Question d'origine :
Bonjour,
L'Egypte est un pays qui géographiquement est sur la fracture de continent Afrique et Asie. Dans ce cas, le Sinai en Asie, le canal de Suez en Afrique peuvent-il montrer où commence l'Afrique autrement que culturellement par la géographie? Je n'ai pas trouvé de réponse géologique dans une recherche (rapide); est-ce que c'est un glissement de plaque sous l'autre qui crée le Sinai?
Merci chère Guichetière, cher Guichetier.
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 21/02/2017 à 09h58
Bonjour
Si géographiquement l’Egypte se retrouve à cheval sur les continents africains et asiatiques (le Sinaï se trouvant effectivement en Asie) ; géologiquement, elle se trouve sur la ligne de fracture des plaques africaine et arabique.
« Le globe est un puzzle de plaques en évolution. En outre, chaque continent aussi est constitué d’un patchwork de fragments. »
La valse des continents / Patrick de Wever et Francis Duranthon
Toutefois, l’Afrique, d’un point de vue géologique, rassemble bien le continent africain, la péninsule arabique (qui est un morceau de la plaque Afrique) – et donc la Péninsule du Sinaï - et Madagascar :
« Du point de vue géologique, on désigne sous le terme de bouclier africain ou, simplement, d'Afrique l'ensemble formé par le continent africain, la péninsule arabique et l'île de Madagascar. En effet, ces deux derniers éléments n'ont été séparés du premier que par l'ouverture plus ou moins ancienne de la mer Rouge, au nord, et du canal de Mozambique, au sud.»
Afrique (Structure et milieu) : géologie / Anne Faure-Muret (in Encyclopaedia Universalis)
La Péninsule du Sinaï résulte bien du mouvement de tectonique des plaques :
[Nous traduisons] « La région a été formée à la suite du mouvement tectonique des plaques : les boucliers africain, arabique et méditerranéen s’éloignent les uns des autres, créant ainsi une faille dans la terre.
Dans le même temps, le mouvement vers l’extérieur s’est a poussé contre les couches de roche existantes, formant les montagnes du Sinaï. L’effet a été important, se prolongeant dans ce qui est aujourd’hui la vallée du Jourdain, au Sud, puis au Sud-Est, passant de Djibouti au Kenya – devenant ainsi ce qui est connu sous le nom de Vallée du grand rift. »
Géologie du Sinaï / EnviWeb
« Ainsi définie, l'Afrique occupe une position à part parmi les continents. Il s'agit, pour l'essentiel, d'un immense craton stabilisé à la fin des temps précambriens, vers 600 millions d'années. Ce craton n'a été que faiblement repris au cours des temps calédono-hercyniens sur ses marges nord (Hercynides du Maroc) et ouest (Mauritanides de Mauritanie et du Sénégal) ou à son extrémité sud (Capides). Au cours des temps récents, seule sa partie nord, en bordure de la Méditerranée et sur la marge de la péninsule arabique, s'est trouvée entraînée dans la zone mobile « alpine » qui s'est créée lors de la collision Afrique-Eurasie. L'Afrique actuelle voit donc sa marge nord affronter un autre continent, tandis que, pour le reste, elle est entourée d'océans en cours d'expansion sans qu'il y ait de subduction à ses bordures. »
Afrique (Structure et milieu) : géologie / Anne Faure-Muret (in Encyclopaedia Universalis)
[Nous traduisons] « Le Sinaï est situé à la jonction des plaques africaine, arabique et anatolienne (McKenzie et al., 1970 and Joffe et Garfunkel, 1987). Il inclus également une partie de la Méditerranée orientale et du bassin du Levant (Salamon et al., 2003). […]
La tectonique de la zone Suez-Sinaï est dominée par une frontière active entre les plaques Afrique et Arabique, qui se séparent l’une de l’autre. Les études géologiques et sismologiques ont révélé que la péninsule du Sinaï se comporte comme une sous-plaque de la plaque Afrique, qui accueille le principal mouvement de la faille gauche du golfe d’Aqaba (environ 8-9 mm/an) (Le Pichon et Gaulier, 1988) avec le lent mouvement d’extension du golfe de Suez (< 1mm/an) (Steckler et al., 1988 et Jackson et al., 1988). La triple jonction entre le rift du golfe de Suez, le rift du golfe d’Aqaba et le rift de la Mer Rouge est localisée au Sud du Sinaï. »
Gravity observations at Sinai Peninsula and its geophysical and geodetic applications / Karem Fathy et al.
Enfin, pour certains géologues, une troisième plaque apparaîtrait dans l’Est africain : la plaque Somalie :
« Depuis 30 millions d'années, le bord Nord-Est de la plaque Afrique subit une extension en raison du mouvement des plaques voisines. Cette extension a créé tout un ensemble de fractures dans cette partie de la plaque, depuis la Méditerranée jusqu’au Mozambique.
La plaque Arabie en représente un morceau déjà séparé du reste de l’Afrique par la mer Rouge au Nord et par le golfe d'Aden à l'Est.
Vers le Sud, un troisième rift long de 6000 km se prolonge, séparant lentement la partie est de l’Afrique du reste du continent, c’est le rift Est-Africain. À l’intersection de ces trois rifts, la région de l’Afar constitue une zone volcanique majeure nommée point triple. […]
Le rift Est-Africain s’étend du sud de la mer Rouge au nord du Zambèze sur plus de 6000 km de longueur et 40 à 60 km de largeur.
Il est formé de deux branches, est et ouest, distinctes, reliées entre elles par une zone de failles appelée linéament d’Assoua. Le rift Est-Africain est un domaine de divergence intracontinentale assez lente, de l’ordre de 10 mm par an. Vers le Sud, la déformation décroît et devient insignifiante à son extrémité.
Le rift s’est ouvert dès le Miocène comme en témoignent les sédiments continentaux et lacustres qui remplissent le fossé sur plus de 8000 m d’épaisseur.
D’immenses lacs occupent ce rift : lac Kiwu, lac Tanganyka, lac Malawi.Le volcanisme basaltique est plus abondant sur la branche orientale du rift que sur la branche occidentale, ce qui pourrait indiquer une extension plus importante dans cette zone. Les plus grands volcans, comme le mont Kenya et le Kilimandjaro, se situent à l’extrémité sud de cette branche orientale, à l’intersection avec le linéament d’Assoua.
Un débat
Certains géologues considèrent que la vitesse d’ouverture du rift Est-Africain est suffisamment importante pour justifier l'existence d'une plaque supplémentaire (dite plaque Somalie) qui comprend la partie de la plaque Afrique située à l'est du rift. D’autres chercheurs pensent que les déplacements sont trop faibles par rapport aux mouvements des grandes plaques tectoniques et que ce rift doit être considéré comme une zone de déformation intraplaque et non comme une frontière de plaques. »
L’Est Africain : un océan né et à naître / CNRS
Pour aller plus loin :
• Les grandes structures géologiques / J. Debelmas et G. Mascle
Bonne journée
Si géographiquement l’Egypte se retrouve à cheval sur les continents africains et asiatiques (le Sinaï se trouvant effectivement en Asie) ; géologiquement, elle se trouve sur la ligne de fracture des plaques africaine et arabique.
« Le globe est un puzzle de plaques en évolution. En outre, chaque continent aussi est constitué d’un patchwork de fragments. »
La valse des continents / Patrick de Wever et Francis Duranthon
Toutefois, l’Afrique, d’un point de vue géologique, rassemble bien le continent africain, la péninsule arabique (qui est un morceau de la plaque Afrique) – et donc la Péninsule du Sinaï - et Madagascar :
« Du point de vue géologique, on désigne sous le terme de bouclier africain ou, simplement, d'Afrique l'ensemble formé par le continent africain, la péninsule arabique et l'île de Madagascar. En effet, ces deux derniers éléments n'ont été séparés du premier que par l'ouverture plus ou moins ancienne de la mer Rouge, au nord, et du canal de Mozambique, au sud.»
Afrique (Structure et milieu) : géologie / Anne Faure-Muret (in Encyclopaedia Universalis)
La Péninsule du Sinaï résulte bien du mouvement de tectonique des plaques :
[Nous traduisons] « La région a été formée à la suite du mouvement tectonique des plaques : les boucliers africain, arabique et méditerranéen s’éloignent les uns des autres, créant ainsi une faille dans la terre.
Dans le même temps, le mouvement vers l’extérieur s’est a poussé contre les couches de roche existantes, formant les montagnes du Sinaï. L’effet a été important, se prolongeant dans ce qui est aujourd’hui la vallée du Jourdain, au Sud, puis au Sud-Est, passant de Djibouti au Kenya – devenant ainsi ce qui est connu sous le nom de Vallée du grand rift. »
Géologie du Sinaï / EnviWeb
« Ainsi définie, l'Afrique occupe une position à part parmi les continents. Il s'agit, pour l'essentiel, d'un immense craton stabilisé à la fin des temps précambriens, vers 600 millions d'années. Ce craton n'a été que faiblement repris au cours des temps calédono-hercyniens sur ses marges nord (Hercynides du Maroc) et ouest (Mauritanides de Mauritanie et du Sénégal) ou à son extrémité sud (Capides). Au cours des temps récents, seule sa partie nord, en bordure de la Méditerranée et sur la marge de la péninsule arabique, s'est trouvée entraînée dans la zone mobile « alpine » qui s'est créée lors de la collision Afrique-Eurasie. L'Afrique actuelle voit donc sa marge nord affronter un autre continent, tandis que, pour le reste, elle est entourée d'océans en cours d'expansion sans qu'il y ait de subduction à ses bordures. »
Afrique (Structure et milieu) : géologie / Anne Faure-Muret (in Encyclopaedia Universalis)
[Nous traduisons] « Le Sinaï est situé à la jonction des plaques africaine, arabique et anatolienne (McKenzie et al., 1970 and Joffe et Garfunkel, 1987). Il inclus également une partie de la Méditerranée orientale et du bassin du Levant (Salamon et al., 2003). […]
La tectonique de la zone Suez-Sinaï est dominée par une frontière active entre les plaques Afrique et Arabique, qui se séparent l’une de l’autre. Les études géologiques et sismologiques ont révélé que la péninsule du Sinaï se comporte comme une sous-plaque de la plaque Afrique, qui accueille le principal mouvement de la faille gauche du golfe d’Aqaba (environ 8-9 mm/an) (Le Pichon et Gaulier, 1988) avec le lent mouvement d’extension du golfe de Suez (< 1mm/an) (Steckler et al., 1988 et Jackson et al., 1988). La triple jonction entre le rift du golfe de Suez, le rift du golfe d’Aqaba et le rift de la Mer Rouge est localisée au Sud du Sinaï. »
Gravity observations at Sinai Peninsula and its geophysical and geodetic applications / Karem Fathy et al.
Enfin, pour certains géologues, une troisième plaque apparaîtrait dans l’Est africain : la plaque Somalie :
« Depuis 30 millions d'années, le bord Nord-Est de la plaque Afrique subit une extension en raison du mouvement des plaques voisines. Cette extension a créé tout un ensemble de fractures dans cette partie de la plaque, depuis la Méditerranée jusqu’au Mozambique.
La plaque Arabie en représente un morceau déjà séparé du reste de l’Afrique par la mer Rouge au Nord et par le golfe d'Aden à l'Est.
Vers le Sud, un troisième rift long de 6000 km se prolonge, séparant lentement la partie est de l’Afrique du reste du continent, c’est le rift Est-Africain. À l’intersection de ces trois rifts, la région de l’Afar constitue une zone volcanique majeure nommée point triple. […]
Le rift Est-Africain s’étend du sud de la mer Rouge au nord du Zambèze sur plus de 6000 km de longueur et 40 à 60 km de largeur.
Il est formé de deux branches, est et ouest, distinctes, reliées entre elles par une zone de failles appelée linéament d’Assoua. Le rift Est-Africain est un domaine de divergence intracontinentale assez lente, de l’ordre de 10 mm par an. Vers le Sud, la déformation décroît et devient insignifiante à son extrémité.
Le rift s’est ouvert dès le Miocène comme en témoignent les sédiments continentaux et lacustres qui remplissent le fossé sur plus de 8000 m d’épaisseur.
D’immenses lacs occupent ce rift : lac Kiwu, lac Tanganyka, lac Malawi.Le volcanisme basaltique est plus abondant sur la branche orientale du rift que sur la branche occidentale, ce qui pourrait indiquer une extension plus importante dans cette zone. Les plus grands volcans, comme le mont Kenya et le Kilimandjaro, se situent à l’extrémité sud de cette branche orientale, à l’intersection avec le linéament d’Assoua.
Certains géologues considèrent que la vitesse d’ouverture du rift Est-Africain est suffisamment importante pour justifier l'existence d'une plaque supplémentaire (dite plaque Somalie) qui comprend la partie de la plaque Afrique située à l'est du rift. D’autres chercheurs pensent que les déplacements sont trop faibles par rapport aux mouvements des grandes plaques tectoniques et que ce rift doit être considéré comme une zone de déformation intraplaque et non comme une frontière de plaques. »
L’Est Africain : un océan né et à naître / CNRS
Pour aller plus loin :
• Les grandes structures géologiques / J. Debelmas et G. Mascle
Bonne journée
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