Question d'origine :
Bonjour,
S'il est facile de dire que nous sommes désormais en 2017, que Toutankhamon est né vers -1345, que l'âge d'or grec/siècle de Périclès est le Vème siècle av. JC, que la dynastie Xia a "régné"au Xème siècle av. JC.... Le positionnement dans le temps de ces personnages ou époques fait directement référence à notre calendrier julio-grégorien.
Ma question est donc double : quels furent les calendriers et les références calendaires de ces civilisations? Je doute que Périclès et ses contemporains, pour ne citer qu'eux, utilisent notre calendrier pour célébrer leurs fêtes/naissance/anniversaire!
Et ensuite, qui et quand a été décidé de positionner l'année de naissance de JC comme point de départ? Est ce un concile, un Pape? Lequel?
Je vous remercie pour vos réponses,
Cordialement et bonne année?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 05/01/2017 à 11h44
Bonjour,
C'est Denys le Petit, moine scythe, mort à Rome en 540, qui propose de rattacher le calendrier à la vie du Christ. La proposition de Denys le Petit est d'emblée adoptée par l'Église (en 532), puis se généralise au VIIIe siècle, et, à partir de l'an 1000, seul ce calendrier figure sur les actes officiels.
Voici ce qu'explique le site Herodote :
"Dans les temps anciens, on comptait généralement les années à partir de l'année d'intronisation du souverain régnant (ce système prévaut encore dans l'empire du... Japon).
Les Romains préféraient toutefois les compter à partir de la fondation de Rome, selon l'expression latine AUC - ab urbe condita, ce qui signifie : depuis la fondation de la ville. Devenu chrétien, l'empire romain conserve cette tradition et ce sont des querelles de clercs qui vont y mettre fin.
Et l'on inventa l'ère chrétienne
Pour fixer la date de Pâques, principale fête chrétienne, qui célèbre la résurrection de Jésus-Christ trois jours après sa mort sur la croix, les premiers chrétiens s'en remettent à la tradition juive, fondée sur un calendrier lunaire. Mais cette solution finit par déplaire à l'Église, désireuse de prendre son autonomie par rapport au judaïsme.
Denis le Petit date la naissance du Christ :
Désireux de mettre un terme aux «querelles pascales» qui agitent l'Église, quelques moines se mettent en quête d'une passerelle entre le calendrier lunaire des juifs et le calendrier solaire des Romains.
C'est ainsi qu'en 532 de notre ère, au temps de l'empereur Justinien, un moine scythe réfugié à Rome, Denis le Petit, situe l'année de la naissance du Christ 753 ans après la fondation de Rome, l'année de référence des anciens Romains...
NB : on pense aujourd'hui qu'il s'est trompé de 5 ans, le roi Hérode, contemporain de la naissance du Christ, étant mort en l'an 750 de la création de Rome ; le Christ serait donc né entre l'An 3 et l'An 6 avant l'ère chrétienne.
Bède le Vénérable christianise le temps :
Le calendrier et les tables de Denis connaissent une obscure diffusion dans les îles britanniques où l'on voit apparaître les premiers actes datés de «l'an de l'Incarnation de Notre Seigneur».
Deux siècles plus tard, au temps de Charlemagne, un moine anglo-saxon resté dans la postérité sous le nom de Bède le Vénérable envisage de généraliser cette pratique à la manière des Romains qui comptaient à partir de la fondation de leur ville. À sa suite, on prend l'habitude de dater l'année en cours à partir de l'année de naissance présumée du Christ. C'est une façon de christianiser le temps.
Bède le Vénérable rapporte toutes les années à la Nativité :
Bède le Vénérable ne s'en tient pas là. Il a aussi l'idée d'un décompte négatif pour les années antérieures à la naissance du Christ. Ainsi écrit-il dans son Historia ecclesiastica gentis anglorum, publiée en 726 : «Dans la soixantième année avant l'Incarnation du Seigneur, Caius Julius Caesar fut le premier Romain à faire la guerre aux Britanniques». "
Pour aller plus loin :
- Anno Domini : Les origines de l'ère chrétienne / Georges Declercq
- Denys le Petit
- Anno Domini
- Les tribulations de notre calendrier
- L'an 0
Avant cela, nous l'avons dit, certaines civilisations évaluaient le temps en fonction du règne des souverains. C'est notamment le cas des égyptiens que vous citez dans votre question :
" Le calendrier égyptien initial est très simple : l'année de 360 jours est constituée de 12 mois de 30 jours. Puis lui succède le « calendrier vague » de 365 jours : 12 mois de 30 jours répartis en trois saisons, complétés par 5 jours appelés épagomènes. Bien que la dérive du calendrier dissocie les mois des saisons réelles, les mois sont répartis en fonction des crues du Nil : la saison inondation (Akhet) comprend Thot, Paophi, Athyr et Choeac ; l'hiver (Peret) comporte Tybi, Méchir, Phaminoth et Pharmouti ; l'été (Shemou) est constitué de Pachon, Payni, Epiphi et Mésori.
Dans les textes, les dates sont précisées par l'année de règne du roi : la première année d'entrée en fonction est donnée par rapport au jour de l'an (premier jour des crues du Nil). Le premier mois de l'année porte le nom du dieu Lune Thot, inventeur du calendrier et de l'écriture. Les Égyptiens ont fait preuve d'originalité à une époque où les calendriers lunaires ou luni-solaires avaient un certain succès. À côté du calendrier civil existait un calendrier liturgique lunaire dans le but de définir les fêtes religieuses. La coïncidence des phases de la lune avec le calendrier vague tombe tous les 25 ans ; 25 années vagues comptent en effet 9 125 jours, qui correspondent à 309 lunaisons environ. La correspondance est suffisante pour que les prêtres se situent facilement à l'intérieur des fêtes mobiles lunaires.
source : Universalis : « CALENDRIERS » / Jean-Paul PARISOT
Lire aussi l'article Wikipedia
Nous vous laissons poursuivre la lecture de l'article de l'encyclopedia universalis pour découvrir le fonctionnement des calendriers grecs, chinois, indiens, musulmans... ainsi que ce document de l'ENS : LES CALENDRIERS / Charles-Henri Eyraud.
Bonne journée.
C'est Denys le Petit, moine scythe, mort à Rome en 540, qui propose de rattacher le calendrier à la vie du Christ. La proposition de Denys le Petit est d'emblée adoptée par l'Église (en 532), puis se généralise au VIIIe siècle, et, à partir de l'an 1000, seul ce calendrier figure sur les actes officiels.
Voici ce qu'explique le site Herodote :
"
Les Romains préféraient toutefois les compter à partir de la fondation de Rome, selon l'expression latine AUC - ab urbe condita, ce qui signifie : depuis la fondation de la ville.
Pour fixer la date de Pâques, principale fête chrétienne, qui célèbre la résurrection de Jésus-Christ trois jours après sa mort sur la croix, les premiers chrétiens s'en remettent à la tradition juive, fondée sur un calendrier lunaire. Mais cette solution finit par déplaire à l'Église, désireuse de prendre son autonomie par rapport au judaïsme.
NB : on pense aujourd'hui qu'il s'est trompé de 5 ans, le roi Hérode, contemporain de la naissance du Christ, étant mort en l'an 750 de la création de Rome ; le Christ serait donc né entre l'An 3 et l'An 6 avant l'ère chrétienne.
Le calendrier et les tables de Denis connaissent une obscure diffusion dans les îles britanniques où l'on voit apparaître les premiers actes datés de «l'an de l'Incarnation de Notre Seigneur».
Deux siècles plus tard, au temps de Charlemagne, un moine anglo-saxon resté dans la postérité sous le nom de Bède le Vénérable envisage de généraliser cette pratique à la manière des Romains qui comptaient à partir de la fondation de leur ville. À sa suite, on prend l'habitude de dater l'année en cours à partir de l'année de naissance présumée du Christ. C'est une façon de christianiser le temps.
Bède le Vénérable ne s'en tient pas là. Il a aussi l'idée d'un décompte négatif pour les années antérieures à la naissance du Christ. Ainsi écrit-il dans son Historia ecclesiastica gentis anglorum, publiée en 726 : «Dans la soixantième année avant l'Incarnation du Seigneur, Caius Julius Caesar fut le premier Romain à faire la guerre aux Britanniques». "
Pour aller plus loin :
- Anno Domini : Les origines de l'ère chrétienne / Georges Declercq
- Denys le Petit
- Anno Domini
- Les tribulations de notre calendrier
- L'an 0
Avant cela, nous l'avons dit, certaines civilisations évaluaient le temps en fonction du règne des souverains. C'est notamment le cas des égyptiens que vous citez dans votre question :
" Le calendrier égyptien initial est très simple : l'année de 360 jours est constituée de 12 mois de 30 jours. Puis lui succède le « calendrier vague » de 365 jours : 12 mois de 30 jours répartis en trois saisons, complétés par 5 jours appelés épagomènes. Bien que la dérive du calendrier dissocie les mois des saisons réelles, les mois sont répartis en fonction des crues du Nil : la saison inondation (Akhet) comprend Thot, Paophi, Athyr et Choeac ; l'hiver (Peret) comporte Tybi, Méchir, Phaminoth et Pharmouti ; l'été (Shemou) est constitué de Pachon, Payni, Epiphi et Mésori.
source : Universalis : « CALENDRIERS » / Jean-Paul PARISOT
Lire aussi l'article Wikipedia
Nous vous laissons poursuivre la lecture de l'article de l'encyclopedia universalis pour découvrir le fonctionnement des calendriers grecs, chinois, indiens, musulmans... ainsi que ce document de l'ENS : LES CALENDRIERS / Charles-Henri Eyraud.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter