Question d'origine :
Quel était l'origine de cette guerre entre Philippe Le bel et Eduard I?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 11/02/2017 à 10h56
Bonjour,
Sur deux frontières, au moins, l'héritage de saint Louis conduisait à la guerre : au nord contre la Flandre, au sud-ouest s contre le duc de Guyenne, roi d'Angleterre.
La tension ne cessait pas sur la frontière de Guyenne, et les incidents y étaient quotidiens. Souverain en Angleterre, le Plantagenêt admettait mal une situation qui — résultat imparfait du traité de Paris conclu par saint Louis en 1258 et modifié à Amiens par Philippe III en 1279 — faisait de lui le vassal du roi de France pour un duché exigu dans lequel il ne reconnaissait guère l'ancienne Aquitaine de son aïeule Aliénor. [...]
Pour cela, Edouard Ier avait dû, à l'avènement de Philippe le Bel, venir à Paris pour y prêter hommage à son nouveau seigneur. La situation était en droit parfaitement régulière; politiquement, elle était insupportable pour l'Anglais.[...]
Rien n'empêchait, pendant ce temps, les officiers de Guyenne de supporter avec impatience les interventions incessantes des officiers du roi de France. Quant aux nobles aquitains mécontents de leur seigneur le duc de Guyenne, rien ne pouvait les dissuader de faire, très régulièrement, appel à la justice de leur suzerain, c'est-à-dire de leur arrière-seigneur, le roi de France. Que le duc fût lui-même roi leur était, en la circonstance, parfaitement indifférent.
Ce qu'un duc aurait déjà supporté avec peine, le roi d'Angleterre ne pouvait le tolérer longtemps. Garantie légitime offerte par le droit féodal aux vassaux en butte à l'arbitraire de leur seigneur direct, le droit d'appel devenait une arme insidieuse aux mains de tout hobereau gascon en mal d'indépendance. Avec un peu d'habileté, on jouait impunément du suzerain contre le seigneur. Tant que le procès n'était pas jugé, l'appelant demeurait sous la sauvegarde du suzerain. Autant dire que le Parlement siégeant à Paris ne se pressait pas de juger, et que les Gascons pouvaient ainsi, à leur seule initiative, se soustraire à l'autorité de leur duc. Il n'était pour cela que de se plaindre.[...]
Marins français, normands, anglais et gascons s'affrontaient de temps à autre en des escarmouches navales ou en des rixes sur les quais de ports. Tout était prétexte.
[...]
En 1289, les bretons fidèles du roi de France et les Bayonnais fidèles de l'Anglais se battaient pour une pêcherie...
En 1292, Normands et Bayonnais s'affrontaient à leur tour...Les Normands anéantirent les flottilles du duc-roi
En 1293, les Anglais eurent le dessus...
Le roi de France tenait maintenant un prétexte. Le 27 octobre 1293, il cita le duc de Guyenne à comparaître devant sa Cour. S'il se dérobait, Edouard risquait la confiscation de son duché pour manquement grave à son devoir de vassal. S'il venait, il affirmait sa soumission. Il envoya donc son frère. Mais sa non-comparution permit à Philippe le Bel, de refuser de négocier. A l'évidence, ce dernier cherchait la guerre. Il voulait réduire le trop puissant vassal à l'obéissance et faire de la Guyenne un fief comme les autres, c'est-à-dire une partie du royaume de France comme les autres. C'est ce qu'il fit le 19 mai 1294. La guerre de Guyenne s'ensuivit, qui dura jusqu'en 1297... avant de voir ressurgir le même différend qui donnera lieu à la Guerre de Cent ans.
Le texte ci-dessus est extrait de l'ouvrage de Jean Favier " Philippe le Bel".
Sur deux frontières, au moins, l'héritage de saint Louis conduisait à la guerre : au nord contre la Flandre, au sud-ouest s contre le duc de Guyenne, roi d'Angleterre.
La tension ne cessait pas sur la frontière de Guyenne, et les incidents y étaient quotidiens. Souverain en Angleterre, le Plantagenêt admettait mal une situation qui — résultat imparfait du traité de Paris conclu par saint Louis en 1258 et modifié à Amiens par Philippe III en 1279 — faisait de lui le vassal du roi de France pour un duché exigu dans lequel il ne reconnaissait guère l'ancienne Aquitaine de son aïeule Aliénor. [...]
Pour cela, Edouard Ier avait dû, à l'avènement de Philippe le Bel, venir à Paris pour y prêter hommage à son nouveau seigneur. La situation était en droit parfaitement régulière; politiquement, elle était insupportable pour l'Anglais.[...]
Rien n'empêchait, pendant ce temps, les officiers de Guyenne de supporter avec impatience les interventions incessantes des officiers du roi de France. Quant aux nobles aquitains mécontents de leur seigneur le duc de Guyenne, rien ne pouvait les dissuader de faire, très régulièrement, appel à la justice de leur suzerain, c'est-à-dire de leur arrière-seigneur, le roi de France. Que le duc fût lui-même roi leur était, en la circonstance, parfaitement indifférent.
Ce qu'un duc aurait déjà supporté avec peine, le roi d'Angleterre ne pouvait le tolérer longtemps. Garantie légitime offerte par le droit féodal aux vassaux en butte à l'arbitraire de leur seigneur direct, le droit d'appel devenait une arme insidieuse aux mains de tout hobereau gascon en mal d'indépendance. Avec un peu d'habileté, on jouait impunément du suzerain contre le seigneur. Tant que le procès n'était pas jugé, l'appelant demeurait sous la sauvegarde du suzerain. Autant dire que le Parlement siégeant à Paris ne se pressait pas de juger, et que les Gascons pouvaient ainsi, à leur seule initiative, se soustraire à l'autorité de leur duc. Il n'était pour cela que de se plaindre.[...]
Marins français, normands, anglais et gascons s'affrontaient de temps à autre en des escarmouches navales ou en des rixes sur les quais de ports. Tout était prétexte.
[...]
En 1289, les bretons fidèles du roi de France et les Bayonnais fidèles de l'Anglais se battaient pour une pêcherie...
En 1292, Normands et Bayonnais s'affrontaient à leur tour...Les Normands anéantirent les flottilles du duc-roi
En 1293, les Anglais eurent le dessus...
Le roi de France tenait maintenant un prétexte. Le 27 octobre 1293, il cita le duc de Guyenne à comparaître devant sa Cour. S'il se dérobait, Edouard risquait la confiscation de son duché pour manquement grave à son devoir de vassal. S'il venait, il affirmait sa soumission. Il envoya donc son frère. Mais sa non-comparution permit à Philippe le Bel, de refuser de négocier. A l'évidence, ce dernier cherchait la guerre. Il voulait réduire le trop puissant vassal à l'obéissance et faire de la Guyenne un fief comme les autres, c'est-à-dire une partie du royaume de France comme les autres. C'est ce qu'il fit le 19 mai 1294. La guerre de Guyenne s'ensuivit, qui dura jusqu'en 1297... avant de voir ressurgir le même différend qui donnera lieu à la Guerre de Cent ans.
Le texte ci-dessus est extrait de l'ouvrage de Jean Favier " Philippe le Bel".
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