apartheid
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 16/01/2017 à 21h15
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Question d'origine :
bonjour,
peut-on omparer la situation actuelle en palestine et en israël avec la situation de l'afrique du sud sous l'apartheid (1948-1994) ?
Merci d'avance
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/01/2017 à 11h38
Bonjour,
Vous n’êtes pas seul à faire cette analogie. Même si la comparaison ne doit pas gommer les différences entre ces deux situations, il est tentant de les rapprocher par leurs similitudes. C’est aussi un moyen de dénoncer les abus de l'Etat d'Israël vis-à-vis des palestiniens :
« «Cela ressemble beaucoup à ce qui est arrivé aux Noirs de l’Afrique du Sud. J’ai vu l’humiliation des Palestiniens aux points de passage et aux barrages routiers, souffrant comme nous quand de jeunes policiers blancs nous empêchaient de circuler . » Ainsi l’évêque sud-africain Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix, décrivait-il sa visite en Terre sainte.On a souvent établi un parallèle entre l’apartheid sud-africain et la situation israélo-palestinienne, mais sans toujours clairement l’expliciter. Certains facteurs rendent cette comparaison tentante, même si elle ne va pas de soi.
Les deux conflits sont historiquement issus du colonialisme. Les colons blancs de l’Afrique du Sud, tout comme les pionniers du sionisme, se sont installés dans un pays où vivait déjà un autre peuple. Comme en Afrique du Sud, les colonisateurs de la Palestine vont expulser la population indigène arabe de sa terre, soit les deux tiers des Palestiniens vivant sur le territoire qui deviendra Israël en 1948, s’emparer de leurs terres et de leurs biens et faire longtemps subir à ceux qui restent dans ce qui est désormais défini comme un « Etat juif » une législation ségrégationniste. Cependant, admettre le caractère colonialiste de la naissance d’Israël ne suffit pas pour établir une équivalence avec l’Afrique du Sud de l’apartheid.Le sociologue israélien Gershon Shafir fait remarquer que, si l’enjeu des deux conflits était la maîtrise du sol, l’un et l’autre se sont déroulés dans des conditions historiques et économiques différentes, qui eurent un impact particulier sur leur évolution et sur les rapports entre colons et indigènes. »
Source : De l’Afrique du Sud à la Palestine, monde-diplomatique.fr
(Cet article est consultable en intégralité via Europresse pour les abonnés de la BmL)
« Des Sud-Africains, militants anti-apartheid juifs, sont ressortis "choqués" d'une visite en Cisjordanie.
[…]Ce qui a frappé ces vétérans de la lutte anti-apartheid est le poids de l'occupation, l'importance des restrictions et la volonté d'établir une séparation complète. "La présence de l'armée partout, ces files d'attente aux check-points, ces raids de soldats sont pour moi pire que l'apartheid. Cela ne fait aucun doute. C'est plus pernicieux, plus sophistiqué grâce aux ordinateurs, qui n'existaient pas à l'époque. Ce sont des méthodes déshumanisantes", insiste le juge Dennis Davis. Ce n'est pas son premier voyage et il trouve la situation "plus sombre qu'elle n'a jamais été". "J'ai l'impression que nous sommes en 1965 en Afrique du Sud, lorsque la répression s'est intensifiée après la condamnation de Nelson Mandela. Il a passé vingt-sept ans en prison. A Naplouse, Saïd Al-Atabeh (membre du Front populaire de libération de la Palestine, condamné à perpétuité pour des attentats perpétrés en 1977 et qui avaient fait un mort et des blessés) est incarcéré depuis trente et un ans. Après le jugement de Mandela, il a encore fallu vingt ans pour que des sanctions internationales soient imposées contre le régime de l'apartheid. Ici, je ne vois aucune solution en perspective", dit-il.
"Le bout du tunnel est plus noir que noir", renchérit Mondli Makhanya, rédacteur en chef du Sunday Times, l'hebdomadaire dominical le plus populaire d'Afrique du Sud, avant d'ajouter : "Nous, nous savions qu'un jour, cela allait se terminer, que les lois de l'apartheid allaient disparaître. Ici, ce n'est pas codifié, c'est l'occupation qui fait que le Palestinien est un être de seconde zone."
Le terme d'"apartheid", considéré comme un outrage en Israël, est utilisé avec précaution par ces hommes et ces femmes qui se souviennent qu'il n'y a pas si longtemps, ils étaient encore qualifiés de "terroristes" par le gouvernement blanc sud-africain , rappelle Barbara Hogan. Ils se refusent aussi à parler de "racisme", de "colonialisme", "car nous ne sommes pas là pour juger mais pour nous informer", se défend Geoff Budlender, qui se déclare surpris de constater que "les Palestiniens veulent encore croire à une solution". "Mais, ajoute-t-il, lorsque vous voyez ce chapelet de colonies sur la route de Naplouse et que vous vous heurtez partout au "mur de séparation", on se dit que cela ne va pas être simple." »
Source : Des militants anti-apartheid juifs sud-africains "choqués" par leur visite en Cisjordanie occupée, lemonde.fr
« Selon l'agence JTA, dans une dépêche en provenance du Cap, le 19 janvier, " ANC lawmakers rip Israel ",, des parlementaires de l'ANC auraient affirmé que " les abus israéliens contre les Palestiniens faisaient apparaître l'apartheid comme un pique-nique du dimanche. "Le président de la commission des affaires étrangères Job Sithole a comparé le traitement des Palestiniens aux checkpoints à celui infligé à du bétail et à l'apartheid .
[…]il existe en Afrique du Sud une communauté juive ancienne, que l’on évalue à 100 000 personnes. Bien que, comme toutes les communautés « blanches », elle ait, en majorité, collaboré avec le régime de l’apartheid, une minorité active s’est engagée contre ce régime, notamment au sein du Parti communiste sud-africain[…].
Ronnie Kasrils, qui fut responsable des services secrets sud-africains, puis ministre de l’eau et des forêts […] dit :
« Au milieu des années 1980, quand il s’est avéré que l’Afrique du Sud pourrait imploser, de très fortes sanctions économiques furent appliquées par d’influents politiciens américains opposés à l’administration Reagan. Un avertissement pour le régime d’apartheid. En 1988, il fut contraint d’entamer d’authentiques négociations. Il se passera la même chose pour Israël. »
Dans un autre texte, publié à l’occasion du soixantième anniversaire du massacre de Deir Yassin, (« Soixante ans après Deir Yassin ») il explique :
« Comme tout gamin de dix ans élevé à Johannesburg, j’ai célébré la naissance d’Israël, il y a soixante ans. J’ai accepté sans broncher les récits dramatiques des actions de soi-disant autodéfense contre la violence arabe pour protéger l’Etat juif.
Lorsque je me suis engagé dans notre lutte de libération, je me suis rendu compte des similitudes avec la cause palestinienne dans la dépossession de la terre et du droit de naissance par l’occupation coloniale expansionniste. J’en suis venu à réaliser que le caractère racial et colonial des deux conflits comportait des comparaisons plus importantes qu’avec toute autre lutte.
Lorsque Nelson Mandela déclarait que nous savons, en tant que Sud-Africains, “que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens”, il ne parlait pas seulement à notre communauté musulmane, dont on pouvait attendre qu’elle soit en empathie directe, mais à tous les Sud-Africains, précisément à cause de notre expérience d’assujettissement racial et colonial, et parce que nous comprenons bien la valeur de la solidarité internationale. » »
Source : L’Afrique du Sud et Gaza, Alain Gresh
Pour aller plus loin :
- Israël, Afrique du Sud : les liaisons dangereuses, lemonde.fr
- Apartheid et Israël, Derek Cohen
- Israël : le nouvel apartheid, Michel Bole Richard
- Palestine / Israël : la paix ou l'apartheid, Marwan Bishara
- Israël, parlons-en ! Michel Collon, Aurore Van Opsal, Abdellah Boudami
- Boycott, désinvestissement, sanctions : BDS contre l'apartheid et l'occupation de la Palestine, Omar Barghouti
Bonne journée.
Vous n’êtes pas seul à faire cette analogie. Même si la comparaison ne doit pas gommer les différences entre ces deux situations, il est tentant de les rapprocher par leurs similitudes. C’est aussi un moyen de dénoncer les abus de l'Etat d'Israël vis-à-vis des palestiniens :
« «Cela ressemble beaucoup à ce qui est arrivé aux Noirs de l’Afrique du Sud. J’ai vu l’humiliation des Palestiniens aux points de passage et aux barrages routiers, souffrant comme nous quand de jeunes policiers blancs nous empêchaient de circuler . » Ainsi l’évêque sud-africain Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix, décrivait-il sa visite en Terre sainte.
Les deux conflits sont historiquement issus du colonialisme. Les colons blancs de l’Afrique du Sud, tout comme les pionniers du sionisme, se sont installés dans un pays où vivait déjà un autre peuple. Comme en Afrique du Sud, les colonisateurs de la Palestine vont expulser la population indigène arabe de sa terre, soit les deux tiers des Palestiniens vivant sur le territoire qui deviendra Israël en 1948, s’emparer de leurs terres et de leurs biens et faire longtemps subir à ceux qui restent dans ce qui est désormais défini comme un « Etat juif » une législation ségrégationniste. Cependant, admettre le caractère colonialiste de la naissance d’Israël ne suffit pas pour établir une équivalence avec l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Source : De l’Afrique du Sud à la Palestine, monde-diplomatique.fr
(Cet article est consultable en intégralité via Europresse pour les abonnés de la BmL)
« Des Sud-Africains, militants anti-apartheid juifs, sont ressortis "choqués" d'une visite en Cisjordanie.
[…]Ce qui a frappé ces vétérans de la lutte anti-apartheid est le poids de l'occupation, l'importance des restrictions et la volonté d'établir une séparation complète. "La présence de l'armée partout, ces files d'attente aux check-points, ces raids de soldats sont pour moi pire que l'apartheid. Cela ne fait aucun doute. C'est plus pernicieux, plus sophistiqué grâce aux ordinateurs, qui n'existaient pas à l'époque. Ce sont des méthodes déshumanisantes", insiste le juge Dennis Davis. Ce n'est pas son premier voyage et il trouve la situation "plus sombre qu'elle n'a jamais été". "J'ai l'impression que nous sommes en 1965 en Afrique du Sud, lorsque la répression s'est intensifiée après la condamnation de Nelson Mandela. Il a passé vingt-sept ans en prison. A Naplouse, Saïd Al-Atabeh (membre du Front populaire de libération de la Palestine, condamné à perpétuité pour des attentats perpétrés en 1977 et qui avaient fait un mort et des blessés) est incarcéré depuis trente et un ans. Après le jugement de Mandela, il a encore fallu vingt ans pour que des sanctions internationales soient imposées contre le régime de l'apartheid. Ici, je ne vois aucune solution en perspective", dit-il.
"Le bout du tunnel est plus noir que noir", renchérit Mondli Makhanya, rédacteur en chef du Sunday Times, l'hebdomadaire dominical le plus populaire d'Afrique du Sud, avant d'ajouter : "Nous, nous savions qu'un jour, cela allait se terminer, que les lois de l'apartheid allaient disparaître. Ici, ce n'est pas codifié, c'est l'occupation qui fait que le Palestinien est un être de seconde zone."
Source : Des militants anti-apartheid juifs sud-africains "choqués" par leur visite en Cisjordanie occupée, lemonde.fr
« Selon l'agence JTA, dans une dépêche en provenance du Cap, le 19 janvier, " ANC lawmakers rip Israel ",, des parlementaires de l'ANC auraient affirmé que " les abus israéliens contre les Palestiniens faisaient apparaître l'apartheid comme un pique-nique du dimanche. "
[…]il existe en Afrique du Sud une communauté juive ancienne, que l’on évalue à 100 000 personnes. Bien que, comme toutes les communautés « blanches », elle ait, en majorité, collaboré avec le régime de l’apartheid, une minorité active s’est engagée contre ce régime, notamment au sein du Parti communiste sud-africain[…].
Ronnie Kasrils, qui fut responsable des services secrets sud-africains, puis ministre de l’eau et des forêts […] dit :
« Au milieu des années 1980, quand il s’est avéré que l’Afrique du Sud pourrait imploser, de très fortes sanctions économiques furent appliquées par d’influents politiciens américains opposés à l’administration Reagan. Un avertissement pour le régime d’apartheid. En 1988, il fut contraint d’entamer d’authentiques négociations. Il se passera la même chose pour Israël. »
Dans un autre texte, publié à l’occasion du soixantième anniversaire du massacre de Deir Yassin, (« Soixante ans après Deir Yassin ») il explique :
« Comme tout gamin de dix ans élevé à Johannesburg, j’ai célébré la naissance d’Israël, il y a soixante ans. J’ai accepté sans broncher les récits dramatiques des actions de soi-disant autodéfense contre la violence arabe pour protéger l’Etat juif.
Lorsque Nelson Mandela déclarait que nous savons, en tant que Sud-Africains, “que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens”, il ne parlait pas seulement à notre communauté musulmane, dont on pouvait attendre qu’elle soit en empathie directe, mais à tous les Sud-Africains, précisément à cause de notre expérience d’assujettissement racial et colonial, et parce que nous comprenons bien la valeur de la solidarité internationale. » »
Source : L’Afrique du Sud et Gaza, Alain Gresh
- Israël, Afrique du Sud : les liaisons dangereuses, lemonde.fr
- Apartheid et Israël, Derek Cohen
- Israël : le nouvel apartheid, Michel Bole Richard
- Palestine / Israël : la paix ou l'apartheid, Marwan Bishara
- Israël, parlons-en ! Michel Collon, Aurore Van Opsal, Abdellah Boudami
- Boycott, désinvestissement, sanctions : BDS contre l'apartheid et l'occupation de la Palestine, Omar Barghouti
Bonne journée.
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