Question d'origine :
Bonjour,
Y-a-t-il un mot en français qui serait la traduction de: siblings ? Si ce n'est pas est-ce que c'est une exception française ? Notre belle langue serait elle plus pauvre que l'anglais ?
Merci d'avance, vous roxez du poney (ça au moins c'est une belle expression française).
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 03/02/2017 à 09h28
Bonjour
Les différents dictionnaires que nous avons pu consulter traduisent « sibling » par « frère ou sœur / frères et sœurs » :
• Word Reference
• Larousse
• Reverso
• Dictionnaire pratique Harrap’s : anglais-français / français-anglais
Le premier mot qui vient à l’esprit pour traduire en français le concept de « sibling » est fratrie :
« Ensemble des frères et sœurs de la même famille. »
Larousse
Toutefois, le terme « fratrie » est dérivé du latin frater , « frère » et peut poser problème lorsqu’il s’agit de désigner un ensemble de sœurs ou de frères et sœurs :
« Même si, comme on le soulignera au cours de ce rapide bilan, l’intérêt des historiens pour les sœurs a été moins fort que celui porté aux frères et que rares sont encore les démarches de genre pour appréhender les liens adelphiques, on assiste à l’adoption d’un vocabulaire qui permet de remettre en cause la très forte masculinisation des termes usités, sous couvert de neutralité et, par conséquent, de tenir compte du féminin autant que du masculin. Ainsi, on a pris acte du fait que l’emploi des termes de « fratrie », « fraternel » ou « fraternité », formés sur la racine latine frater, posaient problème pour désigner ce qui est relatif aux frères et sœurs. C’est pourquoi, les historiens adoptent de plus en plus le mot plus neutre d’« adelphique » (adelphos, signifiant né de la même matrice) . De même, lorsqu’ils cherchent à distinguer le sexe de la fratrie (mixte ou unisexuée), ils évitent, pour désigner un ensemble de sœurs, d’utiliser « fratrie » et lui préfèrent le terme de « sororie » . »
L’histoire des frères et des sœurs / Didier Lett
Ainsi, une « fratrie » composée uniquement de sœurs sera nommée « sororie » ou « sororité » :
« Se sont prêtés à l'exercice des fratries masculines et seulement deux "sorories", terme que l'historien médiéviste Didier Lett emprunte à Jacques Maître, auteur d'un essai de psychanalyse socio-historique sur Thérèse de Lisieux. "J'utilise le terme sororie et je le défends. Je trouve cela un peu raide, quand il n'y a que des soeurs, de dire fratrie", soutient Didier Lett, qui a publié un ouvrage illustré avec soin et hélas épuisé, Histoire des frères et soeurs (La Martinière, 2004). »
Frères et sœurs, secrets de familles / Béatrice Gurrey (in Le Monde)
« Sororité : (Dérivé savant du latin soror , pour traduite l’anglais sisterhood (1968), mot du discours féministe) Lien, solidarité existant entre les femmes considéré comme spécifique par rapport à la fraternité qui unit les hommes. »
Dictionnaire culturel en langue française / sous la direction d’Alain Rey
Et une « fratrie » de frères et sœurs sera qualifiée d’ « adelphie » :
« De même, on désigne par « fratrie » l’ensemble des enfants nés des mêmes parents ; s’il s’agit de filles, on pourrait bien dire « sororie ». Et pour un ensemble mixte ? Alors que « mère et père » se fondent dans « parents », « fils et fille » dans « enfants », le français ne dispose pas d’un nom collectif signifiant « sœur(s) et frère(s) », au contraire de l’anglais « siblings » ou de l’allemand « Geschwister », formé sur « Schwester » (sœur). […]
« Frère » et « sœur » viennent de deux mots latins différents. Le grec (adelphos/adelphé) et l’espagnol (hermano/hermana) sont les seules langues occidentales dans lesquelles le radical est commun. J’ai choisi le grec pour proposer le mot « adelphité ». Des historiens, tel le médiéviste Didier Lett, emploient l’adjectif dérivé : « liens adelphiques », « relation adelphique », « inceste adelphique ». « Adelphie » peut désigner un groupe de frère(s) et de sœur(s), et « adelphiquement » servir de formule finale aux courriels.
L'adelphité est un état d'esprit et un état d'âme, où il entre de la sympathie, de la bienveillance, de la solidarité, avec une dimension spirituelle, un élan vers l'autre. Des trois idéaux de la devise républicaine, la liberté est nécessaire pour inventer et l’égalité indispensable pour assurer le respect mutuel, tandis que l’adelphité ou le plaisir d’être ensemble en confiance stimule la créativité. »
L’adelphité / Florence Montreynaud (in Chiennes de Gardes)
« Mais comment traduire sibling ou gefrato en français? Comment référer à la même réalité sans user d’une périphrase encombrante et boiteuse comme « la personne qui est mon frère ou ma sœur sans être pour autant un homme ou une femme » ? […]
Sans chercher à invalider frœur, je me permets de proposer un autre terme, qui m’apparait apte à traduire avec précision la notion de sibling ou de gefrato : il s’agit du mot adelphe.
Le terme adelphe provient du grec ancien ἀδελφύς (adelphós), un adjectif qui pourrait se traduire approximativement en « relatif aux enfants de mêmes parents ». À l’origine, ce mot signifiait utérin, en allusion au fait que les enfants proviennent nécessairement d’un utérus. Qu’on aime ou non cette référence biologique originelle, rappelons qu’un mot n’est jamais prisonnier de son histoire et que tout groupe solidarisé peut se réapproprier un mot anciennement entaché.
Puisque le mot adelphe commence par une voyelle, il peut s’utiliser de manière épicène avec la plupart des déterminants usuels. Ainsi, on peut par exemple parler de « mon adelphe », sans que l’on puisse déterminer le genre du déterminant mon, qui s’utilise au masculin (comme dans « mon amoureux ») et au féminin (comme dans « mon amoureuse »), aussi bien qu’à l’épicène (comme dans « mon amoureusi »). […]
L’emploi est intéressant : en plus de pouvoir dorénavant utiliser adelphe à la place de frère et sœur, on pourra aussi remplacer fraternel et sororal par adelphique. Et pourquoi ne pas, tant qu’à secouer le joug séculaire du genre, en profiter pour remplacer fratrie, par adelphie? L’idée est lancée ! »
La queerisation du français : de frère et sœur à adelphe / Gabriel Martin (in Le Collectif)
« Le terme « adelphité » fait alors consensus chez les féministes, puisqu’il désigne la solidarité entre frères et sœurs. »
Langue française et féminisme : la guerre des mots/ Lena Younes (in Sorb’On)
Bonne journée
Les différents dictionnaires que nous avons pu consulter traduisent « sibling » par « frère ou sœur / frères et sœurs » :
• Word Reference
• Larousse
• Reverso
• Dictionnaire pratique Harrap’s : anglais-français / français-anglais
Le premier mot qui vient à l’esprit pour traduire en français le concept de « sibling » est fratrie :
« Ensemble des frères et sœurs de la même famille. »
Larousse
Toutefois, le terme « fratrie » est dérivé du latin frater , « frère » et peut poser problème lorsqu’il s’agit de désigner un ensemble de sœurs ou de frères et sœurs :
« Même si, comme on le soulignera au cours de ce rapide bilan, l’intérêt des historiens pour les sœurs a été moins fort que celui porté aux frères et que rares sont encore les démarches de genre pour appréhender les liens adelphiques, on assiste à l’adoption d’un vocabulaire qui permet de remettre en cause la très forte masculinisation des termes usités, sous couvert de neutralité et, par conséquent, de tenir compte du féminin autant que du masculin. Ainsi, on a pris acte du fait que l’emploi des termes de « fratrie », « fraternel » ou « fraternité », formés sur la racine latine frater, posaient problème pour désigner ce qui est relatif aux frères et sœurs. C’est pourquoi, les historiens adoptent de plus en plus le mot plus neutre
L’histoire des frères et des sœurs / Didier Lett
Ainsi, une « fratrie » composée uniquement de sœurs sera nommée « sororie » ou « sororité » :
« Se sont prêtés à l'exercice des fratries masculines et seulement deux "sorories", terme que l'historien médiéviste Didier Lett emprunte à Jacques Maître, auteur d'un essai de psychanalyse socio-historique sur Thérèse de Lisieux. "J'utilise le terme sororie et je le défends. Je trouve cela un peu raide, quand il n'y a que des soeurs, de dire fratrie", soutient Didier Lett, qui a publié un ouvrage illustré avec soin et hélas épuisé, Histoire des frères et soeurs (La Martinière, 2004). »
Frères et sœurs, secrets de familles / Béatrice Gurrey (in Le Monde)
« Sororité : (Dérivé savant du latin soror , pour traduite l’anglais sisterhood (1968), mot du discours féministe) Lien, solidarité existant entre les femmes considéré comme spécifique par rapport à la fraternité qui unit les hommes. »
Dictionnaire culturel en langue française / sous la direction d’Alain Rey
Et une « fratrie » de frères et sœurs sera qualifiée d’ « adelphie » :
« De même, on désigne par « fratrie » l’ensemble des enfants nés des mêmes parents ; s’il s’agit de filles, on pourrait bien dire « sororie ». Et pour un ensemble mixte ? Alors que « mère et père » se fondent dans « parents », « fils et fille » dans « enfants », le français ne dispose pas d’un nom collectif signifiant « sœur(s) et frère(s) », au contraire de l’anglais « siblings » ou de l’allemand « Geschwister », formé sur « Schwester » (sœur). […]
« Frère » et « sœur » viennent de deux mots latins différents. Le grec (adelphos/adelphé) et l’espagnol (hermano/hermana) sont les seules langues occidentales dans lesquelles le radical est commun. J’ai choisi le grec pour proposer le mot « adelphité ». Des historiens, tel le médiéviste Didier Lett, emploient l’adjectif dérivé : « liens adelphiques », « relation adelphique », « inceste adelphique ». « Adelphie » peut désigner un groupe de frère(s) et de sœur(s), et « adelphiquement » servir de formule finale aux courriels.
L'adelphité est un état d'esprit et un état d'âme, où il entre de la sympathie, de la bienveillance, de la solidarité, avec une dimension spirituelle, un élan vers l'autre. Des trois idéaux de la devise républicaine, la liberté est nécessaire pour inventer et l’égalité indispensable pour assurer le respect mutuel, tandis que l’adelphité ou le plaisir d’être ensemble en confiance stimule la créativité. »
L’adelphité / Florence Montreynaud (in Chiennes de Gardes)
« Mais comment traduire sibling ou gefrato en français? Comment référer à la même réalité sans user d’une périphrase encombrante et boiteuse comme « la personne qui est mon frère ou ma sœur sans être pour autant un homme ou une femme » ? […]
Sans chercher à invalider frœur, je me permets de proposer un autre terme, qui m’apparait apte à traduire avec précision la notion de sibling ou de gefrato : il s’agit du mot adelphe.
Le terme adelphe provient du grec ancien ἀδελφύς (adelphós), un adjectif qui pourrait se traduire approximativement en « relatif aux enfants de mêmes parents ». À l’origine, ce mot signifiait utérin, en allusion au fait que les enfants proviennent nécessairement d’un utérus. Qu’on aime ou non cette référence biologique originelle, rappelons qu’un mot n’est jamais prisonnier de son histoire et que tout groupe solidarisé peut se réapproprier un mot anciennement entaché.
Puisque le mot adelphe commence par une voyelle, il peut s’utiliser de manière épicène avec la plupart des déterminants usuels. Ainsi, on peut par exemple parler de « mon adelphe », sans que l’on puisse déterminer le genre du déterminant mon, qui s’utilise au masculin (comme dans « mon amoureux ») et au féminin (comme dans « mon amoureuse »), aussi bien qu’à l’épicène (comme dans « mon amoureusi »). […]
L’emploi est intéressant : en plus de pouvoir dorénavant utiliser adelphe à la place de frère et sœur, on pourra aussi remplacer fraternel et sororal par adelphique. Et pourquoi ne pas, tant qu’à secouer le joug séculaire du genre, en profiter pour remplacer fratrie, par adelphie? L’idée est lancée ! »
La queerisation du français : de frère et sœur à adelphe / Gabriel Martin (in Le Collectif)
« Le terme « adelphité » fait alors consensus chez les féministes, puisqu’il désigne la solidarité entre frères et sœurs. »
Langue française et féminisme : la guerre des mots/ Lena Younes (in Sorb’On)
Bonne journée
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