Question d'origine :
Bonjour
A partir de quelle époque a-t-on dissocié les sons "u" et "v" dans la prononciation latine, et par quel phénomène ?
Merci
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 10/02/2017 à 16h40
Bonjour
Le son [v] (comme dans « invitation ») n’existe pas en latin. La lettre V latine sert à retranscrire les sons [u] et [w] :
« La semi-consonne u/V
V et u ne correspondent qu'à un seul et même son [u] qui s'écrit V en majuscule et u en minuscule.
Le son [v], (français "inventer", "rêve"), n'existe pas en latin ; le son [y] (français "lune", "ému") est celui de la lettre grecque « y » (ainsi nympha se prononce [nymfa]).
u/v est ce qu'on appelle une semi-consonne ; selon sa place, il sera voyelle de timbre [u] (français "coupable", "loup") ou consonne de son [w] (français "oui", "fouine").
Entre deux consonnes : u est une voyelle : bulla = [bula]
Entre deux voyelles : u est une consonne : nauis = [nawis]
Après une consonne et avant une voyelle autre que u : u est une voyelle : sta/tu/a = [statua] ; exceptions : -qu- et –gu- (qui = [kwi])
Après une consonne et avant une voyelle u : u est une consonne : par/uus [i] = [parwus] ; [i] ser/uus = [serwus] ; uul/nus = [wulnus] ; exception : su/us = [suus] »
Lire, écrire la latin / Université ouverte des humanités et Université Paul-Valéry Montpellier 3
Plus tard, la lettre v servira uniquement à retranscrire la consonne [w] :
« v, lettre ramique employée depuis le 16e siècle pour noter u consonne, valant d’abord /w/, puis /v/ à partir du 5e s., ce qui a entraîné une confusion fréquente avec b. »
Dictionnaire latin-français : le grand Gaffiot / Félix Gaffiot
Elle est nommée « lettre ramique » car ce serait Pierre de La Ramée dit Ramus qui aurait introduit la distinction entre u et v (qui n’existe donc pas en latin) dans la langue vulgaire. Toutefois, cette distinction apparaît déjà chez Clément Marot :
« 1558 C. Marot : édition de ses Œuvres à Lyon par Jean 1er de Tournes (Premières distinctions i/j et u/v. Dans un poème « à ses disciples » apparaissent les règles de l’accord du participe passé)
1562 – P. de La Ramée dit Ramus : Gramere (reprise des distinctions i/j et u/v, qui seront appelées « ramistes » ; phonétisme généralisé) »
Repères pour une histoire des réformes orthographiques / Luce Petitjean et Maurice Tournier (in Mots)
Quant au son [v], il apparaît vers la fin de l’Empire romain :
« Dès avant la fin de l’Empire romain, /w/ initial et intervocalique latin était devenu bilabial, puis labio-dental, d’où l’existance d’un /v/, si ancienne que lors de l’invasion franque, les Gallo-Romains, devenus incapables de prononcer le /w/ initial germanique, en ont fait un /gw/ qui a été traité comme /gw/ et /kw/ d’origine latine (lingua > langue, quadratu > carré). »
Histoire de la langue française / Jacqueline Picoche et Christiane Marchello-Nizia
« L’occlusive bilabiale sonore /b/ en position intervocalique, à partir du Ier siècle de notre ère, passe au son de la fricative labiale sonore se confondant avec la semi-voyelle /v/ (forme consonantique de /u/) qui elle aussi s’est changée en fricative vers la même époque. […]
Niedermann (110) précise à propos de la semi-voyelle /v/ : « A partir de la seconde moitié du 1er siècle après J.-C. environ, la semi-voyelle v s’est convertie en une fricative sonore, se confondant ainsi avec b qui était lui aussi devenu fricative vers la même date… Par la suite, la fricative v s’est changée en occlusive labiale b après l et après r dans une partie tout au moins des provinces de l’empire romain. »
C’est ainsi que Niedermann décrit le phénomène de bétacisme qui est fondamental dans l’explication du traitement /w/ germanique ; nous pouvons regretter qu’il n’ait pas précisé à quelle date la spirante /β/ est passée à /v/. »
/W/ latin et germanique dans les domaines gallo-roman et italo-roman / Arnaldo Moroldo
« Le bêtacisme des langues romanes représente en réalité la conjonction de deux phénomènes linguistiques distincts, probablement liés entre eux. En latin classique, les lettres B et V (alors non distingué de U) correspondaient à des sons distincts : le B représentait la consonne occlusive bilabiale voisée [b] en toute position, tandis que V consonne représentait la semi-voyelle labio-vélaire [w], pareille au w anglais.
Cependant, en latin vulgaire, le [b] subit une lénition entre voyelles et vint à s'y prononcer comme une consonne fricative bilabiale voisée [β], tandis que le [w] commença à se durcir en [β] également dans la plupart des positions, dont l'initiale. La majorité des langues romanes renforcèrent ultérieurement ce [β] en la consonne fricative labio-dentale voisée [v], par exemple le français, l'italien ou le roumain. »
Bêtacisme / Wikipédia
Bonne journée
Le son [v] (comme dans « invitation ») n’existe pas en latin. La lettre V latine sert à retranscrire les sons [u] et [w] :
«
V et u ne correspondent qu'à un seul et même son [u] qui s'écrit V en majuscule et u en minuscule.
Le son [v], (français "inventer", "rêve"), n'existe pas en latin ; le son [y] (français "lune", "ému") est celui de la lettre grecque « y » (ainsi nympha se prononce [nymfa]).
u/v est ce qu'on appelle une semi-consonne ; selon sa place, il sera voyelle de timbre [u] (français "coupable", "loup") ou consonne de son [w] (français "oui", "fouine").
Entre deux consonnes : u est une voyelle : bulla = [bula]
Entre deux voyelles : u est une consonne : nauis = [nawis]
Après une consonne et avant une voyelle autre que u : u est une voyelle : sta/tu/a = [statua] ; exceptions : -qu- et –gu- (qui = [kwi])
Après une consonne et avant une voyelle u : u est une consonne : par/uus [i] = [parwus] ; [i] ser/uus = [serwus] ; uul/nus = [wulnus] ; exception : su/us = [suus] »
Lire, écrire la latin / Université ouverte des humanités et Université Paul-Valéry Montpellier 3
Plus tard, la lettre v servira uniquement à retranscrire la consonne [w] :
« v, lettre ramique employée depuis le 16e siècle pour noter u consonne, valant d’abord /w/, puis /v/ à partir du 5e s., ce qui a entraîné une confusion fréquente avec b. »
Dictionnaire latin-français : le grand Gaffiot / Félix Gaffiot
Elle est nommée « lettre ramique » car ce serait Pierre de La Ramée dit Ramus qui aurait introduit la distinction entre u et v (qui n’existe donc pas en latin) dans la langue vulgaire. Toutefois, cette distinction apparaît déjà chez Clément Marot :
« 1558 C. Marot : édition de ses Œuvres à Lyon par Jean 1er de Tournes (Premières distinctions i/j et u/v. Dans un poème « à ses disciples » apparaissent les règles de l’accord du participe passé)
1562 – P. de La Ramée dit Ramus : Gramere (reprise des distinctions i/j et u/v, qui seront appelées « ramistes » ; phonétisme généralisé) »
Repères pour une histoire des réformes orthographiques / Luce Petitjean et Maurice Tournier (in Mots)
Quant au son [v], il apparaît vers la fin de l’Empire romain :
« Dès avant la fin de l’Empire romain, /w/ initial et intervocalique latin était devenu bilabial, puis labio-dental, d’où l’existance d’un /v/, si ancienne que lors de l’invasion franque, les Gallo-Romains, devenus incapables de prononcer le /w/ initial germanique, en ont fait un /gw/ qui a été traité comme /gw/ et /kw/ d’origine latine (lingua > langue, quadratu > carré). »
Histoire de la langue française / Jacqueline Picoche et Christiane Marchello-Nizia
« L’occlusive bilabiale sonore /b/ en position intervocalique, à partir du Ier siècle de notre ère, passe au son de la fricative labiale sonore se confondant avec la semi-voyelle /v/ (forme consonantique de /u/) qui elle aussi s’est changée en fricative vers la même époque. […]
Niedermann (110) précise à propos de la semi-voyelle /v/ : « A partir de la seconde moitié du 1er siècle après J.-C. environ, la semi-voyelle v s’est convertie en une fricative sonore, se confondant ainsi avec b qui était lui aussi devenu fricative vers la même date… Par la suite, la fricative v s’est changée en occlusive labiale b après l et après r dans une partie tout au moins des provinces de l’empire romain. »
C’est ainsi que Niedermann décrit le phénomène de bétacisme qui est fondamental dans l’explication du traitement /w/ germanique ; nous pouvons regretter qu’il n’ait pas précisé à quelle date la spirante /β/ est passée à /v/. »
/W/ latin et germanique dans les domaines gallo-roman et italo-roman / Arnaldo Moroldo
« Le bêtacisme des langues romanes représente en réalité la conjonction de deux phénomènes linguistiques distincts, probablement liés entre eux. En latin classique, les lettres B et V (alors non distingué de U) correspondaient à des sons distincts : le B représentait la consonne occlusive bilabiale voisée [b] en toute position, tandis que V consonne représentait la semi-voyelle labio-vélaire [w], pareille au w anglais.
Cependant, en latin vulgaire, le [b] subit une lénition entre voyelles et vint à s'y prononcer comme une consonne fricative bilabiale voisée [β], tandis que le [w] commença à se durcir en [β] également dans la plupart des positions, dont l'initiale. La majorité des langues romanes renforcèrent ultérieurement ce [β] en la consonne fricative labio-dentale voisée [v], par exemple le français, l'italien ou le roumain. »
Bêtacisme / Wikipédia
Bonne journée
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