l'enterrement
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 03/01/2017 à 11h45
313 vues
Question d'origine :
Bonjour
Les origines de l'enterrement des personnes décédées ne sont elles pas pragmatiques au lieu d'être un symbole de spiritualité , d'amour et de solennité ?
Eloigner les corps pourrissants, ne pas attirer les prédateurs, se préserver des maladies et des odeurs, éviter de se déplacer sur une distance trop grande pour se débarrasser des corps...?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 05/01/2017 à 10h41
Bonjour,
Dans une réponse précédente nous indiquions que les premiers rites funéraires sont apparus il y a au moins 100000 ans. Le soin apporté à la présentation et à la préservation du corps, la présence d’offrandes ou un lit de fleurs, sont autant d’indices sur lesquels se basent les archéologues pour identifier les pratiques funéraires et distinguer les inhumations volontaires d’ensevelissements fortuits, comme l’explique ce dossier d’hominides.com.
Toutefois, les interprétations que l’on peut faire à partir de ces vestiges sont nécessairement limitées, comme le rappelle Anne-Marie Tillier, archéoanthropologue et directrice de recherche au CNRS :
« Dans les sociétés préhistoriques, des indices de pratiques culturelles suggèrent la volonté de ne pas abandonner le corps du défunt aux éléments naturels, de le prémunir contre l’action des rongeurs et des carnivores, de maintenir son intégrité. Mais les vestiges archéologiques ne nous renseignent que sur la gestion technique du cadavre. Si les pratiques funéraires témoignent du caractère éminemment social de la mort – elles témoignent avant tout d’usages partagés par tous vis-à-vis des morts -, elles ne nous disent rien sur les croyances des vivants sur la mort et un éventuel au-delà. Les indices d’une préoccupation dépassant le simple cadre utilitaire de la vie quotidienne sont-ils suffisants pour suggérer l’acquisition d’une conceptualisation avec des objets « porteurs de force spirituelle » ?
Les indices matériels attestant un changement de comportement par rapport à la période précédente sont insuffisants pour comprendre la signification profonde que l’homme préhistorique accordait au geste funéraire et ses croyances. De la reconnaissance d’un geste funéraire, de l’intentionnalité d’un dépôt funéraire, qui révèle une préoccupation intellectuelle nouvelle et une modification de la structure sociale du groupe avec des pratiques établies vis-à-vis des morts et un lien entre morts et vivants, à l’identification d’une conduite rituelle, il y a loin. On peut du reste se demander si l’absence de preuve tangible d’un geste funéraire, c’est-à-dire l’abandon du cadavre, signifie forcément l’indifférence vis-à-vis des morts. Ainsi, les Parsi en Inde, originaires de l’Ancienne Perse et fidèles à la tradition zoroastrienne, n’enterrent pas leurs morts et ne les incinèrent pas non plus. Les dépouilles humaines sont déposées sur des plateformes et dévorées par les vautours pour respecter les éléments naturels, sacrés à leurs yeux. […] Les informations recueillies, croisées avec d’autres données, permettent parfois de restituer les modes de vie de la population étudiée, éventuellement d’appréhender sa structure sociale, mais elles n’apportent que rarement des réponses aux questions que le chercheur se pose sur le système de pensée des hommes de cette lointaine Préhistoire.
[…]En réalité l’archéologue, qui travaille sur des documents matériels, est condamné à rester au niveau des faits. Dans le meilleur des cas, il peut reconstituer les gestes funéraires, mais il ne peut guère, sauf sources textuelles, remonter à la pensée qui a guidé ces gestes. »
En l’absence d’indices, il est donc impossible d’interpréter dans un sens ou dans l’autre les intentions derrière l’inhumation. En conséquence, nous ne pouvons ni réfuter ni confirmer votre hypothèse.
Bonne journée.
Dans une réponse précédente nous indiquions que les premiers rites funéraires sont apparus il y a au moins 100000 ans. Le soin apporté à la présentation et à la préservation du corps, la présence d’offrandes ou un lit de fleurs, sont autant d’indices sur lesquels se basent les archéologues pour identifier les pratiques funéraires et distinguer les inhumations volontaires d’ensevelissements fortuits, comme l’explique ce dossier d’hominides.com.
Toutefois, les interprétations que l’on peut faire à partir de ces vestiges sont nécessairement limitées, comme le rappelle Anne-Marie Tillier, archéoanthropologue et directrice de recherche au CNRS :
« Dans les sociétés préhistoriques, des indices de pratiques culturelles suggèrent la volonté de ne pas abandonner le corps du défunt aux éléments naturels, de le prémunir contre l’action des rongeurs et des carnivores, de maintenir son intégrité. Mais les vestiges archéologiques ne nous renseignent que sur la gestion technique du cadavre. Si les pratiques funéraires témoignent du caractère éminemment social de la mort – elles témoignent avant tout d’usages partagés par tous vis-à-vis des morts -, elles ne nous disent rien sur les croyances des vivants sur la mort et un éventuel au-delà. Les indices d’une préoccupation dépassant le simple cadre utilitaire de la vie quotidienne sont-ils suffisants pour suggérer l’acquisition d’une conceptualisation avec des objets « porteurs de force spirituelle » ?
Les indices matériels attestant un changement de comportement par rapport à la période précédente sont insuffisants pour comprendre la signification profonde que l’homme préhistorique accordait au geste funéraire et ses croyances. De la reconnaissance d’un geste funéraire, de l’intentionnalité d’un dépôt funéraire, qui révèle une préoccupation intellectuelle nouvelle et une modification de la structure sociale du groupe avec des pratiques établies vis-à-vis des morts et un lien entre morts et vivants, à l’identification d’une conduite rituelle, il y a loin. On peut du reste se demander si l’absence de preuve tangible d’un geste funéraire, c’est-à-dire l’abandon du cadavre, signifie forcément l’indifférence vis-à-vis des morts. Ainsi, les Parsi en Inde, originaires de l’Ancienne Perse et fidèles à la tradition zoroastrienne, n’enterrent pas leurs morts et ne les incinèrent pas non plus. Les dépouilles humaines sont déposées sur des plateformes et dévorées par les vautours pour respecter les éléments naturels, sacrés à leurs yeux. […] Les informations recueillies, croisées avec d’autres données, permettent parfois de restituer les modes de vie de la population étudiée, éventuellement d’appréhender sa structure sociale, mais elles n’apportent que rarement des réponses aux questions que le chercheur se pose sur le système de pensée des hommes de cette lointaine Préhistoire.
[…]En réalité l’archéologue, qui travaille sur des documents matériels, est condamné à rester au niveau des faits. Dans le meilleur des cas, il peut reconstituer les gestes funéraires, mais il ne peut guère, sauf sources textuelles, remonter à la pensée qui a guidé ces gestes. »
En l’absence d’indices, il est donc impossible d’interpréter dans un sens ou dans l’autre les intentions derrière l’inhumation. En conséquence, nous ne pouvons ni réfuter ni confirmer votre hypothèse.
Bonne journée.
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