Question d'origine :
Bonjour,
On entend parfois parler du "continent de plastique", soit une gigantesque plaque de déchets qui serait dans l'océan.
Je me demande si ces déchets sont visibles quand on est en mer (flottent à la surface) ou s'il s'agit d'un concept un peu plus théorique, les déchets étant décomposés ou minuscules (invisibles à l'œil nu) ou flottant entre deux eaux. A-t-on des photos de ce phénomène?
Par ailleurs, si on sait où il se trouve, et si on sait de quoi il est composé, pourquoi n'enlève-t-on pas cet amas de déchets de l'eau? Ne suffirait-il pas d'un filet qu'on laisse traîner pour tout ramasser?
Merci beaucoup!
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 02/02/2017 à 13h54
Bonjour
Le Guichet du Savoir s’est déjà penché sur ce continent de plastique : 5 ou 6 continents.
On y apprend notamment que ce continent n’est pas composé de sachets plastiques mais plutôt de micro-fragments de plastique, invisible à l’œil nu :
« « Le "7e continent de plastique". On le décrit comme une immense plaque de déchets évoluant dans le nord de l'océan Pacifique, de la taille d'un tiers des Etats-Unis ou de six fois la France. Aussitôt se forme à l'esprit l'image d'un gigantesque amas compact de sacs plastiques, bouteilles, filets et autres bidons...
En réalité, ce phénomène, qui effraye et fascine à la fois, ressemble plus à une "soupe de plastique" constituée de quelques macro déchets éparses, mais surtout d'une myriade de petits fragments. "L'image d'un continent sert à sensibiliser le grand public, mais ne rend pas compte de la réalité, explique François Galgani, océanographe et chercheur spécialiste des déchets à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Il s'agit plutôt d'une multitude de micro-plastiques, d'un diamètre inférieur à 5 mm, en suspension à la surface ou jusqu'à 30 mètres de profondeur, difficiles à voir de loin. Mais quand on puise dans l'eau, on en remonte une quantité impressionnante." »
Source : Le 7e continent de plastique : ces tourbillons de déchets dans les océans / Audrey Garric (in Le Monde)
En effet, la vision d’un continent fait de sac plastiques et autres déchets – si elle permet de sensibiliser le grand public – n’est pas des plus adéquates :
« Leur mission : comprendre comment se forme le fameux « continent de plastique ». Des tonnes de déchets déversés par les hommes sur le globe finissent là, au milieu des océans. Mais n’imaginez pas une plaque flottante sur laquelle on pourrait marcher. À part quelques gros objets ici ou là, le « continent » est plutôt un banc de microparticules qui affleure à la surface. L'ensemble est en quantité plutôt inquiétante : des mesures réalisées sur les zones les plus touchées montrent qu'il y a six fois plus de plastique que de plancton ! »
Les explorateurs français du continent de plastique / Jérémy André (in Le Point)
« Problème pour les scientifiques, cette "soupe" est essentiellement composée de microdéchets de plastique décomposé, maintenus en suspension dans l'eau, parfois sur 30 mètres de profondeur. Très difficilement détectable par les observations satellites, cette pollution est seulement visible depuis des bateaux.
Selon le CNES, l'agence spatiale française qui parraine la mission "7e continent", le vortex du Pacifique nord, entre la Californie et Hawaï, est l'un des plus importants de la planète, avec une surface d'environ 3,4 millions de km2.
Mais la plaque de déchets qui y flotte est "située dans des eaux peu concernées par la navigation marchande et le tourisme, le problème n'intéresse que les écologistes et les scientifiques", déplore Patrick Deixonne. »
A la découverte du « continent de plastique » / Hugo Jalinière (in Sciences & Avenir)
De plus, il n’existe pas un mais plusieurs « 7e continents », dans tous les océans du monde :
« De "grandes soupes de déchets, formées de petites particules de plastique". Voilà ce que décrit l'équipe de l'expédition "Septième continent" à Reuters après un mois d'exploration dans l'Atlantique Nord, dans une zone qui concentre des détritus amenés là par des courants océaniques. Les craintes de ces explorateurs ont en effet été confirmées -et même aggravées- par leurs recherches.
Si la mission est intitulée "Septième continent", il ne faut pas s'attendre à voir un immense amas de déchets flotter à la surface des eaux pour autant. La pollution est en fait beaucoup plus difficile à repérer, avec des détritus jusqu'à 30 mètres de profondeur.
Si bien que cette zone de déchets disséminés dans l'Atlantique Nord n'a été découverte qu'en 2010. Il y en aurait quatre autres comparables dans le monde : une autre dans l'Atlantique, deux dans le Pacifique et une dernière dans l'océan Indien.
"Ce n'est pas ce qui était visible à l'oeil nu qui était le plus impressionnant", raconte l'équipage à Reuters. "Un des moments les plus marquants est lorsque nous avons été plusieurs à y plonger le bras: il a fallu ensuite utiliser des pinces à épiler pour retirer les petits morceaux de plastique de notre peau. Imaginons la baleine bleue qui ouvre grand sa gueule pour avaler tout ça!" raconte Patrick Deixonne, chef de cette mission. »
Un « septième continent » de plastique dans l’Atlantique / L’Express
Voir également Un continent de plastique / Arte Future
Du fait de la taille minime des particules de plastiques qui polluent les océans, il est difficile de trouver des solutions pour les nettoyer :
« Quelles solutions pour s’en débarrasser ?
Le principal problème peut être posé par cette question: à qui appartiennent ces continents? En effet ils se trouvent dans les eaux internationales, lesquelles appartiennent à tous quand on y trouve quelques richesses et à personne lorsqu’il n’y a rien à en tirer! Chaque pays se dédouanant du problème repoussant sans cesse le moment de s’y confronter. Il est impossible de nettoyer l’océan car aucun micro-organisme n’est capable de le dégrader complètement. La seule solution pour réduire sa présence dans l’océan est donc de ne pas le jeter dans l’environnement, et d’opter pour des matériaux alternatifs biodégradables. »
Pollution : tout savoir sur les continents de plastique / envi2bio (in Agence Science Presse)
Toutefois, plusieurs projets pour nettoyer les océans sont à l’étude :
« C’est possible de tout nettoyer
L'idée d'un aspirateur sous forme de drone marin a déjà été imaginée par des étudiants en design de Valenciennes (Nord). Objectif : repêcher les plastiques grâce à un engin de 5 m de haut et 3,6 m de diamètre. Le projet est resté, pour le moment, au stade de l'utopie.
Plus improbable, le cabinet d'architectes néerlandais WHIM travaille à la construction d'une île à partir de la récupération des déchets. Ayant d'abord imaginé ce territoire au beau milieu du Pacifique, les spécialistes de WHIM planchent désormais sur la construction d'îlots en bordure des villes comme à Rotterdam (Pays-Bas), à l'embouchure de la Meuse.
Plus récemment, une initiative d'un jeune homme de 19 ans, Boyan Slat, a permis d'explorer une nouvelle piste. Il propose de capter les déchets grâce à des barrages flottants auto-alimentés par le soleil et la houle de l'océan. Son projet serait même rentable car le recyclage des matières plastiques récupérées pourrait rapporter, selon son équipe, 500 millions de dollars.
Pourquoi personne ne fait rien
La récupération de ces déchets s'avère complexe pour plusieurs raisons. D'une part, leur taille réduite et la profondeur où ils se situent nécessitent des investissements techniques importants. De plus, les moyens utilisés pour collecter ces résidus microscopiques risquent de menacer la faune et la flore marine, sans oublier que le coût d'une telle opération pourrait s'avérer particulièrement élevé. Des questions se posent également sur la durabilité d'un tel nettoyage.
Enfin, les opérations sont aussi complexifiées en raison de l'éloignement des gyres, situés dans les eaux internationales. Entre la distance et l'impossibilité de pointer un responsable direct du phénomène, rien ne pousse les Etats à trouver des solutions politiques à cette problématique écologique
Pour Patrick Deixonne, un des objectifs de l'expédition 7e continent est de "cartographier les déchets présents dans les gyres avant même d'espérer les collecter". Nicolas Ackermann, chercheur à l'Agence spatiale européenne, se montre, lui, plus sceptique. "Pour l'instant, on utilise des modèles pour représenter les déchets, car les satellites ne sont pas encore assez puissants pour cartographier des résidus de quelques millimètres". Selon lui, "l'intérêt de ce projet, c'est déjà de faire passer un message. Ça peut sembler fou, mais peu de personnes connaissent ce problème". »
Quatre questions pas si bêtes sur le « septième continent » de plastique / Yannick Sanchez (in France TV Info)
« Boyan Slat a 19 ans, habite aux Pays-Bas et a commencé à étudier la possibilité de débarrasser les océans du monde des millions de tonnes de plastique qui les polluent à l’occasion de son projet de dernière année de lycée. […]
Boyan Slat propose une solution radicalement différente. Au lieu d’utiliser de l’énergie pour se battre contre les courants marins, le projet Ocean Cleanup s’appuierait sur des bases fixes et laisserait les courants amener les déchets dans ses barrages flottants. Selon une hypothèse qui nécessite d’être testée, le plancton pourrait nager en dessous des barrages mais même les plus petits morceaux de plastique resteraient bloqués.
Le projet pourrait même se révéler rentable, le recyclage des matières plastiques récupérées pouvant rapporter 500 millions de dollars. »
A 19 ans, Boyan Slat a peut-être trouvé comment nettoyer les océans / Pamela Duboc (in Slate)
« Ocean Cleanup consiste en d'immenses bouées déployées pour capturer les déchets en se servant des courants. Une fois récupérés, ces déchets sont stockés dans une tour flottante que l'on vide deux fois par an. Le but des prochains tests est « d'observer les effets de la mer, notamment les courants et les vagues », précise la fondation.
Le problème, c'est que l'efficacité d'Ocean Cleanup a été maintes fois remise en cause par de nombreux scientifiques. L'invention de Boyan Slat ne récupère dans ses filets que des macrodéchets (gros de plus de 2 cm). Or, beaucoup de scientifiques, dont les deux océanographes publiés par The Conversation début janvier, sont bien plus préoccupés par les microdéchets, ceux-là même qui forment une véritable « soupe de plastique » très difficile à nettoyer.
The SeaBin, cantonnée aux rivages
Cet automne, deux surfeurs australiens ont eux aussi suscité beaucoup d'intéret avec une campagne de financement participatif pour leur invention : The SeaBin Project. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une sorte de poubelle pour la mer. Placée juste à la surface, elle aspire l'eau en son sein, ainsi que tous les déchets qui y flottent.
Comme une passoire, la SeaBin garde ensuite les détritus, et laisse filer l'eau. Une fois plein, le sac qui a collecté les déchets doit simplement être vidé. Peter Ceglinski et Andrew Turton ont mis quatre ans pour développer cette poubelle aspirante censée recueillir également les polluants chimiques (hydrocarbure, produits détergents etc.).
L'avantage de cette invention a priori simple, c'est qu'elle peut fonctionner 24/24 heures, et 7/7 jours. Mais son désavantage, lui, n'est pas négligeable : la SeaBin doit être placée sur un plan d'eau calme comme on peut en trouver au niveau des ports, des marinas ou des lacs. Impossible donc, d'imaginer laisser voguer plein de poubelles aspirantes au large jusqu'à ce que l'océan soit propre. […]
La prometteuse « roue géante » qui fait des petits
Du côté de Baltimore, depuis 2014, c'est une grande roue solaire qui suscite l'enthousiasme des protecteurs de l'environnement. Ils voient en effet la Water Wheel comme le premier projet « réellement faisable ». Installée à l'entrée du port de la ville du Maryland, cette grande roue est même devenue une mascotte, avec son propre compte Twitter.
Les détritus arrivent dans son sillage portés par le courant. Une fois devant la grande roue, ils embarquent sur un tapis roulant qui les sort de l'eau, et les transporte jusque dans une péniche faisant office de benne.
Capable de traiter 23 tonnes de déchets par jour, la Water Wheel s'apprête à voir naître une soeur jumelle. Baltimore mène actuellement une campagne de financement participatif pour l'installer dans un autre quartier de la ville. A noter que, comme pour The SeaBin, la Water Wheel se cantonne aux ports et aux marinas. »
Comment faire pour qu’en 2050, il n’y ait pas plus de plastiques que de poissons dans l’océan ? / Marion Degeorges (in Les Echos)
« Les bactéries : une solution trop lente
«Les bactéries sont les seuls organismes capables de dégrader le plastique, qu’elles utilisent comme nourriture et source de carbone», révèle Jean-François Ghiglione, du Laboratoire d’océanographie microbienne de Banyuls-sur-Mer. Et d’expliquer : «Une fois que les courants et les UV l’ont réduit à l’état de molécules, elles peuvent le manger et l’assimiler. Une partie du plastique est alors transformée en CO2, l’autre devient partie intégrante de la bactérie : la matière toxique a totalement disparu.» Est-ce à dire que ces êtres minuscules pourraient venir à bout du «7e continent» ? «En théorie seulement, regrette Jean-François Ghiglione. Les bactéries mettent entre cent et quatre cents ans pour décomposer un sac plastique. Cette lenteur, conjuguée à l’énorme masse des déchets en mer, rend cette solution inapplicable.»
Tarir sa source : une nécessité
En octobre 2014, le professeur Richard Thompson, de l’Ecole de sciences marines de Plymouth, illustrait ainsi au micro de la BBC l’opinion dominante chez les scientifiques : «Prélever les déchets en mer, c’est vouloir vider une baignoire en laissant ses robinets ouverts ! Mieux vaut dépenser de l’argent pour les empêcher d’y arriver.» Jean-François Ghiglione renchérit : «Concentrer les efforts sur le nettoyage des sols et des cours d’eau sera plus simple et plus efficace ! Et n’oublions pas que le tiers des déchets plastiques en mer proviennent d’un manque de collecte de la part des ménages. La clé, c’est une prise de conscience des citoyens à travers un travail de sensibilisation au tri sélectif.
Arrêter sa production : totalement utopique !
Plusieurs pays (Haïti, Mauritanie, Mali, Bangladesh) et certains Etats américains ont déjà prohibé les sacs plastiques, l’une des principales sources de cette pollution marine. En octobre 2014, la France a voté une loi qui les interdit à compter de 2016. […] Toujours en 2014, les 28 Etats de l’Union européenne se sont entendus pour réduire de 75 % leur consommation de sacs d’ici à 2025. Mais ils pourraient s’en tenir à une simple taxation, sous la pression du puissant lobby de l’industrie plastique, elle-même soutenue par les pétroliers. Il est vrai que cette filière a réalisé, au niveau mondial, pour 26,5 milliards d’euros de bénéfices en 2014, d’après la banque fédérale américaine Exim. Au regard des intérêts en jeu, le plastique n’est donc pas prêt de disparaître. D’autant que la Chine et les autres pays de l’Asie en fabriquent près de la moitié. Or, ce sont eux qui en rejettent le plus dans les océans... […]
Les « bioplastiques » : un réel espoir
Depuis quelques années, quelques pionniers planchent sur la création de «bioplastiques» à base de matières naturelles (amidon de maïs, de pomme de terre, etc.), qui se dégradent rapidement, tout en gardant les propriétés de légèreté et de résistance de leurs équivalents synthétiques. En 2011, l’ingénieur breton Rémy Lucas, descendant d’une famille de goémoniers et fondateur de la société Algopack, a par exemple lancé un plastique conçu à partir d’algues fertilisées en écloserie, puis cultivées et récoltées en mer. Une première mondiale, issue de dix ans de recherches. «Il s’agit d’un matériau vertueux», souligne l’entrepreneur de 43 ans. En effet, sa fabrication ne nécessite aucun pesticide ni engrais, et requiert très peu d’eau. Par ailleurs, la culture des algues n’empiète pas sur les terres agricoles. «Enfin, conclut Rémy Lucas, une tonne sèche de ces végétaux capture 962 kilos de CO2, principal gaz à effet de serre». La vitesse de décomposition de son «plastique vert» est fulgurante : quelques heures, contre 400 ans pour un polymère classique. L’usine, basée à Saint-Malo, transforme chaque semaine une tonne d’algues en clés USB, panneaux signalétiques, jouets et autres tablettes tactiles... Est- ce pour autant le remède miracle ? Encore faudrait-il que la filière traditionnelle se convertisse aux bioplastiques à l’échelle mondiale... »
Plastique dans les océans : six façons de (presque) s’en débarrasser / Sylvie Buy (in Géo)
Il existe plusieurs projets qui ont pour mission d’étudier ces soupes de plastique dans les océans :
• Project Kaisei
• TARA
• Septième continent
Vous trouverez de plus amples renseignements à ce sujet sur leurs différents sites web.
Bonne journée
Le Guichet du Savoir s’est déjà penché sur ce continent de plastique : 5 ou 6 continents.
On y apprend notamment que ce continent n’est pas composé de sachets plastiques mais plutôt de micro-fragments de plastique, invisible à l’œil nu :
« « Le "7e continent de plastique". On le décrit comme une immense plaque de déchets évoluant dans le nord de l'océan Pacifique, de la taille d'un tiers des Etats-Unis ou de six fois la France. Aussitôt se forme à l'esprit l'image d'un gigantesque amas compact de sacs plastiques, bouteilles, filets et autres bidons...
En réalité, ce phénomène, qui effraye et fascine à la fois, ressemble plus à une "soupe de plastique" constituée de quelques macro déchets éparses, mais surtout d'une myriade de petits fragments. "L'image d'un continent sert à sensibiliser le grand public, mais ne rend pas compte de la réalité, explique François Galgani, océanographe et chercheur spécialiste des déchets à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Il s'agit plutôt d'une multitude de micro-plastiques, d'un diamètre inférieur à 5 mm, en suspension à la surface ou jusqu'à 30 mètres de profondeur, difficiles à voir de loin. Mais quand on puise dans l'eau, on en remonte une quantité impressionnante." »
Source : Le 7e continent de plastique : ces tourbillons de déchets dans les océans / Audrey Garric (in Le Monde)
En effet, la vision d’un continent fait de sac plastiques et autres déchets – si elle permet de sensibiliser le grand public – n’est pas des plus adéquates :
« Leur mission : comprendre comment se forme le fameux « continent de plastique ». Des tonnes de déchets déversés par les hommes sur le globe finissent là, au milieu des océans. Mais n’imaginez pas une plaque flottante sur laquelle on pourrait marcher. À part quelques gros objets ici ou là, le « continent » est plutôt un banc de microparticules qui affleure à la surface. L'ensemble est en quantité plutôt inquiétante : des mesures réalisées sur les zones les plus touchées montrent qu'il y a six fois plus de plastique que de plancton ! »
Les explorateurs français du continent de plastique / Jérémy André (in Le Point)
« Problème pour les scientifiques, cette "soupe" est essentiellement composée de microdéchets de plastique décomposé, maintenus en suspension dans l'eau, parfois sur 30 mètres de profondeur. Très difficilement détectable par les observations satellites, cette pollution est seulement visible depuis des bateaux.
Selon le CNES, l'agence spatiale française qui parraine la mission "7e continent", le vortex du Pacifique nord, entre la Californie et Hawaï, est l'un des plus importants de la planète, avec une surface d'environ 3,4 millions de km2.
Mais la plaque de déchets qui y flotte est "située dans des eaux peu concernées par la navigation marchande et le tourisme, le problème n'intéresse que les écologistes et les scientifiques", déplore Patrick Deixonne. »
A la découverte du « continent de plastique » / Hugo Jalinière (in Sciences & Avenir)
De plus, il n’existe pas un mais plusieurs « 7e continents », dans tous les océans du monde :
« De "grandes soupes de déchets, formées de petites particules de plastique". Voilà ce que décrit l'équipe de l'expédition "Septième continent" à Reuters après un mois d'exploration dans l'Atlantique Nord, dans une zone qui concentre des détritus amenés là par des courants océaniques. Les craintes de ces explorateurs ont en effet été confirmées -et même aggravées- par leurs recherches.
Si la mission est intitulée "Septième continent", il ne faut pas s'attendre à voir un immense amas de déchets flotter à la surface des eaux pour autant. La pollution est en fait beaucoup plus difficile à repérer, avec des détritus jusqu'à 30 mètres de profondeur.
Si bien que cette zone de déchets disséminés dans l'Atlantique Nord n'a été découverte qu'en 2010. Il y en aurait quatre autres comparables dans le monde : une autre dans l'Atlantique, deux dans le Pacifique et une dernière dans l'océan Indien.
"Ce n'est pas ce qui était visible à l'oeil nu qui était le plus impressionnant", raconte l'équipage à Reuters. "Un des moments les plus marquants est lorsque nous avons été plusieurs à y plonger le bras: il a fallu ensuite utiliser des pinces à épiler pour retirer les petits morceaux de plastique de notre peau. Imaginons la baleine bleue qui ouvre grand sa gueule pour avaler tout ça!" raconte Patrick Deixonne, chef de cette mission. »
Un « septième continent » de plastique dans l’Atlantique / L’Express
Voir également Un continent de plastique / Arte Future
Du fait de la taille minime des particules de plastiques qui polluent les océans, il est difficile de trouver des solutions pour les nettoyer :
« Quelles solutions pour s’en débarrasser ?
Le principal problème peut être posé par cette question: à qui appartiennent ces continents? En effet ils se trouvent dans les eaux internationales, lesquelles appartiennent à tous quand on y trouve quelques richesses et à personne lorsqu’il n’y a rien à en tirer! Chaque pays se dédouanant du problème repoussant sans cesse le moment de s’y confronter. Il est impossible de nettoyer l’océan car aucun micro-organisme n’est capable de le dégrader complètement. La seule solution pour réduire sa présence dans l’océan est donc de ne pas le jeter dans l’environnement, et d’opter pour des matériaux alternatifs biodégradables. »
Pollution : tout savoir sur les continents de plastique / envi2bio (in Agence Science Presse)
Toutefois, plusieurs projets pour nettoyer les océans sont à l’étude :
«
L'idée d'un aspirateur sous forme de drone marin a déjà été imaginée par des étudiants en design de Valenciennes (Nord). Objectif : repêcher les plastiques grâce à un engin de 5 m de haut et 3,6 m de diamètre. Le projet est resté, pour le moment, au stade de l'utopie.
Plus improbable, le cabinet d'architectes néerlandais WHIM travaille à la construction d'une île à partir de la récupération des déchets. Ayant d'abord imaginé ce territoire au beau milieu du Pacifique, les spécialistes de WHIM planchent désormais sur la construction d'îlots en bordure des villes comme à Rotterdam (Pays-Bas), à l'embouchure de la Meuse.
Plus récemment, une initiative d'un jeune homme de 19 ans, Boyan Slat, a permis d'explorer une nouvelle piste. Il propose de capter les déchets grâce à des barrages flottants auto-alimentés par le soleil et la houle de l'océan. Son projet serait même rentable car le recyclage des matières plastiques récupérées pourrait rapporter, selon son équipe, 500 millions de dollars.
La récupération de ces déchets s'avère complexe pour plusieurs raisons. D'une part, leur taille réduite et la profondeur où ils se situent nécessitent des investissements techniques importants. De plus, les moyens utilisés pour collecter ces résidus microscopiques risquent de menacer la faune et la flore marine, sans oublier que le coût d'une telle opération pourrait s'avérer particulièrement élevé. Des questions se posent également sur la durabilité d'un tel nettoyage.
Enfin, les opérations sont aussi complexifiées en raison de l'éloignement des gyres, situés dans les eaux internationales. Entre la distance et l'impossibilité de pointer un responsable direct du phénomène, rien ne pousse les Etats à trouver des solutions politiques à cette problématique écologique
Pour Patrick Deixonne, un des objectifs de l'expédition 7e continent est de "cartographier les déchets présents dans les gyres avant même d'espérer les collecter". Nicolas Ackermann, chercheur à l'Agence spatiale européenne, se montre, lui, plus sceptique. "Pour l'instant, on utilise des modèles pour représenter les déchets, car les satellites ne sont pas encore assez puissants pour cartographier des résidus de quelques millimètres". Selon lui, "l'intérêt de ce projet, c'est déjà de faire passer un message. Ça peut sembler fou, mais peu de personnes connaissent ce problème". »
Quatre questions pas si bêtes sur le « septième continent » de plastique / Yannick Sanchez (in France TV Info)
« Boyan Slat a 19 ans, habite aux Pays-Bas et a commencé à étudier la possibilité de débarrasser les océans du monde des millions de tonnes de plastique qui les polluent à l’occasion de son projet de dernière année de lycée. […]
Boyan Slat propose une solution radicalement différente. Au lieu d’utiliser de l’énergie pour se battre contre les courants marins, le projet Ocean Cleanup s’appuierait sur des bases fixes et laisserait les courants amener les déchets dans ses barrages flottants. Selon une hypothèse qui nécessite d’être testée, le plancton pourrait nager en dessous des barrages mais même les plus petits morceaux de plastique resteraient bloqués.
Le projet pourrait même se révéler rentable, le recyclage des matières plastiques récupérées pouvant rapporter 500 millions de dollars. »
A 19 ans, Boyan Slat a peut-être trouvé comment nettoyer les océans / Pamela Duboc (in Slate)
« Ocean Cleanup consiste en d'immenses bouées déployées pour capturer les déchets en se servant des courants. Une fois récupérés, ces déchets sont stockés dans une tour flottante que l'on vide deux fois par an. Le but des prochains tests est « d'observer les effets de la mer, notamment les courants et les vagues », précise la fondation.
Le problème, c'est que l'efficacité d'Ocean Cleanup a été maintes fois remise en cause par de nombreux scientifiques. L'invention de Boyan Slat ne récupère dans ses filets que des macrodéchets (gros de plus de 2 cm). Or, beaucoup de scientifiques, dont les deux océanographes publiés par The Conversation début janvier, sont bien plus préoccupés par les microdéchets, ceux-là même qui forment une véritable « soupe de plastique » très difficile à nettoyer.
Cet automne, deux surfeurs australiens ont eux aussi suscité beaucoup d'intéret avec une campagne de financement participatif pour leur invention : The SeaBin Project. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une sorte de poubelle pour la mer. Placée juste à la surface, elle aspire l'eau en son sein, ainsi que tous les déchets qui y flottent.
Comme une passoire, la SeaBin garde ensuite les détritus, et laisse filer l'eau. Une fois plein, le sac qui a collecté les déchets doit simplement être vidé. Peter Ceglinski et Andrew Turton ont mis quatre ans pour développer cette poubelle aspirante censée recueillir également les polluants chimiques (hydrocarbure, produits détergents etc.).
L'avantage de cette invention a priori simple, c'est qu'elle peut fonctionner 24/24 heures, et 7/7 jours. Mais son désavantage, lui, n'est pas négligeable : la SeaBin doit être placée sur un plan d'eau calme comme on peut en trouver au niveau des ports, des marinas ou des lacs. Impossible donc, d'imaginer laisser voguer plein de poubelles aspirantes au large jusqu'à ce que l'océan soit propre. […]
Du côté de Baltimore, depuis 2014, c'est une grande roue solaire qui suscite l'enthousiasme des protecteurs de l'environnement. Ils voient en effet la Water Wheel comme le premier projet « réellement faisable ». Installée à l'entrée du port de la ville du Maryland, cette grande roue est même devenue une mascotte, avec son propre compte Twitter.
Les détritus arrivent dans son sillage portés par le courant. Une fois devant la grande roue, ils embarquent sur un tapis roulant qui les sort de l'eau, et les transporte jusque dans une péniche faisant office de benne.
Capable de traiter 23 tonnes de déchets par jour, la Water Wheel s'apprête à voir naître une soeur jumelle. Baltimore mène actuellement une campagne de financement participatif pour l'installer dans un autre quartier de la ville. A noter que, comme pour The SeaBin, la Water Wheel se cantonne aux ports et aux marinas. »
Comment faire pour qu’en 2050, il n’y ait pas plus de plastiques que de poissons dans l’océan ? / Marion Degeorges (in Les Echos)
«
«Les bactéries sont les seuls organismes capables de dégrader le plastique, qu’elles utilisent comme nourriture et source de carbone», révèle Jean-François Ghiglione, du Laboratoire d’océanographie microbienne de Banyuls-sur-Mer. Et d’expliquer : «Une fois que les courants et les UV l’ont réduit à l’état de molécules, elles peuvent le manger et l’assimiler. Une partie du plastique est alors transformée en CO2, l’autre devient partie intégrante de la bactérie : la matière toxique a totalement disparu.» Est-ce à dire que ces êtres minuscules pourraient venir à bout du «7e continent» ? «En théorie seulement, regrette Jean-François Ghiglione. Les bactéries mettent entre cent et quatre cents ans pour décomposer un sac plastique. Cette lenteur, conjuguée à l’énorme masse des déchets en mer, rend cette solution inapplicable.»
En octobre 2014, le professeur Richard Thompson, de l’Ecole de sciences marines de Plymouth, illustrait ainsi au micro de la BBC l’opinion dominante chez les scientifiques : «Prélever les déchets en mer, c’est vouloir vider une baignoire en laissant ses robinets ouverts ! Mieux vaut dépenser de l’argent pour les empêcher d’y arriver.» Jean-François Ghiglione renchérit : «Concentrer les efforts sur le nettoyage des sols et des cours d’eau sera plus simple et plus efficace ! Et n’oublions pas que le tiers des déchets plastiques en mer proviennent d’un manque de collecte de la part des ménages. La clé, c’est une prise de conscience des citoyens à travers un travail de sensibilisation au tri sélectif.
Plusieurs pays (Haïti, Mauritanie, Mali, Bangladesh) et certains Etats américains ont déjà prohibé les sacs plastiques, l’une des principales sources de cette pollution marine. En octobre 2014, la France a voté une loi qui les interdit à compter de 2016. […] Toujours en 2014, les 28 Etats de l’Union européenne se sont entendus pour réduire de 75 % leur consommation de sacs d’ici à 2025. Mais ils pourraient s’en tenir à une simple taxation, sous la pression du puissant lobby de l’industrie plastique, elle-même soutenue par les pétroliers. Il est vrai que cette filière a réalisé, au niveau mondial, pour 26,5 milliards d’euros de bénéfices en 2014, d’après la banque fédérale américaine Exim. Au regard des intérêts en jeu, le plastique n’est donc pas prêt de disparaître. D’autant que la Chine et les autres pays de l’Asie en fabriquent près de la moitié. Or, ce sont eux qui en rejettent le plus dans les océans... […]
Depuis quelques années, quelques pionniers planchent sur la création de «bioplastiques» à base de matières naturelles (amidon de maïs, de pomme de terre, etc.), qui se dégradent rapidement, tout en gardant les propriétés de légèreté et de résistance de leurs équivalents synthétiques. En 2011, l’ingénieur breton Rémy Lucas, descendant d’une famille de goémoniers et fondateur de la société Algopack, a par exemple lancé un plastique conçu à partir d’algues fertilisées en écloserie, puis cultivées et récoltées en mer. Une première mondiale, issue de dix ans de recherches. «Il s’agit d’un matériau vertueux», souligne l’entrepreneur de 43 ans. En effet, sa fabrication ne nécessite aucun pesticide ni engrais, et requiert très peu d’eau. Par ailleurs, la culture des algues n’empiète pas sur les terres agricoles. «Enfin, conclut Rémy Lucas, une tonne sèche de ces végétaux capture 962 kilos de CO2, principal gaz à effet de serre». La vitesse de décomposition de son «plastique vert» est fulgurante : quelques heures, contre 400 ans pour un polymère classique. L’usine, basée à Saint-Malo, transforme chaque semaine une tonne d’algues en clés USB, panneaux signalétiques, jouets et autres tablettes tactiles... Est- ce pour autant le remède miracle ? Encore faudrait-il que la filière traditionnelle se convertisse aux bioplastiques à l’échelle mondiale... »
Plastique dans les océans : six façons de (presque) s’en débarrasser / Sylvie Buy (in Géo)
Il existe plusieurs projets qui ont pour mission d’étudier ces soupes de plastique dans les océans :
• Project Kaisei
• TARA
• Septième continent
Vous trouverez de plus amples renseignements à ce sujet sur leurs différents sites web.
Bonne journée
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