Question d'origine :
bonjour,
je voudrais connaitre l'inventaire matériel matériel et humain d'une expédition coloniale du XIXème siècle, et plus particulièrement celle qui avait pour but de trouver les sources du Nil.
bien cordialement
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 12/01/2017 à 09h51
Bonjour,
Il n’existe pas vraiment d’inventaire type d’une expédition coloniale au XIXe siècle. Les hommes et les marchandises variaient en nombre suivant les mises de fond, les risques encourus, mais également les possibilités trouvées sur place. Il semble peu aisé de recruter hommes d’escorte et porteurs.
Il existe plusieurs expéditions vers les sources du Nil, qui sont bien répertoriées dans :
A la découverte des sources du Nil, Gianni Guadalupi. On peut trouver des points communs dans les préparatifs : il faut des armes, des cadeaux pour payer les droits de passage, des provisions de bouche diverses (mais l’essentiel du ravitaillement est trouvé en route), des tentes et ustensiles de campement et de cuisine, des instruments scientifiques, des animaux variables, mais surtout des ânes, plus solides. En hommes, il faut des hommes d’escorte, des porteurs, des cuisiniers. Autre point commun : hommes et animaux sont peu à arriver au but, maladies, désertions et fuites, mort, déciment les caravanes.
Voici des exemples tirés du livre cité ci-dessus :
En 1857, expédition de Burton et Speke pour la Royal Geographic Society :
« Ils avaient une escorte de soldats Baluchis, fournie par l’aimable sultan de Zanzibar, et ils étaient accompagnés par un cuisinier eurasien de Goa, un ancien esclave répondant au nom de Sidi Bombay, qui devait leur servir d’interprète, ainsi que par une multitude d’ânes surchargés et de porteurs noirs tout aussi nombreux, qui devaient remplacer les bêtes défaillantes ».
Une deuxième expédition est entreprise en 1860 :
« Le nouveau sultan de l’île, Saïd Magid, était très fier de collaborer à l’entreprise et il ordonna à trente-quatre de ces esclaves d’accompagner l’expédition, qui pouvait aussi compter sur trente-six hommes libres et une centaine de porteurs. Sodo Bombay et d’autres vétérans du premier voyage étaient prêts à reprendre du service ; en outre, au Cap, ils avaient embarqué dix fusiliers hottentots qui assuraient une escorte militaire. »
Dans Les sources du Nil et les dernières explorations dans l’Afrique équatoriale, C Cailliatte, Revue des deux mondes, T. 52, 1864, on trouve plus de détails pour l’expédition de Speke :
« Le capitaine prit à son service quatre-vingt-onze hommes de cette catégorie, savoir soixante-neuf à Zanzibar et vingt-deux dans d’autres localités. Ils reçurent le jour de leur engagement une année de leurs gages, et devaient en recevoir autant à l’expiration du voyage. Ces engagés, avec le peloton de Hottentots et un chef arabe, formaient un personnel de cent huit individus [4]. Outre ces wanguana, il avait loué une compagnie de cent et un pagazis ou portefaix qui ne devaient le servir que jusqu’à Kaseh. Les marchandises qu’il emportait en tout genre, mais surtout en cotonnades, habillemens, bijouterie en cuivre, horlogerie, verroterie, etc., formaient cent cinquante-six ballots, qu’il divisa en deux parties, sans compter, les armes, les munitions, les instrumens de physique, les vêtemens, le linge, les tentes, les provisions. On ne doit donc pas s’étonner du nombre des hommes engagés. Il lui en aurait fallu bien davantage, s’il n’avait pas chargé un marchand arabe de lui transporter près de la moitié de ses ballots jusqu’à Kaseh.
II. C’est le 2 octobre 1860 que le capitaine Speke se mettait en route à la tête de sa caravane, dont l’aspect était tout à la fois original et imposant. La marche s’ouvrait par un conducteur porte-drapeau, avec sa charge sur le dos. Il était suivi des pagazis armés de leur arc et de leurs flèches, et portant leurs fardeaux fixés aux deux extrémités d’un levier placé sur leurs épaules. Puis venaient les wanguana, la carabine en main, et chargés de différens objets de campement. Ceux-ci précédaient les fusiliers hottentots, conduisant douze mulets sur lesquels on avait mis les caisses de munition. Le capitaine et son ami, avec une compagnie que le sultan de Zanzibar leur avait donnée pour leur servir d’escorte jusqu’à la frontière occidentale de l’Uzaramo, fermaient la marche. Quelques femmes, vingt-deux chèvres, trois ânes et les écloppés composaient l’arrière-garde ».
Note 4 : « Ce que devint cette troupe de cent huit hommes, il faut le dire tout de suite. Ils avaient juré une fidélité inviolable au capitaine Speke, s’engageant à le suivre partout où il irait, à lui être soumis en toutes choses. Eh bien ! Cinquante-huit l’abandonnèrent dès le lendemain même du départ de l’expédition, et les autres dans le cours du voyage. Ces derniers lui emportèrent vingt-quatre fusils, ainsi que la presque totalité des objets qui leur avaient été confiés ; quinze furent renvoyés, huit furent relevés de leur engagement, quatre laissés en différens endroits pour cause de maladie, trois moururent en route, deux furent assassinés, et dix-huit seulement arrivèrent avec le capitaine Speke en Égypte ».
Ces renseignements sont tirés par Cailliate de Les Sources du Nil, journal de voyage du capitaine John Hanning Speke que vous trouverez en ligne sur Gallica avec encore plus de détails et d’ambiance.
Dans Découverte de l'Albert N' yanza : nouvelles explorations des sources du Nil, toujours sur Gallica, l’explorateur Samuel White Baker détaille p. 18-19 les préparatifs de son expédition de1864.
Livingstone, à leur suite, part à la recherche des sources du Nil. En 1865,
« à la fin de cette même journée [6 mars] arriva le bateau attendu, Le Pingouin, qui devait transporter ses hommes : « treize cipayes, dix Anjouanais, et treize Africains dont neuf nassickais, deux natifs de Shupanga et deux Yao, Wikatani et Shuma ». Il avait aussi commandé un dhow, un boutre, pour emmener « six chameaux, trois buffles et un bufflon, deux mulets et quatre ânes ». […] Il amena aussi un chien, Jack, et un caniche auquel il s’attacha beaucoup, Chitane. »
Source : Livingstone, Marie-Claude Mosimann-Barbier.
Enfin, Henry Morton Stanley, partit à la recherche de Livingstone en 1871.
«L’organisation d’une expédition lui était étrangère : il savait à peine ce dont il aurait besoin, et comme d’autres voyageurs en herbe, il se tourna vers les Arabes pour leur demander conseil. Ils lui dirent qu’en plus d’armes à feu, de munitions et d’objets d’usage courant, une caravane devait transporter une grande quantité de tissu (en unités de 4 yards appelées doti), des perles et du fil de cuivre en paiement du honga, ou tribut, exigé par de nombreux groupes en échange du droit d’accès à leur territoire. Et comme leurs préférences en matière de forme et de couleur variaient, les lots ne pouvaient pas être tous du même style. Parmi les cotons, la variété américaine, appelée merikani, était la plus populaire, bien que le kanki fabriqué en Inde eût aussi de la valeur. Stanley appréciait l’aisance matérielle permettant de se procurer du champagne, une baignoire, ou les tapis persans qui recouvraient le sol de sa très grande tente. Les vendeurs pouvaient satisfaire tous ces besoins. » […] « Le 5 février 1871, quatre dhows (vaisseaux arabes) chargés d’homme, de 8000 dollars de fourniture, de deux chevaux, de vingt-cinq ânes et de deux petits bateaux démontés traversèrent le détroit à destination de Bagamoyo, port principal qui connectait Zanzibar avec l’intérieur et meilleur endroit pour recruter les wapagazi (porteurs). »
A l’arrivée, il organise six caravanes, pour un total de 192 hommes.
En 1874, il repart pour une expédition financée par le Herald et le Daily Telegraph.
« La nature exploratoire de celle-ci exigeait d’emporter des chronomètres, des sextants, des boussoles, des baromètres, des thermomètres, des almanachs, une sonde, un planisphère, du matériel photographique, des podomètres, des montres et des cartes. Tout ceci, ainsi qu’un grand nombre de munitions et de fusils Snider, avait été amené d’Angleterre. Pour les provisions usuelles, et naturellement, pour la pacotille qui permettraient de payer les honga, on pouvait s’approvisionner à Zanzibar. » (p. 118) […] A la fin du ramadan, l’expédition la plus grande, la mieux équipée et la mieux armée jamais menée par des Européens à l’intérieur de l’Afrique était prête à partir. Ce 12 septembre, Stanley fut rejoint à bord des dhows (petits bateaux arabes à une voile) en partance pour Bagamoyo par les Pococks, Barker, deux cent trente-sept Africains, cinq chiens, six ânes, plus de 18 000 livres de bagages, et les deux bateaux. »
Lire aussi par ex. p. 302 pour une autre caravane.
Source : Stanley, entre Couronne et Empire, James L Newman
Voir aussi : Comment j’ai retrouvé Livingstone, Henry Morton Stanley
Des extraits des journaux des découvreurs des sources du Nil se trouvent également dans La légende du Nil : les découvreurs racontent
L’Afrique des explorateurs. Vers les sources du Nil, Anne Hugon, présente synthétiquement le contexte (colonialisme, esclavage, commerce, traite, situation de l’Afrique), et un extrait (p. 133) de Aux sources du Nil, la découverte des lacs africains, de Richard Burton, qui décrit le personnel de la caravane.
Bonnes lectures !
Il n’existe pas vraiment d’inventaire type d’une expédition coloniale au XIXe siècle. Les hommes et les marchandises variaient en nombre suivant les mises de fond, les risques encourus, mais également les possibilités trouvées sur place. Il semble peu aisé de recruter hommes d’escorte et porteurs.
Il existe plusieurs expéditions vers les sources du Nil, qui sont bien répertoriées dans :
A la découverte des sources du Nil, Gianni Guadalupi. On peut trouver des points communs dans les préparatifs : il faut des armes, des cadeaux pour payer les droits de passage, des provisions de bouche diverses (mais l’essentiel du ravitaillement est trouvé en route), des tentes et ustensiles de campement et de cuisine, des instruments scientifiques, des animaux variables, mais surtout des ânes, plus solides. En hommes, il faut des hommes d’escorte, des porteurs, des cuisiniers. Autre point commun : hommes et animaux sont peu à arriver au but, maladies, désertions et fuites, mort, déciment les caravanes.
Voici des exemples tirés du livre cité ci-dessus :
En 1857, expédition de Burton et Speke pour la Royal Geographic Society :
« Ils avaient une escorte de soldats Baluchis, fournie par l’aimable sultan de Zanzibar, et ils étaient accompagnés par un cuisinier eurasien de Goa, un ancien esclave répondant au nom de Sidi Bombay, qui devait leur servir d’interprète, ainsi que par une multitude d’ânes surchargés et de porteurs noirs tout aussi nombreux, qui devaient remplacer les bêtes défaillantes ».
Une deuxième expédition est entreprise en 1860 :
« Le nouveau sultan de l’île, Saïd Magid, était très fier de collaborer à l’entreprise et il ordonna à trente-quatre de ces esclaves d’accompagner l’expédition, qui pouvait aussi compter sur trente-six hommes libres et une centaine de porteurs. Sodo Bombay et d’autres vétérans du premier voyage étaient prêts à reprendre du service ; en outre, au Cap, ils avaient embarqué dix fusiliers hottentots qui assuraient une escorte militaire. »
Dans Les sources du Nil et les dernières explorations dans l’Afrique équatoriale, C Cailliatte, Revue des deux mondes, T. 52, 1864, on trouve plus de détails pour l’expédition de Speke :
« Le capitaine prit à son service quatre-vingt-onze hommes de cette catégorie, savoir soixante-neuf à Zanzibar et vingt-deux dans d’autres localités. Ils reçurent le jour de leur engagement une année de leurs gages, et devaient en recevoir autant à l’expiration du voyage. Ces engagés, avec le peloton de Hottentots et un chef arabe, formaient un personnel de cent huit individus [4]. Outre ces wanguana, il avait loué une compagnie de cent et un pagazis ou portefaix qui ne devaient le servir que jusqu’à Kaseh. Les marchandises qu’il emportait en tout genre, mais surtout en cotonnades, habillemens, bijouterie en cuivre, horlogerie, verroterie, etc., formaient cent cinquante-six ballots, qu’il divisa en deux parties, sans compter, les armes, les munitions, les instrumens de physique, les vêtemens, le linge, les tentes, les provisions. On ne doit donc pas s’étonner du nombre des hommes engagés. Il lui en aurait fallu bien davantage, s’il n’avait pas chargé un marchand arabe de lui transporter près de la moitié de ses ballots jusqu’à Kaseh.
II. C’est le 2 octobre 1860 que le capitaine Speke se mettait en route à la tête de sa caravane, dont l’aspect était tout à la fois original et imposant. La marche s’ouvrait par un conducteur porte-drapeau, avec sa charge sur le dos. Il était suivi des pagazis armés de leur arc et de leurs flèches, et portant leurs fardeaux fixés aux deux extrémités d’un levier placé sur leurs épaules. Puis venaient les wanguana, la carabine en main, et chargés de différens objets de campement. Ceux-ci précédaient les fusiliers hottentots, conduisant douze mulets sur lesquels on avait mis les caisses de munition. Le capitaine et son ami, avec une compagnie que le sultan de Zanzibar leur avait donnée pour leur servir d’escorte jusqu’à la frontière occidentale de l’Uzaramo, fermaient la marche. Quelques femmes, vingt-deux chèvres, trois ânes et les écloppés composaient l’arrière-garde ».
Note 4 : « Ce que devint cette troupe de cent huit hommes, il faut le dire tout de suite. Ils avaient juré une fidélité inviolable au capitaine Speke, s’engageant à le suivre partout où il irait, à lui être soumis en toutes choses. Eh bien ! Cinquante-huit l’abandonnèrent dès le lendemain même du départ de l’expédition, et les autres dans le cours du voyage. Ces derniers lui emportèrent vingt-quatre fusils, ainsi que la presque totalité des objets qui leur avaient été confiés ; quinze furent renvoyés, huit furent relevés de leur engagement, quatre laissés en différens endroits pour cause de maladie, trois moururent en route, deux furent assassinés, et dix-huit seulement arrivèrent avec le capitaine Speke en Égypte ».
Ces renseignements sont tirés par Cailliate de Les Sources du Nil, journal de voyage du capitaine John Hanning Speke que vous trouverez en ligne sur Gallica avec encore plus de détails et d’ambiance.
Dans Découverte de l'Albert N' yanza : nouvelles explorations des sources du Nil, toujours sur Gallica, l’explorateur Samuel White Baker détaille p. 18-19 les préparatifs de son expédition de1864.
Livingstone, à leur suite, part à la recherche des sources du Nil. En 1865,
« à la fin de cette même journée [6 mars] arriva le bateau attendu, Le Pingouin, qui devait transporter ses hommes : « treize cipayes, dix Anjouanais, et treize Africains dont neuf nassickais, deux natifs de Shupanga et deux Yao, Wikatani et Shuma ». Il avait aussi commandé un dhow, un boutre, pour emmener « six chameaux, trois buffles et un bufflon, deux mulets et quatre ânes ». […] Il amena aussi un chien, Jack, et un caniche auquel il s’attacha beaucoup, Chitane. »
Source : Livingstone, Marie-Claude Mosimann-Barbier.
Enfin, Henry Morton Stanley, partit à la recherche de Livingstone en 1871.
«L’organisation d’une expédition lui était étrangère : il savait à peine ce dont il aurait besoin, et comme d’autres voyageurs en herbe, il se tourna vers les Arabes pour leur demander conseil. Ils lui dirent qu’en plus d’armes à feu, de munitions et d’objets d’usage courant, une caravane devait transporter une grande quantité de tissu (en unités de 4 yards appelées doti), des perles et du fil de cuivre en paiement du honga, ou tribut, exigé par de nombreux groupes en échange du droit d’accès à leur territoire. Et comme leurs préférences en matière de forme et de couleur variaient, les lots ne pouvaient pas être tous du même style. Parmi les cotons, la variété américaine, appelée merikani, était la plus populaire, bien que le kanki fabriqué en Inde eût aussi de la valeur. Stanley appréciait l’aisance matérielle permettant de se procurer du champagne, une baignoire, ou les tapis persans qui recouvraient le sol de sa très grande tente. Les vendeurs pouvaient satisfaire tous ces besoins. » […] « Le 5 février 1871, quatre dhows (vaisseaux arabes) chargés d’homme, de 8000 dollars de fourniture, de deux chevaux, de vingt-cinq ânes et de deux petits bateaux démontés traversèrent le détroit à destination de Bagamoyo, port principal qui connectait Zanzibar avec l’intérieur et meilleur endroit pour recruter les wapagazi (porteurs). »
A l’arrivée, il organise six caravanes, pour un total de 192 hommes.
En 1874, il repart pour une expédition financée par le Herald et le Daily Telegraph.
« La nature exploratoire de celle-ci exigeait d’emporter des chronomètres, des sextants, des boussoles, des baromètres, des thermomètres, des almanachs, une sonde, un planisphère, du matériel photographique, des podomètres, des montres et des cartes. Tout ceci, ainsi qu’un grand nombre de munitions et de fusils Snider, avait été amené d’Angleterre. Pour les provisions usuelles, et naturellement, pour la pacotille qui permettraient de payer les honga, on pouvait s’approvisionner à Zanzibar. » (p. 118) […] A la fin du ramadan, l’expédition la plus grande, la mieux équipée et la mieux armée jamais menée par des Européens à l’intérieur de l’Afrique était prête à partir. Ce 12 septembre, Stanley fut rejoint à bord des dhows (petits bateaux arabes à une voile) en partance pour Bagamoyo par les Pococks, Barker, deux cent trente-sept Africains, cinq chiens, six ânes, plus de 18 000 livres de bagages, et les deux bateaux. »
Lire aussi par ex. p. 302 pour une autre caravane.
Source : Stanley, entre Couronne et Empire, James L Newman
Voir aussi : Comment j’ai retrouvé Livingstone, Henry Morton Stanley
Des extraits des journaux des découvreurs des sources du Nil se trouvent également dans La légende du Nil : les découvreurs racontent
L’Afrique des explorateurs. Vers les sources du Nil, Anne Hugon, présente synthétiquement le contexte (colonialisme, esclavage, commerce, traite, situation de l’Afrique), et un extrait (p. 133) de Aux sources du Nil, la découverte des lacs africains, de Richard Burton, qui décrit le personnel de la caravane.
Bonnes lectures !
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