime, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout … ». Si l’ile aux Vaches a disparu, l’effeuillage de la marguerite, accompagné de sa comptine, est resté vivace dans les mœurs. »
On conte fleurette, on peut être fleur bleue et le dire avec des fleurs : la marguerite reste un symbole romantique.
Archétype du ballet romantique, Giselle (1841) reprend le grand thème traditionnel de l'amour plus fort que la mort ; ainsi dans l’acte 2 :
« Giselle effeuille la marguerite en comptant les pétales sur le corps d’Albrecht en souffrance. […] À la fin du ballet, Albrecht-Ganio prend ses lys sur la tombe de Giselle. Mais contrairement à certains princes qui ont l’air de reprendre leur offrande afin de l’offrir à une autre, il s’en déleste sans regrets. Une seule fleur lui reste en main ; et c’est une marguerite. »
Source : « Giselle » Gilbert-Ganio : ces deux-là … / Cléopold (in Les Balletonautes)
Mais aussi chez Georges Brassens, dans sa chanson « Saturne »:
« Viens encore, viens ma favorite
Descendons ensemble au jardin
Viens effeuiller la marguerite
De l'été de la Saint-Martin
Viens effeuiller la marguerite
De l'été de la Saint-Martin »
Enfin, sachez que « le nombre de pétales de marguerite suit aussi la suite de Fibonacci. C’est pourquoi on trouve rarement des marguerites qui ont 6, 12 ou 18 pétales (qui feraient tomber le petit jeu de « il m’aime un peu, beaucoup, passionnément… » sur « pas du tout ») » ; comme nous l’explique cette ancienne réponse du Guichet du Savoir : Marguerite (fleur)
Bonne journée
Ce jeu se nomme « effeuiller la marguerite » :
« Effeuiller la marguerite : en disant « il/elle m'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout » ; le mot correspondant au dernier pétale effeuillé étant censé correspondre à la manière dont on est aimé »
Source : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
On trouve également l'expression "à la franche marguerite" :
« À la franche marguerite, se dit d'un amant qui effeuille une marguerite pour savoir s'il est aimé. »
Source : Littré
« XIXème l’âme sœur – à la franche marguerite : « l’amant est curieux et inquiet. Il veut pénétrer l’avenir pour lui arracher le secret de sa destinée. […] Lorsqu’il va rêvant dans la prairie, il cueille une marguerite, il en arrache les feuilles l’une après l’autre, en disant tour à tour : « Elle m’aime, pas du tout, un peu, beaucoup, passionnément. » si la dernière feuille amène « pas du tout », il gémit, il se désespère ; si elle amène « passionnément », il s’enivre de joie, il se croit destiné à la félicité ; car la marguerite est trop franche pour le tromper » »
Source : Le bouquet des expressions imagées / Claude Duneton
La Simplicité / Jean-Baptiste Greuze
La ritournelle « Il m’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout » connait quelques variations régionales :
« En Basse-Normandie, on commence l’effeuillage par une invocation : « Marguerite, fleur petite, rouge au bord, verte autour, Ah ! Dis-moi le secret de mes amours » ; en Charente, on fait enlever quelques pétales, dite « part du diable », à une personne, avant de commencer. Si l’un des pétales se brise par le milieu pendant l’opération, la jeune fille coiffera Sainte-Catherine (Nord, Côte-d’Or, Cher)
Lorsque la réponse n’est pas celle qu’ils attendant, les amoureux savoyards ont encore le recours de « la main du diable », c’est-à-dire de mettre trois plantes fleuries sous l’oreiller de la personne qu’ils aiment pour inverser le sort.
Les formules varient d’un endroit à l’autre : « Elle m’aime, un peu, beaucoup, par fantaisie, par jalousie, pas du tout » (Deux-Sèvres) ou encore « Il m’aime, un peu, beaucoup, mais guère, patiemment, constamment, de tout son cœur, en mariage, pas du tout » (Meuse). »
Source : Dictionnaire de la France mystérieuse / Marie-Charlotte Delmas
En Angleterre, et dans la majorité des pays, la comptine ne compte que deux choix : il m’aime, il ne m’aime pas.
Source : He loves me … he loves me not / Wikipédia
He loves me, he loves me not / Giacomo Di Chirico
L’expression « effeuiller la marguerite » serait apparue au XIXème siècle :
« Origine : Cette expression française a vu le jour au milieu du XIXème siècle mais le jeu fondé sur la croyance aux propriétés divinatoires de cette fleur semble d'origine normande et plus ancien consistant à détacher une à une les pétales d'une marguerite en chantant par jeu ou par superstition "il m'aime: un peu (1ère pétale), beaucoup (2ème pétale et ainsi de suite) ; passionnément, à la folie, pas du tout et recommencer jusqu'à ce que chaque pétale ait été arraché, le dernier indiquant les sentiments de celui auquel on pensait.
Cette expression française va s'étendre aux propos galants tenus pour séduire. Ensuite et de manière plus poussée, ce jeu amoureux va s'entendre dans un sens plus physique quand l'effeuillage s'attaquera aux vêtements d'une femme. En argot la marguerite prendra un sens plus osé à savoir celui de sexe féminin. »
Source : Effeuiller la marguerite / Expressions Françaises
On retrouve en effet cette expression chez plusieurs auteurs du XIXème :
-
« Vous vous souvenez, madame, de ces marguerites que les enfants effeuillent brin à brin ? Beaucoup, disent-ils à la première feuille ; passablement, à la seconde, et, à la troisième, pas du tout. »
Source : Les deux maîtresse in Nouvelles / Alfred de Musset
-
« Marguerite : Laissez-moi un instant. ( Elle cueille une marguerite et en tire les feuilles l’une après l’autre. )
Faust : Que veux-tu donc faire ? Un bouquet ?
Marguerite : Non, c’est seulement un jeu.
Faust : Comment cela ?
Marguerite : Allez-vous en, vous vous moqueriez de moi. ( Elle continue à effeuiller la marguerite en prononçant quelques paroles ).
Faust : Que murmures-tu donc
Marguerite ( à demi-voix ) : Il m’aime … il ne m’aime pas.
Faust : Douce figure céleste !
Marguerite ( continue ) : Il m’aime… non… il m’aime … non
( Arrachant la dernière feuille, avec un cri de joie : )
Il m’aime !
Faust : Oui, mon enfant accepte la réponse de cette fleur comme un oracle de Dieu. Il t’aime. Comprends-tu bien ce mot ? Il t’aime ! ( Il lui prend la main ) »
Source : Faust / Johann Wolfgang von Goethe
-
« Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ! Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ! Je t’aime un peu …
C’est une marguerite, c’est ma fleur qui dit cela, Hubert ; faut-il la croire ? Un peu, ce n’est guère !
-Vous avez ôté deux pétales au lieu d’un, prenez-y garde ; ils disaient, je vous assure, que vous m’aimeriez autrement. Il faut recommencer, s’il vous plait, et c’est moi qui effeuillerai pour vous et pour moi.
- Non, je veux effeuiller moi-même.
- Alors, au moins, faites bien attention. Voyons, je commence. Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ! Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ! Je t’aime un, beaucoup, passionnément ! … Entendez-vous, petite cousine, passionnément ?
- Hubert, à qui pensiez-vous en effeuillant cette marguerite ?
- Mais toujours à ma chère petite Marguerite, ma sœur et ma cousine bien-aimée tout ensemble.
- Tant mieux.
Et tous deux se regardèrent avec une innocente tendresse.
Les deux enfants qui, tout en parcourant une belle pelouse devant le château de Silly, jouaient à cet éternel jeu des enfants et des amoureux, toujours frais et toujours nouveau comme la jeunesse et l’amour, c’étaient Hubert d’Amboise et Marguerite de l’Escale, sa cousine »
Source : Marguerite ou la science funeste / Anna Marie
Le Grand livre des pourquoi ? d’Anne Pouget nous donne une autre explication à l’origine de ce jeu :
« Au Moyen Age, l’ile aux Vaches (l’actuelle ile Saint-Louis) était un pâturage bordé de saules et de peupliers : les ruminants qui venaient y paître y accédaient soit transportés en bac, soit par la passerelle de la Tournelle.
Afin d’échapper à la marée humaine de la Cité, les amoureux cherchaient un endroit isolé pour se conter fleurette. Ils allaient folâtrer sur l’ile aux Vaches, disant qu’ils partaient « cueillir la marguerite ». Les tourtereaux s’y allongeaient sur l’herbe et, marguerite en main, l’effeuillaient amoureusement en récitant : « Je t’aime, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout … ». Si l’ile aux Vaches a disparu, l’effeuillage de la marguerite, accompagné de sa comptine, est resté vivace dans les mœurs. »
On conte fleurette, on peut être fleur bleue et le dire avec des fleurs : la marguerite reste un symbole romantique.
Archétype du ballet romantique, Giselle (1841) reprend le grand thème traditionnel de l'amour plus fort que la mort ; ainsi dans l’acte 2 :
« Giselle effeuille la marguerite en comptant les pétales sur le corps d’Albrecht en souffrance. […] À la fin du ballet, Albrecht-Ganio prend ses lys sur la tombe de Giselle. Mais contrairement à certains princes qui ont l’air de reprendre leur offrande afin de l’offrir à une autre, il s’en déleste sans regrets. Une seule fleur lui reste en main ; et c’est une marguerite. »
Source : « Giselle » Gilbert-Ganio : ces deux-là … / Cléopold (in Les Balletonautes)
Mais aussi chez Georges Brassens, dans sa chanson « Saturne »:
« Viens encore, viens ma favorite
Descendons ensemble au jardin
Viens effeuiller la marguerite
De l'été de la Saint-Martin
Viens effeuiller la marguerite
De l'été de la Saint-Martin »
Enfin, sachez que « le nombre de pétales de marguerite suit aussi la suite de Fibonacci. C’est pourquoi on trouve rarement des marguerites qui ont 6, 12 ou 18 pétales (qui feraient tomber le petit jeu de « il m’aime un peu, beaucoup, passionnément… » sur « pas du tout ») » ; comme nous l’explique cette ancienne réponse du Guichet du Savoir : Marguerite (fleur)
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