Question d'origine :
bonjour,
l'afd peut-elle gagner les élections fédérales allemandes de 2017 ?
Merci d'avance
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/01/2017 à 09h19
Bonjour
L’AfD ou Alternativ für Deutschland est un parti politique créé en 2013, en pleine crise de l’euro. Par la suite, il glisse vers une ligne politique plus populiste, anti-immigration par exemple :
« L'AfD a été créé il y a seulement trois ans. Son fondateur, Bernd Lucke, professeur d'économie à l'Université de Hambourg, espérait séduire les déçus des partis politiques établis, en pleine crise de la monnaie unique européenne. Le parti surfait alors sur le mécontentement lié à la crise de l'euro et le sentiment, assez répandu, que les contribuables allemands n'en finissaient plus de payer pour les autres membres de la zone euro, moins vertueux. […]
En interne, le parti se trouve alors tiraillé par une lutte idéologique, opposant Bernd Lucke à Frauke Petry, incarnation d'une ligne plus nationale-conservatrice. Le congrès d'Essen, début juillet 2015, donne la victoire à la seconde, engageant le parti dans un virage marqué à droite. Un mouvement encore accentué deux mois plus tard, avec la décision de la chancelière Angela Merkel d'ouvrir les portes du pays aux réfugiés, par "devoir moral". […]
Critiqués par les partis traditionnels pour leur "absence de programme", Les leaders de l'AfD rejettent en bloc le qualificatif d'extrême-droite, se définissant comme conservateurs ou "libéraux de droite". »
Qu’est-ce que l’AfD, le parti populiste allemand qui grimpe ? / Margaux Lannuzel (in Europe1)
Bien que ce parti soit relativement neuf, il semble prendre une place importante dans le paysage politique allemand :
« Alternative für Deutschland est donc avant tout un parti libéral. Son aspect souverainiste et nationaliste découle en grande partie de ce fait. L'émergence de la question des réfugiés a certes joué un rôle fondamental dans la nouvelle impulsion électorale de ce parti, donné à près de 13 % dans les sondages nationaux (20 % à l'est), mais on ne saurait comprendre cette émergence sans comprendre ce fait. AfD n'apparaît pas comme un ennemi de l'Allemagne démocratique pour beaucoup d'électeurs, à la différence des autres partis nationalistes et c'est bien pour cela qu'il est parvenu à s'imposer à la différence des néo-nazis de la NPD, par exemple, qui ne profitent pas de la question migratoire. AfD joue sur la nostalgie du « miracle économique » des années 1950 et 1960 et se veut le défenseur des valeurs fondatrices de l'Allemagne d'après-guerre. C'est pourquoi il est parvenu lors des derniers scrutins régionaux, à s'implanter localement très fortement à l'Est, en Saxe-Anhalt, comme à l'Ouest, dans le Bade-Wurtemberg, fait unique pour un parti neuf. Et c'est aussi pourquoi il pourrait ne pas être le feu de paille que certains prédisent... »
Allemagne : l’ordolibéralisme au cœur du programme d’Alternative für Deutschland / Romaric Godin (in La Tribune)
« Depuis, le surnom donné au mouvement à ses débuts, celui de « parti de professeurs », colle de moins en moins à la réalité, comme le montre une étude publiée le 24 août par l’Institut allemand pour la recherche économique (DIW). Fondée sur une enquête menée chaque année depuis 1984 auprès d’environ 12 000 foyers, cette étude identifie les catégories d’électeurs auprès desquels l’AfD a le plus progressé entre 2015 et 2016. C’est d’abord le cas des chômeurs (15 % se disent proches du parti, 4 % en 2015), des ouvriers (11 %, + 6 points), des moins de 30 ans (10 %, + 5 points) et des habitants de l’ex-Allemagne de l’Est (11 %, + 5 points). A l’Ouest, en revanche, ils ne sont que 3 % (un point de plus qu’en 2015).
Large vivier de recrutement
Plus jeunes et moins bourgeois, les sympathisants de l’AfD sont aussi de plus en plus divers politiquement. Parmi eux, beaucoup votaient déjà à l’extrême droite. S’ils sont tentés par l’AfD, cela tient beaucoup à la place désormais centrale que le parti accorde aux questions identitaires et sécuritaires, au détriment des sujets économiques. Ce choix a été payant, dimanche 4 septembre, en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Dans cette région, l’AfD a contribué au recul du parti néonazi NPD, qui, avec 3 % des voix (2,5 points de moins qu’en 2011), n’est plus représenté au Parlement régional. »
Le parti d’extrême droite allemand AfD s’est reconverti dans le populisme / Thomas Wieder (in Le Monde)
« Selon l'institut Infratest-Dimap pour ARD, AfD obtiendrait 16% des voix en cas d'élections au Bundestag ce dimanche. Jamais ce parti n'avait obtenu un tel score dans un sondage de cet institut - ni, du reste, d'aucun autre. […]
Mais, plus généralement, ce sondage souligne la fragmentation en cours de la vie politique allemande. Pour la première fois depuis 1953, le Bundestag qui sera élu en septembre 2017 pourrait compter sept partis. Le sondage cité attribue en effet 6% des intentions de vote aux Libéraux de la FDP qui confirmeraient ainsi leur retour au parlement fédéral. A sept, le jeu des coalitions risque de devenir complexe. D'autant que la gauche s'affaiblit globalement : la SPD ne profite pas de la baisse de la CDU et est donnée à 22% d'intentions de vote contre 23% en début de mois. Die Linke, malgré son bon score à Berlin, recule aussi d'un point à 8%. Seuls les Verts progressent un peu à 12% contre 11%, mais l'écart avec AfD pour la troisième place se creuse et on est encore loin des 14% attribués aux Écologistes à la mi-juin. Les deux derniers scrutins régionaux ont, du reste, montré, que les sondages avaient tendance à surévaluer le score des Verts. Donnés à 18% avant l'élection berlinoise, ils ont obtenu 15,2%, perdant du terrain par rapport à 2011 et se faisant dépasser par Die Linke. »
Allemagne : un sondage confirme un nouveau plus haut d’AfD / Romaric Godin (in La Tribune)
Toutefois, il est difficile de prédire l’issue du scrutin d’une élection ; comme nous avons pu le voir avec l’élection de Donald Trump, pourtant donné perdant par la majorité des sondages (voir à ce sujet l’article Trump président : pourquoi tous les sondages se sont trompés d’Anna Benjamin).
Pour aller plus loin :
• Drei Viertel rechnen mit Einzug der AfD in den Bundestag / Die Welt
• Alles wird anders : Die Bundestagswahl 2017 / DW
• Die AfD im Wahl-O-Mat-Check- warum man der Partei nicht trauen kann / Jenny Kallenbrunnen (in Stern)
Bonne journée
L’AfD ou Alternativ für Deutschland est un parti politique créé en 2013, en pleine crise de l’euro. Par la suite, il glisse vers une ligne politique plus populiste, anti-immigration par exemple :
« L'AfD a été créé il y a seulement trois ans. Son fondateur, Bernd Lucke, professeur d'économie à l'Université de Hambourg, espérait séduire les déçus des partis politiques établis, en pleine crise de la monnaie unique européenne. Le parti surfait alors sur le mécontentement lié à la crise de l'euro et le sentiment, assez répandu, que les contribuables allemands n'en finissaient plus de payer pour les autres membres de la zone euro, moins vertueux. […]
En interne, le parti se trouve alors tiraillé par une lutte idéologique, opposant Bernd Lucke à Frauke Petry, incarnation d'une ligne plus nationale-conservatrice. Le congrès d'Essen, début juillet 2015, donne la victoire à la seconde, engageant le parti dans un virage marqué à droite. Un mouvement encore accentué deux mois plus tard, avec la décision de la chancelière Angela Merkel d'ouvrir les portes du pays aux réfugiés, par "devoir moral". […]
Critiqués par les partis traditionnels pour leur "absence de programme", Les leaders de l'AfD rejettent en bloc le qualificatif d'extrême-droite, se définissant comme conservateurs ou "libéraux de droite". »
Qu’est-ce que l’AfD, le parti populiste allemand qui grimpe ? / Margaux Lannuzel (in Europe1)
Bien que ce parti soit relativement neuf, il semble prendre une place importante dans le paysage politique allemand :
« Alternative für Deutschland est donc avant tout un parti libéral. Son aspect souverainiste et nationaliste découle en grande partie de ce fait. L'émergence de la question des réfugiés a certes joué un rôle fondamental dans la nouvelle impulsion électorale de ce parti, donné à près de 13 % dans les sondages nationaux (20 % à l'est), mais on ne saurait comprendre cette émergence sans comprendre ce fait. AfD n'apparaît pas comme un ennemi de l'Allemagne démocratique pour beaucoup d'électeurs, à la différence des autres partis nationalistes et c'est bien pour cela qu'il est parvenu à s'imposer à la différence des néo-nazis de la NPD, par exemple, qui ne profitent pas de la question migratoire. AfD joue sur la nostalgie du « miracle économique » des années 1950 et 1960 et se veut le défenseur des valeurs fondatrices de l'Allemagne d'après-guerre. C'est pourquoi il est parvenu lors des derniers scrutins régionaux, à s'implanter localement très fortement à l'Est, en Saxe-Anhalt, comme à l'Ouest, dans le Bade-Wurtemberg, fait unique pour un parti neuf. Et c'est aussi pourquoi il pourrait ne pas être le feu de paille que certains prédisent... »
Allemagne : l’ordolibéralisme au cœur du programme d’Alternative für Deutschland / Romaric Godin (in La Tribune)
« Depuis, le surnom donné au mouvement à ses débuts, celui de « parti de professeurs », colle de moins en moins à la réalité, comme le montre une étude publiée le 24 août par l’Institut allemand pour la recherche économique (DIW). Fondée sur une enquête menée chaque année depuis 1984 auprès d’environ 12 000 foyers, cette étude identifie les catégories d’électeurs auprès desquels l’AfD a le plus progressé entre 2015 et 2016. C’est d’abord le cas des chômeurs (15 % se disent proches du parti, 4 % en 2015), des ouvriers (11 %, + 6 points), des moins de 30 ans (10 %, + 5 points) et des habitants de l’ex-Allemagne de l’Est (11 %, + 5 points). A l’Ouest, en revanche, ils ne sont que 3 % (un point de plus qu’en 2015).
Plus jeunes et moins bourgeois, les sympathisants de l’AfD sont aussi de plus en plus divers politiquement. Parmi eux, beaucoup votaient déjà à l’extrême droite. S’ils sont tentés par l’AfD, cela tient beaucoup à la place désormais centrale que le parti accorde aux questions identitaires et sécuritaires, au détriment des sujets économiques. Ce choix a été payant, dimanche 4 septembre, en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Dans cette région, l’AfD a contribué au recul du parti néonazi NPD, qui, avec 3 % des voix (2,5 points de moins qu’en 2011), n’est plus représenté au Parlement régional. »
Le parti d’extrême droite allemand AfD s’est reconverti dans le populisme / Thomas Wieder (in Le Monde)
« Selon l'institut Infratest-Dimap pour ARD, AfD obtiendrait 16% des voix en cas d'élections au Bundestag ce dimanche. Jamais ce parti n'avait obtenu un tel score dans un sondage de cet institut - ni, du reste, d'aucun autre. […]
Mais, plus généralement, ce sondage souligne la fragmentation en cours de la vie politique allemande. Pour la première fois depuis 1953, le Bundestag qui sera élu en septembre 2017 pourrait compter sept partis. Le sondage cité attribue en effet 6% des intentions de vote aux Libéraux de la FDP qui confirmeraient ainsi leur retour au parlement fédéral. A sept, le jeu des coalitions risque de devenir complexe. D'autant que la gauche s'affaiblit globalement : la SPD ne profite pas de la baisse de la CDU et est donnée à 22% d'intentions de vote contre 23% en début de mois. Die Linke, malgré son bon score à Berlin, recule aussi d'un point à 8%. Seuls les Verts progressent un peu à 12% contre 11%, mais l'écart avec AfD pour la troisième place se creuse et on est encore loin des 14% attribués aux Écologistes à la mi-juin. Les deux derniers scrutins régionaux ont, du reste, montré, que les sondages avaient tendance à surévaluer le score des Verts. Donnés à 18% avant l'élection berlinoise, ils ont obtenu 15,2%, perdant du terrain par rapport à 2011 et se faisant dépasser par Die Linke. »
Allemagne : un sondage confirme un nouveau plus haut d’AfD / Romaric Godin (in La Tribune)
Toutefois, il est difficile de prédire l’issue du scrutin d’une élection ; comme nous avons pu le voir avec l’élection de Donald Trump, pourtant donné perdant par la majorité des sondages (voir à ce sujet l’article Trump président : pourquoi tous les sondages se sont trompés d’Anna Benjamin).
Pour aller plus loin :
• Drei Viertel rechnen mit Einzug der AfD in den Bundestag / Die Welt
• Alles wird anders : Die Bundestagswahl 2017 / DW
• Die AfD im Wahl-O-Mat-Check- warum man der Partei nicht trauen kann / Jenny Kallenbrunnen (in Stern)
Bonne journée
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