Question d'origine :
Bonsoir,
On se pose une question existentielle avec mon amie : les Egyptiens dans l'Antiquité mangeaient-ils des carottes ?
Je vous remercie pour votre aide précieuse.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 15/02/2017 à 11h20
Bonjour
La carotte sauvage, ancêtre de notre carotte, pousse dans tout le pourtour méditerranéen – et donc vraisemblablement en Egypte :
« Le genre Daucus , qui héberge la carotte, compte une cinquantaine d’espèces qui ne sont vraiment spontanées que dans l’hémisphère nord. […]
Et puis, bien sûr, il y a notre Daucus carotte ( carota ), qui est présent partout en Europe (sauf dans la zone arctique), en Asie centrale et occidentale, en Sibérie, et dans le nord de l’Afrique. Sa forme sauvage est bien connue, avec ses feuilles vert foncé finement dentelées et sa hampe florale surmontée d’ombelles blanches, blanchâtres, ou encore à nuance rosâtres. Bonnier en indique trois sous-espèces, cinq races et vingt-deux variétés. […]
La période où ils sont apparus en culture ou dans l’alimentation est incertaine, et une grande confusion règne souvent entre les deux racines. Elle est principalement due, sans doute, au fait qu’à l’état sauvage carottes et panais ont une racine fort semblable : blanchâtre, fibreuse, avec un fort axe principal, plus ou moins ramifié. »
La carotte et le panais / Jérôme Goust
[Nous traduisons] « La carotte sauvage est un membre de la famille de la carotte (Apiaceae), qui comprend le panais, le persil, le fenouil et l’angélique. […]
La carotte sauvage semble être originaire du plateau Iranien (une région qui comprend de nos jours l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran). Elle pousse désormais dans une grande partie de l’Asie occidentale et en Europe. […]
On pense que la carotte orange que nous cultivons aujourd’hui est originaire de la région autour de l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan et avait des racines violettes foncées en raison de la présence d’anthocyane. Des carottes rouges foncés et violettes sont encore cultivées en Afghanistan. […]
Des carottes à Babylone ?
La carotte sauvage apparait sur une liste des plantes cultivées dans le jardin royal de Babylone, au 8e siècle avant notre ère. Elle était inclus dans la liste des herbes aromatiques (et pas dans les légumes), on peut donc penser qu’elle était cultivée pour ses feuilles parfumées ou ses graines. »
Daucus carote (wild carrot) / Royal Botanic Gardens
« Pendant l’Antiquité, la carotte ( Daucus carota ) et le panais ( Pastinaca sativa ) sont très souvent confondus par les naturalistes, et cette confusion subsista tout au long du Moyen Age et jusqu’à la Renaissance. Ces deux plantes sont des « légumes racines » qui, dans ces temps anciens, se ressemblent fortement : leur racine est grêle et allongée, avec une peau coriace et une texture fibreuse ; elle possède en outre une odeur forte, ne présente pas la saveur sucrée d’aujourd’hui et est de couleur jaunâtre ou blanchâtre (certaines variétés sauvages du Proche-Orient arborent toutefois une coloration rouge). »
Carottes et panais, deux cousins très longtemps confondus / Eric Birlouez
Toutefois, nous ne trouvons aucune mention de la présence de carottes dans l’alimentation des anciens égyptiens.
L’ouvrage Pain, bière et toutes bonnes choses… : l’alimentation dans l’Egypte ancienne recense les divers légumes présents dans les assiettes en Egypte antique :
« Les légumes constituaient avec les plantes des marais que nous venons d’étudier la plus grande part de l’alimentation des anciens Egyptiens. Ils sont abondamment représentés sur les tables d’offrandes, mais leur identification ne va pas toujours sans difficulté. »
On trouve ainsi sur les tables égyptiennes :
• Des fèves
• Des lentilles
• Des pois chiches
• Des pois
• De l’oignon
• De l’ail
• Des poireaux
• Des asperges
• Du céleri
• Des choux
• Des navets
• Des radis
• Des artichauts
• De la laitue
• Du persil
• Des endives
• Des concombres
• Des melons
• Des pastèques
Aucune trace, non plus, de carottes dans La cuisine des pharaons :
« La liste des légumes consommés en Egypte ancienne nous transporte dans un monde beaucoup plus familier. Des jardins potagers ont également été représentés dans l’art égyptien : on peut y noter la division de l’espace en petits carrés pour permettre l’irrigation des légumes. Parmi les productions potagères, deux plantes essentielles semblent avoir été l’ail et l’oignon, toujours abondamment utilisées dans la cuisine égyptienne moderne. […]
Dans la même famille de végétaux, le poireau était couramment consommé par les anciens Egyptiens : il apparaît régulièrement dans les textes, au même titre que l’ail et l’oignon. Il est d’ailleurs, dans les représentations, très difficile à distinguer de ce dernier.
Les Egyptiens devaient également consommer, crue, une grande quantité de salade. […]
Au premier rang de ces végétaux viennent les fèves, qui ont été retrouvées en grand nombre sur la plupart des sites occupés à l’époque pharaonique dès l’Ancien Empire. Nourriture populaire, elles faisaient partie du salaire des ouvriers de Deir al-Medina, chargés au Nouvel Empire de creuser et décorer les tombes royales. […]
Le pois chiche était sans doute connu dès le Moyen Empire. […]
Les lentilles étaient également répandues : on en a retrouvé dans des tombes prédynastiques, dans le complexe funéraire de Djoser à Saqqara (IIIe dynastie), ou encore, bien plus tard, dans la tombe de Toutânkhamon. […]
Enfin, plusieurs autres légumes, pour nous plus « classiques », faisaient également partie de l’alimentation égyptienne. On y trouve le concombre (difficile à distinguer du melon dans l’iconographie), sans nul doute consommé cru, le radis, ou encore le céleri – au moins à partir du Nouvel Empire. »
Néanmoins, certaines personnes pensent avoir identifié des carottes sur les murs de tombes égyptiennes (peut-être avaient-elles un usage thérapeutique ou aromatique ?) :
[Nous traduisons] « La couleur originale des carottes était le violet, comme illustré sur les mosaïques des villas romains et sur les murs des tombes en Egypte antique »
Medieval sexuality : a casebook / edited by April Harper et Caroline Proctor
[Nous traduisons] « La première référence prouvée vient de l’Egypte du temps du roi Merodach-Baladan vers 800 avant notre ère, bien que certains identifient une peinture dans une tombe datant de 2000 avant notre ère comme une carotte violette. »
A history of the world in five menus / Howard Belton
Bonne journée
La carotte sauvage, ancêtre de notre carotte, pousse dans tout le pourtour méditerranéen – et donc vraisemblablement en Egypte :
« Le genre Daucus , qui héberge la carotte, compte une cinquantaine d’espèces qui ne sont vraiment spontanées que dans l’hémisphère nord. […]
Et puis, bien sûr, il y a notre Daucus carotte ( carota ), qui est présent partout en Europe (sauf dans la zone arctique), en Asie centrale et occidentale, en Sibérie, et dans le nord de l’Afrique. Sa forme sauvage est bien connue, avec ses feuilles vert foncé finement dentelées et sa hampe florale surmontée d’ombelles blanches, blanchâtres, ou encore à nuance rosâtres. Bonnier en indique trois sous-espèces, cinq races et vingt-deux variétés. […]
La période où ils sont apparus en culture ou dans l’alimentation est incertaine, et une grande confusion règne souvent entre les deux racines. Elle est principalement due, sans doute, au fait qu’à l’état sauvage carottes et panais ont une racine fort semblable : blanchâtre, fibreuse, avec un fort axe principal, plus ou moins ramifié. »
La carotte et le panais / Jérôme Goust
[Nous traduisons] « La carotte sauvage est un membre de la famille de la carotte (Apiaceae), qui comprend le panais, le persil, le fenouil et l’angélique. […]
La carotte sauvage semble être originaire du plateau Iranien (une région qui comprend de nos jours l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran). Elle pousse désormais dans une grande partie de l’Asie occidentale et en Europe. […]
On pense que la carotte orange que nous cultivons aujourd’hui est originaire de la région autour de l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan et avait des racines violettes foncées en raison de la présence d’anthocyane. Des carottes rouges foncés et violettes sont encore cultivées en Afghanistan. […]
La carotte sauvage apparait sur une liste des plantes cultivées dans le jardin royal de Babylone, au 8e siècle avant notre ère. Elle était inclus dans la liste des herbes aromatiques (et pas dans les légumes), on peut donc penser qu’elle était cultivée pour ses feuilles parfumées ou ses graines. »
Daucus carote (wild carrot) / Royal Botanic Gardens
« Pendant l’Antiquité, la carotte ( Daucus carota ) et le panais ( Pastinaca sativa ) sont très souvent confondus par les naturalistes, et cette confusion subsista tout au long du Moyen Age et jusqu’à la Renaissance. Ces deux plantes sont des « légumes racines » qui, dans ces temps anciens, se ressemblent fortement : leur racine est grêle et allongée, avec une peau coriace et une texture fibreuse ; elle possède en outre une odeur forte, ne présente pas la saveur sucrée d’aujourd’hui et est de couleur jaunâtre ou blanchâtre (certaines variétés sauvages du Proche-Orient arborent toutefois une coloration rouge). »
Carottes et panais, deux cousins très longtemps confondus / Eric Birlouez
Toutefois, nous ne trouvons aucune mention de la présence de carottes dans l’alimentation des anciens égyptiens.
L’ouvrage Pain, bière et toutes bonnes choses… : l’alimentation dans l’Egypte ancienne recense les divers légumes présents dans les assiettes en Egypte antique :
« Les légumes constituaient avec les plantes des marais que nous venons d’étudier la plus grande part de l’alimentation des anciens Egyptiens. Ils sont abondamment représentés sur les tables d’offrandes, mais leur identification ne va pas toujours sans difficulté. »
On trouve ainsi sur les tables égyptiennes :
• Des fèves
• Des lentilles
• Des pois chiches
• Des pois
• De l’oignon
• De l’ail
• Des poireaux
• Des asperges
• Du céleri
• Des choux
• Des navets
• Des radis
• Des artichauts
• De la laitue
• Du persil
• Des endives
• Des concombres
• Des melons
• Des pastèques
Aucune trace, non plus, de carottes dans La cuisine des pharaons :
« La liste des légumes consommés en Egypte ancienne nous transporte dans un monde beaucoup plus familier. Des jardins potagers ont également été représentés dans l’art égyptien : on peut y noter la division de l’espace en petits carrés pour permettre l’irrigation des légumes. Parmi les productions potagères, deux plantes essentielles semblent avoir été l’ail et l’oignon, toujours abondamment utilisées dans la cuisine égyptienne moderne. […]
Dans la même famille de végétaux, le poireau était couramment consommé par les anciens Egyptiens : il apparaît régulièrement dans les textes, au même titre que l’ail et l’oignon. Il est d’ailleurs, dans les représentations, très difficile à distinguer de ce dernier.
Les Egyptiens devaient également consommer, crue, une grande quantité de salade. […]
Au premier rang de ces végétaux viennent les fèves, qui ont été retrouvées en grand nombre sur la plupart des sites occupés à l’époque pharaonique dès l’Ancien Empire. Nourriture populaire, elles faisaient partie du salaire des ouvriers de Deir al-Medina, chargés au Nouvel Empire de creuser et décorer les tombes royales. […]
Le pois chiche était sans doute connu dès le Moyen Empire. […]
Les lentilles étaient également répandues : on en a retrouvé dans des tombes prédynastiques, dans le complexe funéraire de Djoser à Saqqara (IIIe dynastie), ou encore, bien plus tard, dans la tombe de Toutânkhamon. […]
Enfin, plusieurs autres légumes, pour nous plus « classiques », faisaient également partie de l’alimentation égyptienne. On y trouve le concombre (difficile à distinguer du melon dans l’iconographie), sans nul doute consommé cru, le radis, ou encore le céleri – au moins à partir du Nouvel Empire. »
Néanmoins, certaines personnes pensent avoir identifié des carottes sur les murs de tombes égyptiennes (peut-être avaient-elles un usage thérapeutique ou aromatique ?) :
[Nous traduisons] « La couleur originale des carottes était le violet, comme illustré sur les mosaïques des villas romains et sur les murs des tombes en Egypte antique »
Medieval sexuality : a casebook / edited by April Harper et Caroline Proctor
[Nous traduisons] « La première référence prouvée vient de l’Egypte du temps du roi Merodach-Baladan vers 800 avant notre ère, bien que certains identifient une peinture dans une tombe datant de 2000 avant notre ère comme une carotte violette. »
A history of the world in five menus / Howard Belton
Bonne journée
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Pourquoi dans les bibliothèques retrouve-t-on un 'certain...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter